Quand la France est nulle

Publié le 12 Février 2013

dicteeIl faut que la France réagisse, et qu'elle le fasse vite ! A force de se croire plus belle qu'elle n'est, l'Education Nationale s'enfonce inexorablement dans la médiocrité. On est un des systèmes les plus chers de l'Europe, avec des résultats en dessous de la moyenne. Ca suffit ! Il faut prendre ce problème des classements internationaux à bras le corps et faire tout son possible pour remonter dans ces classements ! Il faut copier les meilleurs et adopter leurs recettes, tous dans le même sens, en arrêtant de tergiverser et de gesticuler ! Le temps presse, la France est nulle, il faut réagir !

Un article du journal 'Le Monde' daté du 13 décembre 2012

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Alerte sur le niveau en lecture des élèves français
Le classement international Pirls, qui place la France en 29e position sur 45 pays, met à nu les failles de l'école

A l'âge de 10 ans, un écolier français lit moins bien que la moyenne des élèves européens du même âge... Les résultats du classement opéré tous les cinq ans par le Programme international de recherche en lecture scolaire (Pirls) et rendus publics mardi 11 décembre placent la France en 29e position sur 45 pays et montrent des résultats en constante dégradation depuis 2001. Pirls est réalisé par l'IEA, l'association internationale pour l'évaluation du rendement scolaire. Cet établissement, qui dépend du Boston College, aux Pays-Bas, évalue les apprentissages depuis sa création en 1958 selon des procédures très scientifiques. Ses programmes phares sont Pirls et Timss, une évaluation du niveau en mathématiques à laquelle la France participera en 2015 pour la première fois.

Avec ses 520 points pour Pirls, la France se situe juste au-dessus de la moyenne internationale (500 points) mais en deçà des 534 points de la moyenne européenne. Ces résultats mettent en lumière tout ce qui ne fonctionne plus dans le système éducatif français.

Une mauvaise dynamique Sur le groupe des 23 pays qui participent régulièrement à Pirls depuis 2001, seuls quatre, dont la France, chutent sur la décennie. Ce qui, relativement, nous place de plus en plus bas et montre que d'autres pays savent tirer mieux que nous les leçons de ces classements internationaux pour progresser. Les Etats-Unis ont, par exemple, gagné 14 points, Hongkong et Singapour une quarantaine de points.

Un coeur de réacteur malade Les établissements publics hors éducation prioritaire perdent 10 points en dix ans, ce qui les place à 523 points. Les ZEP, elles, gagnent 3 points sur la même période. Malgré cela, elles restent sous la moyenne internationale, avec un score de 480 qui les rapproche de la performance de Malte ou de la Géorgie !

Pour l'enseignement privé sous contrat, en revanche, tout va bien. Il caracole 8 points au-dessus du public, à 531 points et gagne 4 points depuis 2006.

La disparition progressive des très bons élèves Tant que la France était capable de (re)produire une élite pour remplir ses grandes écoles, les classes dominantes ont trouvé leur intérêt dans un système globalement peu performant mais qui les sert et joue le statu quo. En montrant que le groupe des forts se réduit beaucoup, Pirls pourrait bien semer la zizanie.

Dans le quart supérieur des élèves européens, la France ne place plus que 17 % d'élèves. En plus, ils affichent un score moyen au-dessous de 616, quand dans ce groupe la moyenne est à 622. En Europe, 9 % des enfants arrivent à un score de 625 points, qui marque une compréhension approfondie des textes. En France, ils étaient 7 % en 2001 et ne sont plus que 5 %.

L'augmentation de la grande difficulté A l'autre extrémité, 32 % des Français se rangent dans le quart des élèves européens les plus faibles. Le groupe des élèves en difficulté s'élargit donc.

Les problèmes d'écriture Pirls est composé de QCM (questions à choix multiples) et d'exercices d'écriture. Les élèves français réussissent à 67 % les QCM et à 40 % les exercices d'expression. " Plus la réponse attendue doit être élaborée, plus le score des élèves français diminue ", précise le ministère de l'éducation nationale dans une note publiée mardi. Aux questions auxquelles il faut répondre par un mot, les jeunes Français obtiennent 53 % de réussite, par une phrase 31 % et par un texte... 20 %.

Un fort taux de non-réponses Globalement, les élèves français rendent leur copie avec 6,4 % des réponses manquantes - c'est le plus fort taux des pays européens - et ils abandonnent les exercices en cours de route. " En moyenne, ils sont 6,7 % à ne pas aller jusqu'au bout de la quinzaine de questions posées à partir d'un texte ", souligne la DEPP. Pour le directeur de l'enseignement scolaire, Jean-Paul Delahaye, " nous avons là la preuve manifeste qu'il faut réfléchir à une notation plus constructive, moins de sanctions et plus largement changer le rapport à l'école. "

La non-compréhension Les 300 000 élèves (dont 4 438 Français), qui ont passé Pirls, ont planché sur deux types de textes : les textes narratifs et des textes informatifs. " Alors que les performances sur les textes narratifs sont restées relativement stables, celles qui concernent la lecture de textes informatifs ont diminué depuis 2001 de 13 points ", rappelle l'analyse faite par la direction de l'évaluation du ministère. " C'est un phénomène très inquiétant, estime M. Delahaye. On était habitué à ce que les élèves peinant sur les textes littéraires se rattrapent sur les textes informatifs. Mais ce n'est plus le cas. "

La racine du mal " Le problème vient en partie de la maternelle que nous allons repenser ", précise M. Delahaye pour qui " elle doit être une école particulière qui ne doit pas anticiper les apprentissages du CP mais les préparer ". Le ministre de l'éducation, Vincent Peillon, a profité de ces résultats pour justifier l'accent qui sera mis sur le primaire dans le cadre de la " refondation " de l'école.

Maryline Baumard

    L'écart entre les filles et les garçons s'est réduit

    En 2011, en France, filles et garçons obtiennent des scores voisins en lecture. Quatre points seulement séparent désormais les jeunes Français des deux sexes, avec une moyenne de 522 points pour les filles et de 518 pour les garçons. Même le plus farouche militant d'une approche non sexuée des savoirs ne se réjouira pas de la réduction de cet écart dû à une chute des jeunes Françaises : elles ont perdu 9 points entre 2001 et 2011. En se positionnant à 522 points, elles sont quasiment " tombées " à la moyenne internationale des filles (520), quand les garçons, ne voyant leur score s'effriter " que " de deux petits points, sont restés au-dessus de la moyenne internationale de leur sexe (504). Colombie, Israël, Espagne et Italie sont les seuls autres pays sans différentiel important entre les sexes. En Finlande et en Grande-Bretagne, l'écart est de plus de 20 points.
    " Tous les enfants peuvent apprendre à lire "

    Les problèmes de lecture des élèves de CM1, Ostiane Mathon, enseignante à Paris, les vit au quotidien. Chaque année, cette férue de pédagogie qui forme aussi des maîtres transforme en lecteurs des écoliers qui avaient traversé CP, CE1 et CE2 sans accrocher avec cet apprentissage. " Tous les enfants peuvent apprendre à lire. Mais il faut qu'ils soient prêts. En entrant dans ce monde de l'écrit, l'enfant fait un premier pas dans la séparation avec l'adulte. Et s'il n'est pas prêt à couper le cordon, il n'apprendra pas à lire ", dit-elle. " Les blocages n'ont jamais les mêmes causes. Il faut donc proposer de multiples entrées pour que l'enfant trouve celle qui va lui convenir. Il n'y a pas que des blocages psychologiques. Nous sommes souvent piégés par l'idée que ce qui fonctionne avec un élève va marcher avec les autres. " Outre un usage des outils numériques, Mme Mathon a un vrai secret, c'est d'en faire bien plus en lecture que ce que requièrent les programmes. " Quitte à négliger un peu d'autres pans de l'enseignement. "

Rédigé par Philippe NOVIANT

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