La SNCF ne respecte pas ses clients... mais son personnel étranger non plus...
Publié le 20 Janvier 2016
La SNCF est-elle raciste en plus d'être incompétente ? De toutes évidences, la réponse est oui...
On savait que la SNCF ne se souciait que très modérément du bien être de ses usagers (peut-on parler de client ?). En effet, quand ses usagers de TER subissent des préjudice de retard ou de suppression de train, ils ne sont que très rarement dédommagés, la SNCF arguant que son rôle se cantonne de transporter des usagers d'un point A à un point B, sans contrainte horaire.
En plus d'un irrespect chronique de la SNCF vis à vis de ses usagers, la SNCF est donc aussi ouvertement raciste puisque, pour elle, le travail effectué par un Français n'est pas le même que celui effectué par un étranger...
Le conseil des prud'hommes de Paris a donc mis le hola dans cette pratique, et condamné l'entreprise SNCF a verser des indemnités plus que conséquentes à ses salariés.
A la fin, c'est encore l'usager qui paiera la note, la SNCF étant dans un état de déficit chronique.
Cet épisode montre, une fois de plus, que M. Guillaume Pépy est un incompétent et un tocard notoire qui, en plus d'être responsable des morts de Brétigny accepte un racisme ouvertement assumé par la SNCF puisqu'elle ose faire appel de la décision du conseil des prud'hommes de Paris.
Quand M. Guillaume Pépy sera-t-il débarqué de la boite ?
Un article du journal 'Le Monde' daté du 23 Septembre 2015
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Les " chibanis " de la SNCF indemnisés et reconnus comme " cheminots "
Le conseil des prud'hommes de Paris a condamné la compagnie ferroviaire pour discrimination envers plus de 800 Marocains, recrutés dans les années 1970
Des sourires, des embrassades et quelques larmes. Le V de la victoire avec leurs doigts. La centaine de chibanis (" cheveux blancs ", en arabe) qui s'était déplacée jusqu'au conseil des prud'hommes de Paris, lundi 21 septembre, est ressortie peu avant 10 heures, soulagée et fière. " On est enfin reconnus comme cheminots ", souligne Abdallah Britel, 61 ans, le visage apaisé. La SNCF vient d'être condamnée pour " discrimination dans l'exécution du contrat de travail " et " dans les droits à la retraite " de ces travailleurs originaires du Maghreb, pour la plupart aujourd'hui retraités.
La fourchette des dommages et intérêts oscille entre 150 000 et 230 000 euros. Les 832 plaignants, quasiment tous indemnisés, réclamaient en moyenne le double. Les requêtes avaient été examinées en mars, après parfois dix ans d'attente. Les conseillers prud'homaux n'ayant pas réussi à se mettre d'accord, un juge professionnel avait été appelé pour les départager.
Cette affaire, qui pourrait coûter près de 150 millions d'euros à la SNCF, prend racine dans les années 1970. La compagnie ferroviaire embauche alors 2 000 Marocains comme contractuels, en CDI de droit privé, sous un statut moins avantageux que celui de cheminot. Dans le jargon du rail, on les appelait les " PS25 ". Ils ne pouvaient pas accéder au statut administratif de " cadre permanent ", réservé aux Français (et, depuis peu, aux ressortissants de l'Union européenne). Autrement dit, Français et étrangers ne cotisaient pas aux mêmes caisses de santé et de prévoyance, n'avaient pas le même déroulement de carrière et ne partaient pas à la retraite au même âge, ni avec le même taux de pension. Cette clause de nationalité est toujours en vigueur.
Abdallah Britel a travaillé trente-cinq ans au dépôt de locomotives de Paris-La Villette. Retraité depuis 2007, ce sexagénaire n'a jamais pu accéder aux formations et aux examens internes, indispensables pour monter en grade. " Le pire, c'est qu'à 52 ans, quand j'ai obtenu le statut de cadre permanent, grâce à la nationalité française, j'ai perdu six ou sept niveaux dans la hiérarchie. Les jeunes Français que j'ai formés sont devenus mes chefs. J'avais le même statut qu'un nouvel embauché. Ce fut très dur psychologiquement ", confie-t-il, les yeux embués. A la suite de cet épisode, son salaire avait diminué de 400 euros.
" A travail égal, traitement égal "
Saïd Eddibes, qui ne cache pas sa joie " d'être enfin considéré à sa juste valeur ", se souvient d'un épisode traumatisant en 1979, sept ans après son arrivée gare de l'Est. " J'ai demandé à être chef d'équipe. On m'a alors envoyé dans une école, récapitule le Franco-Marocain. Et, puis le troisième jour, le directeur m'a dit : “Désolé, en fait, vous n'avez pas le droit car vous êtes étranger.” "
" A l'époque, on ne connaissait rien de nos droits, déplore Mohammed Ngourari, 70 ans, dont quarante et un à la gare de triage de Woippy, en Moselle. On se faisait arnaquer sur nos fiches de paie. "
" A travail égal, traitement égal, martèle l'avocate des cheminots, Clélie de Lesquen-Jonas, chaudement applaudie par les chibanis. C'est à la fois une récompense morale et une réparation financière. Si la SNCFfait appel, on n'hésitera pas à demander plus d'argent, en suivant la jurisprudence européenne. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne négociera pas avec la SNCF dans ce dossier hors-norme. "
Lundi matin, Nadia a tenu à assister son père septuagénaire, qui célèbre la décision avec pudeur et retenue. Mohammed Bioudi a officié de 1972 à 2005 comme chef de manœuvre à Villeneuve-Saint-Georges, ville du Val-de-Marne où il habite toujours. " Je voyais bien que lui et ses collègues maghrébins subissaient une forte discrimination. Pourtant il ne refusait jamais rien à ses patrons. Il était peut-être trop honnête, trop arrangeant ", soupire sa fille, les yeux rivés sur lui. Elle a bon espoir que la SNCF accepte le jugement. Mais après dix ans de combat judiciaire, " une mauvaise surprise peut vite arriver ". La compagnie ferroviaire a jusqu'au 23 octobre pour faire appel.
Cyril Simon
Verbatim
“La SNCF souligne la valeur de l'engagement de ces -salariés au service du développement ferroviaire de notre pays. Dans cette affaire, née il y a -quarante-cinq ans, la SNCF a respecté les dispositions légales en vigueur. Celles-ci excluent, aujourd'hui encore, l'embauche au statut SNCF de ressortissants de pays non membres de l'Union européenne.”
Communiqué de la SNCF, lundi 21 septembre, après la décision du conseil des prud'hommes.