Ces salaires ne sont-ils pas quelque peu choquants ?

Publié le 15 Juin 2015

Ces salaires ne sont-ils pas quelque peu choquants ?

Un salaire doit être reversé en fonction d'un talent et de résultats. Dans ce dossier, le talent n'est que supposé. Les résultats ne sont, eux, pas encore là. Comment, dès lors, justifier une prime de bienvenue si haute ? 4 Millions, c'est indécent quand on n'a encore rien fait, rien prouvé et rien démontré.

Qu'une entreprise cherche à débaucher un talent et qu'elle y mette le prix, ça peut se concevoir. Mais que ce prix soit si haut dans un environnement entre autre financé par l'argent public, c'est quelque peu choquant. La sécurité sociale Française n'a pas à financer de telles pratiques !

Il est temps de mettre fin à ces abus qui sont l'équivalent de plus de toute une vie de labeur pour l'ouvrier moyen ! En effet, l'ouvrier mettra 238 ans à gagner ce que ce Monsieur engrange sans même à avoir à lever le petit doigt ! A ce titre, je pense que l'on a atteint le sommet de l'indécence.

Nos politiques, à un niveau mondial, doivent engager des moyens pour que cessent ces pratiques. Si on engage une lutte uniquement nationale sur ces pratiques, d'autres le feront à notre place. L'égalité du genre humain se doit donc d'être engagé au niveau mondial.

Un article du journal 'Le Monde' daté du 25 Février 2015

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Les salaires XXL du secteur pharmaceutique
Le bonus de bienvenue de 2 millions d'euros que Sanofi a consenti à son nouveau patron suscite la polémique

Ce n'est pas une première mais, comme chaque fois, la pilule ne passe pas. Le bonus de bienvenu promis par Sanofi à son futur patron, Olivier Brandicourt, suscite depuis le week-end la polémique. Au titre de ce " golden hello " comme l'appellent les Américains, il percevra 2 millions d'euros dès sa prise de fonction, le 2 avril, et 2 millions d'euros supplémentaires en janvier 2016 s'il est toujours en fonction. A condition d'atteindre certains objectifs établis sur trois ans, il bénéficiera aussi, comme cadeau d'arrivée, de 66 000 actions gratuites d'une valeur de près de 6 millions d'euros au cours actuel.

Ce " package " de 10 millions d'euros est " la contrepartie des avantages auxquels il a renoncé " en quittant Bayer, justifie Sanofi dans un document publié sur son site Internet. Olivier Brandicourt dirige la division pharma du groupe allemand depuis novembre 2013. En partant moins de deux ans après être arrivé, il renonce aux bonus, actions et stock-options auxquels il pouvait prétendre en restant plus longtemps. Ce n'est pas la première fois que Sanofi accorde un " golden hello " à l'un de ses dirigeants : Chris Viehbacher, qui avait quitté GSK en 2008 pour prendre la tête du laboratoire français, avait perçu à son arrivée 2,2 millions d'euros, 65 000 actions gratuites et 200 000 stock-options.

Pour Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, une telle récompense est " incompréhensible ", à l'opposé de la culture du " mérite " et du " risque " valorisée par les multinationales. La ministre de l'écologie, Ségolène Royal, juge que cette indemnité n'est " pas normale du tout " et encourage Olivier Brandicourt à y renoncer. " Ce serait un minimum ", a-t-elle déclaré, appelant à " un peu de décence, notamment de la part de laboratoires pharmaceutiques qui vivent de la Sécurité sociale ".
Les labos suisses au diapason

Pourtant, l'octroi d'un " golden hello " est monnaie courante aux Etats-Unis. Et la rémunération du futur patron n'a rien d'exceptionnel dans le secteur pharmaceutique. Dans ce petit monde à la croisée de la science et de la finance, les recrutements se font " entre soi ", et les talents se paient très cher.

Le salaire de 1,2 million d'euros accordé par le groupe à Olivier Brandicourt est un peu " le salaire minimum " des grands patrons. On retrouve ce chiffre sur la fiche de paie de plusieurs dirigeants du secteur pharmaceutique, mais aussi sur celle de Patrick Pouyanné, le patron de Total qui dispute à Sanofi la place de première capitalisation boursière française (115 milliards d'euros). Il ne s'agit cependant pas du principal élément de sa rémunération.

Au-delà du " golden hello ", le contrat d'Olivier Brandicourt prévoit le versement d'un bonus de 3 à 4,2 millions d'euros, l'octroi de 45 000 actions gratuites dont la valeur au cours actuel de 88 euros serait de 4 millions d'euros et de 220 000 stock-options. Sa rémunération totale devrait donc avoisiner celle de son prédécesseur, M. Viehbacher, qui avait empoché 8,6 millions d'euros en 2013. Ce montant est loin d'être un record. Cette année, le laboratoire britannique GlaxoSmithKline, valorisé en Bourse environ 100 milliards d'euros, a versé une somme identique à son PDG, Andrew Witty.

Les géants suisses de la pharma sont au diapason : en 2013, Novartis a signé à Jœ Jimenez un chèque de 10,7 millions d'euros, et son compatriote Roche a versé 7,1 millions à Severin Schwan. Un exemple de mesure parmi ces multimillionnaires : Pascal Soriot, le patron français d'AstraZeneca. Bien connu pour avoir préservé l'indépendance de ce fleuron britannique face aux assauts de l'américain Pfizer, il n'a perçu " que " 3,9 millions d'euros en 2013.

De l'argent de poche au regard des standards américains. Outre-Atlantique, le mieux payé est Leonard Schleifer, le fondateur de la biotech Regeneron : avec 36,2 millions de dollars (31,9 millions d'euros) touchés en 2013, essentiellement grâce à l'exercice de ses stock-options. Ces " bons " – qui permettent d'acheter à un prix fixé à l'avance les actions d'une entreprise – sont de véritables machines à cash lorsque le cours grimpe. C'est ce qui s'est passé pour Regeneron dont la capitalisation boursière est passée de 2 milliards à plus de 27 milliards de dollars entre début 2010 et fin 2013 (et près de 45 milliards aujourd'hui).

Ce système de stock-options a, de la même manière, boosté la rémunération d'autres patrons de biotechs comme Gilead, Amgen, Celgene ou encore Biogen. En 2013, leurs dirigeants ont été récompensés par des rémunérations comprises entre 13 millions et 21 millions de dollars. Les laboratoires classiques, comme Johnson & Johnson, Pfizer, Merck ou encore AbbVie sont également généreux : pas un chèque en dessous de 13 millions de dollars, avec un record à plus de 20 millions pour Lamberto Andreotti de Bristol-Myers Squibb.

" La rémunération n'a pas été un obstacle ", assurait Serge Weinberg, le président de Sanofi, au Monde, le 5 février. Sans doute plus " abordable " que les candidats américains qui figuraient dans la liste d'une douzaine de noms établie par les chasseurs de tête, Olivier Brandicourt ne s'est en tout cas pas " bradé ".

Avant sa parenthèse allemande, il avait déjà empoché une coquette somme en quittant Pfizer, où il s'occupait des pays émergents et des " vieux " médicaments. Le géant américain, qui avait supprimé son poste lors d'une réorganisation de ses activités, lui a versé le 1er mai 2014 une indemnité de licenciement de 3,3 millions de dollars, ce qui porte le total de ce qu'il a perçu en partant à 8,1 millions.

Chloé Hecketsweiler

Les chiffres

1,2

C'est, en millions d'euros, le salaire fixe annuel que percevra Olivier Brandicourt. Le même que Patrick Pouyanné, le patron de Total qui dispute à Sanofi la place de première capitalisation boursière française.

8,6

C'est, en millions d'euros, la rémunération totale perçue en 2013 par Chris Viehbacher, l'ex-DG de Sanofi. Andrew Witty, qui dirige le britannique GlaxoSmithKline, un laboratoire comparable à Sanofi, a reçu la même somme cette année-là.

31,9

C'est, en millions d'euros, ce qu'a reçu en 2013 Leonard Schleifer, fondateur de la biotech américaine Regeneron. Cela fait de lui le patron le mieux payé du secteur pharmaceutique cette année-là.

Rédigé par Philippe NOVIANT

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