Un article très intéressant sur le mode de pensée humain !

Publié le 11 Mars 2016

Un article très intéressant sur le mode de pensée humain !

Voici un article très intéressant qui montre et démontre que, trop souvent, le débat est une histoire d'égo et ne fait pas avancer la pensée !

La mauvaise foi gangrène trop souvent les débats en faisant reculer la pensée !

Maintenant que par cet article, nous ne pouvons plus dire que nous ne savons pas, il ne reste plus qu'à réfléchir un peu plus lors de nos futurs débats et à se focaliser sur les propos de son interlocuteur et non pas sur son être ;)

En un mot, YAPLUKA ;)

Un article du journal 'Le Monde' daté du 13 Novembre 2015

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Comment avoir raison contre soi-même

Depuis quelques mois déjà, la France est entrée dans une longue séquence électorale qui sera ponctuée par les élections régionales de décembre et s'achèvera en 2017 avec le scrutin présidentiel. D'ici là, ce ne seront – et ce ne sont déjà – que débats, interviews, meetings, tweets et blablateries en tout genre, partout, tout le temps, tant s'est dilaté l'hyper-espace médiatique de la prise de parole. Et la politique n'est finalement qu'un sujet parmi d'autres : rien ne vous empêche, dans les forums, sur les sites Internet, sur les blogs, bref sur l'immense café du commerce qu'est la Toile, d'y aller de votre commentaire, de préférence courageusement anonyme, qui sur les choix du sélectionneur de l'équipe de France de football, qui sur les mérites de la chicorée, qui sur la débilité plus ou moins profonde des stars éphémères de la télé-réalité.

Eh bien – le saviez-vous ? –, il y a aussi des scientifiques de l'argutie, qui s'intéressent à la manière dont les débats se développent, et, en particulier, aux problèmes que posent les arguments élevés par les uns et les autres. Plusieurs travaux ont ironiquement souligné le manque d'objectivité et la mauvaise foi en ce domaine. Non seulement chacun a naturellement tendance à chercher des idées qui renforcent son point de vue, y compris – ou surtout – lorsqu'il est faux, mais, en plus de cela, on sélectionne des arguments faiblards pour les soutenir – en étant en général très content de soi. Ainsi que l'écrivait le philosophe allemand Arthur Schopenhauer dans L'Art d'avoir toujours raison, livre de chevet de tous les professionnels du débat, qu'ils soient politiciens ou journalistes, " la vanité innée, particulièrement sensible à la puissance de l'intellect, ne souffre pas que notre position soit fausse et celle de l'adversaire correcte ". Dans les faits, autant nous esquivons l'analyse critique de ce que nous avançons, autant cette paresse intellectuelle s'évanouit quand il s'agit de passer au crible les arguments de ceux qui ne sont pas d'accord avec nous.

Fainéantise sélective
Pour mettre en évidence l'ampleur de cette fainéantise sélective, de cette asymétrie dans l'évaluation des raisonnements, une équipe internationale de chercheurs a eu une idée délicieusement perverse : soumettre à la critique de " cobayes " leurs arguments propres, en leur faisant croire qu'ils ont été émis par d'autres ! -Publiée en octobre dans Cognitive Science, leur étude a tout d'abord -consisté à donner aux participants de leurs expériences cinq syllogismes dont on pouvait tirer deux conclusions différentes, une juste et une fausse. Chacun devait choisir dans une liste d'arguments ce qui justifiait son raisonnement. Puis les chercheurs présentaient à leurs cobayes, pour tous les problèmes, la réponse d'un autre participant et l'explication qu'il avait fournie. Evidemment, parmi les cinq argumentaires que chaque participant devait évaluer, avait été glissée… une de ses propres réponses, le test misant sur le fait que certains ne verraient pas l'astuce, ce qui fut très souvent le cas.

Et qu'advint-il ? Plus de la moitié de ceux qui n'avaient pas détecté la manipulation rejetèrent leurs propres arguments en pointant leur faiblesse. On est nettement plus critique envers un raisonnement lorsqu'on le croit élaboré par un autre. Ce au point que certains cobayes démolirent leurs propres réponses… y compris quand elles étaient correctes ! Schopenhauer l'avait bien compris : face à un autre débatteur, " ce n'est pas de la vérité que nous nous -préoccupons mais de -------la victoire ".

Pierre Barthélémy (Journaliste et blogueurPasseurdesciences.blog.lemonde.fr)

Rédigé par Philippe NOVIANT

Publié dans #Informations

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