Attention aux sondages qui n'ont pas l'air d'être des alertes
Publié le 30 Juin 2016
A la vue de cet article, on serait tenté de se dire que Marine Le Pen n'a aucune chance lors des futures élections...
Ca serait totalement faux d'en conclure ainsi car les autres partis n'ont pas plus la faveur des Français !
De plus, le Français a déjà montré qu'il pouvait voter pour des gens qu'il n'aime pas ! Dans ce cas, il vote juste pour celui qu'il déteste le moins !
Faisons donc extrêmement attention aux sondages ! Pour le moment, il y a un plafond de verre concernant le vote FN, mais n'oublions pas que le verre casse et que quand il casse, il coupe !
Moi, ce que je vois, c'est que 100% - 56% = 44% de personnes qui pensent que le FN n'est pas un danger pour la démocratie, in fine, qui pensent qu'ils peuvent voter pour cette formation sans coup-férir ! Et cela, pour le coup, ça fait frémir !
De plus, ce n'est pas parce que 62% des sondés affirment ne jamais vouloir voter pour le FN, qu'il n'arrivera jamais au pouvoir ! Si ces 62% sont des abstentionnistes, ils n'empêcheront rien !
Attention donc : le danger FN reste bel et bien présent, en tous cas, tant que la médiocrité sera de mise chez ses concurrents ! Le FN est à son plus haut actuellement, et ce n'est pas l'action actuelle de ses adversaires qui va le faire baisser de si tôt !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 6 février 2016
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Le FN, danger pour la démocratie selon 56 % des Français
Le baromètre annuel de TNS Sofres pour " Le Monde " montre que le parti d'extrême droite atteint un plafond de verre, malgré la progression de ses idées
Le Front national nage en plein paradoxe : plus il se rapproche de la marche qui conduit au pouvoir, plus cette dernière semble haute. La question taraude ses dirigeants au point qu'ils ont décidé de se réunir en séminaire à Etiolles - (Essonne), du vendredi 5 au dimanche 7 février. L'occasion de refaire le film des élections régionales de décembre 2015, quand le FN a obtenu le chiffre record de 6,8 millions d'électeurs au second tour sans être en capacité d'emporter la moindre région.
Les rares frontistes qui croyaient encore à la possibilité de voir Marine Le Pen prendre place à l'Elysée dès 2017 en ont été pour leurs frais. La présidente du Front national est parvenue à élargir l'audience de son parti, mais son essor semble se heurter à un stade critique. Un enseignement conforté par le baromètre annuel sur le Front national réalisé par TNS Sofres pour Le Monde, France Info et Canal+ (échantillon de 1 003 personnes représentatif de la population, interrogées en face-à-face entre le 28 janvier et le 1er février), qui montre que le FN a toujours un rôle d'épouvantail dans la vie politique française et reste marginalisé.
Parmi les personnes interrogées, 56 % considèrent en effet que la formation lepéniste représente " un danger pour la démocratie en France ". Un chiffre en hausse de deux points par rapport à 2015 et de neuf points par rapport à 2013. Avec ce résultat, Marine Le Pen retourne à la case départ, puisque 56 % des sondés partageaient déjà cette opinion quand elle a succédé à son père à la présidence du FN, en 2011.
Les campagnes électorales successives – départementales puis régionales – durant lesquelles -Manuel Valls a pointé le risque de " guerre civile " en cas de victoire frontiste, ont contribué à renforcer les clivages dont souffre le parti d'extrême droite. 63 % des personnes interrogées se disent toujours en désaccord avec les idées défendues par le Front national, tandis que 54 % d'entre -elles considèrent qu'il a simplement vocation à rassembler les votes d'opposition, lui déniant sa capacité à participer à un gouvernement.
Enfin, 62 % des sondés assurent ne jamais avoir voté pour le Front national et ne pas avoir l'intention de le faire à l'avenir. Difficile dans ces conditions de franchir le seuil de la majorité. " Il y a un plafond de verre à plusieurs niveaux : la part de ceux qui partagent les idées du FN stagne et la part de ceux qui le considèrent comme étant en capacité de gouverner stagne aussi. Cela dit bien ses difficultés à franchir le second tour ", note Emmanuel Rivière, directeur du département stratégies d'opinion de TNS Sofres.
Marqueurs phares
Dans le détail, toutes les idées portées par le Front national ne sont pas écartées, loin de là. Rétablissement du service militaire, défense des valeurs traditionnelles, déchéance de nationalité pour les djihadistes français binationaux, renforcement des pouvoirs de la police et de la sévérité de la justice à l'endroit des " petits délinquants "… Tous ces items sont plébiscités. Mais certains marqueurs phares du programme frontiste sont quant à eux rejetés sans ambages.
La préférence nationale en matière d'emploi réunit ainsi 72 % des sondés contre elle. Quant à la proposition de sortie de la France de la zone euro, elle ne recueille que 26 % d'approbation (contre 34 % en 2011). Seuls les sympathisants frontistes soutiennent à une courte majorité (53 %) la -mesure, qui suscite au contraire la plus franche désapprobation parmi les supporteurs du parti Les Républicains (LR), où seules 13 % des personnes interrogées disent y adhérer.
En se penchant sur leur programme économique et sur la question de l'euro, les responsables frontistes espèrent en tout cas parvenir à attirer cet électorat de droite, parmi lequel les réserves de voix sont a priori les plus importantes pour lui. Mais si une porosité pouvait se faire jour entre droite et extrême droite depuis quelques années, la tendance s'inverse aujourd'hui. En effet, seuls 37 % des sympathisants de LR estiment qu'il convient de nouer des alliances de circonstance avec le FN, un chiffre en baisse de huit points par rapport à 2015. Pire, ils sont même 24 % à considérer que le FN est un parti à combattre, soit seize points de plus qu'il y a un an.
" Rejet pur et simple "
" Pendant les régionales, le FN est davantage apparu aux électeurs des Républicains comme un adversaire que comme un allié potentiel, analyse Emmanuel Rivière. Xavier Bertrand et Christian Estrosi, qui se sont retrouvés dans des duels avec Marine Le Pen et Marion -Maréchal-Le Pen, ont scénarisé cet affrontement. Il y a un vrai clivage qui s'est créé entre le FN et les autres partis de droite. " Seuls 37 % des sympathisants de LR interrogés jugent ainsi le Front national capable de participer à un gouvernement, soit six points de moins qu'en 2015.
L'année qui s'est écoulée semble en tout cas avoir réactivé une forme de défiance à l'endroit du Front national en le braquant plus que jamais sous les feux des projecteurs : 25 % des sondés disent qu'il faut le combattre (cinq points de plus qu'un an auparavant). Et si sa base s'élargit et se solidifie, elle se coupe dans le même temps du reste de l'électorat et de la possibilité de former des alliances pour parvenir un jour aux responsabilités.
" Ce n'est pas tant la question de la crédibilité qui freine le FN que son rejet pur et simple. Au-delà de son côté trublion, il n'y a pas d'envie de lui donner le pouvoir ", estime Emmanuel Rivière. Les mois à venir vont donc s'avérer décisifs pour Marine Le Pen dans la préparation de l'élection présidentielle de 2017, elle qui a toujours fait savoir qu'une simple fonction -tribunitienne ne lui suffirait pas. Le séminaire d'Etiolles devrait apporter les premiers éléments de réponse sur la stratégie qu'elle compte adopter pour vaincre ce phénomène de rejet.
Olivier Faye