La défense de la laïcité ne doit pas tomber dans l'idéologie
Publié le 5 Février 2016
Qu'on soit contre le port du voile, sous principe qu'il sous-entend qu'on ne peut regarder une autre femme que la sienne, est compréhensible... En effet, un homme croisant une femme voilée peut très bien se sentir stigmatisé par le fait qu'on restreigne son droit de regarder qui il veut dans la rue, sans faire de lui nécessairement un violeur en puissance.
Autant je peux comprendre ce point de vue, autant je ne comprends pas du tout en quoi le régime alimentaire de ses concitoyens peut gêner qui que ce soit ! Si une personne ne mange pas de viande ou de porc, ça la regarde après tout !
L'offre doit donc être en adéquation avec le goût des usagers, que ce goût soit dicté par la religion, la conviction du bien être animal ou un simple goût alimentaire...
Je ne cautionne donc absolument pas le fait, pour une commune, de restreindre un choix alimentaire sous un principe prétendument républicain... On n'est plus, dans cette décision, dans une posture républicaine, mais dans une posture idéologique. L'idéologie est idiote par définition car elle empêche l'homme de réfléchir et pousse à des actions sur de pures croyances, qui n'ont même pas l'excuse d'être religieuses...
Cette action, sous couvert d'une prétendue laïcité, est une provocation faite à une religion. En cela, elle est condamnable. A quand forcer les profs, y compris musulmans, à boire du vin à table sous le même principe de laïcité ?
Un article du journal 'Le Monde' daté du 1er Octobre 2015
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L'HISTOIRE DU JOUR
A Châlon-sur-Saône, la fin des menus sans porc passe mal
Il n'y aura plus de repas de substitution dans les cantines scolaires de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Mardi 29 septembre, le conseil municipal, présidé par le maire Les Républicains (LR) Gilles Platret, a voté le nouveau règlement des restaurants scolaires, mettant fin à une pratique vieille de trente et un ans, instaurée par Dominique Perben (LR). Elle consistait à proposer un deuxième choix lorsqu'une entrée ou un plat principal comportait du porc. Soit à s'adapter aux interdits alimentaires de certains des 2 000 élèves inscrits à la cantine, une vingtaine de fois par an, sur un total de 150 repas servis.
" Nous avons choisi de faire primer la neutralité du service public " et de " mettre fin à une pratique qui ne nous paraissait pas conforme au principe de laïcité ", a insisté M. Platret, devant les élus municipaux et une salle comble. Il n'a cependant pas réussi à dissiper le malaise au sein de sa majorité. Sa première adjointe, Isabelle Dechaume (UDI), avait décidé de se " mettre en retrait " et n'était pas présente au conseil municipal. " Ma conception - de la laïcité - n'est pas celle qui sera adoptée ce soir par le conseil municipal ", a t-elle justifié dans un communiqué. Elle a toutefois minimisé son désaveu : " Cette différence d'analyse et de conception ne saurait cependant remettre en cause l'unité de notre équipe. "
Un seul des 34 élus de la majorité s'est abstenu mardi soir, le représentant du MoDem, Jacques Morin. " Je suis le seul à aller au bout de mes convictions ", a-t-il commenté.
Les sept élus de gauche ont voté contre la délibération. L'ancien maire, le député socialiste Christophe Sirugue a reproché à Gilles Platret d'être " en service commandé " pour Nicolas Sarkozy et de servir ses ambitions personnelles. Les deux élus du Front national ont voté pour. M. Platret leur a fait remarquer qu'aucune ville FN n'avait mis fin aux menus de substitution à ce jour. Il tenait avec lui une liste des dix communes ayant sauté le pas. Cinq l'ont fait cette année, toutes dirigées par des élus LR.
A la sortie du conseil municipal, l'avocat de la Ligue de défense judiciaire des musulmans, Me Jean-Baptiste Jacquenet-Poillot, a annoncé que la décision serait attaquée dans les prochains jours : " Plusieurs villes sont concernées mais Chalon est la plus grosse. Le débat remontera jusqu'au Conseil d'Etat. "
Julia Pascual