Non, M. Bernard Tapie n'a pas été lésé dans l'affaire Adidas 2/2
Publié le 17 Décembre 2014
Grâce au travail fabuleux de Messieurs Gérard Davet et Fabrice Lhomme, nous avons donc encore des preuves que M. Bernard Tapie a bénéficié de passe-droit honteux concernant l'octroi de 400 Millions d'Euros sur fond public.
M. Nicolas Sarkozy, Mme Christine Lagarde, tous les conseils de M. Bernard Tapie, les juges de l'arbitrage et Bernard Tapie lui même doivent donc être condamnés et mis derrière les barreaux concernant cette affaire qui est une véritable trahison envers la France et le peuple Français. 400 Millions ce n'est pas une mince somme : avec cet argent, on peut construire deux hôpitaux... Cela justifie une peine exemplaire pour tous les protagonistes de cette sombre affaire...
Un article du journal 'Le Monde' daté du 13 Septembre 2014
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Les juges disposent d'un nouveau rapport confortant la thèse d'un arbitrage truqué
LES JUGES Serge Tournaire, Claire Thépaut et Guillaume Daïeff, chargés d'élucider les circonstances dans lesquelles Bernard Tapie a pu bénéficier, en juillet 2008, d'un arbitrage lui octroyant 405 millions d'euros, envisagent de boucler rapidement leur enquête. Ils disposent d'un nouvel élément essentiel étayant leur thèse, celle d'un processus arbitral sciemment truqué par le camp Tapie, qu'ils qualifient de " simulacre ".
Il s'agit d'un rapport de synthèse de la brigade financière, daté du 9 juillet 2014, et entièrement consacré celui-là aux rapports étroits entre l'avocat de M. Tapie, Me Maurice Lantourne, et le principal juge arbitre, l'ancien magistrat Pierre Estoup, tous deux poursuivis pour " escroquerie en bande organisée ". Lors de sa désignation, en 2007, ce dernier avait juré être indépendant à l'égard des parties.
Ce n'était manifestement pas le cas, à en croire le rapport des policiers : " Outre le fait que M. Estoup avait occulté de nombreuses et diverses relations professionnelles le liant à Me Lantourne depuis 1989, il avait également eu à connaître du dossier “Bernard Tapie” bien avant 2007 et le lancement officiel de la procédure d'arbitrage, écrivent les enquêteurs. Ces éléments sont donc de nature à confirmer un manque d'indépendance de Pierre Estoup à l'égard de Bernard Tapie. "
Le 29 octobre 2008, interrogé par les avocats du CDR, l'organisme chargé de régler le passif du Crédit lyonnais, M. Estoup avait assuré n'être intervenu comme arbitre que dans trois procédures, dans lesquelles Me Lantourne était aussi présent. Il avait également déclaré n'avoir délivré " aucune consultation, aucun avis, ni reçu aucune note dans le dossier Tapie-Adidas ".
Pour les policiers, " ces propos s'avéreront mensongers, l'enquête ayant démontré que, dès 2000 ", l'ancien magistrat avait eu connaissance du contentieux Tapie-Crédit lyonnais. Ils relèvent ainsi que " Pierre Estoup avait fourni à Me Lantourne de nombreuses autres prestations ", non signalées. Ils en dénombrent quinze au total : arbitrages, conciliations, consultations…
808 987 euros d'honoraires
Ils relèvent par ailleurs un comportement parfois surprenant de M. Estoup. Comme dans cette conciliation, opérée en 2001, où il est désigné par l'une des parties. Un document final est signé. Selon son adversaire, Jean-Baptiste Valle, M. Estoup serait venu le voir, disant qu'il souhaitait " modifier le procès-verbal " et que, " au cas où il accepterait, son client saurait se montrer très généreux ".
Interrogé par les policiers sur ces quinze dossiers, et le fait qu'il ait omis de les signaler, M. Estoup a peiné à convaincre. " Ce n'est pas de façon délibérée ", notait-il une première fois. Ou encore : " J'aurais peut-être dû passer plus de temps à chercher dans mes archives ".
Les enquêteurs ont retracé les flux d'argent entre M. Estoup, Me Lantourne et un autre avocat ayant travaillé pour le camp Tapie, Me Francis Chouraqui. Sur la période 1997-2006, détaille la brigade financière, " Pierre Estoup avait facturé 808 987 euros d'honoraires relatifs à des dossiers liés à Mes Lantourne et Chouraqui. (…) Ce montant représentait 42,38 % du chiffre d'affaires de Pierre Estoup " sur la période concernée.
L'enquête établit donc avec certitude que M. Estoup, désigné par le camp Tapie, était impliqué sur le plan financier. Les enquêteurs ne manquent pas de rappeler que, en juin 1998, Bernard Tapie avait dédicacé son livre Librement à Pierre Estoup, avec cette mention : " Votre soutien a changé le cours de mon destin. " Autre élément à charge, la brigade financière confirme que " les pièces essentielles de l'affaire Tapie/Crédit Lyonnais avaient été communiquées à M. Estoup en septembre 2006 par Me Lantourne, et qu'un rendez-vous était organisé entre les deux hommes le 8 septembre 2006 ".
Ses deux collègues arbitres, Pierre Mazeaud et Me Jean-Denis Bredin, témoins assistés, n'ont pas digéré les révélations de l'enquête. Pour Me Bredin, " c'est M. Estoup qui a rédigé la majeure partie du projet de sentence ". M. Mazeaud, lui, a assuré aux policiers : " Je me sens victime d'une escroquerie commise par un tiers. "
Gérard Davet et Fabrice Lhomme