Une mesure qui ne sert ni ne servira à rien
Publié le 13 Février 2013
Je garderai ce billet pendant longtemps et pendant longtemps on saura ce que je pense de cette mesure : cette mesure est trop flaibarde, souffre trop d'un manque d'ambition pour être efficace. Ces 4600Euros que l'on promet seront perdus et les déserts médicaux resteront des déserts médicaux...
Ces politiques sont trop frileux pour engager des mesures efficaces et courageuses : on ne combat pas les déserts médicaux avec des mesurettes, mais avec courage en défendant l'intérêt général.
On en reparlera donc dans 5 ans, et on se rendra compte, à ce moment là, que j'avais raison, et le Ministre tort.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 14 décembre 2012
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ENTRETIEN
" Dans cinq ans, la donne aura changé dans les déserts médicaux "
Marisol Touraine lance un plan pour inciter les jeunes médecins à travailler dans les territoires isolés
Apporter une véritable réponse à la désertification médicale : c'est l'ambition de la ministre de la santé, Marisol Touraine, qui devait présenter, jeudi 13 décembre, à Scorbé-Clairvaux (Vienne), un plan de lutte. Il prend la forme de douze engagements avec un effort particulier sur la formation des jeunes pour les inciter à s'installer dans les territoires isolés. Des mesures déjà esquissées par l'ancienne majorité mais dont la ministre affirme qu'elles n'étaient pas appliquées.
Dans votre " Pacte territoire-santé ", vous prévoyez de développer des outils déjà connus. Ne risquez-vous pas de décevoir ?
Je présente un plan global et cohérent, qui s'appuiera sur une mobilisation de toute l'administration, ce que jamais la droite n'a fait en dix ans. Dès 2007, le problème des déserts médicaux avait été identifié, les difficultés d'accès aux soins connues. Mais la droite a préféré le laisser-faire à l'action. Son bilan, c'est une dégradation de l'accès aux soins : en cinq ans, 2 millions de personnes supplémentaires vivent dans des territoires où il manque des médecins.
La droite a par ailleurs fait croire qu'une mesure ponctuelle résoudrait le problème. Or il n'y a pas de recette miracle, c'est un problème qui doit être abordé dans sa globalité. C'est ce que nous faisons. Et chacune de nos mesures répond à un obstacle bien identifié. Avec une volonté : l'égalité de tous devant la santé.
Quel est votre diagnostic ?
Les attentes de la société ont changé, celles des médecins aussi. Les jeunes ne veulent plus travailler seuls, mais en équipe, et les Français veulent plus de soins de proximité, moins d'hospitalisations. Il ne faut donc pas laisser croire que l'on va restaurer le modèle d'antan, avec un médecin dans chaque village. J'entends souvent les gens faire référence à un certain âge d'or. Mais était-ce le cas quand les médecins, certes présents partout, exerçaient quatorze heures par jour, avec leur femme comme secrétaire sans que le travail de celle-ci soit reconnu ? C'est un modèle qui ne correspond plus à notre époque.
Pour faire face au défi de l'accès aux soins, nous devons changer de modèle. L'objectif, c'est d'avoir un pôle de soins de proximité par territoire, qui rassemble des équipes de professionnels, médecins et paramédicaux, en relation avec des spécialistes et les urgences.
Pourquoi avoir renoncé aux mesures de contrainte ?
Je n'ai pas le souvenir d'avoir jusqu'ici entendu une réelle volonté de régler le problème des déserts médicaux. C'est pour cette raison que l'idée de la coercition, c'est-à-dire le fait d'imposer au médecin le lieu de son installation, est apparue. On peut être contre le laisser-faire sans être pour la coercition. La contrainte ne marchera pas. Elle pèserait uniquement sur les nouvelles générations et serait contournée puisque les jeunes médecins choisissent en majorité le salariat. Je souhaite donc privilégier l'incitation à l'installation, ce qui suppose de proposer aux jeunes médecins de nouvelles conditions d'exercice.
Comment allez-vous procéder ?
Je propose un pacte autour de trois priorités : faciliter l'installation des jeunes médecins, changer les conditions d'exercice et investir dans les territoires isolés.
Tous les étudiants effectueront un stage en cabinet de médecine générale. Les bourses pour les étudiants qui s'engagent à exercer quelques années dans un territoire sous-doté ont été créées il y a trois ans, et seulement 350 ont été signées. Je porterai ce nombre à 1 500 d'ici 2017, grâce à la mobilisation des Agences régionales de santé (ARS) qui devront aller à la rencontre des étudiants.
Je veux sécuriser financièrement l'installation des jeunes médecins dans les territoires isolés pendant les deux premières années. Dans ce cadre seront installés, en 2013, 200 " praticiens territoriaux de médecine générale ". Les jeunes médecins qui s'engageront se verront garantir un revenu de 4 600 euros mensuels. Même dans les zones sous-dotées, les nouveaux praticiens mettent parfois plusieurs années avant de se constituer une patientèle, le temps de gagner la confiance des habitants. Par ailleurs, plusieurs mesures permettront de rémunérer le travail en équipe sur une base forfaitaire. Des centres de santé pourront être développés.
Dans cinq ans, la donne aura changé sur les déserts médicaux. Je demanderai des bilans réguliers aux ARS, pour que les objectifs soient atteints.
En quoi votre ligne se démarque d'une politique de droite ?
La valorisation de la médecine générale, le paiement au forfait, les centres de santé, la sécurisation du démarrage dans la vie active : ce sont des mesures de gauche que la droite n'a pas faites.
Je ne m'inscris pas dans le schéma qui consiste à dire que la contrainte est de gauche, et la liberté de droite. Sur les dépassements d'honoraires, je sais bien que certains auraient voulu qu'on en passe par la loi, estimant que ce n'est pas " de gauche " de négocier. Je n'ai pas la même définition qu'eux de ce qu'est la gauche.
Ce que je veux porter, c'est la mobilisation de tous. La politique de gauche, c'est de dire qu'on ne se résout pas à voir des territoires se vider de leurs médecins. Ceux-ci en sont d'ailleurs conscients : il y a désormais une responsabilité partagée des pouvoirs publics et des professionnels de santé.
Propos recueillis par Laetitia Clavreul et Cécile Prieur