Lettre ouverte à M. Fillon
Publié le 12 Juin 2013
Voici une lettre ouverte à M. Fillon que j'ai rédigée ces derniers jours.
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Moirans le 8 Juin 2013
Monsieur Fillon,
Notre pays va mal. Ce n'est certainement pas à vous que je vais l'apprendre. Vous avez été le seul à remarquer l'état de faillite de notre pays dû à la gestion de notre pays, en 2007. On vous en a suffisamment fait le reproche.
Aujourd'hui, j'ai bien remarqué que vous essayez de vous porter candidat aux plus hautes fonctions de l'Etat. Notre pays a besoin de gens comme vous. Cependant, d'un point de vue stratégique, j'ai bien peur que vous ne fassiez fausse route.
Je pense que vous faites une erreur à vouloir exercer les plus hautes fonctions avec le soutien de l'UMP.
L'UMP est un parti mort. Il a été trop maltraité par M. Sarkozy pour être encore crédible envers une partie importante de l'électorat, je veux parler de la frange centriste allant de la gauche à la droite. Ce cœur de l'électorat est primordial car c'est lui qui fait les élections. On doit donc le considérer avec respect. Cet électorat change régulièrement d'avis, passant de la gauche à la droite, en fonction des hommes, non des idées véhiculées par les partis. L'UMP a vu son image dégradée car orientée vers une politique très clairement d'extrême droite. Par cela, elle est actuellement décrédibilisée. Le FN y voit une marque de sa bonne conduite. Sa dirigeante actuelle étant très maligne et très intelligente, ne laissera plus son électorat retourner vers l'UMP. En clair, l'UMP, en avalisant une doctrine de division et de droitisation extrême, fournit une légitimité au FN, sans en subir aucun avantage. C'est exactement le phénomène inverse de ce qu'il s'est passé en 2007 : quand Sarkozy a réussi à siphonner le FN, le FN siphonne actuellement l'UMP. La différence fondamentale tenant à sa dirigeante actuelle qui a su construire un vernis de respectabilité qui ne masque en rien le danger de cette formation politique ouvertement anti-démocratique et antirépublicaine.
Je ne reviendrai pas sur l'épisode du ridicule ultime lié à vos élections internes qui ont achevé de décrédibiliser votre formation politique.
Il va donc vous falloir du courage aujourd'hui. Vous n'en manquez pas, mais vous n'en aurez pas de trop, tant la tâche qui vous attend est ardue. Il va falloir que vous rompiez avec l'UMP pour fonder votre propre parti de droite qui sera très clairement de mouvance humaniste. L'espace politique qui vous est offert est unique actuellement : avec la droitisation de l'UMP et la gauchisation du MoDem, un boulevard s'offre à la personne qui veut fonder un parti de droite humaniste qui saura reprendre les valeurs du feu-RPR et des hommes qui portaient si bien ses valeurs, M. De Gaulle, M. Pompidou et, plus récemment, M. Chirac.
Vous êtes parmi les seuls à pouvoir réaliser cette action : vous avez été premier ministre, vous êtes donc légitime pour réaliser cette action. Alors bien sûr, des esprits chagrins pourront toujours regretter que vous n'ayez mené aucune action dans votre rôle de "collaborateur". Ces récriminations seront vite effacées et oubliées si vous savez montrer le courage nécessaire pour rompre avec une formation politique et pour en monter une nouvelle qui, en plus de vous mener à la victoire, saura redonner une alternative crédible à la politique de notre pays.
Bien entendu, pour ma part, je suis prêt à défendre mes valeurs et positions avec les vôtre, ce, dans l'intérêt général. Ma motivation n'est pas personnelle : je constate que nos choix politiques s'amenuisent de jours en jours. Nous avons aujourd'hui le choix entre le symbole de l'immobilisme, qui a oublié qu'il avait été élu sur une aventure sexuelle malheureuse, un excité qui veut revenir en oubliant qu'il a perdu toutes les élections pendant qu'il était à la tête de l'état (...mêmes les sénatoriales, ce qui est un comble !), et une menteuse qui sert de la démagogie à tout va et cache tant bien que mal ses pensées xénophobes, racistes et anti-démocratiques. J'ai modestement travaillé sur la fondation d'un nouveau parti. Il s'appelle PRP, ce qui est marrant pour un parti qui se veut le renouveau du RPR. Je vous soumets, ci-joint, une copie de sa lettre de fondation, par pure information.
Notre pays a besoin de votre action et de vos choix ! Ne le décevez pas et sachez prendre vos responsabilités et les actions qu'il exige de vous. Vous êtes un de nos seuls espoirs, sinon le seul. L'avenir de notre pays repose sur vos choix. Soyez courageux dans l'intérêt du pays.
En espérant une réponse favorable à cette requête, veuillez agréer, Monsieur Fillon, l'expression de mes salutations distinguées mais non dénuées de la gravité qui s'impose vu la situation actuelle de notre pays.
Philippe NOVIANT