Une décision inique et honteuse

Publié le 30 Novembre 2016

Une décision inique et honteuse

Il est honteux que ce médecin, si on peut l'appeler comme tel, continue à exercer ses actions comme si de rien n'était...

Il est évident que ses actions entrainaient un risque pour les sportifs. La cour d'appel de Madrid a conclu au contraire, ce qui est plus qu'honteux...

L'Espagne prouve, par cette décision, qu'on ne peut pas faire confiance en ses sportifs, ce, d'autant plus quand ils sont couverts par les autorités judiciaires.

Un article du journal 'Le Monde' daté du 16 juin 2016

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Le docteur Fuentes de nouveau bon pour le service

Dix ans après l'opération antidopage " Puerto ", le médecin espagnol a été blanchi

C'est une nouvelle qui devrait réjouir ses nombreux clients (anciens et futurs). Le sulfureux médecin espagnol Eufemiano Fuentes est blanchi et peut de nouveau exercer la médecine sportive. Ainsi en a décidé la cour d'appel de Madrid dans un arrêt publié mardi 14 juin. Son arrestation le 23 mai 2006, dans la capitale espagnole, à quelques semaines du Tour de France, avait provoqué une onde de choc qui s'était propagée jusqu'aux stades de la Coupe du monde en Allemagne. Dix ans plus tard, son absolution n'était pas au menu des conférences de presse qui jalonnent l'Euro en France.

Instigateur d'un vaste réseau de dopage sanguin, le médecin avait été condamné en première instance à un an de prison, en avril 2013. L'Espagne ne possédant pas de loi antidopage au moment des faits, Eufemiano Fuentes était poursuivi pour un délit à la santé publique. La cour d'appel de Madrid a estimé que les pratiques du médecin, adepte des transfusions sanguines, ne représentaient pas un risque pour les sportifs.

Délai de prescription dépassé

Elle a, en revanche, ordonné que les 211 poches de sang et plasma saisies il y a dix ans par la guardia civil, lors de la fameuse opération " Puerto ", soient remises à l'Agence mondiale antidopage. Cette décision intervient dix ans et trois semaines après le démantèlement du réseau. Trop tard pour ouvrir des procédures disciplinaires contre les sportifs auxquels ses poches étaient destinées puisque le délai de prescription du nouveau code mondial antidopage est de dix ans.

Les plus optimistes veulent croire que ce jugement permettra toutefois de retrouver l'identité de tous les clients du docteur Fuentes. Las. On sait déjà que les poches de sang correspondent à une petite partie de sa clientèle : 35 sportifs (23 cyclistes et 12 athlètes) dont la plupart des noms sont connus.

Si les poches de sang ne parleront donc pas, Eufemiano Fuentes pourra lui aussi rester muet sur l'identité de tous ses autres patients. L'envoyer en prison, c'était courir le risque de l'inciter à vider – tout – son sac. En décembre 2006, alors que les autorités espagnoles s'efforçaient de circonscrire l'opération " Puerto " à une énième -affaire de dopage dans le vélo, le médecin avait commencé à se confier au Monde :" Evidemment, j'ai eu d'autres sportifs comme clients : athlètes, joueurs de tennis, footballeurs, joueurs de handball, boxeurs… J'ai travaillé avec plusieurs clubs de première et deuxième divisions espagnoles. J'ai travaillé avec plusieurs clubs en même temps, parfois directement avec les footballeurs, parfois en partageant mes connaissances avec les médecins des équipes. "

Dès le premier jour de sa comparution devant le tribunal pénal de Madrid, en janvier 2013, Fuentes avait confirmé, sous serment, ce qu'il avait déclaré au Monde : " Avant 2006, je travaillais avec tous types de sportifs. Cela pouvait être des footballeurs, des athlètes, des joueurs de tennis, des boxeurs… " Mais la juge s'était bien gardée de saisir la perche que lui tendait le médecin. Comme elle ne se risqua pas à lui demander ce à quoi pouvait bien correspondre le sigle " RSOC " retrouvé dans les documents saisis par la police quand, au terme d'une semaine d'audiences, un ex-président de la Real Sociedad accusa, dans les colonnes du quotidien espagnol AS, son prédécesseur d'avoir payé Fuentes avec une caisse noire pour qu'il fournisse le club de foot basque en produits dopants entre 2001 et 2008. Comme elle ne questionna pas l'ex-coureur Jesus Manzano – dont les révélations avaient pourtant mis les enquêteurs sur la piste de Fuentes – sur les " footballeurs " de " très bonnes et très importantes " équipes croisés chez Fuentes. " Le problème, c'est qu'en Espagne on ne touche pas à des dieux ! ", concluait, il y a quelques années, Manzano.Blanchi, le bon docteur Fuentes va désormais pouvoir se faire une nouvelle clientèle.

Stéphane Mandard

Rédigé par Philippe NOVIANT

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