Pour un peu plus de flexibilité dans les dépenses publiques...
Publié le 9 Février 2015
Pour moi, il n'est pas forcément absurde d'avoir un peu plus de flexibilité dans les dépenses publiques.
Entre les chambres d'hôpital qui sont très chères (1500 Euros par jour) et l'ambulatoire, où aucun suivi n'est proposé, cette nouvelle solution pourrait permettre d'apporter un peu de flexibilité dans les choix d'hébergement.
Tout n'est pas blanc et tout n'est pas noir. Il serait temps de ne pas faire passer une idéologie avant l'intérêt des patients qui pourraient trouver dans cette solution un bienfait dans leurs prises en charge.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 7 Novembre 2014
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L'installation d'hôtels à l'hôpital divise les médecins
L'expérimentation de ces chambres non médicalisées à moindre coût a été adoptée dans le budget de la Sécu
Les hôpitaux proposeront-ils demain à certains de leurs patients de séjourner dans une chambre d'hôtel payée par l'Assurance-maladie plutôt que dans une chambre médicalisée ? L'Assemblée nationale a donné son feu vert, le 24 octobre, en première lecture, à l'expérimentation de cette mesure pendant trois ans avant une éventuelle généralisation.
Ces " hôtels hospitaliers ", conçus comme des " sas " entre l'hôpital et le domicile, devraient à la fois permettre un plus grand confort du malade et des économies substantielles. Mais pour certains chirurgiens, le recours à ces hôtels pourrait " couper l'élan de la médecine ambulatoire " –qui se limite à une hospitalisation de jour.
" Ça rassure tout le monde "
" Il ne s'agit pas de remplacer l'hôpital par l'hôtel mais de démédicaliser ce qui peut l'être ", explique Olivier Véran, député PS de l'Isère et porteur de l'amendement déposé dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale. Ces établissements, situés dans l'enceinte des hôpitaux ou à proximité, pourraient être délégués à des gestionnaires privés à travers des appels d'offres. Ils auront vocation à accueillir sur prescription médicale les patients habitant loin ou dans l'impossibilité d'être accompagnés avant ou après une opération. Objectif selon le député : " Réduire la durée des hospitalisations lorsque cela est possible et judicieux pour les malades. "
" Dans certains cas, pouvoir garder les patients une nuit de plus, ça rassure tout le monde ", confirme Gérard Vincent, le délégué général de la Fédération hospitalière de France (FHF), pour qui " l'hôpital ne se justifie que s'il apporte une plus-value par rapport aux autres structures ". Rien ne distinguera a priori ces chambres de celles d'un hôtel " classique ", si ce n'est un accès 24 heures sur 24 à des professionnels de santé. La présence d'une infirmière ou d'un dispositif d'alerte n'est pas encore décidée et pourrait être laissée au libre choix des hôpitaux.
Pour Jean-Pierre Bethoux, chirurgien et consultant des hôpitaux à Cochin (Paris), ce système, qu'il qualifie de " révolution totale ", présente " tous les avantages ", notamment pour le confort du patient. Et d'un point de vue économique, " il pourrait générer à terme plusieurs milliards d'économie ". A l'appui de leurs calculs, les promoteurs de l'hôtel hospitalier opposent les 60 à 100 euros que coûterait une nuit dans une telle structure à la facture quotidienne d'un lit d'hôpital : 1 500 euros. Dans le cadre de l'expérimentation, le coût des nuitées serait pris en charge par l'Assurance-maladie et le fonds d'intervention régional (FIR).
Avocat intarissable du concept, Jean-Pierre Bethoux en est aussi un précurseur. En 2009, alors chef du service de chirurgie de l'Hôtel-Dieu, sur l'île de la Cité à Paris, il développe un circuit original pour les patients en s'appuyant sur les 14 chambres de la structure privée installée depuis le début des années 1990 au sein de l'hôpital et qui permettent déjà d'héberger à moindre coût des personnes opérées de la cataracte. Pour 200 bénéficiaires en chirurgie, le Pr Bethoux assure avoir ramené en moyenne de 3,4 à 0,4 le nombre de nuits d'hospitalisation.
" Usine à gaz "
A l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France, un groupe de travail se réunit régulièrement depuis plusieurs mois pour définir les modalités d'une expérimentation qui pourrait débuter début 2015. Une enquête a été menée l'hiver dernier dans vingt-cinq services de quatre hôpitaux volontaires de la région pour évaluer le pourcentage de patients éligibles à ce dispositif. " Les potentiels sont tellement variables d'un site à l'autre qu'il est impossible d'établir un pourcentage moyen et donc d'extrapoler ", explique-t-on à l'ARS.
Ces hôtels hospitaliers ne font cependant pas l'unanimité. Dominique Tian, député UMP, a voté contre cette expérimentation qu'il juge " absurde et coûteuse " car elle va " renchérir le coût de l'ambulatoire ". " Soit c'est une intervention grave et on vous garde à l'hôpital, soit c'est une opération légère et vous pouvez rentrer chez vous ", dit-il.
" C'est un non-sens ", dénonce aussi Corinne Vons, la présidente de l'Association française de chirurgie ambulatoire. " Cela va participer à une forme d'infantilisation du patient ", assure-t-elle. " On a appris à gérer les risques. Est-il vraiment nécessaire de garder les patients sous la main ? ", demande-t-elle. Quant à Jean-Luc Baron, qui représente les praticiens exerçant en établissement privé à but lucratif, il confesse sa " crainte " de voir " ce séjour à l'hôtel se substituer à la chirurgie ambulatoire, c'est-à-dire au retour à domicile ".
Philippe Cuq, le président de l'Union des chirurgiens de France, reconnaît que le système peut permettre " d'augmenter le périmètre d'activité de la chirurgie ambulatoire ", mais met en garde contre la création d'une " usine à gaz ".
François Béguin