Quand l'éducation nationale, réforme après réforme, reste immobile

Publié le 2 Septembre 2015

Quand l'éducation nationale, réforme après réforme, reste immobile

Les problèmes de notre éducation sont connus et largement repris dans cet article : notre système n'est ni efficace, ni juste.

Il n'est pas efficace car coûte très cher pour des résultats qui nous classent dans le ventre mou vis à vis des autres pays.

Il n'est pas juste car il promeut des élèves déjà favorisés socialement, ou des élèves fils ou filles de professeurs de l'Education Nationale.

Les réformettes proposées aujourd'hui résoudront-elles la situation ? Non !

Comment, en effet, penser qu'une réforme sur le Latin, le Grec ou l'Allemand va résoudre quoi que ce soit ? Comment penser que la part d'autonomie accordée par la réforme va augmenter une mise en concurrence des collèges, mise en concurrence qui est déjà largement présente ? En quoi le renforcement de l'autorité des chefs d'établissement va influer sur les résultats scolaires et l'inégalité des résultats scolaires face à la classe sociale ?

J'ai l'impression, une fois de plus, que certains profs ne font grève que par intérêt personnel et non pas dans l'intérêt des élèves...

Pour moi, une fois de plus, on est passé à côté du but recherché dans cette énième réforme.

Il faut engager une réforme qui lutte contre les inégalités sociales et qui remette les résultats de nos élèves en phase avec les exigences de notre pays ! En un mot, il faut faire en sorte d'améliorer le niveau scolaire des élèves et que ce niveau soit uniforme !

Le problème c'est que je ne vois pas de lien clair entre la réforme et les objectifs cités.

Pour que l'on ait de bon résultats, il faut donner envie d'étudier, il faut donner du plaisir, il faut inciter à se dépasser dans un cadre scolaire calme et serein. Il faut aussi que nos enseignants soient pleinement impliqués dans cet objectif et forcer les plus favorisés (agrégés, profs de classe prépa) à travailler plus car ils sont payés pour travailler et non se complaire de leurs diplômes ! Ainsi, est-il bien normal qu'un agrégé passe moins de temps devant l'élève qu'un collègue ne l'étant pas ?

Cessons de dépenser l'argent de l'Education Nationale à rémunérer certains profs et mettons cet argent pour les élèves afin de remplir nos missions éducatives et de sortir la France de sa médiocrité scolaire dont les profs portent la majeure partie de la responsabilité !

Un article du journal 'Le Monde' daté du 13 Mai 2015

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Tohu-bohu sur le collège

L'Histoire, creuset de la nation, est une passion française. L'école, creuset de la République, en est une autre. Quand elles se rejoignent et que la politique s'en mêle, le psychodrame national est garanti. Nous y voilà plongés, une nouvelle fois, avec le projet de réforme de l'organisation et des programmes du collège, que la ministre de l'éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, entend mettre en œuvre à la rentrée de septembre 2016, en application de la loi d'orientation sur l'école votée par le Parlement en juin 2013.

Que n'a-t-on entendu depuis quelques jours ! A droite, l'on a sonné le tocsin : réforme la plus " détestable " (Nicolas Sarkozy, UMP), " médiocrité pour tous " (François Fillon, UMP), " attentat contre la République " (Jean-Christophe Lagarde, UDI), " mystification et démolition " (François Bayrou, MoDem). Bruno Le Maire (UMP) a été le plus cinglant : dans une lettre adressée au chef de l'Etat et déjà signée par plus de 230 parlementaires, il dénonce " un naufrage pour notre nation ". Pour tous, l'abandon de la réforme s'impose.

Auparavant, au propre comme au figuré, c'est l'Académie qui s'était insurgée. Marc Fumaroli avait pris la défense de l'enseignement du latin et du grec, auquel on " s'apprête à donner le coup de grâce ". L'historien Pierre Nora avait déploré, dans ce projet, " l'expression d'une France fatiguée d'être elle-même ". Pour Alain Finkielkraut, la ministre " réalise l'exploit de faire pire encore que le désastre actuel de l'école ", tandis que Luc Ferry, Régis Debray, Michel Onfray et d'autres donnaient de la voix.

Quant aux syndicats d'enseignants, ils ne sont pas en reste. Du SNES (à gauche) au Snalc (à droite) – exception faite du SGEN-CFDT et de l'UNSA –, ils redoutent que la part d'autonomie pédagogique accordée par la réforme ne conduise à une dangereuse " mise en concurrence " des collèges, à un renforcement de l'autorité des chefs d'établissement, ou encore à un grignotage des horaires dans certaines disciplines. Du coup, sept d'entre eux appellent à une journée de grève le 19 mai.

Dialogue de sourds

Devant cette levée de boucliers de tous côtés, le président de la République a eu beau fustiger " le concert des immobiles - qui - , au nom de l'intérêt général supposé, défendent leurs intérêts particuliers ", et la ministre de l'éducation a eu beau défendre son projet pied à pied, fustiger – une belle bourde ! – les " pseudo-intellectuels " qui s'y opposent, dénoncer " une entreprise de caricature ou de désinformation ", proposer des amendements et des garanties, rappeler que la réforme des programmes en est encore au stade de la consultation avec les enseignants, assurer qu'elle en gommera en bout de course le jargon parfois ridicule, rien n'y fait, pour l'heure.

Ce dialogue de sourds est accablant. Car le diagnostic est à peu près unanime. Les enquêtes menées par l'OCDE (le programme PISA) et d'innombrables rapports en témoignent : notre système éducatif est en train de perdre, à l'école et surtout au collège, la bataille de l'efficacité et de la justice scolaires. Comparées à ceux des pays similaires, ses performances entre 6 et 16 ans sont médiocres et elles ont tendance à régresser depuis une douzaine d'années ; en outre, loin de corriger les déterminismes sociaux, familiaux ou ethniques, il a tendance à les aggraver. Les dégâts sont connus : l'écart ne cesse de se creuser entre les meilleurs élèves, les mieux dotés socialement, et les moins bons ; 15 % connaissent de sévères difficultés et 25 % des acquis fragiles ; quelque 150 000 jeunes " décrochent " et sortent chaque année du système sans qualification et sans grand espoir de trouver du travail ; le tout sur fond de malaise croissant des enseignants.

Politique de gribouille

Réparer ce gâchis scolaire, démocratique et économique devrait donc mobiliser toutes les énergies. C'est l'intention affichée par la ministre de l'éducation. Pour favoriser l'apprentissage des savoirs fondamentaux et adapter le collège à la diversité de ses élèves – c'est le cœur de la réforme –, elle propose une autonomie accrue aux équipes éducatives pour mettre en place de nouvelles pratiques pédagogiques (trois heures par semaine d'accompagnement personnalisé des élèves ou de travail en petits groupes sur des projets interdisciplinaires évidemment en lien avec le programme…).

C'est tout sauf une révolution, et les expérimentations convaincantes ne manquent pas. Mais cela n'empêche pas la révolte. Celle des enseignants, qui défendent le sanctuaire de l'heure de cours classique, la hiérarchie des disciplines et la religion des programmes (même s'ils sont trop chargés et infaisables comme en histoire), et qui redoutent un bouleversement de leur culture professionnelle.

Celle des parents, qui ont appris à jouer de tous les leviers pour que leurs enfants accèdent aux filières les plus sélectives, donc les plus prometteuses. Notamment les classes bilangues dès la 6e, qui bénéficient à 16 % des élèves et seraient remplacées par l'introduction d'une seconde langue vivante pour tous à partir de la 5e.

Celle, enfin, de tous ceux, à droite notamment, qui dénoncent un " nivellement par le bas " aux antipodes de " l'excellence républicaine pour tous " dont ils se font les bons apôtres. Ils seraient plus convaincants s'ils n'avaient, quand ils étaient aux affaires, supprimé des dizaines de milliers de postes de professeurs et toute formation professionnelle des enseignants digne de ce nom. Ou s'ils formulaient clairement, aujourd'hui, leurs remèdes aux maux de l'école.

En attendant, devant le tohu-bohu, le risque est d'autant plus facile à imaginer qu'il se répète depuis une trentaine d'années : le renoncement, le maintien d'un statu quo que chacun déplore, mais auquel personne n'a le courage de s'attaquer. C'est-à-dire une politique de gribouille.

par Gérard Courtois

Rédigé par Philippe NOVIANT

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