Quand nos enseignants profitent du système (2/2)
Publié le 26 Juillet 2013
La suite du précédent article sur la réussite des enfants des professeurs...
Un article du journal 'Le Monde' daté du 9 Mai 2013
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Pour Marc ou François, des parcours " dont les dés étaient jetés d'avance "
SUIVI ATTENTIF de la scolarité, ambitions élevées, valorisation de la curiosité, de la prise de risques, de l'estime de soi... C'est d'un accompagnement " à part " dont bénéficient, au quotidien, les enfants d'enseignants.
Qui mieux qu'un enfant d'enseignants peut en témoigner ? " J'ai toujours trouvé à la maison une aide orientée et précise ", affirme Simon, 24 ans, sur le point de devenir lui-même enseignant. " L'école était un sujet de discussion très valorisé, sans qu'on ne parle que de ça. Mon père, instituteur, a toujours pris soin de nous offrir des loisirs de qualité dans une logique éducative et pédagogique, raconte cet étudiant qui a grandi à Lyon. Il était particulièrement sensible au fait d'appliquer à l'éducation de ses enfants les principes auxquels il croyait et qu'il utilisait en classe. "
Une sorte de " déformation professionnelle " dont Simon profite encore : " La formation actuelle des enseignants est très insuffisante, et mon père l'a palliée en m'apportant une aide technique et théorique essentielle. "
Sophie, 22 ans, étudiante à Sciences Po Toulouse, met en avant le " juste équilibre " instauré par ses parents - une mère professeure des écoles, un père enseignant de physique-chimie en collège - entre le temps consacré au travail scolaire et celui des loisirs. " Il y avait toujours quelqu'un à la maison pour m'aider dans mes devoirs, me faire réciter, m'apprendre une méthode de travail, souligne la jeune femme qui a grandi à Vichy (Allier). Les horaires de travail de mes parents coïncidant avec ceux de l'école, j'ai pu faire tout un tas d'activités, il y avait toujours quelqu'un pour m'accompagner. "
" Influencé positivement "
Marc, 35 ans, ingénieur en informatique, insiste lui aussi sur la très grande disponibilité de ses parents. " Ma mère était institutrice spécialisée en psychopédagogie, mon père directeur d'un lycée agricole. Partager les soirées, les mercredis, toutes les vacances, c'est évidemment un avantage, ma mère jouant les taxis du cours de solfège au court de tennis... ". Cela a " influencé positivement " sa trajectoire scolaire, dit-il : bac S mention " très bien " à 18 ans, classe prépa', réussite au concours de l'Ecole polytechnique - avec un an et demi d'avance -, grande école d'ingénieur à Paris... Un parcours " dont les dés étaient jetés d'avance, estime-t-il, peut-être même avant d'entrer à l'école ".
Un sentiment partagé par François, 45 ans, professeur des écoles en banlieue parisienne - comme avant lui son père et son grand-père. " Etre un bon élève, ça n'a rien d'inné, c'est presque un métier : rester assis, attendre son tour, être attentif, faire ses devoirs. Ces petites choses essentielles à la réussite scolaire s'intègrent plus facilement quand on est enfant d'enseignants ", assure-t-il.
Devenu parent, il confie " redevenir professeur " quand il regarde les devoirs de sa fille aînée, 8 ans, scolarisée dans son école - mais pas dans sa classe. " Je sais comment fonctionne la langue, la phrase, et je peux le lui expliquer en évitant l'affrontement, note-t-il. C'est plus problématique quand je me retrouve, sur certains points de pédagogie, en désaccord avec sa maîtresse ! " François ne dit pas qui, alors, de l'enseignant ou du parent, prend le dessus...
M. Ba