Tort sur la forme... mais raison sur le fond...

Publié le 15 Mars 2013

595 cannabisOn a la logique la plus répressive d'Europe en la matière, et une des consommations les plus forte. Ainsi, une étude de fin mai 2012 montre que les jeunes Français sont les premiers consommateurs de cannabis en Europe ! On ne peut donc pas continuer ad-vitam à se tromper et à se mettre des oeillères en la matière !

Moi aussi, je suis contre la dépénalisation au départ, mais, à un moment, il faut faire avancer le pays et le faire avancer ! Il faut résoudre les problèmes quand ils se présentent et le problème du cannabis, car étant un grave problème de santé publique, doit être doté de moyens pour le résoudre.

Ainsi, je pense que M. Peillon avait raison sur le font de s'interroger. Il a eu tort sur la forme en présentant ces éléments de pensée en dehors de tout cadre gouvernemental.

La faute est-elle si grande que cela ? Un homme politique n'a-t-il pas le droit, sinon le devoir, d'émettre certaines idées pour le bien de son pays et de ses habitants ?

Un article du journal 'Le Monde' daté du 17 Octobre 2012

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L'embarrassante sortie de route de Vincent Peillon
Matignon recadre publiquement le ministre de l'éducation après ses propos sur le cannabis

Mais que diable allait-il faire sur ce terrain fumeux ? Au lendemain de sa sortie sur la dépénalisation du cannabis, le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, a tenté de faire machine arrière et profil bas, lundi 15 octobre dans la matinée, évoquant par communiqué une " réflexion personnelle " qui " ne contrevient pas à sa solidarité totale et entière à la position du président de la République et du gouvernement sur le sujet ".

" Il n'y a donc pas lieu à la polémique ", a-t-il évacué. Pas sûr que l'acte de contrition, pourtant, suffise à éteindre l'incendie qu'il avait allumé la veille. M. Peillon avait estimé, lors de l'émission " Tous politiques " de France Inter-AFP-Le Monde, que " cette interrogation mérite d'être menée ", s'affirmant " très étonné, parfois, du côté un peu retardataire de la France sur un sujet qui pour moi est d'ampleur ".

C'est peu dire que cette fracassante prise de position, lâchée sans crier gare par l'un des poids lourds de l'équipe Ayrault en flagrante contradiction avec la doctrine gouvernementale, a ulcéré au sommet de l'exécutif. A commencer par François Hollande qui, " très en colère " après cette énième expression divergente de l'un de ses ministres, a décroché son téléphone, tôt lundi matin, pour demander à Jean-Marc Ayrault " de faire respecter l'ordre au sein du gouvernement et de faire en sorte que les ministres ne s'expriment que sur leurs sujets de compétence ", indique-t-on à l'Elysée.

A l'heure où la polémique enflait, de bonne guerre nourrie par la droite, le premier ministre s'est donc chargé de procéder, en personne, au recadrage de son ministre de l'éducation. D'abord en s'entretenant au téléphone avec lui, puis en le tançant publiquement pour cet écart de langage. " Les ministres ont à se concentrer sur la mission qui est la leur ", a sèchement asséné M. Ayrault, en marge d'un déplacement en Loire-Atlantique. Et d'ajouter : " Lorsqu'ils sont à la radio et la télévision, ils doivent défendre à la fois la politique de leur ministère et la politique du gouvernement, et rien d'autre. "

" Il s'est abîmé "

Pour le chef du gouvernement, confronté une nouvelle fois à une expression divergente de l'un de ses ministres, l'incident tombait presque à pic, qui lui fournissait une excellente occasion de faire la preuve d'une autorité contestée récemment. " L'avertissement du premier ministre peut être entendu au-delà de Peillon ", indique-t-on d'ailleurs à Matignon.

Pendant qu'à l'Elysée, on voulait faire de l'incident un cas d'école : " Il y a eu un écart d'un ministre qui devait être rappelé à l'ordre. Le premier ministre l'a fait et l'intéressé l'a reconnu par communiqué.  L'incident est clos. " Et de donner une nouvelle fois la doctrine présidentielle en matière de cannabis : " La position du président est connue, il l'a exprimée en tant que candidat, l'a réitérée en tant que président. Il n'y aura pas de dépénalisation. "

Pour l'exécutif, l'affaire fait d'autant plus " désordre " qu'elle offre, outre l'image de l'incohérence, un angle d'attaque rêvé à une droite trop heureuse de ressusciter le procès en laxisme des socialistes et de dénoncer la " gauche pétard ". Et qui, d'ailleurs, ne s'en est pas privée. De François Fillon, qui a fustigé des " propos irresponsables et dangereux ", à Jean-François Copé, qui a demandé " solennellement à François Hollande de trancher dans la journée ", en passant par quarante-quatre parlementaires de droite, dont un certain nombre issus de la Droite populaire, qui ont appelé à sa démission.

Une salve face à laquelle le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a fait barrage de son corps, évoquant le combat contre la drogue comme " une lutte, une guerre de tous les instants qui ne peut souffrir d'aucune faiblesse, qui doit être menée comme nous le faisons avec des résultats, avec une grande détermination ". " C'est sans doute la guerre du XXIe siècle ", a expliqué M. Valls.

Autant dire que la séance du ministre de l'éducation à l'Assemblée nationale, ce mardi, s'annonce agitée. Dans les allées du pouvoir, on s'avouait perplexe quant aux raisons de cette sortie de route d'un ministre qui s'était jusqu'ici montré plutôt prudent dans l'exercice de ses fonctions. Un ami du président : " Est-ce qu'il a oublié qu'il était ministre et a cru qu'il pouvait toujours brasser des analyses et des hypothèses ? C'est dommageable, mais principalement pour lui. Il s'est abîmé. " Un proche du ministre confirme  la thèse de l'accident : " Il était dans une réflexion personnelle. Ce n'est pas le ministre de l'éducation qui s'est exprimé, c'est l'homme politique Vincent Peillon. Il n'a pas voulu faire un coup de com', ce n'était pas un calcul. "

Le mal, pourtant, est fait. Pas sûr que le ministre de l'éducation, qui recevait lundi et mardi les syndicats du secteur, s'en relève de sitôt. La faute politique est d'autant plus surprenante que M. Peillon n'est jamais situé sur les positions libérales de la ministre écologiste du logement, Cécile Duflot, qui avait déjà émis une telle opinion quatre jours avant le premier tour des élections législatives de juin, avant de se faire, elle aussi, reprendre par M. Ayrault. Commentaire d'un dirigeant du PS : " Vincent avait construit toute sa crédibilité sur le retour de l'ordre républicain à l'école, avec une dimension chevénementiste. Mais imagine-t-on Chevènement glorifier le pétard ? Les dégâts pour le soldat Peillon sont incommensurables.  Il a sauté sur une mine. "

David Revault d'Allonnes

Rédigé par Philippe NOVIANT

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