Mme Taubira est partie : bon débarras
Publié le 17 Juin 2016
Très clairement, je ne vais pas regretter Madame Taubira. Elle n'a pas été professionnelle à son poste, et loin s'en faut. Sa réforme sur le mariage gay a profondément divisé la société alors même qu'elle était légitime. De plus, son manque de rigueur a marqué son passage place Beauvau. On se remémore ce passage où elle montre des documents où, d'après elle, elle ne savait rien d'interceptions judiciaires, alors même que les documents disent le contraire...
Un esprit brouillon, diffus, un manque de rigueur, ont montré que Madame Taubira était totalement incompétente à son poste.
De plus, elle n'a pas fait appel du blanchiment de M. Philippe Courroye par le Conseil supérieur de la Magistrature, alors même que ce Monsieur a violé les règles élémentaires de protection des sources en matière journalistique.
Ajouté à cela, je n'aime pas les gens qui aiment à faire des citations à tout bout de champ. Je considère que, loin de révéler leur culture, ils ne font que répéter comme des perroquets ce que l'on a dit avant eux. Comme dirait l'autre (tiens, je m'abandonne à la citation moi aussi ;) ), la culture c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale...
Bref, bon débarras... et à jamais !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 28 janvier 2016
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Taubira part, la ligne Valls se renforce
La ministre de la justice, opposée à la déchéance de nationalité, a annoncé sa démission mercredi 27 janvier
La démission de Christiane Taubira a été tant de fois prédite, et démentie par les faits, depuis le début du quinquennat de François Hollande que son annonce officielle, mercredi 27 janvier dans la matinée, constitue une véritable surprise. La ministre de la justice a donc décidé de jeter l'éponge alors que la réforme constitutionnelle qui prévoit l'introduction dans la Loi fondamentale de la déchéance de nationalité arrive en commission des lois ce même jour, à l'Assemblée nationale.
Jean-Jacques Urvoas, l'actuel président de cette commission, devait la remplacer au cours de la journée. Pour François Hollande et Manuel Valls, il s'agit du dernier acte de la " clarification " de la ligne politique entamée en 2014, avec les départs d'Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti du gouvernement.
Opposée fondamentalement à l'extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français, Christiane Taubira avait évoqué plusieurs fois avec François Hollande, au cours du mois de janvier, un éventuel départ du gouvernement. Le principe en avait été arrêté avec le chef de l'Etat juste avant son voyage officiel en Inde samedi 23 janvier.
A son retour, mardi soir, François Hollande a retrouvé Manuel Valls avec lequel il a arrêté les derniers détails de ce remaniement. Mme Taubira a été reçue à l'Elysée mercredi matin à 8 heures. Une conversation de 45 minutes à laquelle s'est joint en cours de route Manuel Valls. " C'était une conversation claire, chaleureuse, voire affectueuse entre les trois qui se connaissent très bien ", explique-t-on à Matignon. " Du côté de Christiane Taubira, c'est le choix de la cohérence, nonobstant la qualité de son travail ", indique-t-on à l'Elysée, tout en soulignant que la garde des sceaux " a préparé jusqu'au bout la réforme de la procédure pénale ", qui doit également être présentée devant le Parlement.
La garde des sceaux avait déjà frôlé la sortie de route gouvernementale en décembre 2015 quand elle avait annoncé à une radio algérienne l'abandon de l'inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution, deux jours avant que le chef de l'Etat ne la maintienne dans le projet de réforme. Beaucoup s'étaient alors étonnés que Mme Taubira n'en profite pas pour quitter ce gouvernement avec lequel les désaccords s'accumulaient depuis déjà quelques mois. " Le petit regret, c'est qu'on aurait pu faire ça le 23 décembre, après la présentation du projet de révision constitutionnelle, mais la ministre avait voulu rester ", explique-t-on à Matignon. A la rentrée, la garde des sceaux avait été écartée du processus de réforme par Manuel Valls, qui avait annoncé qu'il défendrait lui-même le projet devant les assemblées.
" Parfois, résister, c'est partir "
Pourtant, c'est avec un grand sourire que Mme Taubira était apparue, lundi 25 janvier, lors de sa traditionnelle cérémonie des vœux. Recevant place Vendôme les plus hauts magistrats et les corps constitués, la garde des sceaux avait ouvert son discours en citant Jacques Prévert, " Alors on est revenu à pied, à pied tout autour de la terre, à pied tout autour de la mer, tout autour du soleil, de la lune et des étoiles. A pied à cheval en voiture et en bateau à voiles ". " Une belle façon de dire comment nous sommes revenus de l'année 2015 ", avait commenté Mme Taubira.
Grande adepte des discours sans notes truffés de références littéraires, elle avait une nouvelle fois réjoui son assistance en terminant son allocution en déclamant le poème de Paul Eluard " Bêtes et méchants " dans lesquels on pouvait imaginer l'ombre des terroristes. Mercredi, c'est avec un style aphoristique qu'elle a commenté sa sortie du gouvernement sur Twitter : " Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l'éthique et au droit. "
Peut-être escompte-t-elle ainsi se donner le beau rôle, mais sa sortie n'est pas si soignée, tant sa capacité à remporter ses arbitrages gouvernementaux a été mise à mal ces dernières années. A-t-elle tant résisté sur la réforme constitutionnelle du Conseil supérieur de la magistrature, finalement abandonnée, sur la réforme pénale de 2014, largement amputée par rapport à l'ambition initiale, sur la loi renseignement, qui a ouvert un boulevard aux services de police et à une surveillance élargie des communications personnelles, ou sur la réforme de la justice des mineurs, quelle estime centrale mais qui n'est toujours pas inscrite à l'ordre du jour d'un conseil des ministres ?
Son passage au ministère de la justice aura aussi été marqué par une grande instabilité parmi ses collaborateurs, souvent épuisés par une ministre à la fois brouillon et terriblement exigeante. Alain Christnacht arrivé l'été 2015 Place Vendôme était son quatrième directeur de cabinet en quatre ans. Sa mission était de remettre de l'ordre dans des dossiers mal ficelés ou délaissés.
Cet automne, en forme de désaveu pour Christiane Taubira, François Hollande avait directement reçu les syndicats des personnels pénitentiaires et les syndicats de magistrats, ce qui ne relève traditionnellement pas de l'Elysée. Signe que son apport gouvernemental aura davantage été sur le plan des valeurs que des réformes judiciaires, sa grande œuvre restera la loi sur le mariage pour tous. Un grand combat qui l'a révélée aux yeux du pays.
Ministre emblématique des gouvernements Ayrault puis Valls, elle a été l'objet d'attaques d'une telle violence de l'extrême droite mais également de toute une partie de la droite parlementaire qu'elle en était devenue une icône pour la gauche. Et de ce fait, une caution pour le gouvernement de Manuel Valls qui s'est progressivement coupé de l'aile gauche du PS. La droite s'est d'ailleurs immédiatement réjouie de cette annonce. " Elle a conduit une politique de désarmement pénal avec la suppression des peines planchers et son renoncement à une politique pénitentiaire stricte : tout ça a encouragé la délinquance et la récidive ", explique Guillaume Larrivé, le porte-parole du parti Les Républicains, qui n'hésite pas, signe du poids symbolique de Mme Taubira, à parler de " la pire ministre de la justice de la Ve République ".
Nicolas Chapuis, et Jean-Baptiste Jacquin
Pas de référence aux binationaux
Selon plusieurs sources gouvernementales et parlementaires, la référence à la binationalité ne sera pas mentionnée dans le projet de réforme constitutionnelle. " Aucun élément qui pourrait laisser penser qu'il y aurait une discrimination entre les Français ne sera retenu ", a déclaré l'une de ces sources. Le gouvernement va supprimer toute référence aux binationaux dans ce texte qui étend la déchéance de nationalité pour les crimes les plus graves. Le premier ministre, Manuel Valls, devait présenter, mercredi 27 janvier, devant la commission des lois de l'Assemblée nationale, la révision de la Constitution et ses deux lois d'application.