Quand la politique oublie, une fois de plus, l'intérêt général...
Publié le 21 Mai 2015
Ne cherchez pas l'intérêt général dans cet article, il y est absent... Et pourtant... Et pourtant, la politique doit avoir comme unique et ultime but de servir l'intérêt général... Ces faits montrent et démontrent que l'intérêt de ces similis-politiques ne prend nullement en compte l'intérêt des citoyens qui doivent être servis comme il se doit, car ce sont eux qui paient le salaire de ces gens là...
Je m'interroge ouvertement sur l'action de M. François Fillon : a-t-il agi pour défendre le citoyen ou pour lui même afin d'écarter un rival aux futures élections présidentielles ?
Il est temps de donner des responsabilités politiques à des personnes qui ont l'intérêt général chevillé au corps. Si vous avez des noms, n'oubliez pas de glisser les bulletins idoines dans l'urne quand l'occasion se présentera...
Un article du journal 'Le Monde' daté du 12 Février 2015
**********************
La guerre Sarkozy-Fillon sur le terrain judiciaire
Selon l'enquête sur le paiement par l'UMP des pénalités de l'ex-chef de l'Etat, il y a bien eu abus de confiance
Selon un rapport de synthèse de la police judiciaire du 26 septembre 2014, " ces faits seraient susceptibles de constituer un abus de confiance au détriment des adhérents de l'UMP, les fonds de ce parti ayant été utilisés dans l'intérêt personnel de Nicolas Sarkozy ". Dans la foulée, le 6 octobre 2014, une information judiciaire était ouverte sur le chef d'" abus de confiance ", confiée aux juges Renaud Van Ruymbeke, Serge Tournaire et René Grouman. Catherine Vautrin, députée de la Marne et ex-trésorière de l'UMP, et Jean-François Copé, ancien président du parti, ont tous deux été mis en examen. Nicolas Sarkozy s'attend à être convoqué sous peu par les magistrats.
Amère, Mme Vautrin a confié aux juges, le 4 décembre 2014 : " Je ne peux que constater que j'ai la très désagréable impression d'être au milieu d'un règlement de comptes politique. " François Fillon aurait vu dans cette affaire l'occasion de mettre hors course M. Sarkozy, son grand rival. Les faits semblent donner raison à l'ex-trésorière de l'UMP.
Tout commence par un courriel, adressé le 30 octobre 2013, à 16 h 10, par Mme Vautrin à Fabienne Liadzé, alors directrice des ressources de l'UMP : " Il convient que l'UMP règle les deux titres de paiement en direct ", annonce la trésorière. Depuis le 18 septembre 2013, la direction régionale des finances publiques d'Ile-de-France réclame 516 615 euros de pénalités au candidat Nicolas Sarkozy. Mme Liadzé s'exécute et transmet les consignes à Eric Gonzalez, chef comptable de l'UMP, en s'affranchissant au passage des règles de la procédure interne, qui exigent une quadruple signature pour l'engagement des dépenses supérieures à 3 000 euros.
Eteindre l'incendie, vite
Mme Vautrin s'appuie, pour justifier sa prise de décision alors que le parti est quasi en faillite, sur une simple note juridique, rédigée par Me Philippe Blanchetier, conseil de l'UMP mais aussi de… M. Sarkozy. Pour cet avocat, au service du parti depuis sa création, rien ne s'oppose à ce paiement. Dans une ordonnance du 1er décembre 2014, le juge Serge Tournaire, qui a accordé à l'avocat le statut de témoin assisté, émet une hypothèse : " Il n'est pas exclu que cette note, non datée, qui ne comporte aucun en-tête et dont on ne sait pas précisément à la demande de qui elle a été rédigée, soit une note de pure complaisance rédigée dans l'urgence à la seule fin de décider une prise en charge d'ores et déjà décidée par l'ancienne direction de l'UMP. "
A cette date, Jean-François Copé tient encore solidement les rênes de l'UMP, François Fillon ne bénéficie que d'un strapontin. Le parti est alors regroupé dans le sillage de son champion déchu, Nicolas Sarkozy. Il faut éteindre l'incendie, vite : le rejet des comptes de campagne fait tache. Deux hommes, pourtant, se posent des questions. Les commissaires aux comptes de l'UMP, Jean-François Magat et Georges Couronne. Questionné par le juge Van Ruymbeke, le 10 décembre 2014, M. Magat assure : " Nous n'avons pas été associés à la décision sur le paiement (…) Clairement, on ne nous a pas demandé notre avis. "
Ils font connaître leur mécontentement le 11 juin 2014. Lors d'une réunion à l'UMP, ils prennent à part Mme Vautrin. " Pour lui dire que nous n'étions pas d'accord avec le fond de la note de Me Blanchetier ", se souvient M. Couronne. Ça ne change pas grand-chose, la décision a été prise et entérinée : " Mme Vautrin nous a dit que, de toute façon, elle assumait sa décision. " Ou plutôt, celle de M. Copé, comme elle l'a elle-même confié aux juges : " C'est M. Copé qui m'a parlé de la prise en charge des deux sanctions personnelles de Nicolas Sarkozy, dès le 8 juillet - 2013 - , puisque c'est lui qui, en sa qualité de président de l'UMP, a proposé au bureau politique de lancer une opération de collecte et reversement des sommes dues par Nicolas Sarkozy. C'est lui qui a mis la machine de l'UMP à la disposition de Nicolas Sarkozy. "
Mais, le 15 juin 2014, le trio Raffarin-Juppé-Fillon prend la tête de l'UMP, M. Copé ayant été emporté par la tempête Bygmalion. Tout va alors aller très vite. Dès le 20 juin 2014, une réunion décisive se tient dans les locaux du parti. Alain Juppé et François Fillon y sont représentés par des proches, respectivement Gilles Boyer et Nathalie Etzenbach. M. Magat prend la parole. Comme il l'a rapporté au juge Van Ruymbeke, il indique aux participants : " S'il s'avérait que la prise en charge n'était pas justifiée, nous - serions - dans le domaine du droit pénal. " M. Couronne a les mêmes souvenirs : " Il a été clairement évoqué les conséquences pénales. "
Manifestement, l'avertissement ne laisse pas insensible le camp Fillon. Très proche de l'ancien premier ministre, Mme Etzenbach a pris des notes et lui a rapporté immédiatement les propos alarmistes tenus par les commissaires aux comptes. " Quelques jours après, nous avons été informés du souhait de François Fillon de nous rencontrer pour nous entendre sur les points abordés lors de la réunion du 20 ", relate d'ailleurs M. Magat. Très vite, une autre réunion est donc mise sur pied, prévue pour le 25 juin 2014.
Entre-temps, M. Fillon obtient un rendez-vous avec Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Elysée. Selon M. Jouyet, au cours de ce fameux déjeuner du 24 juin, son interlocuteur lui demande de " taper vite " sur M. Sarkozy, en évoquant notamment cette histoire de pénalités – des propos contestés par M. Fillon.
Le lendemain, le 25 juin 2014, dans l'après-midi, une importante réunion se tient donc à l'UMP. Sont présents les deux commissaires aux comptes, M. Fillon et son conseil, Me François Sureau, à qui l'ex-premier ministre a demandé de rédiger un avis juridique complet sur un éventuel " abus de confiance ". L'un des commissaires aux comptes a reçu un premier jet par courriel la veille au soir. " M. Fillon a très peu parlé (…). Il était là pour s'informer ", se rappelle M. Magat.
Son collègue M. Couronne se souvient que " M. Fillon avait un mémo en main qui retraçait visiblement les points évoqués le 20 juin ", à savoir ce possible abus de confiance qui l'obsède tant.
Le 25 juin, la note Sureau est déjà disponible. Très étoffée, elle dit ceci : " Les sommes ont été affectées à un usage non autorisé par les statuts, mais bien à l'avantage personnel d'un tiers, M. Sarkozy, en remboursement d'une dette qu'il aurait dû acquitter sur son patrimoine propre. " L'avocat évoque explicitement les " indices graves et concordants qu'un abus de confiance a été commis ".
Instrumentalisation
Tout est désormais en place pour enclencher la machine judiciaire, d'autant que deux autres avocats, oralement, viennent à l'appui de la thèse de Me Sureau. Le 27 juin 2014, les commissaires aux comptes se déplacent au palais de justice de Paris pour " révéler les faits " au procureur de la République. " C'est deux jours après une réunion qu'ils ont eue avec François Fillon et son avocat, François Sureau, dans le bureau de l'UMP, le 25 juin après-midi,réunion dont ils se gardent bien de faire état ", s'emporte Mme Vautrin devant les magistrats.
" Je précise que Patrick Stefanini - bras droit de M. Fillon - , à la demande de M. Fillon, a sollicité l'administrateur de l'UMP, Philippe Gustin, afin qu'il organise pour M. Fillon une réunion avec les commissaires aux comptes et l'avocat de François Fillon. Je remarque que la note de François Sureau est datée du même jour. Immédiatement après ces conversations, une révélation pour faits délictueux est transmise au procureur de Paris qui ouvre une enquête préliminaire ", persifle encore la députée, qui voit dans l'enchaînement de ces faits une preuve de l'instrumentalisation de la justice. Hypothèse confortée par la révélation du déjeuner Jouyet-Fillon au cours duquel il aurait été question de booster les procédures menaçant M. Sarkozy, particulièrement celle à venir portant sur les pénalités…
Le 28 juin 2014, le parquet de Paris est destinataire d'un courrier officiel des commissaires aux comptes, qui dénoncent le " paiement par l'UMP (…) susceptible de constituer des faits délictueux ". Le coup est parti, et même le remboursement tardif par M. Sarkozy, le 1er décembre 2014, ne sera plus de nature à interrompre les investigations des juges.
Gérard Davet et, Fabrice Lhomme