En matière de formation de nos professionnels de santé, les règles doivent être les mêmes pour tout le monde
Publié le 6 Juillet 2016
Nos professionnels de santé doivent avoir une formation exigeante et de qualité car il en va de l'intégrité physique des patients.
Ainsi, il est honteux et scandaleux de ne pas avoir la même exigence requise entre des étudiants étrangers et Français !
Les étudiants étrangers doivent avoir un niveau en Français à même d'être capables d'exercer leur métier dans les meilleures conditions. Un test de Français, éliminatoire, est donc obligatoire !
Le ministère de la santé a failli dans ses missions régaliennes : ce n'est pas parce que ces étudiants sont Européens qu'ils peuvent se permettre d'avoir un niveau insuffisant ! On ne parle pas de ministres (dont l'incompétence est notoire), mais bel et bien d'un personnel de santé qui a, entre ses mains, la vie des patients ! Il y a un concours en Roumanie pour intégrer l'internat : pourquoi n'en serait-il pas de même pour la France ?
Quand des dispositions européennes sont mauvaises, on a le droit de les refuser à ce que je sache ! Il faut donc que les politiques fassent leur travail en la matière : ça changera ! Sans aller jusqu'à réserver l'accès de l'ECN aux seuls étudiants provenant de Paces, un examen exigeant doit être instauré à minima ! L'ECN doit donc avoir un minimum requis et doit refuser l'accès si les connaissances sont insuffisantes : il en va de la santé de nos concitoyens ! On se contrefout que les syndicats étudiants soient contre cette disposition ! Il faut savoir taper du poing sur la table dans l'intérêt général !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 10 février 2016
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Les internes formés à l'étranger dans le viseur
Pour la première fois, des étudiants jugés incompétents ont été exclus de services hospitaliers
Le phénomène est encore marginal, il n'en est pas moins inquiétant. Huit internes en médecine générale affectés dans des hôpitaux d'Ile-de-France ont été exclus de leur service pour cause d'incompétence. Et ont été priés de suivre un stage de remise à niveau de six mois, comme l'a révélé Le Quotidien du médecin, mi-janvier. C'est une première.
Six d'entre eux, trois Français ayant fait leurs études en Roumanie et trois Roumains ayant commencé leur cursus dans leur pays, avaient choisi de faire leur premier stage de six mois à l'hôpital de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne). " Ils sont arrivés en novembre, trois étaient affectés en pneumologie, trois autres en gastro-entérologie, raconte Didier Hœltgen, directeur de l'hôpital. Très rapidement, les chefs de service et les praticiens hospitaliers nous ont fait remonter leurs difficultés. "
A un manque criant de pratique s'ajoutait, pour les étudiants roumains, un niveau de français insuffisant. " Or, je ne peux pas me permettre d'avoir du personnel médical inefficace. C'est aussi un problème de sécurité. " Ces étudiants avaient aussi comme point commun d'occuper les dernières places – entre la 8 688e et la 8 876e sur un total de 8 881 – aux épreuves classantes nationales (ECN), l'examen qui permet à tout étudiant en médecine ayant validé un 2e cycle d'études de faire son internat.
Il aura suffi de trois semaines pour que ces internes soient exfiltrés et réaffectés dans des services de médecine interne d'hôpitaux de l'AP-HP (Lariboisière, Bicêtre, Tenon, Georges-Pompidou…) " Ils sont en surnombre pour un stage rémunéré mais non validant pour leur internat ", explique le Pr Philippe Jaury. Ces huit étudiants ne seraient que la partie émergée de l'iceberg. Le coordonnateur du diplômé d'étude spécialisée (DES) de médecine générale a du mal à masquer sa colère : " A la rentrée 2014, nous avions déjà décelé ce type de problème. Nous avions été reçus au ministère de la santé et au ministère de l'enseignement supérieur, mais ils nous ont dit : “On ne peut rien faire, ce sont des étudiants européens” ! "
" C'est la première fois qu'un hôpital prend une telle décision mais c'est un phénomène que l'on dénonce depuis des années et qui risque de s'aggraver ", réagit de son côté Jean-Pierre Vinel, ex-président de la Conférence des doyens, fraîchement élu président de l'université Toulouse-III-Paul-Sabatier. En effet, la particularité du système français est d'être plutôt accueillant avec les étudiants étrangers et les Français qui font leurs études de médecine à l'étranger. Certains pays exigent, au contraire, une épreuve de langue comme l'Allemagne ou imposent un concours pour intégrer l'internat, comme en Roumanie.
Au ministère de la santé, on rappelle les dispositions européennes : tout étudiant d'un pays membre de l'Union européenne engagé dans des études médicales qui a validé son deuxième cycle peut s'inscrire en troisième cycle dans un autre pays membre de l'Union. En août 2011, un décret avait interdit l'accès aux ECN aux étudiants n'ayant pas réussi à intégrer les études de médecine après la première année commune aux études de santé (Paces). Une manière de fermer la porte, de fait, à tous les étudiants qui poursuivaient leur cursus à l'étranger. Mais le Conseil d'Etat avait annulé ce décret.
L'ECN a ceci de spécifique qu'il ne s'agit pas d'un concours mais d'un examen où chaque étudiant est classé… même s'il a rendu copie blanche. " Il sera bon dernier mais sera interne et aura une place dans un hôpital ", s'indigne Philippe Jaury. En 2014, 250 candidats de l'Union européenne ayant suivi leur cursus hors de France ont passé les ECN. En 2015, ils étaient 350, dont 50 % de Roumains.
Failles du numerus clausus
Cet épisode remet aussi en lumière les failles du numerus clausus. " Aujourd'hui, il est possible de contourner la Paces par une inscription dans une autre université européenne donnant droit à revenir lors de l'ECN qui, en l'absence de note éliminatoire, donne droit à exercer la responsabilité d'interne ", insiste Jean-Luc Dubois-Randé, doyen de l'université Paris-Est-Créteil. Une des solutions serait alors d'instaurer une note éliminatoire aux ECN. Elle a les faveurs des doyens de faculté de médecine. Mais les syndicats d'étudiants y sont farouchement opposés. Et puis quelle note choisir ? Une autre serait de remettre un examen de fin d'études du 2e cycle avec un oral que tous les étudiants seraient tenus de valider avant de pouvoir passer l'ECN. Enfin, la réforme du 3e cycle, qui doit entrer en vigueur à la rentrée 2017, devrait aussi prévoir une année socle en début d'internat permettant de s'assurer que chaque étudiant a les compétences pour poursuivre dans sa spécialisation.
En attendant, les huit internes en question seront-ils à la hauteur à la fin de leur stage de remise à niveau en avril ? Rien n'est moins sûr. " Mon interne est roumain. Il est plein de bonne volonté et d'humilité mais son niveau est très faible. Je l'ai renvoyé suivre le cours de deuxième année de sémiologie médicale ", dit Jean-François Bergmann, chef du service de médecine interne à Lariboisière. A l'hôpital Bicêtre, le Pr Cécile Goujard est, elle aussi, assez pessimiste. " C'est un étudiant français formé en Roumanie. Nous avons repris l'encadrement comme s'il était en 3e ou en 4e année. Il n'a aucune responsabilité. "
A l'hôpital Tenon, le Pr Gilles Grateau est plus confiant. " Il est très travailleur. On le remet à niveau et cela devrait être bon à la fin du stage. On lui confie peu de responsabilités mais il a une formation satisfaisante du point de vue des connaissances. Son problème est qu'il a une expérience clinique limitée par rapport aux étudiants formés en France et qui sont face à des malades dès la troisième année. "
Nathalie Brafman
Le contexte
conférence santé
La grande conférence de santé du 11 février, annoncée en mars 2015 par le premier ministre, Manuel Valls, portera notamment sur la formation continue et initiale et en particulier sur les futurs médecins. " Les étudiants en santé et les jeunes installés appellent de leurs vœux des changements profonds afin d'être mieux préparés à la réalité de l'exercice quotidien ", a déclaré M. Valls dans une interview au magazine professionnel Le Généraliste. Les syndicats de médecins libéraux ont décidé de boycotter cette conférence de santé, pour protester contre la loi santé promulguée fin janvier, qu'ils qualifient de " liberticide ".