Il est temps d'arrêter de faire des cadeaux et de remettre les gens au travail
Publié le 19 Janvier 2015
Combien de fois ai-je entendu la célèbre supplique : "Pourquoi j'irais bosser alors que je gagne tout autant voire plus à rester à la maison ?" ?.
C'est effectivement une bonne question et il va falloir réellement se poser la question de sa pertinence : le système d'allocation chômage n'est-il pas un rien trop généreux ?
L'assurance chômage doit être une aide au retour à l'emploi et ne doit être que cela. Cela ne doit donc pas être un salaire de substitution ni un remerciement pour service rendu car on a travaillé un temps... Notre système social est une richesse, raison pour laquelle les abus de toutes sortes et de tous genres doivent être supprimés.
Nous ne pouvons pas nous permettre de financer des gens oisifs, nous ne pouvons pas nous permettre de financer telle ou telle personne faisant le tour du monde avec le fruit d'une assurance chômage se montant à 6000 Euros par mois. Cela existe et cela a été montré dans un reportage sur M6 où son bénéficiaire n'a même pas pris la peine de se cacher.
Les abus de certains peuvent mener à la perte de tous. Pour cette raison, la responsabilisation des gens ne peut qu'aboutir à une limitation des indemnités chômage afin que l'on pousse les chômeurs à reprendre un emploi.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 16 Octobre 2014
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Une assurance-chômage trop généreuse ?
Le niveau d'indemnisation des chômeurs, critiqué par Manuel Valls et le Medef, n'est pas forcément un problème, estiment les économistes
Depuis les premières déclarations de Manuel Valls, en marge de son déplacement à Londres, lundi 6 octobre, le débat autour de l'efficacité et la générosité des indemnités chômage ne cesse de prendre de l'ampleur. Le président du Medef, Pierre Gattaz, s'est à son tour engouffré dans la brèche ouverte par le gouvernement, mardi 14 octobre, en demandant aux syndicats d'ouvrir de nouveau le dossier dès janvier.
Qu'en est-il réellement ? Le système français est en effet relativement plus protecteur que celui de ses voisins.
Une comparaison, menée par les économistes Pierre Cahuc et Stéphane Carcillo dans l'ouvrage Améliorer l'assurance-chômage, classe la France au troisième rang des pays les plus protecteurs de l'OCDE, juste derrière l'Islande et la Norvège.
Règles complexes de l'Unedic
Les chômeurs français bénéficient en moyenne d'une durée d'indemnisation maximale (24 mois, voire 36 mois pour les plus de 50 ans), de conditions d'ouverture des droits (4 mois d'activité) ou d'un plafond d'indemnisation (jusqu'à plus de 6 200 euros par mois) parmi les plus favorables. En revanche, le niveau moyen d'indemnisation – autour de 70 % du salaire net – se situe dans la moyenne européenne. Cette protection a un coût : les salariés du privé consacrent environ un mois de salaire net par an à leurs cotisations chômage. Mais la plupart des chercheurs estiment que la question de la générosité du système est un faux problème.
" Il ne faut pas regarder si le système est généreux, mais s'il est optimal. Quand il y a un niveau de chômage élevé pendant longtemps, comme actuellement, il est logique d'indemniser longtemps les gens ", estime Bruno Coquet, spécialiste de la question pour l'Institut de l'entreprise. " Le problème est que notre système est généreux mais que notre suivi des chômeurs est défaillant ", abonde Pierre Cahuc. " Les pays avec une générosité comparable à la nôtre prévoient notamment des entretiens fréquents, et les chômeurs ont l'obligation d'accepter des emplois ou des formations. Il faudrait d'abord travailler sur ce point. "
Réduire drastiquement les indemnités des chômeurs aurait donc seulement un impact sur le déficit de l'Unedic, qui devrait s'établir à près de 4 milliards en 2014. Mais en l'absence d'une amélioration de la conjoncture économique, il n'est absolument pas certain que cela pousse davantage les chômeurs à retrouver un emploi. Cela ne veut toutefois pas dire qu'il n'y a rien d'améliorable dans notre système. " Il y a des cas où le taux de remplacement - le niveau d'indemnité par rapport au salaire de référence - est en effet trop élevé et n'incite pas assez à reprendre un emploi ", assure M. Coquet.
Les complexes règles de calcul de l'Unedic peuvent en effet permettre à certains chômeurs (licenciés économiques ou précaires à très bas niveau de salaire) de toucher presque la même chose au chômage ou en emploi. " On peut même être au-dessus de 100 % si on prend en compte certaines aides locales, réservées aux chômeurs ", estime M. Cahuc. Les économistes estiment en général que les indemnités ne doivent pas dépasser 75 % du dernier salaire. Mais ces cas restent limités.
Pour être plus optimale, l'assurance-chômage française devrait par ailleurs mettre davantage à contribution les employeurs qui abusent de la précarité, juge M. Cahuc. " Actuellement, l'assurance-chômage finance certains secteurs qui abusent des contrats courts et de l'intérim en ne leur faisant pas payer le prix correspondant à leurs pratiques ", estime-t-il. Il réclame à ce titre que le niveau de cotisations des employeurs soit adapté en fonction de leur usage des contrats précaires. Une idée qui pourrait cette fois-ci déplaire fortement à M. Gattaz.
Jean-Baptiste Chastand