Quand M. Emmanuel Macron joue la montre pour son plaisir...
Publié le 12 Mai 2015
Après tout, il a raison d'en profiter. Dans quelques années, le PS va perdre les élections et M. Emmanuel Macron ne sera plus ministre... Ainsi, si le débat sur le projet de loi pour la croissance et l'activité prend tant de temps, ce n'est pas parce qu'il est ambitieux, mais bel et bien parce que M. Macron prend son temps à essayer de démontrer sa compétence alors qu'il n'en est rien...
Il est quelque peu surprenant qu'un "énarque technocrate surdoué" ait été à l'origine d'un texte aussi disparate dont la Commission Européenne elle-même dit qu'il ne sera nullement suffisant pour sortir la France de la situation économique désastreuse dans laquelle elle s'est enfermée depuis des années...
Comment un "surdoué", peut-il faire marche arrière sur les frais de notaire ? Comment un "surdoué" peut-il penser que des mesurettes sur des frais de notaires, l'implication de juristes en milieu professionnel, l'extension du nombre de jours de dimanche travaillés, ou le transport par car vont révolutionner notre économie ?
Je ne comprends pas comment un "surdoué" peut être à l'origine de mesures aussi douteuses et qu'en plus, il en abandonne certaines par "erreur". Décidément, "surdoué" est une notion toute relative...
Un article du journal 'Le Monde' daté du 7 Février 2015
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Emmanuel Macron, " bizuth " loquace à l'Assemblée nationale
Le ministre de l'économie, dont le projet de loi est examiné par les députés, fait durer les débats à la fois par goût et par habileté
Trop lent, le Parlement ? C'est en tout cas ce qu'a laissé entendre François Hollande lors de sa conférence de presse semestrielle, jeudi 5 février. " Dans une entreprise, quand il y a une décision à prendre, cela ne prend pas des semaines ou des mois ! ", a lancé le président de la République dans une critique peu habituelle sur le travail du Parlement. Au même moment, à l'Assemblée, l'un des textes phares du gouvernement n'en finit pourtant pas d'occuper les députés. Le débat sur le projet de loi pour la croissance et l'activité qui a démarré le 12 janvier en commission va même durer une semaine de plus que prévu, principalement à cause du verbe du ministre qui le porte et qui ne semble pas vouloir se presser.
" Tout travail de fond prend du temps ", se justifie auprès du Monde Emmanuel Macron qui explique ne pas " compter les minutes ". Pédagogue, jamais à court d'arguments, essayant toujours de convaincre ; pour son baptême du feu parlementaire, le ministre de l'économie ne fait pas dans la demi-mesure. Sur ce texte, la procédure dite " du temps législatif programmé " avait pourtant été engagée afin de contenir les débats, ainsi limités à une durée totale de cinquante heures. Sauf que ce temps ne concerne pas les rapporteurs et les membres du gouvernement qui, eux, ne sont pas limités dans leur temps de parole. Avant même que soit prise la décision de rallonger les débats, la députée socialiste et vice-présidente du Palais-Bourbon Sandrine Mazetier avait d'ailleurs déjà rappelé à l'ordre le ministre. " J'invite aimablement, avec tout le respect que nous lui portons et avec tout le plaisir que nous avons à l'entendre, le gouvernement à être plus économe de ses réponses, même si elles sont précises et adressées à chacun ", a-t-elle déclaré lors de la séance nocturne du vendredi 30 janvier, qu'elle présidait.
Premier de la classe
Rien n'y a fait : Emmanuel Macron prend manifestement trop de plaisir à son initiation parlementaire, lui, l'énarque technocrate surdoué, ex-secrétaire général adjoint de l'Elysée (2012-2014). Frappé du syndrome du premier de la classe selon certains – " quand on pose une question, il ne peut pas s'empêcher de répondre " –, le ministre découvre aussi avec une joie manifeste le côté parfois potache des séances de nuit. Il fallait le voir, tard dans la soirée de mercredi 28 janvier, pleurer littéralement de rire en écoutant le député des Pyrénées-Atlantiques (non-inscrit), Jean Lassalle, narrer ses multiples déboires pour passer son permis de conduire.
Mais ce n'est pas que pour faire durer le plaisir que M. Macron prend le temps. " Habile et à l'écoute ", de l'aveu même du député UMP de la Manche, Philippe Gosselin, le ministre devrait plutôt " arrêter de croire qu'il peut convaincre tout le monde ", s'agace l'entourage du président de l'Assemblée nationale. Il est vrai que dans l'Hémicycle, surtout après un long débat en commission, la tradition veut plutôt que le représentant du gouvernement se montre expéditif, surtout envers les amendements de l'opposition.
Quelle ne fut donc pas la surprise du député UMP de Haute-Savoie, Lionel Tardy, lorsque toute l'attention fut portée sur l'un de ses amendements, ce même mercredi. " C'est un bon argument qui vient d'être invoqué par M. le député. Je propose une suspension de séance pour nous permettre de regarder plus précisément ce point, parce que je voudrais être sûr que nous ne faisons pas, tous ensemble, une bêtise ", a reconnu le ministre.
Scène rare
De son côté, Lionel Tardy a saisi l'occasion pour publier sur son compte Twitter une photo d'une scène assez rare, celle d'un élu de l'opposition assis sur le banc du gouvernement, travaillant de concert avec un ministre pour examiner un amendement. Mais, dans le fond, rien ne change ou presque. A la reprise de séance, l'amendement n'a pas été adopté, comme la plupart de ceux de l'opposition.
Malgré cela, il faut reconnaître que l'oreille tendue du ministre n'est pas pour rien dans la bonne tenue des débats. " Il a installé une ambiance ", reconnaît volontiers le président PS de l'Assemblée, Claude Bartolone, qui, cependant, aimerait voir le ministre un peu moins prolixe pour être sûr que le vote puisse bien se tenir le 17 février – il était à l'origine prévu le 10. D'autant plus que les députés sont censés enchaîner avec un autre gros morceau législatif, le texte sur les compétences des nouvelles collectivités territoriales que la ministre de la décentralisation, Marylise Lebranchu, tient absolument à faire adopter en première lecture avant les élections départementales des 22 et 29 mars. Et qui, là aussi, promet d'occuper les parlementaires plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
Hélène Bekmezian
Verbatim
“Cette posture dans laquelle le président de la République est en train de se complaire, qui consiste à brandir l'unité nationale en permanence mais sans lui donner de contenu, est dangereuse. Elle est dangereuse pour tout le monde, elle est dangereuse pour le pays mais elle est dangereuse pour lui parce qu'à un moment donné le réveil va être brutal. "
François Fillon, député UMP de Paris, sur LCI et Radio Classique, vendredi 6 février.