Quand les politiques donnent leurs petites recettes en matière d'éducation

Publié le 10 Septembre 2015

Quand les politiques donnent leurs petites recettes en matière d'éducation

Revenons-en aux bases.

Notre système éducatif est inefficace car :
1. Il coûte trop cher
2. Ses résultats sont médiocres vis à vis des moyens financiers engagés et vis à vis des autre pays
3. Il est profondément inégalitaire

A partir de là, il est facile de voir si nos Ministres, super-intelligents par définition, par leurs mesures, peuvent corriger les choses ou non :

- M. Le Maire : en quoi le collège unique peut résoudre ces problèmes ? Je ne vois pas. En corrigeant les inégalités, à la rigueur, mais par un nivellement par le bas. Quant aux options, elles ne sont pas évaluées. On ne corrige donc pas notre faiblesse par rapport aux autres pays. La polyvalence des professeurs peut-elle remonter le niveau ? Là encore, la démonstration est royalement absente du discours.
- M. Juppé : je ne vois pas en quoi plus d'autonomie corrigerait les défauts. On ne rentre pas suffisamment dans le détail.
- Ni M. Claude Lelièvre ni Philippe Watrelot ne répondent, non plus, à la problématique de base
- M. Nicolas Sarkozy avec son collège unique ne repond pas à la question
- M. Jean-Christophe Lagarde apporte des réponses quant à l'orientation des élèves mais ces propositions ne répondent qu'en partie à la problématique.
- Tous les autres ne répondent pas mieux à la question en faisant du hors sujet systématique. En quoi le collège unique permet-il de rendre notre éducation moins chère et plus efficace ? Une question qui n'a pas de réponses.

Il faut engager une réforme qui lutte contre les inégalités sociales et qui remette les résultats de nos élèves en phase avec les exigences de notre pays ! En un mot, il faut faire en sorte d'améliorer le niveau scolaire des élèves et que ce niveau soit uniforme !

Comme je l'ai déjà dit, pour que l'on ait de bon résultats, il faut donner envie d'étudier, il faut donner du plaisir, il faut inciter à se dépasser dans un cadre scolaire calme et serein. Il faut aussi que nos enseignants soient pleinement impliqués dans cet objectif et forcer les plus favorisés (agrégés, profs de classe prépa) à travailler plus car ils sont payés pour travailler et non se complaire de leurs diplômes ! Ainsi, est-il bien normal qu'un agrégé passe moins de temps devant l'élève qu'un collègue ne l'étant pas ?

Le professeur doit être évalué par rapport à ces objectifs ! Les réformettes sur la forme ne servent à rien ! C'est le fond qu'il faut changer et le fond changera avec une individualisation de l'évaluation des professeurs et en abandonnant l'idée qu'un prof nul peut rester au sein de l'éducation Nationale. Il faut évaluer les professeurs, et les évaluer souvent. Il faut qu'ils soient évalués en fonction des résultats de leurs élèves et qu'ils abandonnent l'idée, pour certains, qu'il est normal qu'une classe ait 7/20 de moyenne, car on ne donne pas envie avec 7/20 de moyenne.

Y'a du boulot et pour cela, il faut s'attaquer au Mammouth. Bonne chance !

Un article du journal 'Le Monde' daté du 20 Mai 2015

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Le collège idéal vu par les ténors de la droite
M. Le Maire veut en finir avec le collège unique, le camp Juppé souhaite plus d'autonomie dans les enseignements
Concrètement, Bruno Le Maire, propose de resserrer les enseignements de la 6e à la 3e autour d'un tronc commun d'une vingtaine d'heures par semaine : mathématiques et français à raison de six heures chacune (contre de 3 h 30 à 4 h 30 aujourd'hui), histoire et une langue vivante.

Le député de l'Eure propose de supprimer la deuxième langue vivante car " elle n'est pas la priorité ". Le temps libéré (6 à 8 heures par semaine) serait consacré à des options : " Sports, langues, codage informatique, mécanique ou cuisine… L'idée est que chaque élève découvre quel est son talent. " Au passage, il bouscule une vache sacrée pour beaucoup de professeurs attachés à leur discipline : rassembler dans un seul corps les enseignants du CP à la 3e, lesquels deviendraient polyvalents.

M. Le Maire veut " mettre fin au collège unique pour permettre à chaque enfant de s'orienter sereinement soit vers la voie générale, soit vers la voie professionnelle ". Une formule choc, mais abusive, dans la mesure où les élèves seraient toujours orientés après la 3e.

Corps unique
Pour l'historien Claude Lelièvre, cependant, " c'est à nouveau un collège considéré comme une gare de triage qui refait surface "." Quand je lis “diversifié”, je comprends sélection précoce, analyse aussi Philippe Watrelot, professeur et président du Cercle de recherche et d'action pédagogiques. M. Le Maire cite la mécanique ou la technologie. Qui sera orienté vers ces options, sinon les enfants d'ouvriers ? " Le pédagogue voit cependant d'un bon œil la création d'un corps unique. " Bien que l'idée puisse déclencher une véritable guerre syndicale, explique-t-il, cela permettrait d'assurer une meilleure liaison entre le CM2 et la 6e. "

A l'UMP, peu sont allés aussi loin que M. Le Maire. Candidat à sa réélection en 2012, Nicolas Sarkozy avait lui aussi promis la fin du collège unique. La 6e et la 5e seraient recentrées " sur les fondamentaux, avec un nombre limité d'enseignants polyvalents ". L'ancien président de la République promettait un palier d'orientation dès la 4e. Son entourage précise que l'idée ne sera pas forcément reprise.

Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, a une opinion toute aussi tranchée : " Un élève qui n'apprend plus au sein du système, il faut lui proposer autre chose. " Le patron du centre droit est " favorable à l'apprentissage dès 14 ans, tout en conservant des passerelles pour revenir vers la filière générale ". Il propose également des classes de niveau par matière.

Une autonomie totale
Mais l'opposition au collège unique d'autres ténors de la droite et du centre semble s'être émoussée. " En 1991, Alain Juppé affirmait vouloir casser le collège unique. En 1993, dans l'un de ses premiers discours comme ministre de l'éducation nationale, François Bayrou lance le célèbre “collège unique, collège inique”, rappelle M. Lelièvre. L'idée était alors bien de le supprimer. " Faux, rétorque aujourd'hui M. Bayrou. Le président du MoDem affirme qu'" il est fondé " que " tous les élèves passent par le collège pour y acquérir un socle commun, et ce, par une pédagogie différenciée, et notamment de rattrapage ".

Dans le camp d'Alain Juppé, on considère que le collège unique " n'est pas une bêtise ". Pour Benoist Apparu, député UMP de la Marne, " l'idée de le supprimer relève de la construction de discours pour meeting électoral ". Najat Vallaud-Belkacem propose 20 % d'autonomie dans la gestion des heures d'enseignement. Lui défend " une autonomie totale " : " Si le chef d'établissement considère que, pendant trois semaines, les élèves doivent faire dix heures de français par semaine pour du rattrapage, cela doit être possible. " L'Etat fixerait un plancher et un plafond annualisés pour chaque matière.

" Dans les faits, le collège unique n'existe plus ", relève M. Fillon. La question, pour l'ancien premier ministre, est de s'assurer que chaque élève maîtrise " des outils avant de se donner une ambition de culture générale ". Il propose notamment de réduire le nombre d'enseignants en 6e et en 5e. Le pallier d'orientation reste en 3e, mais " l'acquisition du brevet est nécessaire pour entrer au lycée ".

Les positions des représentants de la droite et du centre sont donc aussi hétérogènes que le public du collège. Ils s'accordent cependant sur un point : une réforme du collège ne servira pas à grand-chose si l'on ne traite pas les difficultés en amont, là où elles apparaissent. C'est-à-dire l'école élémentaire. L'autre maillon faible.

Benoît Floc'h, et Séverin Graveleau

Les catholiques favorables à la réforme
L'enseignement catholique est invité par son secrétaire général, Pascal Balmand, à " accueillir favorablement " la réforme du collège. Dans un texte rendu public lundi 18 mai, M. Balmand appelle à " dépasser les luttes partisanes, les anathèmes radicalisés et une certaine forme d'excessive grandiloquence " qui entourent, selon lui, les projets éducatifs du gouvernement. La réforme du collège lui paraît apporter davantage d'autonomie aux établissements et " une réelle démarche éducative ". M. Balmand est plus critique sur certains aspects des programmes, notamment en histoire, mais il appelle " chacun à un concours actif et loyal à la consultation ".

Le contexte
Débat

Le Monde, Europe 1 et i-Télé organisent jeudi 21 mai, de 19 heures à 20 heures, un débat sur la réforme du collège entre la ministre de l'éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, et le député UMP de l'Eure, Bruno Le Maire. Le débat sera animé par Arnaud Leparmentier (Le Monde), Jean-Pierre Elkabbach (Europe 1) et Michaël Darmon (i-Télé). Un compte rendu sera publié le lendemain dans Le Monde.

Rédigé par Philippe NOVIANT

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