Encore une affaire Sarkozy !

Publié le 7 Janvier 2015

Sarkozy-RolexDécidément, il les cumule ! On va avoir du mal à tout suivre avec toutes les affaires Sarkozy ! La dernière en date est au Kazahhstan. Dès que l'on veut prouver que cet homme là est une pourriture, il n'y a qu'à se baisser pour trouver des preuves. Ca en est presque trop facile...

Un article du journal 'Le Monde' daté du 08 Octobre 2014

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Nicolas Sarkozy au risque du " Kazakhgate "
La justice enquête sur un soupçon de rétrocommissions lors de contrats signés en  2010 au Kazakhstan

Pour la justice française, le dossier  débute  réellement au printemps 2012. Le 4 avril, à quelques semaines de l'élection présidentielle, Tracfin, l'organisme antiblanchiment du ministère des finances, signale au parquet de Paris des mouvements de fonds suspects –  plus de 300  000 euros  – sur les comptes d'un ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, Jean-François Etienne des Rosaies. Le parquet ouvre immédiatement une enquête préliminaire visant cet homme de 72 ans, chargé de mission au cabinet de M.  Sarkozy, à la présidence de la République, entre 2007 et 2010. Ancien préfet, il est devenu président des haras nationaux puis de l'Institut français du cheval et de l'équitation.

En mars 2013, les premières investigations ayant étayé les soupçons de Tracfin, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire. Le dossier, confié aux juges Roger Le Loire et René Grouman, est transmis au parquet national financier (PNF). Les policiers de l'Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) ont découvert que M.  Etienne des Rosaies avait bénéficié, sans raison apparente, de plusieurs virements importants émanant de son avocate à Nice, Me  Catherine Degoul. Les fonds proviendraient en fait d'un riche homme d'affaires belge d'origine kazakhe, Pathok Chodiev. Ce dernier avait versé plusieurs millions d'euros à Me  Degoul, qui n'est autre que son avocate...

Me  Degoul serait par ailleurs la représentante de plusieurs structures off shore domiciliées sur l'île de Man, notamment une société liée à un intermédiaire belge. M.  Chodiev est, lui, un proche du président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, au pouvoir depuis 1990. C'est tout sauf un détail : l'OCRGDF va établir que les mouvements de fonds détectés par Tracfin sont sans doute en lien avec  la signature d'importants contrats commerciaux conclus, sous Nicolas Sarkozy, par la France avec le Kazakhstan.

Du coup, les enquêteurs se penchent sur le passé de M.  Chodiev. Et découvrent, stupéfaits, le deuxième volet de l'affaire. L'obtention des contrats liés aux hélicoptères aurait été conditionnée par M. Nazarbaïev  à une intervention directe de l'Etat français  auprès de plusieurs parlementaires belges. En effet,  M.  Chodiev et deux autres hommes d'affaires d'origine kazakhe,  Alexander Machkevitch et Alijan Ibragimov, surnommés "  le trio  " au Kazakhstan, et très proches du président kazakh, étaient poursuivis dans une affaire de corruption en Belgique,  jusqu'en 2011, pour "  blanchiment  ", "  association de malfaiteurs  " et "  faux en écriture  ".

Or, le 17 juin 2011, les trois hommes ont bénéficié, après avoir négocié avec le parquet de Bruxelles, d'une transaction pénale entraînant l'abandon des poursuites, en échange du paiement d'une amende de 23 millions d'euros. Quelques jours plus tard, le 27 juin 2011, François Fillon, alors premier ministre, signait avec son homologue kazakh en visite en France, Karim Massimov, divers accords et contrats, dont celui prévoyant l'assemblage au Kazakhstan des fameux hélicoptères d'EADS.

Que découvrent les policiers  français ? Ce règlement à l'amiable, qui a permis aux trois hommes d'éviter  des peines de prison ferme,  a été rendu  possible grâce à l'adoption en urgence, par le Sénat belge, en mars 2011, d'une disposition – introduite par un amendement déposé in extremis  – étendant les possibilités d'extinction de l'action publique moyennant une somme d'argent. Dès l'adoption de la loi, le 14 avril 2011, le code d'instruction criminelle belge est modifié en ce sens.  Le Canard enchaîné a dévoilé cet aspect de l'affaire le 3 octobre 2012, sans faire allusion à l'enquête judiciaire, encore confidentielle.

Les investigations policières vont confirmer le rôle central joué dans cette affaire par un homme politique belge de premier plan, le libéral Armand de Decker, alors vice-président du Sénat et avocat. Parmi ses clients : Pathok Chodiev lui-même… L'enquête a établi que c'est par son intermédiaire que l'Elysée espérait faire pression sur les sénateurs belges, et obtenir le vote de la loi favorable aux intérêts des oligarques kazakhs. M.  De Decker, qui conteste toute irrégularité, a reconnu publiquement avoir rencontré  l'avocate française de Chodiev, Me  Degoul, accompagnée du conseiller de M.  Sarkozy, M.  Etienne des Rosaies, et avoir évoqué le sort judiciaire des amis du président Nazarbaïev. En Belgique, l'affaire en est restée là, au stade des soupçons.

Mais en France, l'enquête progresse.  Le 8 septembre 2014, à la demande des juges, l'OCRGDF multiplie les perquisitions. Simultanément, les enquêteurs se rendent au siège d'Airbus Helicopters (nouveau nom d'Eurocopter), mais aussi au domicile de l'assistante historique de Claude Guéant, Nathalie Gonzalez-Prado, et chez le préfet Etienne des Rosaies. Les policiers perquisitionnent également l'appartement d'Arlette Henon, une ancienne collaboratrice de M.  Etienne des Rosaies, ainsi que  le cabinet et le domicile de Me  Catherine Degoul à Nice. Dans la foulée, l'ancien préfet et l'avocate sont placés en garde à vue. Si l'audition de M.  Etienne des Rosaies, en mauvais état de santé, a dû être interrompue, celle de l'avocate a pu se dérouler normalement. Me  Degoul, ainsi que  deux intermédiaires, sont mis en examen pour "  corruption d'agent public étranger  " et "  blanchiment  ".

Les enquêteurs veulent maintenant étayer leurs soupçons. Et vérifier dans les moindres détails les circonstances de la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy au Kazakhstan, le 6 octobre 2009, au cours de laquelle  a  été  évoquée la signature des contrats. La justice postule que le  président Noursoultan Nazarbaïev aurait alors exigé de M.  Sarkozy, comme contrepartie de ces contrats, une intervention de sa part en faveur des trois oligarques poursuivis en Belgique. Le 27 octobre 2010, l'Elysée annonçait la signature entre Paris et Astana de contrats pour " plus de 2 milliards d'euros ", portant notamment sur la vente de 295 locomotives et 45 hélicoptères EC 145. 

MM. Sarkozy et Guéant, tout comme Me  Degoul et Mme  Gonzalez-Prado, n'ont pas donné suite aux appels du Monde, M.  des Rosaies n'a pu être joint. 

Gérard Davet, et Fabrice Lhomme

Rédigé par Philippe NOVIANT

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