C'est ce genre de réunion qui fait monter le FN
Publié le 20 Juin 2014
Décidément, il est fort ce Copé ! Il organise une réunion pour parler des manques, oh combien nombreux de Sarkozy, et rien n'en sort. "Circulez, y'a rien à voir" a été le mot d'ordre de la réunion. Entre un parti qui ne sait pas accepter ses erreurs et un parti au pouvoir frappé d'immobilisme flagrant, bourré d'idéologie, et qui ne sait répondre aux problèmes qu'en commandant des rapports, vers qui vont se diriger les Français ? Vers le FN bien sûr !
C'est ce genre de réunion qui fait le lit du FN, et c'est en continuant de fermer les yeux sur ses erreurs que l'électeur FN se verra conforter dans ses actions.
Car oui, concernant la montée du FN, l'UMP en porte la majeure partie de la responsabilité. Il n'a cessé, depuis 2007, de copier son discours sans y ajouter la moindre plus-value. L'électorat FN, préférant la copie à l'original, aura vite fait son choix. Copé le sait, mais comme il sait aussi que la meilleure défense est l'attaque, il préfère mentir effrontément que de se remettre en question. Cela ne fera pas gagner l'UMP, et continuera à fournir des voix à l'extrême droite (car oui, le FN est un parti d'extrême droite).
Déplorable.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 19 Octobre 2013
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A défaut d'un inventaire des années Sarkozy, l'UMP dresse celui de Hollande
La droite n'a pas critiqué l'action de l'ancien président lors de sa convention, jeudi
Jean-François Copé a rempli son contrat. Le véritable " inventaire " des années Sarkozy n'a pas eu lieu. Le président de l'UMP, allié politique de l'ancien président, a empêché tout examen critique du précédent quinquennat, lors d'une convention organisée par le parti de droite, jeudi 17 septembre, à son siège parisien.
Théoriquement consacré à une analyse critique de la période 2007-2012, l'exercice réclamé par plusieurs ténors de l'UMP a été détourné de son objectif initial. La réunion, qui a duré près de cinq heures, s'est finalement transformée en un inventaire... de la présidence de François Hollande.
Les personnalités présentes ont concentré leurs attaques contre l'actuel chef de l'Etat. Le président de l'UMP a donné le ton en fustigeant en introduction " le bilan catastrophique des dix-sept premiers mois de présidence de François Hollande ". La politique conduite par les socialistes " aggrave tous les paramètres ", a-t-il martelé devant près de 200 militants UMP, dont une majorité de personnes âgées.
M. Copé a surtout marqué les esprits, en faisant porter sur l'actuel locataire de l'Elysée la responsabilité de la progression de l'extrême droite. " Oui, j'accuse François Hollande, par sa politique, de favoriser la montée du Front national ", a-t-il lancé, reprochant notamment au président de la République d'être resté " silencieux " dans le conflit entre Manuel Valls et Cécile Duflot sur la question des Roms ou de proposer d'accorder le droit de vote aux étrangers. Le président de l'UMP a même osé détourner la formule fétiche de Marine Le Pen en affirmant : " Ce n'est pas l'UMPS, c'est le FN-PS. "
S'il accuse depuis plusieurs mois M. Hollande d'" instrumentaliser " l'extrême droite, c'est la première fois que M. Copé utilise une telle formule publiquement. Difficile de ne pas y voir une manoeuvre visant à détourner l'attention des observateurs de l'objet initial de la convention : l'action de Nicolas Sarkozy lors du précédent quinquennat. En réponse, le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, et le porte-parole du parti, David Assouline, ont dénoncé jeudi le " dérapage ignoble " et le " cynisme " du maire de Meaux (Seine-et-Marne).
Après l'intervention de M. Copé, le délégué général au projet de l'UMP, Hervé Mariton, a tenté de recadrer le débat : " Il faut être dans un langage libre pour mener l'évaluation. " C'était trop en demander aux participants... A part la suppression des 35 heures, préconisée par la plupart des cadres UMP, et dont M. Sarkozy ne veut pas entendre parler, l'exercice n'a pas permis à la droite de mener une véritable réflexion sur les causes de ses échecs électoraux.
" Lucidité "
Nicolas Sarkozy peut dormir tranquille. Aucun dirigeant n'a osé critiquer frontalement l'action de celui qui reste plébiscité par les sympathisants UMP. Malgré quelques timides réserves, son camp semble rester sous son emprise. Certains ont pourtant laissé entendre qu'ils avaient des choses à dire... " Il faudrait beaucoup plus " qu'" un après-midi " pour analyser le bilan du précédent quinquennat, a ainsi remarqué le filloniste Gérard Longuet.
Loin de tourner au procès de M. Sarkozy, l'exercice a même tourné à son avantage. Ses détracteurs (François Fillon, Xavier Bertrand ou Laurent Wauquiez) avaient imaginé l'inventaire comme une arme pour le discréditer. Mais en leur absence, les sarkozystes Rachida Dati, Frédéric Lefebvre ou Guillaume Peltier ont profité de l'occasion pour vanter les mérites de leur champion et saluer son action.
M. Copé avait montré la voie : " La lucidité, c'est de reconnaître les succès du quinquennat. " Michèle Alliot-Marie s'est réjouie du ton consensuel de la convention : " Ceux qui s'attendaient à un inventaire qui tourne à la repentance ou au règlement de comptes en sont pour leur frais. "
Alexandre Lemarié