Le député se doit d'être exemplaire
Publié le 18 Septembre 2013
Le député n'est pas encore exemplaire. Il a des privilèges que le salarié moyen n'a pas, en particulier vis à vis de sa retraite. Est-il normal qu'un député gagne, au bout d'un seul mandat de 5 ans, 1200 Euros de retraite ?
De plus, l'Assemblée Nationale n'a pas voté l'interdiction de cumuler les activités de conseil et un métier de parlementaire. C'est honteux. Un député est payé suffisamment cher pour que l'on exige de lui un travail à plein temps.
Le cumul des mandats doit aussi être supprimé, pour les mêmes raisons.
Pour en revenir au débat actuel, le " statut d'alerte " a été créé. La droite dit que c'est un "statut de délateur". Il n'en est rien. C'est une pratique on ne peut plus civique que le citoyen puisse dénoncer des faits honteux en haut lieu. Le mafieux sait toujours dire à celui qu'il fait chanter qu'il serait honteux qu'il soit un délateur : las, la ficelle est un peu grosse. Dénoncer un fait dont on subit un préjudice n'a rien à voir avec un fait dont on en n'a pas. Dans un cas ça s'appelle "servir son pays", dans l'autre, une "constitution de partie civile abusive".
Un article du journal 'Le Monde' daté du 22 Juin 2013
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RéCIT
L'Assemblée prise au piège du " député bashing "
Les débats sur la transparence de la vie publique ont provoqué de vives tensions entre élus de tous horizons
Encore une fois, c'est le président de l'Assemblée nationale qui siffle la fin de la récré. Mercredi 19 juin, alors que les députés poursuivent l'examen des projets de loi sur la transparence, Claude Bartolone travers la salle des Quatre-Colonnes avec une petite délégation. Un journaliste l'interpelle, il joue l'étonné, écoute attentivement la question puis, tout à coup, gronde : " Je commence à en avoir ras le bol de ces députés qui veulent se faire une réputation sur le dos de tous les autres ! "
Dans le viseur de l'élu de Seine-Saint-Denis, les dix députés qui, interrogés par Le Nouvel observateur, ont appelé à " abolir leurs privilèges " - on apprendra par la suite que ce n'était pas un " appel " concerté - et, dans la minute, ses propos se retrouvent sur twitter et sur les téléphones des députés en séance.
La socialiste Karine Berger, l'une des dix concernées, déboule, hors d'elle : " Il a vraiment dit ça ? C'est inacceptable ! On ne peut pas dire ce que l'on veut sans se faire insulter ! " Dans la salle des Quatre-Colonnes et devant des journalistes médusés, la députée des Hautes-Alpes s'emporte dans une dispute musclée avec le cabinet de Claude Bartolone, bientôt rejointe par Barbara Pompili, coprésidente du groupe écologiste, elle aussi signataire.
Une scène électrique symptomatique de l'ambiance actuelle au Palais-Bourbon où les élus, sous les projecteurs, se sentent cernés, victimes à la fois de l'affaire Cahuzac et du désamour grandissant de la population. Pour beaucoup, ce nouvel épisode dans la surenchère à la moralisation est " la goutte d'eau qui fait déborder le vase ", comme pour Christophe Caresche (PS, Paris).
" Nous n'allons pas être du soir au matin désigné à la vindicte populaire ", s'agace le député socialiste Christophe Borgel après avoir lancé, sur Twitter : " Et si on passait de "3615 j'existe" à "www.jejouecollectif.net" ? " Le climat général est dégradé depuis des mois, avec un gouvernement impopulaire et des résultats qui n'arrivent pas. " Nous avons l'impression d'être crucifiés en permanence ", regrette Olivier Dussopt (PS, Ardèche).
Quelques heures après la publication de l'article du Nouvel Obs, les députés, à fleur de peau, répliquent : Razzy Hammadi (PS, Seine-Saint-Denis) - pourtant signataire - réactive son blog qu'il présente ainsi : " Nantis ? Privilégiés ? Au-delà des caricatures découvrez la VRAIE VIE d'un député. " Sur Public Sénat, Valérie Pécresse (UMP, Paris) assure faire un " métier de chien " et dénonce ce " député bashing " tout autant que le porte-parole du groupe PS, Thierry Mandon (Essonne) pour qui " il n'y a pas dix chevaliers blancs et 567 autres qui considèrent qu'il ne faut rien changer ". " Poujadisme ignorant ", tranche le groupe PS dans un communiqué.
Acculés, les députés s'attaquent entre eux au risque d'abîmer un peu plus leur image aux yeux de l'opinion publique. Leur résistance est mal comprise et pour l'écologiste Noël Mamère (Gironde) cet appel est " une manière d'alimenter l'antiparlementarisme ". " La surenchère de démagogie est la maladie mortelle des démocraties ", renchérit Henri Guaino (UMP, Yvelines), lui qui a pourtant passé tout le temps du débat sur le mariage pour tous à mettre en doute la légitimité des députés.
" Respect de nos personnes "
Dans la matinée de ce même mercredi, certains élus avaient, quant à eux, râlé sur le rythme de travail à l'instar du radical de gauche Alain Tourret (Calvados) selon qui " nos conditions de travail, le respect de nos personnes, notre dignité ne sont plus respectées ". Pointés du doigt par l'opinion publique, les députés encaissent malgré tout séances de nuit après séances de nuit. La publication au Journal officiel, le 15 juin, du décret sur la session extraordinaire de juillet a porté un nouveau coup : 42 textes à l'ordre du jour.
Il faut dire qu'il a tellement été reproché à la majorité de ne pas avoir assez travaillé durant l'été 2012... " La vraie question que se posent les gens n'est pas de savoir si l'on a des privilèges ou si l'on travaille assez mais de savoir si l'on sert à quelque chose ", assure Christophe Borgel, par ailleurs secrétaire national aux élections. Une analyse à lire à la lumière des résultats de la législative partielle du Lot-et-Garonne, où le PS n'a pas atteint le second tour, dimanche 16 juin, contrairement au FN. Un climat tendu qui laisse présager des discussions agitées lors de la prochaine bataille sur le cumul des mandats, à partir du lundi 24 juin.
Hélène Bekmezian
Ce que change le texte
Contrôle et sanctions Une Haute autorité de la transparence de la vie publique est créée, appuyée par l'administration fiscale. La peine d'inéligibilité maximale pour les élus est portée à dix ans, contre cinq aujourd'hui.
Publication Les déclarations de patrimoine des élus seront consultables en préfecture mais interdites à la publication. Leurs déclarations d'intérêts seront publiées sur le site de la Haute autorité.
Métier Il sera interdit de démarrer une nouvelle activité professionnelle durant l'exercice d'un mandat parlementaire.