Comment l'Allemagne a augmenté son classement PISA

Publié le 16 Avril 2014

dicteeLa chance que la France a c'est qu'elle dispose d'un modèle qui n'est pas loin de chez elle. Comme le cancre voulant progresser, la France peut copier sur son voisin. Cela ne sera pas sanctionné, mieux, cela se fera dans l'intérêt général.

Y'a plus qu'à...

Un article du journal 'Le Monde' daté du 04 décembre 2013

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L'Allemagne a comblé son retard à coups de réformes

Berlin Correspondant

En Allemagne, la publication de l'étude PISA ce 3 décembre constitue un véritable événement. Nombre de journaux y ont consacré des " pré-papiers " les jours précédents. Il faut dire que le " choc PISA " de 2001 est encore dans toutes les mémoires.

Cette année-là, la publication des piètres résultats de la première enquête menée par l'OCDE provoque un véritable traumatisme. Dans ce pays où l'on fait enregistrer à l'état-civil son titre de " docteur " délivré par l'université, nul ne s'attendait à ce qu'un quart des adolescents ne lise pas couramment et que le pays se retrouve classé derrière le Mexique. Mais l'Allemagne, qualifiée quelques mois plus tard d'" homme malade de l'Europe " par le magazine britannique The Economist remit non seulement son modèle social mais également son modèle scolaire en question. Résultat : l'Allemagne qui, en 2003, était moins bien classée que la France dans l'étude PISA (503 points contre 511) l'a aujourd'hui dépassée (514 contre 495).

Il n'y eut pas de grand soir. L'éducation, qui est d'ailleurs une prérogative des Etats-régions et non de Berlin, s'y prête mal. Une réforme ne peut être que le fruit d'un consensus entre les seize Etats-régions et le pouvoir fédéral. Les problèmes étaient multiples : les enfants entraient tard dans le système scolaire (6 ans) et, dès l'âge de 10 ans, étaient sélectionnés pour faire des études secondaires longues ou courtes. Résultat : les enfants de milieux défavorisés qui entraient à l'école en maîtrisant mal l'allemand n'avaient pas le temps de rattraper les autres élèves et étaient envoyés dans des filières courtes.

Par petites touches et sur plusieurs années, les responsables politiques ont tenté de favoriser la garde collective d'enfants dès l'âge de 3 ans, de retarder d'un an la sélection avant l'entrée dans le secondaire, de multiplier des passerelles entre la filière noble (le Gymnasium) et les deux autres (la Hauptschule et la Realschule), et de ne plus limiter la prise en charge des enfants durant la seule matinée mais d'organiser des activités pédagogiques l'après-midi.

Coût financier élevé

Si plusieurs de ces réformes ont été poussées par la gauche, les conservateurs ont obtenu que les responsables des établissements puissent prendre davantage d'initiatives, notamment en matière de recrutement. Par ailleurs, un institut public a été créé pour mesurer très précisément les performances des élèves dans chaque Etat-région. Une initiative qu'ont acceptée les syndicats qui ont obtenu que, techniquement, l'on ne puisse pas faire le lien entre la performance des élèves et celle de leurs enseignants. " L'Allemagne est un pays libéral qui adore se fixer des objectifs chiffrés, et PISA lui a fourni un outil venant de l'extérieur et donc neutre et accepté par tous ", analyse Stefan Seidendorf, de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg.

Tant la création de places supplémentaires dans les crèches que la journée continue ont un coût financier élevé. Si le système s'harmonise peu à peu et si l'OCDE considère l'Allemagne comme un exemple des pays qui ont utilisé PISA pour mener à bien des réformes, celles-ci ne vont pas sans difficulté. Les Etats-régions continuent d'avoir le dernier mot, les différences de performances entre eux restent considérables et l'organisation de la scolarité est souvent un enjeu majeur des élections régionales. On a même vu, à Hambourg, des parents s'opposer avec succès à des réformes préconisées par l'ensemble des partis politiques.

Frédéric Lemaître

Rédigé par Philippe NOVIANT

Publié dans #Informations

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