Comment a-t-on pu mettre 10 ans à cette femme et seulement 8 à Bertrand Cantat ?
Publié le 22 Juin 2016
Il n'y a qu'une seule chose qui me choque dans cette histoire : la différence de traitement entre le verdict de Mme Jacqueline Sauvage et celui de Bertrand Cantat !
M. Bertrand Cantat se prend 8 ans pour avoir retiré la vie à sa compagne. Pendant ce temps, Mme Jacqueline Sauvage se prend deux années de plus pour avoir voulu se défendre de faits semblables à ceux de Bertrand Cantat !
De qui se moque-t-on ? C'est ça la justice ?
On a eu raison de condamner Mme Jacqueline Sauvage car on ne peut se faire justice soi-même. Mais 10 ans, n'est-ce pas un peu trop pour de telles circonstances atténuantes ? Et surtout, comment a-t-on pu ne mettre que 8 ans à cet autre enculé de Bertrand Cantat qui est sorti au bout de 4 ans ?
La justice a failli dans cette histoire ! Un président de Cour d'assises qui se respecte aurait du rappeler le précédent Cantat et on n'aurait jamais du arriver à un tel verdict !
Ce verdict marque le sceau de l'infamie sur notre justice, qui n'a de justice que le nom...
Honteux !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 30 janvier 2016
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Le dossier Jacqueline Sauvage à l'Elysée
M. Hollande, saisi d'une demande de grâce, devait recevoir les filles de cette femme vendredi
Les événements s'accélèrent autour de Jacqueline Sauvage, cette mère de famille de 68 ans reconnue coupable d'avoir tué son mari de trois coups de fusil dans le dos en 2012. Un époux qui l'a battue pendant quarante-sept ans et qui a abusé de leurs enfants.
Tandis que la mobilisation grossit autour de ce cas érigé en symbole des violences conjugales – qui ont conduit à la mort de 118 femmes en 2014 –, François Hollande devait recevoir, vendredi 29 janvier, les trois filles de Mme Sauvage ainsi que ses avocates, Mes Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta. Celles-ci ont déposé une demande de grâce présidentielle le 22 décembre 2015.
Le calendrier semble avoir été bousculé alors que, mardi encore, l'entourage du président, prudent, expliquait : " Il y a une procédure, il faut la respecter. " La chancellerie indiquait aussi à ce moment-là que le dossier complet, comportant différents avis, serait transmis au président dans la -seconde quinzaine de février. " On ne s'attendait pas à ce qu'il les reçoive si vite ", a réagi, jeudi, Eva Darlan, la comédienne qui a pris fait et cause pour Jacqueline Sauvage depuis l'annonce de sa condamnation en appel à dix ans de réclusion, le 3 décembre, devant la cour d'assises du Loir-et-Cher. -Féministe convaincue, Eva Darlan a elle-même connu des violences physiques et sexuelles qu'elle a révélées dans un livre, en 2013.
Mobilisation en dents de scie
" Effarée " par la condamnation de Mme Sauvage, elle a " pris contact et proposé - son - aide à ses avocates, pour créer un comité de soutien ". Mercredi, ce comité interpellait le chef de l'Etat sur Lemonde.fr, dans un texte qui rappelait les renoncements de la présidence en matière de droits des femmes.
Parmi les signataires, figurent l'ancienne ministre socialiste -Marie-Arlette Carlotti, la maire de Paris, Anne Hidalgo, la chanteuse Véronique Sanson, l'ex-député européen Daniel Cohn-Bendit ou encore l'actrice Anny Duperey et l'humoriste Guy Bedos.
La mobilisation a également pris la forme d'une pétition qui agrège aujourd'hui plus de 390 000 signatures sur le site Change.org. Trois femmes en sont à l'origine : " On ne se connaissait pas il y a un mois et demi mais depuis le premier rassemblement, on est en contact quasi nuit et jour ", explique l'une d'elles, Carole Arribat. Cette assistante de direction de 39 ans, en voie de reconversion, a d'abord suivi de loin l'affaire Sauvage. Elle n'est pas militante mais une " ancienne victime de violences conjugales ". Alors, quand le verdict est tombé, elle lance une pétition.
Au même moment, Karine -Plassart, fondatrice de l'antenne Osez le féminisme dans le Puy-de-Dôme, prend la même initiative. Véronique Guegano, une commerciale à l'origine du premier rassemblement parisien organisé le 12 décembre, est la troisième figure de ce pôle citoyen.
Carole Arribat raconte une mobilisation en dents de scie, au gré des initiatives sur les réseaux sociaux. Samedi 23 janvier, un rassemblement a réuni 200 personnes à Paris. Des organisations féministes étaient présentes et, devant le centre pénitentiaire d'Orléans-Saran où Jacqueline Sauvage est incarcérée, les Femen ont organisé un happening. Le lendemain, la maire de Paris a apporté son soutien à la demande de grâce. L'ancien premier ministre François Fillon, le président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, ou encore le dirigeant du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, lui ont emboîté le pas.
" Légitime défense différée "
Pour Me Nathalie Tomasini, " le fait qu'Anne Hidalgo se positionne a enflammé la classe politique ". Elle précise aussitôt : " La droite a montré qu'elle était plus réactive. " De fait, c'est la députée Les Républicains des Bouches-du-Rhône, -Valérie Boyer, qui a été la plus active sur le dossier, réunissant dès le 8 décembre 2015 une trentaine de soutiens parlementaires. Pour une raison simple : cette proche de La Manif pour tous planche avec Me Tomasini depuis un an sur une proposition de loi visant à créer la notion de " légitime défense différée " pour les femmes battues en " danger de mort permanent ".
Mardi, sans craindre la surenchère politique, Mme Boyer et la députée LR Nathalie Kosciusko-Morizet ont rendu visite à Jacqueline Sauvage. Une rencontre immortalisée en photo et couverte par la presse. Récupération ? Me Tomasini l'assume. Face à un " verdict injuste ", " il faut savoir se servir des médias ".
Le site Internet de son cabinet spécialisé dans les violences conjugales regorge d'extraits d'entretiens accordés à des chaînes de télévision. On y trouve aussi la référence du livre d'une ancienne cliente, Alexandra Lange, acquittée en 2012 du meurtre de son mari, tué d'un coup de couteau à la gorge alors qu'il tentait de l'étrangler. La légitime défense avait alors été retenue, notamment suite à l'avis de l'avocat général, Luc Frémiot, qui regarde aujourd'hui circonspect un " dérapage médiatique et populaire ".
Pour ce magistrat, " il ne faut pas assimiler la réponse à la demande de grâce au fait de savoir s'il s'agissait de légitime défense ". Ce serait " tordre le droit pénal " et les décisions de deux jurys populaires. Quant au concept de légitime défense différée, " ce serait demander aux femmes d'apprécier la situation et de décider seule du passage à l'acte, c'est inacceptable. C'est d'une certaine manière une démission des institutions ".
Lui plaide depuis des années pour une formation des policiers, gendarmes et magistrats, des signalements et des recueils de plainte plus systématiques, des groupes de parole pour sortir de la " honte et la culpabilité ", l'éviction du conjoint du domicile… Une meilleure application de la loi, en somme.
Julia Pascual
GRÂCE PRésidentielle
Droit régalien, inscrit à l'article 17 de la Constitution, la grâce présidentielle consiste en une suppression ou une réduction de peine. La condamnation demeure. Pendant la campagne de 2012, François Hollande avait dit ne pas y être favorable, par principe. Cela rappelle " une autre conception du pouvoir ", disait-il, en ciblant Nicolas Sarkozy. Le président socialiste l'a cependant exercé une fois et de façon partielle en faveur du plus ancien détenu de France, Philippe El Shennawy, condamné pour plusieurs braquages et évasions et libéré en janvier 2014.