La réforme des universités une bonne réforme ? La bonne blague !
Publié le 27 Juin 2014
Quand on discute avec des pro-Sarkozy et que l'on évoque le bilan de leur champion, ils mettent directement en avant la réforme de l'université. Je ne suis pas d'accord et suis loin de l'être, ce, pour deux raisons :
- Une vraie réforme des universités aurait du mettre l'étudiant en son coeur. Le taux d'échec en licence est très important, plus de 50%. Dès lors, une réforme qui ne commence pas par mettre la priorité sur l'étudiant en réduisant ce taux d'échec, est une mauvaise réforme. La réforme sur l'autonomie des universités méritait d'être faite, mais dans un second temps. Concernant les universités, on a très clairement mis la charrue avant les boeufs en ne nous préoccupant pas assez de la première finalité des universités : l'étudiant !
- On le voit aujourd'hui, les universités dépendent des dotations de l'Etat. Sans dotation, il n'y a rien, il n'y a sûrement pas la maîtrise du service public que doit être et que doit rester l'université. 'Autonomie' veut automatiquement dire 'concurrence' et 'concurrence' veut dire 'libéralisation'. En clair, on a appliqué au système des universités ce que Sarkozy a appliqué à l'hôpital : un désengagement du service public au profit d'une mise en concurrence. Or, la santé comme l'éducation supérieure relève de la responsabilité de l'Etat ! L'oublier, c'est désinvestir et c'est donner au marché l'occasion d'éduquer notre jeunesse. Nous ne pouvons pas nous le permettre.
Bref, cette réforme a été une mauvaise réforme qui n'a pas atteint son but de redonner une image forte des universités à travers le monde. C'est un échec qui doit être médité et qui mérite une réforme afin de remettre l'étudiant au coeur du système et redonner une place d'excellence de notre système à travers le monde. Cette place nécessite-t-elle automatiquement une autonomie ? Je n'en suis pas sûr...
Un article du journal 'Le Monde' daté du 25 Octobre 2013
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Les présidents d'université dénoncent l'austérité imposée par l'Etat
Selon un rapport de la Cour des comptes, l'exemple de Paris-XIII montre que les établissements doivent d'abord faire des efforts de gestion
C'est devenu un rituel d'automne, depuis le passage à l'autonomie financière des universités, en 2009 : le ton monte très haut dans la discussion entre leurs présidents et le ministère de l'enseignement supérieur au sujet de leur dotation annuelle. L'enveloppe globale, pour 2014, est de 12,128 milliards d'euros, en progression de 0,9 % par rapport à 2013 et de 2,7 % sur deux ans.
Dans plusieurs campus, des motions sont adoptées en conseil d'administration, dénonçant, comme en Lorraine, à Paris-XIII, Paris-I- Panthéon- Sorbonne ou à l'université du Maine, l'austérité imposée. Le 17 octobre, lors d'une assemblée plénière de la Conférence des présidents d'université (CPU), dix-sept d'entre eux, plutôt proches du syndicat majoritaire Snesup, proposaient une motion en forme d'alerte sur " l'état très dégradé des finances qui pousse un grand nombre d'universités à mettre en place des plans de rigueur sans précédent ". Le ton vif du texte n'a pas permis qu'il soit adopté par l'assemblée. Mais la motion devrait être votée sous une forme plus policée, lors du bureau prévu jeudi 24 octobre.
Pour les présidents d'université, le compte n'y est pas : l'Etat ne compense, à leur avis, pas assez le transfert des charges qu'il leur impose, ne serait-ce que le papier pour imprimer les bulletins de paye, désormais à leur charge... " Une foule de petites décisions que l'Etat prend ne sont ainsi pas financées, dans des budgets très tendus ", juge Anne Fraïsse, présidente de Montpellier-III, qui a ouvert les hostilités contre sa tutelle dès septembre, en brandissant la menace de fermer son antenne de Béziers, pour cause de déficit.
" Le décideur doit être le payeur, c'est-à-dire que chaque fois que l'Etat prend une décision, améliore les salaires des professeurs, alourdit les cotisations sociales des fonctionnaires, exonère les boursiers de frais d'inscription, il doit le compenser ", martèle Jean-Loup Salzmann, président de la CPU et de Paris-XIII, elle-même en déficit, en 2012, de 7,5 millions d'euros, ce qui lui vaut de se retrouver sous la tutelle du rectorat.
Les dirigeants des universités prennent peu à peu conscience que le passage à l'autonomie, qui leur a notamment confié, depuis 2009, la gestion des salaires de tous les personnels, coûte beaucoup plus cher que prévu. L'autonomie s'est pourtant accompagnée de moyens supplémentaires, notamment en postes, mais ces ressources, souvent absorbées par la superstructure, n'ont pas toujours été mis au service des étudiants ou de les missions d'enseignement.
Distribution de primes
L'exemple de Paris-XIII est significatif. Le rapport de la Cour des comptes sur les finances de cette université, remis en septembre à son président et resté confidentiel, juge sévèrement la gestion des exercices 2007 à 2012. Il pointe, en particulier, l'augmentation de 15 millions d'euros de la masse salariale, avec l'embauche de 60 titulaires, la moitié d'enseignants chercheurs et l'autre d'administratifs. L'enseignement en a peu profité : ces personnels, même les enseignants, ont été principalement affectés aux services centraux - juridique, informatique, paye...
Le rapport pointe aussi une politique généreuse de distribution de primes, de 2007 à 2010, en hausse de 89 % pour les enseignants et de 94 % pour les personnels administratifs. " J'ai fait exactement ce que le ministère nous avait recommandé à l'époque, d'embaucher du personnel pour gérer l'autonomie, de titulariser des précaires et de revaloriser les salaires des fonctionnaires particulièrement mal rémunérés, et je suis fier de cette politique ", se défend M. Salzmann, agacé par ce procès en mauvaise gestion.
Les syndicats, Snesup en tête, désignent l'Etat comme responsable, puisqu'il n'a pas alloué aux universités les moyens que son propre logiciel avait calculés : " Il nous manque 6,5 millions d'euros et 299 postes à Paris-XIII, estime Florent Tétard, élu au conseil d'administration et spécialiste des finances au Snesup. Sur l'ensemble des universités, manquent 10 078 postes d'enseignants et 5 155 d'administratifs, un déficit qui se creuse d'année en année, malgré les embauches. "
Les magistrats de la Cour des comptes regrettent encore qu'à Paris-XIII, " les postes libérés par les départs à la retraite sont systématiquement orientés vers la recherche " au détriment de l'enseignement, ce qui tendrait à prouver que les étudiants sont les oubliés de l'autonomie. " Nous sommes une université de banlieue, qui accueille 22 000 étudiants dont 42 % de boursiers, et qui doit, pour rester attractive, absolument défendre une recherche de qualité, faute de quoi nous serions relégués ", argumente M. Salzmann.
Dernière critique des magistrats, la prolifération du nombre de diplômes et de spécialités : 27,6 % des masters recueillent moins de 30 inscriptions, 7,3 % moins de 10. Un master en mathématiques, soit 400 heures d'enseignement, n'est suivi que par un seul étudiant... " C'est une exception et les mathématiciens sont les perles de nos établissements ", défend M. Salzmann.
I. R.-L.