A-t-on besoin de Nicolas Sarkozy ?

Publié le 22 Décembre 2014

Sarkozy-RolexNicolas Sarkozy revient et ce n'est pas une bonne nouvelle. En effet, quand il a été élu, en 2007, il n'a pas gagné une élection. Pire, il a perdu les sénatoriales, du jamais vu sous la Ve République. M. Nicolas Sarkozy n'a pas vocation a diriger à nouveau le pays. Je ne vois pas ce qu'il serait capable de faire actuellement, ce qu'il a été incapable de faire en 2007.

Pire, les affaires s'accumulent et elles sont nombreuses :

- M. Nicolas Sarkozy est mis en examen en juillet 2014, pour corruption active, trafic d'influence, recel de violation du secret professionnel. L'affaire concerne des appels et des promesses faites à un magistrat pour qu'il puisse obtenir un poste à Monaco. On se rappelle que cette affaire a été mise à jour suite à l'écoute d'une ligne téléphonique ouverte sous le nom de Paul Bismuth.
- M. Nicolas Sarkozy est soupçonné dans l'affaire Karachi. En 1995, il y a eu des rétro-commissions sous Baladur. Dans cette affaire, on soupçonne M. Nicolas Sarkozy d'avoir créé une société au Luxembourg pour récupérer ces rétro-commissions.
- On soupçonne un financement illicite de la campagne de 2007 avec Mouammar Kadhafi.
- L'affaire Bygmalion. Cette société a édité des fausses factures pour l'UMP afin que M. Nicolas Sarkozy puisse respecter ses comptes de campagne en 2012.
- L'affaire Liliane Bettencourt : M. Nicolas Sarkozy a bénéficié d'un non lieu mais le fait qu'il ait tenté de savoir ce que disaient ses agendas pose très clairement question.
- L'affaire Bernard Tapie : la procédure d'arbitrage a bénéficié à Bernard Tapie puisqu'on lui a remboursé 400 Millions d'Euros sur argent public. La procédure d'arbitrage aurait été illégale. M. Christine Lagarde n'a pas fait appel quand l'Etat a été condamné dans cette affaire. Cela pose très clairement question.
- Les sondages de l'Elysée : l'Elysée a passé pour près de 10 Millions d'Euros de commande de sondage auprès de la société de M. Buisson qui a été un proche collaborateur de M. Nicolas Sarkozy.
- Le remboursement des dépassements de frais de campagne par le citoyen par le Sarkothon. Le Sarkothon a été financé à 66% par le contribuable. Cela aussi pose questions.

Toutes ces affaires, ça fait beaucoup... ça fait trop !

Un article du journal 'Le Monde' daté du 23 Septembre 2014

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Nicolas Sarkozy se pose déjà en chef de la droite
Invité de France 2, dimanche 21 septembre, l'ancien président est resté flou sur son projet politique

Débit lent, voix douce, ton sobre. Nicolas Sarkozy a tenté d'offrir de lui-même l'image d'un dirigeant apaisé, qui aurait gagné en pondération, dimanche 21 septembre, sur France 2, lors de sa première intervention télévisée depuis son retour, vendredi 19 septembre. Souhaitant apparaître comme un homme neuf, il a joué la carte de l'expérience. " L'âge apporte plus de sagesse, plus de recul ", a-t-il souligné pour ne pas réveiller l'antisarkozysme resté majoritaire dans le pays. Plus de six Français sur dix ne souhaitent pas qu'il soit candidat pour 2017, selon une enquête CSA publiée samedi.

Nicolas Sarkozy a réussi à afficher ce nouveau visage, tout en douceur, au début de cet entretien de près de 40 minutes. Le temps d'esquisser un mea culpa sur la manière dont il a exercé le pouvoir de 2007 à 2012, sans réaliser un vrai inventaire de son action.

M. Sarkozy a seulement concédé quelques " erreurs " l'ayant conduit à la défaite, mais uniquement sur la forme. Comme sa propension à vouloir s'occuper de tout – ce qui lui avait valu le titre d'" hyperprésident ". " Parfois, on peut penser que l'on peut réussir seul, alors qu'il n'y a pas de réussite individuelle ", a-t-il admis.

Son côté clivant  et sa manière d'opposer des catégories les unes aux autres ? Il dit avoir compris qu'il ne fallait pas " radicaliser les gens " mais " apaiser ". Et a aussi reconnu ne pas avoir toujours " employé la bonne expression ".

En somme, Nicolas Sarkozy ne dit plus " j'ai changé ", comme il l'avait fait en 2007, mais plutôt " j'ai appris ". Tout à son soin de ne pas paraître arrogant, il a même employé plusieurs fois une formule curieuse : " Est-ce que vous me prêtez deux neurones dans ma tête ? "

Mais il ne fallait pas compter sur M. Sarkozy pour se lancer dans une séance d'autoflagellation. Au contraire, le battu de 2012 a de nouveau présenté son échec à la présidentielle comme une quasi-victoire : " J'ai été battu de si peu… " Invité à poursuivre l'examen critique de ses cinq années de pouvoir, l'ex-président s'est agacé de ce que " l'émission " porte sur " tout - s - on bilan ". Comme si la posture de l'humilité avait assez duré, après environ dix minutes d'entretien. Tout à coup, le Sarkozy que les Français connaissent est alors réapparu : pugnace, souvent crispé, parfois agressif.

S'en est suivie une série d'attaques contre François Hollande, qu'il a accablé. Bien qu'il ait répété ne pas vouloir " polémiquer " avec son successeur, il a asséné : " Qu'est-ce qu'il reste des “Moi président” ? Une longue litanie de mensonges. " Le premier ministre, Manuel Valls, et le ministre de l'économie, Emmanuel Macron, " un banquier ", ont également pris des coups au passage. Quant à Alain Juppé et François Fillon, ses deux principaux rivaux dans la course à l'Elysée, il a simplement indiqué qu'il aurait " besoin " d'eux pour gouverner de nouveau le pays. Une façon de ne pas reconnaître leur concurrence et d'affirmer sa prééminence.

Son retour, M. Sarkozy a tenté de le faire apparaître comme une obligation vis-à-vis des Français en plein désarroi. Dressant un constat apocalyptique de la situation – il dit n'avoir " jamais vu une telle colère, un tel désespoir " – il s'est de nouveau présenté – même s'il s'en défend – en homme providentiel qui reviendrait sauver la patrie en danger. Non pas par volonté de reprendre le pouvoir, mais par devoir : " Je ne veux pas que mon pays soit condamné entre le spectacle humiliant que nous avons aujourd'hui et l'isolement du FN. Non seulement j'ai envie, mais je n'ai pas le choix : je dois rendre à mon pays une partie de ce qu'il m'a donné. " Nicolas Sarkozy reprend son positionnement gaulliste et bonapartiste, qui fonctionne à plein dans l'électorat de droite où le culte du chef reste très puissant.

Un autre ressort très efficace auprès des militants UMP : celui de la victimisation. Invité à s'expliquer sur les nombreuses affaires dans lesquelles son nom est cité, l'ex-président s'est réfugié dans la posture de l'homme traqué par le pouvoir et les juges. Prenant l'opinion à témoin, il a tenté de susciter un réflexe de solidarité des Français à son égard en se disant de nouveau victime d'un acharnement. " Si j'avais la moindre chose à me reprocher, est-ce que je reviendrais ? ", a-t-il demandé, affirmant avoir été le président de la Ve République " le plus examiné sous toutes les coutures ".

Fort de ce double positionnement de l'homme providentiel et de la victime, l'ancien chef de l'Etat mise avant tout sur son équation personnelle pour enclencher une dynamique en sa faveur. En près de 40 minutes, M. Sarkozy n'a pas exposé de projet d'alternance. Son programme reste flou et, s'il assure avoir " des solutions " pour redresser l'économie du pays, il ne dit pas lesquelles. " On doit réunir les conditions qui permettront de créer de la croissance et de l'emploi ", a-t-il évacué. Et la ligne politique ? " Pragmatique ", a-t-il répondu, disant vouloir " rassembler les Français bien au-delà des clivages habituels ". Un peu court pour celui qui dit vouloir " créer une alternative crédible ".

Pas de position claire, non plus, sur le mariage pour tous. Et sur la primaire présidentielle à droite, alors que ses rivaux exigent la tenue de ce scrutin interne. Par contraste, ces derniers tentent d'apparaître comme mieux armés sur le fond. Alain Juppé a publié sur son blog, au moment même de l'entretien de M. Sarkozy, un long texte détaillant ses priorités. " Je n'ai pas le culte des sauveurs, mais le culte des idées ", a aussi asséné François Fillon, dimanche, devant ses partisans réunis à Domont dans le Val-d'Oise.

Le seul moment où Nicolas Sarkozy a formulé des propositions explicites, c'est lorsqu'il a repris ses marqueurs " droitiers " de la campagne de 2012 : la volonté de réformer Schengen ou celle d'instaurer des référendums populaires pour contourner la frilosité supposée des " corps intermédiaires ". Ce qui montre un Nicolas Sarkozy tiraillé entre la nécessité de soigner sa base en vue de l'élection à la présidence de l'UMP, et son souci de ne pas lancer trop brutalement la campagne de 2017, à laquelle il espère évidemment concourir.

Alexandre Lemarié

Rédigé par Philippe NOVIANT

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