Il faut en finir avec les pratiques des opticiens
Publié le 17 Juillet 2013
Les opticiens vivent sur un principe économique qui est financé par les mutuelles. Cela n'est pas viable à terme car les mutuelles vivent des subsides de leurs adhérents. On ne peut pas continuer à cautionner des taux de marges bruts phénoménaux où des opticiens sont capables de gagner leur vie en ne vendant que deux paires par jour !
Il faut donc que l'Etat y mette le hola pour préserver l'équilibre économique des mutuelles. Les mutuelles doivent être interdites de rembourser des montures de lunettes à plus de 100Euros, montures dont le taux de marge approche régulièrement les 1000%.
M. Vallini étant un fan de lunettes devant l'éternel, je n'ai pu résister à mettre sa photo pour agrémenter cet article ;)
Un article du journal 'Le Monde' daté du 24 Avril 2013
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Optique : la concurrence s'accroît, les marges aussi
Selon l'association UFC-Que choisir, chaque paire de lunettes rapporte 275 euros en moyenne au vendeur
Qu'il soit myope, presbyte, ou les deux, le porteur de lunettes risque de relire plusieurs fois le chiffre, pour s'assurer qu'il ne s'y méprend pas. Marge brute : 275 euros par paire de lunettes, soit 70 % du prix de vente. Selon une étude de l'UFC-Que Choisir publiée mardi 23 avril, c'est ce que touche en moyenne un opticien lorsqu'il vend une monture et des verres.
Une marge " exorbitante ", estime l'association de consommateurs, qui avance une explication pour le moins paradoxale : le nombre croissant de magasins d'optiques, porté par l'augmentation du nombre de diplômés qui sortent chaque année des écoles d'optique.
" Nous voyons se multiplier l'ouverture de boutiques sans que cette concurrence ne profite aux clients avec des prix en baisse, ce qui est contraire à toute logique économique, souligne Mathieu Escot, l'auteur de l'étude. Cela tient à la complexité des produits et à l'opacité tarifaire du marché, qui ne permet pas au consommateur de se repérer.
Avec 11 422 points de vente en France, le nombre d'opticiens a augmenté de 47 % en douze ans, alors que le besoin, lui, n'a progressé que de 13 %. " Cette explosion ne correspond pas à une logique de santé publique, et ne peut s'expliquer que par la rentabilité élevée de l'activité de distribution de lunettes ", note le document.
Mais comme le marché a progressé moins vite que les implantations, le chiffre d'affaires par magasin a baissé de 6,6 % entre 2005 et 2012. " L'an dernier, chaque magasin n'a vendu que 880 paires de lunettes, soit 2,8 équipements par jour ouvré ", souligne l'UFC-Que Choisir. " Les frais fixes d'un magasin se répercutent sur ces seules 2,8 paires de lunettes. " Maintenir la rentabilité suppose donc de vendre ses montures à des prix élevés.
Pour l'UFC-Que Choisir, " cette multiplication injustifiée " de boutiques génère un surcoût estimé à 54 euros par paire vendue. Deuxième facteur d'inflation, " la seconde paire de lunettes offerte " qui n'a de gratuit que le nom car les dépenses marketing représentent 60 euros par paire et " plombe la facture des consommateurs ".
Pour baisser les prix, l'UFC-Que Choisir préconise de généraliser les réseaux de soins développés par les complémentaires santé. Ces dernières organisent des réseaux d'opticiens qui en contrepartie d'un volume d'activité important acceptent de baisser leurs tarifs. " Des opticiens me disent qu'à ces prix-là, on ne peut plus vendre de la qualité. Moi, je sais combien coûte un loyer, un magasin, la publicité ", se défend Alain Afflelou, président du conseil de surveillance, du groupe du même nom. Pour lui, les dépenses des Français en optique sont dues au comportement des mutuelles et des assurances, qui ont créé des mauvaises habitudes chez les consommateurs : " Il y a quinze ans, on changeait de lunettes tous les quatre ans. Désormais, c'est tous les ans...
Enquête sur les montures
Chez Krys, si Jean-Pierre Champion, directeur général du groupe, reconnaît que " la marge brute est élevée " pour payer les loyers des magasins et la masse salariale (30 % du chiffre d'affaires), " il faut regarder la marge nette, qui est inférieure à 4 % ".
Par ailleurs, l'Autorité de la concurrence instruit une enquête sur le marché des montures, aux mains de quelques acteurs. Concernant la fabrication des verres, l'UFC-Que Choisir souligne qu'Essilor " est en position de domination écrasante en France " avec 66 % du marché. Cela lui permet " d'afficher une rentabilité élevée ".
" Il suffit d'aller dans n'importe quel magasin pour voir que les opticiens nous mettent en concurrence avec d'autres fabricants, mais c'est vrai nous sommes le leader sur les produits innovants et personnalisés, souvent plus haut de gamme et donc plus chers ", reconnaît Eric Léonard, directeur Europe d'Essilor. Celui-ci constate la montée en puissance des fabricants asiatiques avec des verres à bas prix. " Ils détiennent, en volume, un quart du marché français environ. " Depuis quelques mois, Marc Simoncini, qui a lancé en 2011 un site Internet de vente de lunettes et de lentilles de contact, bataille contre les grands réseaux d'opticiens. L'ancien patron de Meetic souhaite " diviser par deux le prix d'une paire de lunettes ". Il s'est donné dix ans pour y arriver, et dit viser entre 3 % et 5 % du marché. Pour l'heure, il vend 10 % des lentilles en France et quasiment pas de lunettes. Les spécialistes lui mettent des batons dans les roues, argue-t-il. " L'un des deux fournisseurs de montures de luxe - Safilo - ne veut pas nous vendre ses produits, et Essilor nous explique qu'il ne veut pas vendre ses verres sur Internet ", s'insurge M. Simoncini.
" Il faut être très précis dans les mesures à prendre pour commander un verre complexe puis le monter correctement, ce que ne permet pas aujourd'hui Internet " , répond M. Leonard. " Nous aurions pu aussi aller sur le Web, mais il n'est pas encore possible de le faire. Il faut choisir, régler les montures. Nous ne sommes pas des épiciers ! ", s'énerve Alain Afflelou. De son côté, M. Simoncini dit " ne pas comprendre la virulence des réactions " du milieu de l'optique. Le 15 avril, il s'exprimait sur Twitter, rageur : " Les chaussures sur Internet ça ne marchera jamais ! Le luxe ça ne marchera jamais ! Les rencontres ça ne marchera jamais ! L'optique... "
Dominique Gallois et Julien Dupont-Calbo
Un marché en expansion
Toujours plus de magasins
Le nombre de points de vente en France a progressé de 47 % entre 2000 et 2012, passant de 7 773 à 11 400 magasins. Selon l'association de consommateurs UFC-Que choisir, cette croissance dépasse largement l'augmentation des besoins médicaux de la population, estimée à + 13 % sur la même période. Chaque magasin ne vend aujourd'hui que 2,8 paires de lunettes par jour en moyenne.
Des marges confortables
Une paire de lunettes est vendue en moyenne 393 euros hors taxe (soit 470 euros TTC), 3,3 fois son prix d'achat par l'opticien (118 euros). Celui-ci dégage une marge brute de 275 euros.
Des ventes qui progressent
Le marché français représentait 5,794 milliards d'euros en 2012, selon l'institut d'études GfK, en hausse de 1,2 % par rapport à 2011. Depuis cinq ans, la progression du volume de ventes est constante.