La lâcheté écologique
Publié le 14 Janvier 2015
Encore une preuve de la lâcheté de notre gouvernement. On avait un dispositif qui devait faire payer le pollueur, on se retrouve sans rien par lâcheté. Madame Ségolène Royal ne vaut pas mieux que François Hollande. Ce sont tous les deux de sombres lâches qui font passer l'intérêt général derrière de sombres desseins électoraux.
Cela s'appelle de la médiocrité, mais c'est vrai qu'avec ce gouvernement, on est habitué.
En attendant, c'est l'ensemble des Français qui vont payer pour cette lâcheté politique.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 11 Octobre 2014
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La fin de l'écotaxe complique l'équation budgétaire
Ségolène Royal a annoncé la suspension sine die du dispositif de " péage transit poids lourds "
Ségolène Royal l'appelait la " patate chaude ", parce que héritée du gouvernement de François Fillon et de la droite. L'écotaxe, prévue par le Grenelle de l'environnement en 2007, est morte. Jeudi 9 octobre, à l'issue d'une réunion au ministère de l'écologie avec les organisations de transporteurs routiers, Ségolène Royal et Alain Vidalies, le secrétaire d'Etat chargé des transports, ont décidé de " suspendre sine die le dispositif de l'écotaxe ", dans sa version pourtant révisée de " péage transit poids lourds ".
A quelques jours d'une mobilisation des transporteurs routiers, le gouvernement a reculé sur un dispositif maintes fois reporté et suspendu. Mais, cette fois, l'enterrement est proche. Un groupe de travail chargé de réfléchir à une solution alternative doit être mis en place la semaine prochaine. Il s'agira pour lui de " rechercher des solutions sur la situation économique et sociale du secteur - des transports routiers - , notamment le chantier de la compétitivité (…) ", ont indiqué les ministres.
Nouveau dérapage
En annonçant des manifestations dans l'ensemble des régions, le patronat routier a obtenu ce qu'il réclamait depuis le début : la disparition de la taxe. Sa mobilisation est, de fait, elle aussi, " suspendue ". " C'est un pas positif franchi et nous avons en plus obtenu l'ouverture du chantier de la compétitivité de nos entreprises ", s'est félicité Nicolas Paulissen, délégué général de la Fédération nationale des transports routiers.
La suspension du dispositif, qui avait été présenté et défendu par Mme Royal en juin, intervient alors qu'une " marche à blanc " venait de débuter le 1er octobre, afin d'affiner le dispositif censé entrer en vigueur au 1er janvier 2015.
Sur le plan strictement budgétaire, l'abandon de l'écotaxe risque d'avoir du mal à passer. Certes, l'Etat avait déjà fait une croix sur le 1,2 milliard d'euros qu'elle était initialement censée rapporter. Et, pour financer les infrastructures de transport, il a prévu dans le budget 2015 une augmentation de 2 centimes de la taxe sur le gazole qui devrait rapporter 800 millions d'euros. Il n'en demeure pas moins que, en même temps qu'il se prive d'une recette de 450 millions d'euros – montant que devait rapporter le " péage de transit " poids lourds, selon les dernières estimations –, il va devoir trouver au minimum 800 millions d'euros (plus probablement autour de 900 millions d'euros) pour acquitter les pénalités dues à Ecomouv'. Alors même que le gouvernement peine à détailler les 21 milliards d'euros d'économies prévues dans le budget, où va-t-il aller puiser pour trouver cette somme ? Qui vient s'ajouter aux 366 millions d'euros que le fisc vient d'être condamné à reverser à Vivendi.
La Commission européenne, déjà suspicieuse sur le projet de budget que s'apprête à lui transmettre le gouvernement français, risque fort de voir là un nouveau dérapage incontrôlé et serait alors fondée à demander un effort équivalent à ces sommes qui s'évaporent.
" Nous ne comprenons absolument pas la nouvelle annonce de Mme Royal, explique l'un des responsables d'Ecomouv', d'autant qu'en juin a été signé avec l'Etat un accord sur les mesures financières de compensation pour la période précédente de suspension. "
En annonçant la suspension de l'écotaxe, Ségolène Royal a pointé " les 15 milliards d'euros de dividendes - distribués par les sociétés d'autoroutes - depuis la privatisation des autoroutes ", en 2006. " Je souhaite que les sociétés d'autoroutes soient mises à contribution. Les automobilistes ont suffisamment payé " a-t-elle ajouté vendredi sur RMC. Mettre à contribution les sociétés d'autoroutes ne s'annonce pas simple. " Les sociétés autoroutières ont bénéficié (…) de contrats extrêmement avantageux (…), extrêmement bien faits, ils prévoient que s'il y a une augmentation de fiscalité (…) il doit y avoir une compensation ", a fait valoir le ministre des finances, Michel Sapin, depuis Washington.
" Manque de courage "
Tout semble pour le moins précipité. Si le premier ministre Manuel Valls a jugé " sage " la décision de sa ministre " car le dispositif était devenu incompréhensible ", les critiques se sont multipliées. Le socialiste Jean-Paul Chanteguet, président de la commission du développement durable de l'Assemblée nationale, a estimé que cet " abandon constituait une regrettable erreur ". " Une erreur désastreuse ", a renchéri vendredi sur RTL l'ex-ministre Cécile Duflot (EELV). Jusqu'à la CGT qui évoque la " victoire du patronat ou plutôt - la - capitulation du gouvernement ".
Les anciens ministres ne sont pas en reste. Philippe Martin, prédécesseur de Mme Royal, a déclaré dans un tweet que " l'abandon de l'écotaxe, c'est l'abandon du principe pollueur-payeur ". " Par manque de courage, Ségolène Royal tue l'écotaxe et assassine l'écologie ", a réagi Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-ministre UMP de l'écologie. La sénatrice UDI Chantal Jouanno, ancienne secrétaire d'Etat à l'écologie, a estimé qu'il s'agissait d'" une renonciation à un des engagements fondamentaux du Grenelle de l'environnement ".
Rémi Barroux