Publié le 14 Septembre 2012
Très clairement, ce gars, Alain Chouet, a des connaissances sur les pays arabes que je n'ai pas. Son article est très intéressant, très bien documenté et assez bien ficelé et analysé (merci, Jean, de me l'avoir fait passer ;) ).
Cependant, il émet des jugements hatifs sur les politiciens et sur les médias sur le mode 'tous pourris' qui me gênent.
Le fait est que notre culture occidentale, laïque, a du mal à appréhender l'Islam et ses multiples composantes. Entre les chiites, les alaouites (branche du chiisme), les sunnites, et autres, l'occidental moyen, dont je fais partie, est obligé de se brancher sur Wikipédia pendant de longues heures avant de comprendre quelque chose à ces courants religieux. Qui plus est, il est de notoriété publique que Wikipédia doit être pris avec d'énormes précautions quand il y a des sujets polémiques, ce qu'est la religion par essence.
Ce qui me gêne par dessus tout dans cet article, c'est que l'on ne parle pas d'un mode de gouvernance religieux et démocratique. Nécessairement, le mode de gouvernance religieux ne serait pas démocratique. C'est un jugement un peu hâtif. De même que notre pays, basé sur une république, est démocratique, on peut avoir des démocraties monarchiques. Ainsi, pourquoi n'aurait-on pas une démocratie basée sur une constitution religieuse ?
C'est plus dur, certes, mais est-ce impossible pour autant ? Personnellement, je ne le crois pas. Les pays occidentaux n'ont pas pour vocation à imposer leur culture. Ils n'ont pas à imposer le mode de la démocratie. Où est le mal d'avoir un pays rempli de liberté imposant la charia ? Dans la charia, on peut mettre le curseur un peu partout en matière de liberté individuelle ! En occident, on a l'impression que la Charia est automatiquement extrémiste et baffoue automatiquement les libertés individuelles, mais est-ce vraiment le cas ?
Bref, un bon article, une bonne interview qui se fait se poser beaucoup de questions. C'est un peu long, certes, mais ça vaut le coup.
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ANALYSE DE LA SITUATION EN SYRIE :
ALAIN CHOUET, ANCIEN CHEF DE LA DGSE
Le 27 juin 2012, Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, reconnu bien au delà de l’Hexagone pour son expertise du monde arabo-musulman, a livré aux auditeurs de l'IHEDN (AR29) son sentiment au cours d’une conférence retranscrite ci-dessous.
Les pires conjectures formulées au premier semestre 2011 concernant les mouvements de révolte arabes deviennent aujourd’hui réalité. Je les avais largement exposées dans divers ouvrages et revues à contre courant d’une opinion occidentale généralement enthousiaste et surtout naïve. Car il fallait tout de même être naïf pour croire que, dans des pays soumis depuis un demi-siècle à des dictatures qui avaient éliminé toute forme d’opposition libérale et pluraliste, la démocratie et la liberté allaient jaillir comme le génie de la lampe par la seule vertu d’un Internet auquel n’a accès qu’une infime minorité de privilégiés de ces sociétés.
Une fois passé le bouillonnement libertaire et l’agitation des adeptes de Facebook, il a bien fallu se rendre à l’évidence. Le pouvoir est tombé dans les mains des seules forces politiques structurées qui avaient survécu aux dictatures nationalistes parce que soutenues financièrement par les pétromonarchies théocratiques dont elles partagent les valeurs et politiquement par les Occidentaux parce qu’elles constituaient un bouclier contre l’influence du bloc de l’Est : les forces religieuses fondamentalistes. Et le « printemps arabe » n’a mis que six mois à se transformer en « hiver islamiste ».
En Tunisie et en Égypte, les partis islamistes, Frères musulmans et extrémistes salafistes se partagent de confortables majorités dans les Parlements issus des révoltes populaires. Ils cogèrent la situation avec les commandements militaires dont ils sont bien contraints de respecter le rôle d’acteurs économiques dominants mais s’éloignent insidieusement des revendications populaires qui les ont amenés au pouvoir. Constants dans leur pratique du double langage, ils font exactement le contraire de ce qu’ils proclament. En, Égypte, après avoir affirmé sur la Place Tahrir au printemps 2011 qu’ils n’aspiraient nullement au pouvoir, ils revendiquent aujourd’hui la présidence de la République, la majorité parlementaire et l’intégralité du pouvoir politique.
En Tunisie, et après avoir officiellement renoncé à inclure la chari’a dans la constitution, ils organisent dans les provinces et les villes de moyenne importance, loin de l’attention des médias occidentaux, des comités de vigilance religieux pour faire appliquer des règlements inspirés de la charia. Ce mouvement gagne progressivement les villes de plus grande importance et même les capitales où se multiplient les mesures d’interdiction en tous genres, la censure des spectacles et de la presse, la mise sous le boisseau des libertés fondamentales et, bien sûr, des droits des femmes et des minorités non sunnites.
Et ces forces politiques réactionnaires n’ont rien à craindre des prochaines échéances électorales. Largement financées par l’Arabie et le Qatar pour lesquels elles constituent un gage de soumission dans le monde arabe, elles ont tous les moyens d’acheter les consciences et de se constituer la clientèle qui perpétuera leur domination face à un paysage politique démocratique morcelé, sans moyens, dont il sera facile de dénoncer l’inspiration étrangère et donc impie.
La Libye et le Yémen ont sombré dans la confusion. Après que les forces de l’OTAN, outrepassant largement le mandat qui leur avait été confié par l’ONU, ont détruit le régime du peu recommandable Colonel Kadhafi, le pays se retrouve livré aux appétits de bandes et tribus rivales bien décidées à défendre par les armes leur pré carré local et leur accès à la rente. L’éphémère « Conseil National de transition » porté aux nues par l’ineffable Bernard Henri Lévy est en train de se dissoudre sous les coups de boutoir de chefs de gangs islamistes, dont plusieurs anciens adeptes d’Al-Qaïda, soutenus et financés par le Qatar qui entend bien avoir son mot à dire dans tout règlement de la question et prendre sa part dans l’exploitation des ressources du pays en hydrocarbures.
Au Yémen, le départ sans gloire du Président Ali Abdallah Saleh rouvre la porte aux forces centrifuges qui n’ont pas cessé d’agiter ce pays dont l’unité proclamée en 1990 entre le nord et le sud n’a jamais été bien digérée, surtout par l’Arabie Séoudite qui s’inquiétait des foucades de ce turbulent voisin et n’a eu de cesse d’y alimenter la subversion fondamentaliste. Aujourd’hui, les chefs de tribus sunnites du sud et de l’est du pays, dont certains se réclament d’Al-Qaïda et tous du salafisme, entretiennent un désordre sans fin aux portes de la capitale, Sanaa, fief d’une classe politique traditionnelle zaydite – branche dissidente du chiisme – insupportable pour la légitimité de la famille séoudienne.
Seul le régime syrien résiste à ce mouvement généralisé d’islamisation au prix d’une incompréhension généralisée et de l’opprobre internationale. Avant de développer ce sujet, je crois devoir faire une mise au point puisque d’aucuns croient déceler dans mes propos et prises de positions des relents d’extrême droite et de complaisance pour les dictatures. Je me rends régulièrement en Syrie depuis 1966 et y ai résidé pendant plusieurs années. Je ne prétends pas connaître intimement ce pays mais je pense quand même mieux le connaître que certains de ces journalistes qui en reviennent pleins de certitudes après un voyage de trois ou quatre jours.
Mes activités m’ont amené à devoir fréquenter à divers titres les responsables des services de sécurité civils et militaires syriens depuis la fin des années 70. J’ai pu constater qu’ils ne font ni dans la dentelle ni dans la poésie et se comportent avec une absolue sauvagerie. Ce n’est pas qu’ils ont une conception différente des droits de l’homme de la nôtre. C’est qu’ils n’ont aucune conception des droits de l’homme…
Leur histoire explique en grande partie cette absence. D’abord, ils puisent leur manière d’être dans quatre siècle d’occupation par les Turcs ottomans, grands experts du pal, de l’écorchage vif et du découpage raffiné. Ensuite, ils ont été créés sous la houlette des troupes coloniales françaises pendant le mandat de 1920 à 1943, et, dès l’indépendance du pays, conseillés techniquement par d’anciens nazis réfugiés, de 1945 jusqu’au milieu des années 50, et ensuite par des experts du KGB jusqu’en 1990. Tout ceci n’a guère contribué à développer chez eux le sens de la douceur, de la tolérance et du respect humain.
Quant au régime syrien lui-même, il ne fait aucun doute dans mon esprit que c’est un régime autoritaire, brutal et fermé. Mais le régime syrien n’est pas la dictature d’un homme seul, ni même d’une famille, comme l’étaient les régimes tunisien, égyptien, libyen ou irakien. Tout comme son père, Bashar el-Assad n’est que la partie visible d’un iceberg communautaire complexe et son éventuel départ ne changerait strictement rien à la réalité des rapports de pouvoir et de force dans le pays. Il y a derrière lui 2 millions d’Alaouites encore plus résolus que lui à se battre pour leur survie et plusieurs millions de minoritaires qui ont tout à perdre d’une mainmise islamiste sur le pouvoir, seule évolution politique que l’Occident semble encourager et promouvoir dans la région.
Quand je suis allé pour la première fois en Syrie en 1966, le pays était encore politiquement dominé par sa majorité musulmane sunnite qui en détenait tous les leviers économiques et sociaux. Et les bourgeois sunnites achetaient encore – parfois par contrat notarié – des jeunes gens et de jeunes filles de la communauté alaouite dont ils faisaient de véritables esclaves à vie, manouvriers agricoles ou du bâtiment pour les garçons, bonnes à tout faire pour les filles.
Les Alaouites sont une communauté sociale et religieuse persécutée depuis plus de mille ans. Je vous en donne ici une description rapide et schématique qui ferait sans doute hurler les experts mais le temps nous manque pour en faire un exposé exhaustif.
Issus au Xè siècle aux frontières de l’empire arabe et de l’empire byzantin d’une lointaine scission du chiisme, ils pratiquent une sorte de syncrétisme mystique compliqué entre des éléments du chiisme, des éléments de panthéisme hellénistique, de mazdéisme persan et de christianisme byzantin. Ils se désignent eux mêmes sous le nom d’Alaouites – c’est à dire de partisans d’Ali, le gendre du prophète - quand ils veulent qu’on les prenne pour des Musulmans et sous le nom de Nosaïris – du nom de Ibn Nosaïr, le mystique chiite qui a fondé leur courant – quand ils veulent se distinguer des Musulmans. Et – de fait – ils sont aussi éloignés de l’Islam que peuvent l’être les chamanistes de Sibérie.
Et cela ne leur a pas porté bonheur…. Pour toutes les religions monothéistes révélées, il n’y a pas pire crime que l’apostasie. Les Alaouites sont considérés par l’Islam sunnite comme les pires des apostats. Cela leur a valu au XIVè siècle une fatwa du jurisconsulte salafiste Ibn Taymiyya, l’ancêtre du wahhabisme actuel, prescrivant leur persécution systématique et leur génocide. Bien que Ibn Taymiyyah soit considéré comme un exégète non autorisé, sa fatwa n’a jamais été remise en cause et est toujours d’actualité, notamment chez les salafistes, les wahhabites et les Frères musulmans. Pourchassés et persécutés, les Alaouites ont dû se réfugier dans les montagnes côtières arides entre le Liban et l’actuelle Turquie tout en donnant à leurs croyances un côté hermétique et ésotérique, s’autorisant la dissimulation et le mensonge pour échapper à leur tortionnaires.
Il leur a fallu attendre le milieu du XXè siècle pour prendre leur revanche. Soumis aux occupations militaires étrangères depuis des siècles, les bourgeois musulmans sunnites de Syrie ont commis l’erreur classique des parvenus lors de l’indépendance de leur pays en 1943. Considérant que le métier des armes était peu rémunérateur et que l’institution militaire n’était qu’un médiocre instrument de promotion sociale, ils n’ont pas voulu y envoyer leurs fils. Résultat : ils ont laissé l’encadrement de l’armée de leur tout jeune pays aux pauvres, c’est à dire les minorités : Chrétiens, Ismaéliens, Druzes, Chiites et surtout Alaouites. Et quand vous donnez le contrôle des armes aux pauvres et aux persécutés, vous prenez le risque à peu près certain qu’ils s’en servent pour voler les riches et se venger d’eux.
C’est bien ce qui s’est produit en Syrie à partir des années 60.
Dans les années 70, Hafez el-Assad, issu d’une des plus modestes familles de la communauté alaouite, devenu chef de l’armée de l’air puis ministre de la défense, s’est emparé du pouvoir par la force pour assurer la revanche et la protection de la minorité à laquelle sa famille appartient et des minorités alliées – Chrétiens et Druzes - qui l’ont assisté dans sa marche au pouvoir. Ils s’est ensuite employé méthodiquement à assurer à ces minorités – et en particulier à la sienne - le contrôle de tous les leviers politiques, économiques et sociaux du pays selon des moyens et méthodes autoritaires dont vous pourrez trouver la description détaillée dans un article paru il y maintenant près de vingt ans.
Face à la montée du fondamentalisme qui progresse à la faveur de tous les bouleversements actuels du monde arabe, son successeur se retrouve comme les Juifs en Israël, le dos à la mer avec le seul choix de vaincre ou mourir. Les Alaouites ont été rejoints dans leur résistance par les autres minorités religieuses de Syrie, Druzes, Chiites, Ismaéliens et surtout par les Chrétiens de toutes obédiences instruits du sort de leurs frères d’Irak et des Coptes d’Égypte.
Car, contrairement à la litanie que colportent les bien-pensants qui affirment que « si l’on n’intervient pas en Syrie, le pays sombrera dans la guerre civile »…. eh bien non, le pays ne sombrera pas dans la guerre civile. La guerre civile, le pays est dedans depuis 1980 quand un commando de Frères musulmans s’est introduit dans l’école des cadets de l’armée de terre d’Alep, a soigneusement fait le tri des élèves officiers sunnites et des alaouites et a massacré 80 cadets alaouites au couteau et au fusil d’assaut en application de la fatwa d’Ibn Taymiyya. Les Frères l’ont payé cher en 1982 à Hama – fief de la confrérie - que l’oncle de l’actuel président a méthodiquement rasée en y faisant entre 10 et 20.000 morts. Mais les violences intercommunautaires n’ont jamais cessé depuis, même si le régime a tout fait pour les dissimuler.
Alors, proposer aux Alaouites et aux autres minorités non arabes ou non sunnites de Syrie d’accepter des réformes qui amèneraient les islamistes salafistes au pouvoir revient très exactement à proposer aux Afro-américains de revenir au statu quo antérieur à la guerre de sécession. Ils se battront, et avec sauvagerie, contre une telle perspective. Peu habitué à la communication, le régime syrien en a laissé le monopole à l’opposition. Mais pas à n’importe quelle opposition. Car il existe en Syrie d’authentiques démocrates libéraux ouverts sur le monde, qui s’accommodent mal de l’autoritarisme du régime et qui espéraient de Bashar el-Assad une ouverture politique. Ils n’ont obtenu de lui que des espaces de liberté économique en échange d’un renoncement à des revendications de réformes libérales parfaitement justifiées. Mais ceux-là, sont trop dispersés, sans moyens et sans soutiens. Ils n’ont pas la parole et sont considérés comme inaudibles par les médias occidentaux car, en majorité, ils ne sont pas de ceux qui réclament le lynchage médiatisé du « dictateur » comme cela a été fait en Libye.
Si vous vous informez sur la Syrie par les médias écrits et audiovisuels, en particulier en France, vous n’aurez pas manqué de constater que toutes les informations concernant la situation sont sourcées « Observatoire syrien des droits de l’homme » (OSDH) ou plus laconiquement « ONG », ce qui revient au même, l’ONG en question étant toujours l’Observatoire syrien des droits de l’homme.
L’observatoire syrien des droits de l’homme, c’est une dénomination qui sonne bien aux oreilles occidentales dont il est devenu la source d’information privilégiée voire unique. Il n’a pourtant rien à voir avec la respectable Ligue internationale des droits de l’homme. C’est en fait une émanation de l’Association des Frères musulmans et il est dirigé par des militants islamistes dont certains ont été autrefois condamnés pour activisme violent, en particulier son fondateur et premier Président, Monsieur Ryadh el-Maleh. L’Osdh s’est installé à la fin des années 80 à Londres sous la houlette bienveillante des services anglo-saxons et fonctionne en quasi-totalité sur fonds séoudiens et maintenant qataris. Je ne prétends nullement que les informations émanant de l’OSDH soient fausses, mais, compte tenu de la genèse et de l’orientation partisane de cet organisme, je suis tout de même surpris que les médias occidentaux et en particulier français l’utilisent comme source unique sans jamais chercher à recouper ce qui en émane.
Second favori des médias et des politiques occidentaux, le Conseil National Syrien, créé en 2011 à Istanbul sur le modèle du CNT libyen et à l’initiative non de l’État turc mais du parti islamiste AKP. Censé fédérer toutes les forces d’opposition au régime, le CNS a rapidement annoncé la couleur. Au sens propre du terme…. Le drapeau national syrien est composé de trois bandes horizontales. L’une de couleur noire qui était la couleur de la dynastie des Abbassides qui a régné sur le monde arabe du 9è au 13è siècle. L’autre de couleur blanche pour rappeler la dynastie des Omeyyades qui a régné au 7è et 8è siècle. Enfin, la troisième, de couleur rouge, censée représenter les aspirations socialisantes du régime. Dès sa création, le CNS a remplacé la bande rouge par la bande verte de l’islamisme comme vous pouvez le constater lors des manifestations anti-régime où l’on entend plutôt hurler « Allahou akbar ! » que des slogans démocratiques.
Cela dit, la place prédominante faite aux Frères musulmans au sein du CNS par l’AKP turc et le Département d’État américain a fini par exaspérer à peu près tout le monde. La Syrie n’est pas la Libye et les minorités qui représentent un bon quart de la population entendent avoir leur mot à dire, même au sein de l’opposition. Lors d’une visite d’une délégation d’opposants kurdes syriens à Washington en avril dernier, les choses se sont très mal passées. Les Kurdes sont musulmans sunnites mais pas Arabes. Et en tant que non-arabes, ils sont voués à un statut d’infériorité par les Frères . Venus se plaindre auprès du Département d’État de leur marginalisation au sein du CNS, ils se sont entendus répondre qu’ils devaient se soumettre à l’autorité des Frères ou se débrouiller tout seuls. Rentrés à Istanbul très fâchés, ils se sont joints à d’autres opposants minoritaires pour démettre le président du CNS, Bourhan Ghalioun, totalement inféodé aux Frères, et le remplacer par un Kurde, Abdelbassett Saïda qui fera ce qu’il pourra – c’est à dire pas grand chose - pour ne perdre ni l’hospitalité des islamistes turcs, ni l’appui politique des néo-conservateurs Américains, ni, surtout, l’appui financier des Séoudiens et des Qataris.
Tout cela fait désordre, bien sûr, mais est surtout révélateur de l’orientation que les États islamistes appuyés par les néo-conservateurs américains entendent donner aux mouvements de contestation dans le monde arabe. Ce ne sont évidemment pas ces constatations qui vont rassurer les minorités de Syrie et les inciter à la conciliation ou à la retenue. Les minorités de Syrie – en particulier, les Alaouites qui sont en possession des appareils de contrainte de l’État – sont des minorités inquiètes pour leur survie qu’elles défendront par la violence. Faire sortir le président syrien du jeu peut à la rigueur avoir une portée symbolique mais ne changera rien au problème. Ce n’est pas lui qui est visé, ce n’est pas lui qui est en cause, c’est l’ensemble de sa communauté qui se montrera encore plus violente et agressive si elle perd ses repères et ses chefs. Plus le temps passe, plus la communauté internationale entendra exercer des pressions sur les minorités menacées, plus les choses empireront sur le modèle de la guerre civile libanaise qui a ensanglanté ce pays de 1975 à 1990.
Il aurait peut être été possible à la communauté internationale de changer la donne il y a un an en exigeant du pouvoir syrien des réformes libérales en échange d’une protection internationale assurée aux minorités menacées. Et puisque l’Arabie et la Qatar – deux monarchies théocratiques se réclamant du wahhabisme – sont théoriquement nos amies et nos alliées, nous aurions pu leur demander de déclarer la fatwa d’Ibn Taymiyyah obsolète, nulle et non avenue afin de calmer le jeu. Il n’en a rien été. À ces minorités syriennes menacées, l’Occident, France en tête, n’a opposé que la condamnation sans appel et l’anathème parfois hystérique tout en provoquant partout – politiquement et parfois militairement – l’accession des intégristes islamistes au pouvoir et la suprématie des États théocratiques soutenant le salafisme politique.
Débarrassés des ténors sans doute peu vertueux du nationalisme arabe, de Saddam Hussein, de Ben Ali, de Moubarak, de Kadhafi, à l’abri des critiques de l’Irak, de l’Algérie et de la Syrie englués dans leurs conflits internes, les théocraties pétrolières n’ont eu aucun mal à prendre avec leurs pétrodollars le contrôle de la Ligue Arabe et d’en faire un instrument de pression sur la communauté internationale et l’ONU en faveur des mouvements politiques fondamentalistes qui confortent leur légitimité et les mettent à l’abri de toute forme de contestation démocratique.
Que les monarchies réactionnaires défendent leurs intérêts et que les forces politiques fondamentalistes cherchent à s’emparer d’un pouvoir qu’elles guignent depuis près d’un siècle n’a rien de particulièrement surprenant. Plus étrange apparaît en revanche l’empressement des Occidentaux à favoriser partout les entreprises intégristes encore moins démocratiques que les dictatures auxquelles elles se substituent et à vouer aux gémonies ceux qui leur résistent.
Prompt à condamner l’islamisme chez lui, l’Occident se retrouve à en encourager les manoeuvres dans le monde arabe et musulman. La France, qui n’a pas hésité à engager toute sa force militaire pour éliminer Kadhafi au profit des djihadistes et à appeler la communauté internationale à en faire autant avec Bashar el-Assad, assiste, l’arme au pied, au dépeçage du Mali par des hordes criminelles qui se disent islamistes parce que leurs rivaux politiques ne le sont pas.
De même les médias et les politiques occidentaux ont assisté sans broncher à la répression sanglante par les chars séoudiens et émiratis des contestataires du Bahraïn, pays à majorité chiite gouverné par un autocrate réactionnaire sunnite. De même les massacres répétés de Chrétiens nigérians par les milices du Boko Haram ne suscitent guère l’intérêt des médias et encore moins la condamnation par nos politiques. Quant à l’enlèvement et la séquestration durable de quatre membres de la Cour Pénale Internationale par des « révolutionnaires » libyens, elle est traitée en mode mineur et passe à peu près inaperçue dans nos médias dont on imagine l’indignation explosive si cet enlèvement avait été le fait des autorités syriennes, algériennes ou de tel autre pays non encore « rentré dans le rang » des« démocratures », ces dictatures islamistes sorties des urnes.
À défaut de logique, la morale et la raison nous invitent tout de même à nous interroger sur cette curieuse schizophrénie de nos politiques et nos médias. L’avenir dira si notre fascination infantile pour le néo-populisme véhiculé par Internet et si les investissements massifs du Qatar et de l’Arabie dans nos économies en crise valaient notre complaisance face à la montée d’une barbarie dont nous aurions tort de croire que nous sommes à l’abri.
Publié le 13 Septembre 2012
La justice Coréenne a tranché : Apple a pompé sur Samsung et Samsung a pompé sur Apple. Donc, les deux firmes ont perdu de l'argent par des frais de justice, et les deux se voient interdire de commercialiser un certain nombre de produits en Corée.
Bien joué les gars !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 25 Août 2012
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Téléphonie
Apple et Samsung condamnés pour violation de brevets en Corée du Sud
Alors que Samsung et Apple attendent le délibéré d'un jury en Californie, les deux groupes ont été condamnés, en Corée du Sud, pour violation mutuelle de brevets, le 24 août. Le sud-coréen devra indemniser son concurrent à hauteur de 25 millions de wons (17 600 euros) ; l'américain devra débourser 40 millions de wons pour son rival. Certains de leurs anciens produits sont désormais interdits à la vente dans le pays. En cause, la violation des brevets portant sur des technologies utilisées dans les smartphones et tablettes de Samsung et de ceux concernant les écrans et systèmes de navigation de l'iPhone et de l'iPad d'Apple. En Californie, les sommes réclamées vont jusqu'à 2,75 milliards de dollars (2,19 millions d'euros) pour l'américain et 422 millions de dollars pour le sud-coréen.
Publié le 12 Septembre 2012
Il a bon dos le fait de se 'couper' du local ! Ce n'est pas parce que certains cumulards abandonneront leur poste local qu'ils seront interdits de se renseigner et d'engager des actions locales en dehors de leurs fonctions électives !
En fait, les places sont belles, et les excuses sont faciles pour s'accrocher au poste alors que l'on est déjà grassement payé à faire un boulot que l'on exerce qu'à moitié sous principe que l'on a d'autres obligations par ailleurs.
Il faut maintenant que les socialistes prennent leurs responsabilités et abandonnent le cumul des mandats qui est une honte dans un pays démocratique comme le nôte.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 7 Août 2012
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Le cumul des mandats perdure au Parti socialiste
Les députés élus ou réélus en juin tardent à respecter l'engagement de renoncer à des fonctions exécutives locales
C omme ceux de l'opposition, la grande majorité des députés et sénateurs socialistes cumulent leur mandat de parlementaire avec un mandat local, voire deux. Si quelques-uns d'entre eux ont abandonné une responsabilité locale, d'autres revendiquent le cumul comme un moyen d'être en prise sur le terrain. Pour la plupart, ils attendent, sans bouger le vote d'une loi qui irait plus loin que la limitation en vigueur depuis 2000.
Avant la présidentielle, avant même la primaire d'octobre 2011, les militants du PS, consultés par référendum en octobre 2009, s'étaient prononcés en des termes qui ne souffraient d'aucune ambiguïté. Ils s'étaient déclarés favorables, " comme étape vers le mandat parlementaire unique ", à " l'impossibilité de cumuler (...) un mandat de parlementaire avec une présidence d'exécutif local ou la participation à un exécutif ". Etaient ainsi visés les postes de maire et d'adjoint au maire, ainsi que les bureaux d'une communauté de communes, d'un conseil général ou d'un conseil régional.
Il ne reste plus que six semaines aux 207 députés et 94 sénateurs socialistes cumulards pour se mettre en conformité avec ce principe. Car, " sans attendre le vote d'une loi ", l'interdiction du cumul, votée par les militants du PS, doit devenir effective, pour les députés et les sénateurs de ce parti, " dans un délai maximum de trois mois après la tenue du scrutin ". Ce texte a été adopté par le conseil national du PS, en juin 2010, au grand dam de certains caciques. Dans les " 60 engagements " de François Hollande, le futur président de la République s'est borné à indiquer : " Je ferai voter une loi sur le non-cumul des mandats. " Mais les candidats investis pour les législatives ont signé un engagement écrit de se conformer à la règle du parti.
Parmi les 207 cumulards - sur les 297 députés du groupe socialiste de l'Assemblée nationale -, 146 ont un mandat local, 49 en ont deux, et 12 en ont trois, selon le décompte du Monde. Depuis les législatives de juin, ils sont 45 à avoir abandonné un, voire deux des autres mandats.
Les députés respectueux de la règle de non-cumul se recrutent du côté des nouveaux élus, appartenant à la génération qui a le plus pâti du déficit de renouvellement des responsables politiques. " Notre génération est sûrement plus sensible à ces questions ", estime Eduardo Rihan-Cypel (Seine-et-Marne), 36 ans. Il a déjà quitté son mandat de conseiller régional pour ne garder que celui de conseiller municipal, ce qui restera autorisé puisqu'il ne s'agit pas d'une fonction exécutive.
Laurent Grandguillaume (Côte-d'Or) s'est déjà appliqué en partie la règle, en se démettant de son mandat de conseiller général. S'apprêtant à faire de même pour ses postes d'adjoint au maire et de vice-président du Grand Dijon, M. Grandguillaume estime que " le PS devra rappeler leur engagement à ceux qui ne s'appliqueront pas la règle qui a été donnée collectivement ". " C'est une question de renouvellement politique, cela permet la respiration démocratique, pour ouvrir la vie politique aux jeunes, aux femmes ", ajoute Pouria Amirshahi (Français de l'étranger), qui accepte toutefois une certaine souplesse dans l'application. " Si on dit : "C'est tout de suite et maintenant", cela va crisper les choses, estime-t-il. Il faut de la pédagogie, mais il ne faut pas transiger sur les termes du débat. "
La plupart des démissions sont le fait d'élus qui se sont conformés à la loi en vigueur, laquelle autorise un parlementaire à exercer un seul mandat municipal (dans une commune de plus de 3 500 habitants), régional ou départemental. Peut s'y ajouter une seule fonction exécutive de maire, président de conseil général ou de conseil régional, sachant que les communes de moins de 3 500 habitants et les intercommunalités n'entrent pas dans le champ de cette limitation. Cette loi, peu contraignante, permet à 12 députés d'exercer en outre trois autres fonctions : président ou vice-président d'un conseil général ou régional, maire et président d'une intercommunalité.
Les adversaires du non-cumul avant le vote d'une loi mettent en garde contre un " désarmement unilatéral ", qui exposerait leur remplaçant à une défaite, aux prochaines élections locales, face à un adversaire plus chevronné et plus connu. Député depuis 1978 et président du conseil général des Landes depuis 1982, Henri Emmanuelli prévient, lui, du risque de " coupure entre les élus de terrain et les élus nationaux ", où il voit " une erreur dont on reviendra dans dix ans ". Il loue le modèle allemand du Bundesrat - le conseil fédéral des seize Länder - et l'importance du lien avec le local. " Il ne faut pas couper les décideurs des payeurs ", affirme l'ancien ministre du budget, réélu député au premier tour en 2007 et en 2012.
Lui-même député et président du conseil général de Corrèze, M. Hollande avait été contraint de clarifier sa position, lors de la campagne de la primaire socialiste, poussé par ses concurrentes, Ségolène Royal et Martine Aubry. Jean-Marc Ayrault a précisé, dans son discours de politique générale, le 3 juillet, qu'" il sera mis fin (...) au cumul entre un mandat parlementaire et l'exercice des fonctions exécutives locales ". Le premier ministre a précisé que cette disposition sera " applicable en 2014 ", année des élections municipales.
" Ce serait mieux que tout le monde tienne ses engagements, mais il ne faut pas que les passages de relais se fassent n'importe comment ", souligne M. Rihan-Cypel La prudence est de rigueur chez les socialistes.
Hélène Bekmézian Jonathan Parienté
Publié le 11 Septembre 2012
Je ne porte pas Mitterand dans mon coeur, et j'adore le journal 'Le Monde' et vous l'avez remarqué au point où ce journal porte mes références de réflexion par les multiples références qui me servent à rédiger ces billets.
Autant dire que je me délecte des épisodes tumultueux qu'a vécus ce journal. Ces épisodes ont été relatés la semaine du 20 Août 2012. Le 24 Août, on y parle de Mitterand.
Mitterand était un personnage faux, retors, un escroc doté d'une malhonnêteté qui n'avait d'égal que son intelligence. Car il était d'une intelligence redoutable mais était véritablement mauvais, dans le sens 'méchanceté'. La politique, il ne l'a utilisée que pour affirmer son pouvoir. Il avait une notion monarchique de la démocratie. Mitterand n'était pas un président, c'était l'incarnation de Louis XV au pays de la république.
Rocard n'a-t-il pas dit au lendemain de sa mort : "Mitterrand n'était pas un honnête homme" ?
Un épisode me revient en tête. Il a attrait à sa main-mise sur la télévision au moment où il accède au pouvoir. Chirac lui a reproché cette main-mise lors du débat télévisé de 1988. Mitterand lui avait dit qu'il avait toujours refusé de s'impliquer dans la nomination des présidents de chaîne au contraire de ce qu'affirmait Chirac. Alors qui dit vrai ?
La réponse vient de Michèle Cotta, dans son livre "Mitterand carnets de route" publié chez Pluriel. Michèle Cotta, toute indépendante qu'elle se disait vis à vis du pouvoir livre sa version qui est proprement à couper le souffle.
Jugez plutôt : page 630
Michèle Cotta parle du débat télévisé de la présidentielle de 1988.
Il faut noter que Michèle Cotta a été la première présidente de la Haute Autorité de l'audiovisuel... nommée par Mitterand himself (sous quotta de nomination de Mauroy, mais ça ne change rien à l'affaire car Mauroy était premier ministre socialiste à cette époque).
"[...] Bref, Mitterand n'a fait grâce de rien à Chirac, il ne lui a rien laissé passer. Sur l'Etat-RPR, Chirac a tenté de répondre en faisant allusion aux entraves mises par l'Elysée aux nominations... à la Haute Autorité. Je suis d'autant plus furieuse qu'avant d'animer le débat, les proches des deux candidats m'avaient assurée qu'ils ne feraient pas allusion à mes fonctions passées, lesquelles n'avaient rien à voir avec le débat du 28. En outre, Chirac s'est trompé en ayant soutenu que l'Elysée avait interdit le candidat que je voulais nommer à la tête d'Antenne 2. C'est tout le contraire : l'Elysée a imposé un candidat dont je ne voulais pas ! L'erreur de Jacques Chirac m'autorise à lui redemander de me laisser en dehors du débat, et à Mitterand de contester la fausse affirmation de Chirac [...]".
Michèle Cotta s'insurge donc de l'erreur de Chirac tout en oubliant joyeusement que ça revient au même : la main mise Elyséenne sur la Haute Autorité. Quand on revoit le débat télévisé de 1988, il est dit clairement que la Haute Autorité était indépendante, alors que les dires de la présidente de cette époque montrent tout le contraire !
C'est dire la main mise psychologique énorme que maintenait Mitterrand face à ses proches : les avaliser, les manipuler tout en faisant en sorte que ces intervenants se croient libres et intègres ! Fort ! Très fort !
Je vais donc reprendre une formule Mitterrandienne : si Mitterrand détestait 'Le Monde', c'est que ce journal est de qualité et est irréprochable, du coup, on ne peut plus en dire autant du Figaro ;)
Un article du journal 'Le Monde' daté du 24 Août 2012
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Et Mitterrand suspendit son abonnement
Mi-septembre 1994, François Mitterrand décide de réduire de 110 à 20 les abonnements au " Monde " de la présidence de la République. En cause : plusieurs articles consacrés à ses activités à Vichy, et aussi une enquête sur son cancer
Vite, un prêtre ! Je viens de lire Le Monde... " François Mitterrand tient encore son journal à la main, ce 9 septembre 1994. Le regard glacial qui accompagne sa plaisanterie ne trompe aucun de ses collaborateurs. Dans les pages politiques du quotidien de la rue Falguière - Le Monde avait quitté quatre ans plus tôt la rue des Italiens pour le 15e arrondissement de Paris -, le président vient de découvrir un long article au titre sans appel : " L'évolution du cancer du chef de l'Etat est devenue "imprévisible" ". Le papier s'ouvre sur une question jusque-là taboue : " François Mitterrand ira-t-il au terme de son mandat ? " Elle est posée par les deux " rubricards " médecine du journal.
Jean-Yves Nau et Franck Nouchi ont tous deux été médecins avant de rejoindre la presse. Le premier, un barbu rogue aux airs de moujik que ses collègues amateurs de James Bond ont vite surnommé " Dr. Nau ", et son cadet, oeil rieur et crinière de lion, sont, comme la rédaction, liés par le secret des sources. Les deux journalistes se considèrent, de surcroît, tenus par le serment d'Hippocrate et le secret médical. Mais depuis qu'ils ont compris que les derniers bulletins de santé élyséens trichent chaque jour avec la transparence promise par François Mitterrand, ils se sentent les coudées franches.
Leur papier s'appuie sur les synthèses les plus récentes de spécialistes d'urologie et décrit les suites possibles de la " forme évoluée de cancer de la prostate " dont souffre le président après deux " résections endoscopiques transurétrales ". Mais Nau et Nouchi s'interrogent aussi sur " l'adéquation entre - cet - état de santé et l'exercice des plus hautes charges de l'Etat ".
La veille, François Mitterrand a pourtant assuré dans Le Figaro que si ses facultés physiques et intellectuelles venaient un jour à lui manquer, il prendrait la décision qui s'impose. " Michel, si je perds la boule, vous me le direz ? ", a-t-il intimé plusieurs fois à son confident Michel Charasse. Or les deux journalistes jugent que " le caractère imprévisible de l'évolution de sa maladie et les répercussions psychologiques des thérapeutiques qui pourraient lui être administrées " sont une donnée nouvelle. Et de rappeler en fin d'article... le dispositif prévu par la Constitution en cas de vacance du pouvoir présidentiel.
Le quotidien du soir n'a pas encore révélé que le cancer du chef de l'Etat a été détecté juste après sa première élection, fin 1981 : Franck Nouchi le fera dans les colonnes du journal au lendemain de la mort du président socialiste, le 8 janvier 1996, avant que le docteur Gubler ne confirme ce mensonge d'Etat. Qu'importe : pour François Mitterrand, " l'article de ces deux Diafoirus est insupportable " ! Ses fidèles collaborateurs sont tout aussi scandalisés. Le secrétaire général de l'Elysée, Hubert Védrine, dénonce des " hyènes à l'affût ". Son adjointe, Anne Lauvergeon, sans doute la plus proche alors du président, se demande tout haut si on ne veut pas le pousser à la démission. En ces temps de cohabitation, bon nombre de socialistes croient voir dans cette " campagne " un coup de Matignon. " Chaque fois que le premier ministre me serre la main, j'ai l'impression qu'il me prend le pouls ", soupire Mitterrand en évoquant Edouard Balladur, qui ne cache plus son ambition présidentielle.
" Je ne vois pas pourquoi nous continuons à lire ce torchon ! ", a cinglé le président devant Michel Charasse. " Supprimez-moi donc les abonnements à ce journal de collabos ! " Collabos ? L'injure est choisie à dessein. Elle vise le passé du fondateur du Monde, Hubert Beuve-Méry - qui participa jusqu'en 1941 à l'école des cadres d'Uriage, créée par le régime de Vichy, avant de rejoindre la Résistance - et répond, outrancière, aux articles que le quotidien consacre depuis quelques jours au passé " vichyste " du chef de l'Etat. Les premières années de guerre du président, voilà en effet " le " sujet qui hante cette rentrée politique, depuis la publication chez Fayard de l'ouvrage-événement de Pierre Péan, Une jeunesse française.
Ce livre, c'est peu dire, pourtant, que le président l'a souhaité. " Ecrit avec son plein accord, il en attendait avec gourmandise les retombées dans la presse ", se souvient Laure Adler, qui le côtoie alors à l'Elysée. " Ce sera bon pour moi ", dit-il, et Péan le croit aussi. Curieusement, tous deux sous-estiment le choc que va causer le voile levé sur les dernières zones grises de son itinéraire. Mitterrand fut un " vichysso-résistant ", autant dire un ennemi de l'Allemagne, croyant jusqu'en 1943 que Pétain jouait double jeu. Une subtilité qui échappe aux jeunes générations, bien plus manichéennes. Péan n'a pas vu l'impact désastreux de la photo choisie par Fayard pour la couverutre de son livre : le jeune Mitterrand serrant la main du maréchal Pétain.
Le 2 septembre, le nouveau rédacteur en chef du quotidien, Edwy Plenel, a salué en " une " la longue enquête menée par Pierre Péan. Mais en insistant sur " le tardif aveu public " d'un Mitterrand naguère " activement engagé, non pas à l'extrême droite, mais à droite de la droite, une droite nationaliste qu'incarna le pétainisme... ", son article a donné le la à l'ensemble de la presse. Figures de la gauche, intellectuels, historiens, Le Monde ouvre grandes ses colonnes. Le 14 septembre 1994, une spécialiste de l'Occupation, Claire Andrieu, se penche sur les écrits de François Mitterrand en 1942 et 1943.Verdict sans nuances : " Le futur président se situait parmi les pétainistes durs. "
Ministre de l'information sous la IVe République, François Mitterrand s'est fait une règle de ne jamais attaquer la presse. C'est un homme de l'écrit, qui dévore les journaux un stylo à la main, en corrigeant parfois rageusement la copie. Il flatte les éditorialistes, les séduit, joue avec eux, s'en moque souvent dès qu'ils ont le dos tourné. En cette fin de septennat, il vante les articles fins de Paul Guilbert, l'ancien secrétaire particulier de Joseph Kessel, devenu l'une des plumes politiques du Figaro. Il s'est aussi réconcilié avec Franz-Olivier Giesbert, qui dirige désormais le grand quotidien conservateur. " La presse de droite, elle, au moins soutient les siens... ", maugrée-t-il parfois.
Avec Le Monde, les relations sont bien plus tumultueuses. " Le Monde suggère ceci ? Eh bien je vais faire le contraire, pour être sûr de ne pas me tromper ! ", lâche-t-il les jours d'agacement. Aux patrons successifs du quotidien du soir, il a donné des surnoms : " papatte de mouche " pour l'un, " voyou mondain " pour un plus ancien... L'ancien directeur du quotidien Jacques Fauvet a pourtant appelé sans ambages à voter pour le candidat de l'union de la gauche, en 1981. Et si le service économique du journal a condamné les nationalisations, la direction a accompagné les premiers pas du nouveau président d'un soutien presque sans faille... qui lui a valu de perdre de nombreux lecteurs et l'a obligé à un sérieux recentrage.
Mais l'arrivée à la tête du journal du tandem Colombani-Plenel, en mars 1994, au plus fort de la vague des " affaires ", a consacré le divorce. " Colombani, c'est la rocardie ! ", croit depuis toujours Mitterrand. En 1979, lors du congrès de Metz que le jeune Jean-Marie Colombani couvrait pour Le Monde, le leader de la gauche l'avait pris à part pour contester ligne à ligne son papier. Depuis, l'un est devenu président, l'autre, le patron d'un influent contre-pouvoir.
Avec Edwy Plenel, c'est pire : il le déteste. " Vous êtes toujours amie avec le moustachu ? ", demande-t-il, réprobateur, à Laure Adler. Dès 1985, les révélations de cet investigateur sur l'affaire du Rainbow-Warrior, bateau de Greenpeace coulé par la DGSE au prix de la mort d'un photographe, l'ont " révulsé ". " C'est peut-être une vengeance d'ancien gauchiste... ", glisse parfois le chef de l'Etat, mauvais joueur, dans une allusion au passé trotskiste de son ennemi. Ou, devant ses biographes : " Je ne lui ai jamais rien fait, pourtant ? " Sans évidemment préciser que le journaliste a été placé sur écoutes par la cellule antiterroriste de l'Elysée, entre 1983 et 1986.
" C'est le parti de la rue Falguière ! ", cingle Mitterrand. Ses collaborateurs sont plus remontés encore. " Nous avions le sentiment que le but de Plenel était d'abattre Mitterrand avant que son cancer ne l'ait emporté ", reconnaît aujourd'hui Hubert Védrine. Chaque jour ou presque, le petit cercle s'entretient un peu plus dans sa paranoïa, enfermés qu'ils sont " dans un bunker ", selon l'un d'eux. L'idée d'un boycott du Monde chemine aussi parmi eux, à mots couverts. Oh ! Rien n'est dit officiellement. Mais en mai, un an après le suicide de Pierre Bérégovoy et ce fameux discours où il traitait les journalistes de " chiens ", le chef de l'Etat s'était déjà interrogé devant son porte-parole, Jean Musitelli : " Mes collaborateurs parlent beaucoup trop à la presse, et notamment au Monde ! D'ailleurs, pourquoi gardons-nous une centaine d'abonnements à un journal qui me traîne dans la boue ? " Le 9 septembre, la colère présidentielle est trop vive, pour que, cette fois, on ne devance pas ces suggestions officieuses.
" Supprimons nos abonnements au kiosque du coin ! ", lance Michel Charasse. L'Elysée n'en conservera finalement que 20 sur 110. Seul le président, son cabinet, le service de presse et quelques conseillers triés sur le volet auront désormais droit à " leur " Monde. Chaque jour, les autres s'éclipsent de l'Elysée par l'avenue de Marigny pour l'acheter au kiosque de l'angle de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, devant la boutique de Pierre Cardin. Etrange riposte " qui consiste non pas à ne plus lire Le Monde, journal jugé indigne, mais à moins l'acheter ", s'amuse Pierre Georges dans son billet de dernière page. " Si une bulle présidentielle voue l'infâme torchon aux Enfers, alors il faut être logique. Ni cent dix, ni vingt, ni un exemplaire. Zéro ! " Etrange histoire qui semble appartenir à un siècle lointain, celui de la toute-puissance de l'imprimé. Car comment l'imaginer, à l'heure de l'Internet ?
Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin
Publié le 10 Septembre 2012
Ah quel merveilleux pays que la Russie pour la liberté d'expression ! Bon, c'est vrai que les Pussy Riot ont un peu abusé... Avoir utilisé un lieu de culte et avoir peut être été à l'origine de quelques dégradations à l'intérieur de l'église, est un motif de condamnation pénale. Amusez-vous à amener des guitares électriques à Notre Dame de Paris et chantez une chanson anti-Sarkozyenne, vous amènera devant les tribunaux. Non, pour la chanson, certes, mais pour le trouble manifeste à l'ordre public manifeste qu'est l'utilisation d'un batiment de culte à une propagande déplacée. En France, je considère qu'une condamnation d'une amende de 400Euros, ainsi que, bien entendu, la réparation des dégats dans le lieu de culte, pourrait être réclamée. En Russie, c'est deux ans de prison ferme : pas pareil ! Et, bien entendu, on prend en compte la chanson, alors qu'en France, elle serait anecdotique...
Décidément, quel beau pays !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 22 Août 2012
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L'affaire des Pussy Riots pose la question du lien entre le pouvoir russe et l'Eglise
Beaucoup d'intellectuels critiquent la condamnation par la justice de la formation punk au moment où la police annonce de nouvelles poursuites contre d'autres membres du groupe
Moscou Correspondante
On pouvait croire l'affaire Pussy Riot, ces trois jeunes femmes condamnées, le 17 août, à deux ans de colonie pénitentiaire pour avoir chanté un couplet anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou en février, terminée. Il n'en est rien.
Lundi 20 août, la police moscovite a annoncé de nouvelles poursuites contre les autres membres du groupe ayant participé à la " prière punk ". Selon les images filmées le 21 février dans la cathédrale, elles étaient cinq à s'égosiller sur l'estrade sans compter les complices qui filmaient.
Réprouvée par la communauté internationale, la condamnation des jeunes femmes fait beaucoup de bruit dans les médias officiels russes, au sein de la blogosphère et dans la rue. Le débat est même beaucoup plus passionné que celui qui avait entouré en 2010 la deuxième condamnation de l'ex-magnat du pétrole devenu l'ennemi juré de Vladimir Poutine, Mikhaïl Khodorkovski.
En se déhanchant dans la cathédrale Saint-Sauveur, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans ont touché à la composante essentielle de l'identité russe : l'orthodoxie.
Officiellement séparés, Église et pouvoir politique sont très liés. L'élite au pouvoir accorde une place de choix à la religion orthodoxe, perçue comme une clef de cette " identité nationale " en cours d'élaboration depuis l'écroulement de l'Empire soviétique en 1991. Désormais, la fusion est totale entre le Kremlin et le Patriarcat. Juste avant l'élection présidentielle de mars 2012, le patriarche Kirill parlait de Vladimir Poutine comme d'un " miracle divin " tandis qu'il adhérait au " Front populaire ", le nouveau parti poutinien, et incitait les paroissiens à voter pour le " leader national ".
" Notre action visait à révéler au public la collusion entre l'Eglise et le système de pouvoir de Vladimir Poutine ", a expliqué Maria Alekhina à l'hebdomadaire New Times. Mission réussie. Même les médias les plus conservateurs s'interrogent sur le rôle de l'Eglise et du patriarche dans la vie politique. " En choisissant de faire corps avec l'Etat, la tête de l'Eglise orthodoxe aurait dû comprendre qu'elle devenait une cible de choix et que la confrontation avec les militants de l'aile radicale de l'art contemporain était inévitable ", écrit le quotidien Nezavissimaïa Gazeta dans son édition du 20 août.
De nombreux représentants de l'intelligentsia conservatrice, loin d'approuver la performance des Pussy Riot, ne peuvent s'empêcher de critiquer leur condamnation. " Je ne veux pas vivre dans une société ou n'importe quel imbécile peut protester dans une Eglise (...). Mais je veux encore moins vivre dans un environnement qui rappelle les talibans ", écrit le chroniqueur Alexandre Arkhanguelski. " Bientôt certains se diront offensés par le moindre cours de biologie expliquant que l'homme descend du singe ", prévient l'écrivain et historien Nikolaï Svanidze.
L'image de la justice russe, déjà très écornée, n'en ressort pas grandie. Pour avoir chanté sur l'autel " Sainte Vierge Marie, chasse Poutine ", les trois punkettes aux casiers judiciaires immaculés ont pris deux ans de prison, soit la même condamnation que celle infligée récemment par le tribunal de Khimki à Moscou au prévenu Igor Kondratiev, auteur de viols en série, y compris sur des mineures.
Plaintes contre Madonna
Le " thermidor " mis en place par Vladimir Poutine depuis juillet pour juguler la contestation de la rue est en train de virer à l'absurde. Après les ONG sommées de se déclarer " agents de l'étranger ", la diffamation qui fait son retour dans le code pénal (après en avoir été écartée par le président libéral Dmitri Medvedev), les nouvelles restrictions visant les sites Internet et le harcèlement judiciaire des figures de l'opposition, voici venu le temps des plaintes contre... Madonna.
Lundi, le tribunal Moskovski de Saint-Pétersbourg a fait savoir qu'une plainte était actuellement examinée contre la chanteuse américaine, venue en tournée en Russie début d'août. Un groupe de plaignants (des ultranationalistes peu connus comme la Nouvelle Grande Russie et le Syndicat des citoyens russes) estime avoir été offensé par le soutien de la vedette à la cause homosexuelle et réclament des " compensations pour préjudice moral ".
De plus, un débat fait rage à propos de Garry Kasparov, l'ancien champion d'échecs devenu un farouche opposant à Vladimir Poutine. Interpellé sans ménagements aux abords du tribunal Khamovnitcheski où étaient jugées les punkettes le 17 août, puis relâché, il est accusé d'avoir mordu un policier au doigt. A moins qu'il ne s'agisse d'une morsure canine. Selon l'agence de presse Ria Novosti, " la police moscovite va effectuer une analyse comparée de la dentition de Kasparov avec celles des chiens policiers ".
Marie Jégo
Publié le 7 Septembre 2012
La dissimétrie c'est quoi ? C'est qu'en réponse à un jet de pierre, on réponde par une volée de balles. C'est peu ou prou ce à quoi l'on assiste actuellement en Israël. Les palestiniens sont trop souvent considérés comme des personnes de seconde zone, comme des sans-droit. Les colonies en sont le plus parfait exemple : des juifs s'installent sur un terrain qui ne leur appartient pas, et ils le font leur, en dehors de leur pays et avec l'assentiment de tous.
Tout cela avec la bénédiction des américains.
Quand tout cela va-t-il finir ? Vu le rythme actuel, jamais.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 22 Août 2012
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Des soldats israéliens témoignent des violences envers les enfants palestiniens
L'ONG Breaking the Silence, qui a recueilli leurs déclarations, tente de sensibiliser la société
Jérusalem Correspondance
Avner est un homme de 27 ans au visage enfantin, avec des yeux très bleus, des cheveux blonds et des tâches de rousseur. Entre 2004 et 2007, il a effectué son service militaire dans l'unité spéciale des parachutistes de l'armée israélienne, entre Naplouse et Jénine, en Cisjordanie.
" Comme sergent, j'ai mené de nombreuses opérations dites "straw widow", qui consistent à prendre une maison palestinienne pour placer des tireurs d'élite ou des observateurs, raconte Avner. J'ai réveillé des familles. On les regroupait dans une pièce. Je me rappelle d'un incident : un soldat pointait son arme sur un père et son fils qui essayaient de lui parler en arabe. Aucun d'entre nous ne comprenait. Le soldat s'est énervé. Le garçon voulait juste aller aux toilettes, et il a eu si peur qu'il s'est uriné dessus. Avant mon service, j'ai travaillé avec des enfants et je me suis dit qu'il aurait pu être l'un d'eux. "
L'ancien militaire termine aujourd'hui ses études dans le secteur social. " Avant de faire l'armée, je pensais que les Palestiniens étaient une entité ennemie, je n'avais pas imaginé que je serais confronté à des femmes, des enfants et des personnes âgées, poursuit-il. Tsahal - Forces de défense d'Israël - traite de la même façon un enfant qui jette des pierres et un militant du Hamas. "
Avner a décidé à la fin de son service de se tourner vers l'association Breaking the silence (" Rompre le silence "), qui recueille les témoignages d'anciens soldats ayant servi dans les territoires occupés. L'Organisation non gouvernementale (ONG) a rassemblé les récits anonymes d'une trentaine de jeunes Israéliens passés sous les drapeaux entre 2005 et 2011, et confrontés à des violences commises sur des enfants palestiniens.
" Il y a un grand malentendu sur la façon dont l'armée israélienne traite les enfants. De l'extérieur, on imagine qu'ils bénéficient d'un traitement spécial, or ce n'est pas le cas, justifie Yehuda Shaul, fondateur de l'ONG. Nous sommes loin de la violence palestinienne des années d'Intifada, mais l'armée se comporte comme à cette époque-là : pour contrôler les Palestiniens contre leur volonté, les militaires leur font peur, et c'est devenu une routine. "
L'un des soldats témoigne d'une procédure, pourtant interdite, utilisée lorsque l'armée vient arrêter un suspect palestinien : les soldats envoient un voisin, chargé de demander aux habitants de la maison encerclée de sortir. " Je pense que ça s'est passé à Tulkarem. Nous avons fait sortir tout le monde, sans trouver la personne recherchée. Alors nous avons envoyé des voisins, puis un enfant. Il a dû faire le tour de la maison, ouvrir toutes les portes et fenêtres, allumer toutes les lumières. " Le commandant de l'unité savait que le procédé était illégal. " Il a déclaré qu'il préférait qu'un voisin soit tué (...) si cela permettait d'éviter à l'un de ses hommes d'être abattu en entrant dans cette maison ", raconte le soldat. La population n'a pas d'autre choix que de coopérer. " Quand tu frappes à une porte dans la nuit, avec ton arme braquée sur son visage, ta lampe dans ses yeux, que tu vérifies qu'il n'est pas armé (...), il ne te dira pas qu'il ne veut pas coopérer. "
David était affecté à Hébron. Il explique que les colons juifs de la ville lui ont donné du fil à retordre. " Il y avait cet enfant juif qui marchait le long de la route des Fidèles (réservée aux colons). Un enfant arabe passe, l'enfant juif le frappe. Si l'enfant arabe avait répliqué, j'aurais dû l'attraper et le gifler. L'enfant juif est libre de faire ce qu'il veut. " Daniel a lui aussi servi à Hébron. Il circulait en Jeep avec le commandant de la compagnie lorsqu'à un point de contrôle, il aperçoit trois adolescents palestiniens qui refusent de passer sous la machine à rayons X. Le commandant coince un des garçons dans une ruelle, lui cogne la tête contre le mur et le frappe violemment.
" Dans la voiture, je me disais : je m'attends à une situation comme celle-là depuis que je suis enrôlé, j'ai rejoint l'armée pour empêcher ce genre de comportement, et je suis là, à ne rien faire (...) parce que j'ai vraiment peur de ce commandant. "
En 2008, à Ramallah, un sergent de la brigade Kfir (infanterie) participe à une embuscade tendue à des jeunes Palestiniens du camp de réfugiés de Jelazoun, en Cisjordanie. Ces adolescents prennent régulièrement pour cible la colonie de Beit El, à quelques centaines de mètres de là, en jetant des cocktails Molotov sans jamais atteindre les habitations. " Un de mes amis était installé à Beit El, en position de tireur embusqué, se souvient le sergent. Un gamin a balancé un cocktail Molotov. Mon ami a tiré. " L'enfant est mort.
Les soldats qui rompent le silence " réalisent après coup ce qu'ils ont fait, ce à quoi ils ont participé, et ils veulent le faire savoir ", note Yehuda Shaul. En révélant leur vision de l'occupation, sans clémence, à l'égard des enfants, Breaking the silence espère interpeller la société israélienne.
Véronique Falez
Publié le 6 Septembre 2012
Une toute petite disgression au pays du vélo. Personnellement, je fais beaucoup de vélo, bien que mon niveau soit médiocre. Cependant, je m'y accroche car ça me met en forme. Inutile donc de me demander ce que je pense des tricheurs officiant dans le monde du cyclisme.
Aujourd'hui le palmarès de Mr Armstrong appartient au passé. Il a été déchu de tous ses titres acquis sur le tour de France. Je suis retombé sur un article du Monde.
Aujourd'hui, on peut donc dire : "Au revoir Lance !".
Un article du journal 'Le Monde' daté du 29 Septembre 2010
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Lance Armstrong salue le départ de Pierre Bordry
" AU REVOIR, PIERRE. " C'est ainsi que Lance Armstrong a salué publiquement, et en français, sur Twitter, le départ de Pierre Bordry. En privé, le septuple vainqueur du Tour de France a dû faire preuve de moins de retenue pour exprimer sa satisfaction.
Lorsque le coureur américain avait été reçu à déjeuner par Nicolas Sarkozy, le 15 octobre 2009, le jour de la présentation de la Grande Boucle 2010, le Texan en aurait profité pour lui demander la tête du président de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD). Intox ? Lance Armstrong s'en est en tout cas vanté dans le peloton.
Quelques jours plus tôt, le patron de l'AFLD s'était attiré les foudres du coureur et du président de l'Union cycliste internationale (UCI), Pat McQuaid, en publiant un rapport qui dénonçait le traitement de faveur accordé par les contrôleurs antidopage de l'UCI à l'équipe de Lance Armstrong et du maillot jaune Alberto Contador pendant le Tour de France 2009 (Le Monde du 6 octobre 2009). Et dans la foulée, le parquet de Paris annonçait avoir ouvert une enquête préliminaire après la découverte de matériel de perfusion au sein de l'équipe Astana.
Depuis, l'affaire progresse lentement. Mais un autre front judiciaire s'est ouvert, aux Etats-Unis cette fois, à l'encontre du Texan, depuis que son ancien équipier, Floyd Landis - contrôlé positif lors du Tour 2006 et sous le coup d'un mandat d'arrêt international pour sa participation supposée au piratage informatique du laboratoire de Châtenay-Malabry - l'a accusé de l'avoir initié au dopage.
Pierre Bordry, qui conserve les échantillons suspects du coureur prélevés lors du Tour 1999, a fait savoir qu'il était prêt à coopérer avec les autorités américaines. D'où le soulagement de Lance Armstrong à l'annonce de son départ anticipé. Sa joie pourrait être de courte durée : le futur patron de l'AFLD, Bruno Genevois, considéré comme l'un des meilleurs juristes français, possède la particularité d'avoir habité longtemps dans le même immeuble que Pierre Bordry.
St. M.
Publié le 5 Septembre 2012
Je pense que ce sont des idées qui méritent d'être testées que celles qui sont présentées par notre actuelle garde des sceaux.
La lutte contre la récidive doit, effectivement, être une priorité. Malheureusement, contre les plus dangereux, contre les criminels auteurs de crimes les plus graves, je doute plus de cette politique car, dans ce sens, la sauvegarde des citoyens doit passer avant la lutte contre la récidive.
Mais rien de tel dans cet article : on y parle de lutte contre les délits.
Bref, pourquoi pas et allons-y : nous jugerons sur pièce pour savoir si la probation peut être une alternative crédible à l'enfermement.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 21 Août 2012
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La révolution Taubira contre la récidive
Le ministère de la justice veut généraliser les peines de probation pour la petite délinquance, une alternative à l'incarcération assortie d'un suivi intense
C'est une révolution qui peut faire grincer quelques dents. Le ministère de la justice travaille discrètement sur un projet qui devrait bouleverser en profondeur le système pénal et vider les prisons d'une grande partie des courtes peines. Christiane Taubira s'attend à une sérieuse tempête, après le tollé qu'elle a soulevé le 7 août pour avoir émis un simple doute sur la généralisation des centres éducatifs fermés. Pour l'éviter, la ministre doit installer, le 18 septembre, une " conférence de consensus " sur les questions de récidive et de dangerosité rassemblant experts, spécialistes institutionnels et intervenants de terrain.
La prochaine polémique risque néanmoins de s'appeler la probation, ou " contrainte pénale communautaire ". Il s'agit, conformément à une recommandation adoptée par le Conseil de l'Europe le 11 janvier 2006, de ne placer en détention les délinquants - il ne s'agit évidemment pas des criminels - " qu'en dernier recours ", et de leur infliger une peine " dans la communauté ", c'est-à-dire dans la société, et non pas en prison. Le condamné aura des devoirs et des obligations, mais aussi un suivi intense pour permettre sa réinsertion et s'attaquer à la récidive.
Le chantier est immense, et la France accumule un retard considérable, mais la garde des sceaux y est décidée : " Les politiques pénales de ces cinq dernières années ont aggravé la récidive, expliquait en juin Christiane Taubira. Notre but n'est pas tant de lutter contre la surpopulation en prison, parce que c'est la politique pénale qui régule la population carcérale, mais bien de lutter contre la récidive. "
Le constat, il est vrai, est accablant. " Depuis dix ans, le système pénal est engagé dans une course folle, qui est aussi une course à l'abîme, notent une soixantaine de magistrats et chercheurs dans un manifeste, publié le 12 juin par Libération. Les résultats de cette politique doivent être pris pour ce qu'ils sont, le témoignage d'un échec et la promesse d'une faillite. " Les gouvernements ont adopté 55 textes depuis 2002 qui ont tous poussé à l'incarcération ou alourdi le quantum des peines. En 2001, 20 837 personnes ont été écrouées, et 88 058 en 2011 ; la durée moyenne de détention a augmenté (8,1 mois en 1999 contre 9,8 mois en 2011) ; les peines de plus de vingt ans sont passées de 1 252 en 2000 à 2 291 en 2011, ce qui en dit assez sur le prétendu laxisme des juges.
Pour éviter l'explosion, l'Etat, tout en affichant une fermeté de principe, a discrètement doublé le nombre des aménagements de peine, multipliant par cinq le nombre de bracelets électroniques depuis 2005. Un vaste programme de construction de prisons a par ailleurs été lancé, 57 000 places à ce jour, 80 000 prévues. A un coût faramineux : 95 millions d'euros de loyer en 2010, mais 567 en 2017, a prévenu la Cour des comptes, et sans réussir pour autant à contenir la surpopulation carcérale.
Cette simple gestion des flux n'a en rien réduit la récidive, au contraire. La principale étude française (des démographes Annie Kensey et Abdelmalik Benaouda, du bureau des études et de la prospective de l'administration pénitentiaire, Le Monde du 15 octobre 2011) a prouvé que 63 % des sortants de prison sans aménagement de peine étaient à nouveau condamnés dans les cinq ans, contre 39 % pour les sortants en libération conditionnelle. Les différentes études internationales confirment ces résultats, une étude canadienne de référence (Smith, Goggin et Gendreau en 2002), conclut franchement à " l'inefficacité des stratégies punitives pour réduire la récidive ".
Il est souvent objecté que les détenus qui bénéficient des alternatives à la prison sont justement choisis parmi ceux qui risquent le moins de récidiver. L'argument est solide, et une équipe néerlandaise s'y est attelée en constituant deux échantillons comparables de délinquants condamnés pour la première fois, mais les uns à de courtes peines d'emprisonnement et les autres à des peines d'intérêt général. Le taux de récidive est toujours supérieur lorsque le condamné a été incarcéré (Wermink, Blokland, Niewbeerta, Nagin et Tollenaar en 2010).
Il existe bien entendu un suivi des condamnés en France, confié à 4 000 conseillers d'insertion et de probation débordés, qui gèrent chacun jusqu'à 180 dossiers (contre 25 en Suède). Mais il s'agit surtout de contrôler les obligations des anciens détenus, qu'ils pointent bien au commissariat, qu'ils dédommagent les victimes ou qu'ils ne déménagent pas sans prévenir. Il n'existe pas en France de véritable outil d'évaluation des risques de récidive, et les travaux internationaux ne sont ni connus ni enseignés. Pour sortir de ce " bricolage méthodologique ", insiste le manifeste, il faut parvenir à une véritable peine de probation qui, au Canada, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas ou en Suède a permis de réduire la récidive de 50 % en moyenne.
La probation se définit comme " une série d'activités et d'interventions qui impliquent suivi, conseil et assistance dans le but de réintégrer socialement l'auteur d'infraction dans la société et de contribuer à la sécurité collective ", selon une recommandation du Conseil de l'Europe de 2010. Il ne s'agit pas seulement de contrôler la dangerosité du condamné, mais aussi ses ressources propres, ses besoins et ses carences. Elles sont, statistiquement, criantes : 25 % des entrants en prison sont sans ressources, 25 % sans domicile, avec un niveau de qualification faible, un état de santé dégradé, des problèmes psychiatriques lourds et souvent une histoire familiale heurtée.
Les chercheurs proposent ainsi que soit créée une peine de probation, prononcée par un tribunal, qui en fixerait la durée et l'emprisonnement encouru en cas de non-respect, et qui se substituerait aux actuelles alternatives à la prison. Après une phase d'évaluation, un juge d'application des peines déciderait des conditions d'un suivi " sur mesure ". C'est aussi une idée de bon sens : est-il plus utile d'envoyer un chauffard en prison ou de le condamner à travailler un an dans une association contre la violence routière ? Des programmes ont été expérimentés depuis des années dans le monde anglo-saxon pour mesurer " la désistance ", c'est-à-dire la sortie de la délinquance. En renforçant le " capital humain " (maîtrise des émotions et des capacités de communication) et le " capital social " (intégration dans la société).
Les résistances promettent d'être nombreuses, mais la peine de probation pourrait bien être un tournant dans l'histoire des prisons. Deux magistrates, qui ont longuement travaillé sur la question, Pascale Bruston et Valérie Sagant, sont aujourd'hui conseillères de la garde des sceaux. " On ne les a pas fait venir par hasard ", sourit Christiane Taubira.
Franck Johannès
Six fois moins de conseillers d'insertion que de surveillants
78 262 personnes écrouées au 1er juillet (6,7 % de plus qu'en 2011), c'est-à-dire prises en charge par l'administration pénitentiaire mais pas nécessairement incarcérées.
67 373 détenus, dont un bon quart (17 138) de prévenus, en attente d'un jugement définitif.
57 408 places opérationnelles de prison.
12 609 personnes en aménagement de peine (20,6 %), dont 9 627 sous bracelet électronique, 1 993 en semi-liberté, 989 en placement à l'extérieur.
250 000 personnes étaient prises en charge par l'administration pénitentiaire au 1er janvier (77 000 sous écrou, 173 000 en milieu ouvert).
26 094 surveillants de prison soit un pour 2,6 détenus.
4 080 personnels des services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP) ont la charge de 173 000 personnes (soit un conseiller pour 42,4 personnes).
Publié le 4 Septembre 2012
Il fallait bien s'en douter à un moment : à force d'utiliser toujours plus de flotte et de ne pas la recycler, elle risque de ne plus être disponible. Et le beau mirage du gaz de schiste de s'évaporer comme neige au soleil...
Rien n'est donc simple au pays de la production de l'énergie : au moment où les Etats-Unis pouvaient se targuer de leur indépendance énergétique, voici que des problèmes surgissent. Et si l'on se dirigeait plutôt vers des énergies renouvelables ?
Un article du journal 'Le Monde' daté du 24 Août 2012
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Aux Etats-Unis, l'eau manque pour permettre la fracturation hydraulique
New York Correspondant
La sécheresse qui sévit dans plus de la moitié des Etats-Unis a singulièrement compliqué l'exploitation du pétrole et du gaz de schiste. Les sociétés de forage recherchent désespérément les milliers de mètres cubes d'eau nécessaires à la fracturation de la roche, ce qui les oppose maintenant aux fermiers qui essaient de conserver leurs précieuses ressources hydrauliques.
Au Kansas, les entreprises qui ont vu leur approvisionnement en eau limité par l'Etat ont proposé aux agriculteurs de pomper l'eau de leurs étangs ou d'accéder à leurs puits, monnayant des sommes parfois considérables : jusqu'à 85 000 dollars (68 000 euros) par an d'après Select Energy, l'une des entreprises qui se consacrent à ce genre de prospection.
Mais les fermiers sont inquiets car ils ne voient pas la fin de leurs soucis. " Ils ont peur de rester sans eau ", déclarait à la chaîne CNN Jeff Gordon, directeur d'exploitation de la compagnie pétrolière Texas Coastal Energy, qui fore au Kansas depuis un an. Ils pensent d'abord à leur bétail et à leurs récoltes. "
Ce qui crée des tensions. Au Colorado, les agriculteurs se sont vus devancés par les sociétés de forage lors des ventes aux enchères des ressources hydrauliques, une pratique courante dans beaucoup d'Etats. " Elles ont beaucoup plus d'argent et nous concurrencent sur le marché ", se plaint Bill Midcap, du syndicat agricole des Rocheuses (Rocky Mountain Farmers Union), qui inclut aussi le Wyoming et le Nouveau-Mexique.
Au Texas, qui souffre de la sécheresse depuis un an, certaines municipalités assises sur le gisement de Barnett Shale, comme celle de Grand Prairie, ont interdit l'utilisation de l'eau dans l'exploitation du pétrole de schiste. D'autres villes ont prohibé son transport.
Le boom pétrolier menacé
Car les foreurs ont dû parfois recourir à des solutions extrêmes : acheminer l'eau d'autres Etats par camion (d'aussi loin que la Pennsylvanie), ou creuser leurs propres puits. Dans le cas du pétrole de schiste, c'est une opération encore rentable - le prix du baril dépasse les 90 dollars (72 euros) -, mais ce n'est pas le cas du gaz dont les cours ont chuté de 70 % en quatre ans. Si la sécheresse persiste, elle pourrait menacer le boom pétrolier, en particulier pour les petites entreprises qui ne peuvent faire face à ces coûts supplémentaires.
Il faut donc chercher des solutions. " Ces dernières années, la fracturation hydraulique est devenue un vrai sujet de débat ", affirme Brian Werner, porte-parole du Northern Colorado Water Conservancy District. Le groupe écologiste Environment Texas a demandé à ses juristes d'obliger les foreurs à recycler l'eau de la fracturation, normalement inutilisable car mélangée à du sable et à des produits chimiques.
Dans l'Oklahoma, la fracturation hydraulique n'a pas encore posé de problèmes mais l'Etat prévoit une augmentation de la demande en eau de 33 % d'ici à 2050. " C'est une question très sensible sur laquelle nous commençons à nous pencher ", assure Brian Vance, de l'Oklahoma Water Ressources Board.
Le Grand Ouest américain n'est pas seul concerné. En Pennsylvanie, où se trouve le gisement de Marcellus, l'un des plus vastes des Etats-Unis (il s'étend de New York à la Virginie), la Susquehanna River Basin Commission a suspendu, le 16 juillet, les permis de prélèvement d'eau dans les rivières, ce qui affecte directement plus de soixante sociétés de forage.
" Les prospecteurs vont devoir apprendre à mieux gérer les ressources hydrauliques, affirme David Brown, directeur de programme à l'Agence américaine océanique et atmosphérique, car l'eau va devenir de plus en plus rare au fur et à mesure que le climat se réchauffe. " - (Intérim.)
Publié le 3 Septembre 2012
J'ai reçu une réponse de la Mairie de Moirans concernant ma lettre aux services départementaux.
J'ai apporté la réponse suivante :
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M. Le Maire de Moirans,
Je vous remercie de la réponse détaillée et motivée que vous m'avez fait parvenir en date du 28 Août 2012 concernant les questions légitimes que je posais à propos de notre piscine communale.
Je suis heureux de constater que vous partagez les mêmes préoccupations que moi, concernant la sûreté de cet équipement. Je suis aussi heureux de vous entendre confirmer près de 70% des dires que mes interlocuteurs ont eu à ce sujet.
Néanmoins, vous me demandez de vous permettre de manifester votre étonnement quant à ma démarche de sollicitation des services départementaux. Je vous ne le permets pas. Vous n'avez aucune légitimité à manifester vis à vis de moi quelque étonnement que ce soit. Très clairement, j'ai eu vent de certaines interrogations émanant de citoyens qui ont remis en cause les actions de la Mairie. Dès lors, en plus de poser ces questions à la Mairie, il est évident que je vais m'enquérir d'un avis indépendant que représente celui délivré par les services départementaux. J'écoute votre avis, le prend en compte, mais il est hors de question que je m'en contente, d'où ma saisie des services sus-cités. J'en ai le droit le plus strict et je ne vous permets pas de me donner quelques leçons en la matière.
Car si vous vous permettez de manifester votre étonnement sur la saisine de services que je finance par mes impôts, je peux, moi aussi manifester mon étonnement sur la rémunération de certains de vos collaborateurs, que, là aussi, je participe à financer.
Vous n'êtes pas sans savoir que le salaire de votre responsable de cabinet choque au plus haut point une bonne partie de la population Moirannaise. Beaucoup jugent scandaleux ce salaire se montant à 4000Euros bruts surtout quand on sait que ce Monsieur a passé plus de temps ces derniers mois à battre la région dans le cadre de sa campagne aux législatives, plutôt que de réaliser un travail remarquable pour la commune. Pour reprendre un de vos mots, je juge aussi ces pratiques 'excessives' mais n'en ai touché mot, car tel n'était pas le sujet. Tel ne l'est toujours pas. J'arrêterai donc là le rappel de ces faits. Sachez juste que si voulez manifester votre étonnement en relatant des actions excessives, je saurais vous rappeler ces faits et demanderai les explications idoines.
J'ose espérer que vous saurez respecter mes actions dans le futur : je juge dès lors l'incident clos.
Quoiqu'il en soit, je vous remercie à nouveau pour votre réponse et vous prie d'agréer, Monsieur le Maire, l'expression de mes salutations les plus cordiales.
Philippe NOVIANT
Publié le 31 Août 2012
C'est une alerte qu'il faut prendre très au sérieux. Il y a des fissures sur certaines cuves Françaises et il faut y faire très attention. De plus, à priori, la situation Belge est pire que la nôtre. Ce n'est pas un soulagement. Les méfaits des accidents nucléaires ne connaissent pas de frontière. Ainsi, si des défauts sont détectés sur certaines centrales, il faut que les mesures correctrices puissent être apportées internationalement. Pourquoi ne pas imaginer que Areva puisse aider les belges en la matière ?
C'est une question d'urgence et de responsabilité internationale.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 12 Août 2012
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Des micro-fissures sur les cuves de dix réacteurs français
Les défauts constatés à la centrale belge de Doel alertent l'Europe et les Etats-Unis
A l'initiative de l'Agence fédérale de contrôle nucléaire belge (AFCN), des représentants des autorités de sûreté nucléaire de sept autres pays européens (France, Suisse, Suède, Pays-Bas, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni), ainsi que des Etats-Unis, se sont réunis jeudi 16 août à Bruxelles. Ils doivent examiner la situation de la cuve du réacteur numéro 3 de la centrale de Doel, près d'Anvers, où des milliers de possibles fissures ont été découvertes. Ils devraient se revoir en octobre, quand les résultats d'analyses complémentaires effectuées en Belgique seront disponibles.
Ces pays avaient été invités car certains d'entre eux possèdent des réacteurs - une vingtaine au total - dont la cuve, comme celle de Doel 3, avait été fournie, il y a une trentaine d'années, par le groupe néerlandais Rotterdamsche Droogdok Maatschappij (RDM), aujourd'hui disparu.
A l'issue de cette réunion, le patron de l'AFCN, Willy De Roovere, a dévoilé l'étendue des " potentielles fissures " détectées en juin et juillet sur la cuve de Doel 3 : elles seraient au nombre de 8 000 et d'une taille d'environ 20 mm.
" Malaise "
Ces défauts sont situés dans la masse des cylindres d'acier formant la cuve abritant le coeur du réacteur. Ils sont selon toute vraisemblance présents depuis la fabrication de l'acier brut par le groupe allemand Krupp (aujourd'hui ThyssenKrupp) ou sont apparus au moment du forgeage des cylindres par RDM.
Selon M. De Roovere, ces fissures, détectées par capteurs à ultrasons, sont presque parallèles aux parois des cylindres. Elles présentent donc moins de risques pour la solidité de la cuve que si elles étaient perpendiculaires aux parois. Mais leur grand nombre " crée un sentiment de malaise ", souligne le directeur de l'AFCN.
A l'arrêt jusqu'au 30 septembre, Doel 3 ne sera autorisé à redémarrer que si Electrabel, l'exploitant de la centrale, filiale du groupe français GDF Suez, parvient à convaincre les experts qu'il n'existe aucun risque que ces anomalies se transforment en véritables fissures, par lesquelles de l'eau de refroidissement pourrait s'échapper, mettant à nu le réacteur.
" Ce sera difficile à prouver ", a averti M. De Roovere, qui juge la date du 30 septembre peu réaliste et se dit " sceptique " quant à l'avenir de ce réacteur de 1 000 mégawatts. Il a aussi écarté l'hypothèse d'une réparation ou d'un changement de cuve.
L'autorité de sûreté belge a également révélé que c'était suite à la découverte, en 2004, de fissures sur les cuves de réacteurs français, notamment au Tricastin (Drôme), que la Belgique avait décidé de planifier des contrôles plus poussés de ses centrales.
De fait, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française fait état, dans une note de novembre 2010 - passée inaperçue - de la détection, depuis 1993, de 33 " défauts sous revêtement " (des fissures situées sous le revêtement interne en acier inoxydable) sur les cuves de 10 réacteurs. Plus de la moitié d'entre elles (17) affectent le réacteur 1 de Tricastin, les autres se trouvant sur les réacteurs de Fessenheim 1 et 2, Chinon B-3, Gravelines 6, Blayais 2, Dampierre 3, Saint-Laurent B-1 et B-2. " Les défauts découverts jusqu'à aujourd'hui ne dépassent pas une dizaines de millimètres de hauteur ", indique l'ASN, qui estime qu'ils " ne sont pas comparables à ceux détectés à Doel 3 ". Un contrôle supplémentaire, entre les visites décennales réglementaires, a néanmoins été décidé pour Tricastin 1.
Greenpeace s'étonne de la " différence d'approche " entre les autorités de sûreté française et belge, la première considérant que " ces micro-fissures ne sont pas nocives ", tandis que la seconde envisage, si ses craintes se confirment, de fermer définitivement deux des principaux réacteurs du pays.
Pierre Le Hir et Intérim (à Bruxelles)
Publié le 30 Août 2012
Cet article est très surprenant et très intéressant. Il évoque les besoins dans une certaine plante, le guar, par les producteurs de gaz de schiste.
Cela mènera-t-il au problème d'alimentation du bétail ? Cela pourra-t-il mener à une problématique de mono-culture en Inde ? Seul l'avenir nous le dira.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 24 Août 2012
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Le haricot de guar indien dopé par le gaz de schiste
La plante, dont la gomme sert aux forages pétroliers, vaut de l'or pour les paysans. Mais le filon risque de se tarir
New Delhi Correspondance
Les vaches du Rajasthan ont du souci à se faire. Les compagnies pétrolières texanes se sont mises à consommer une légumineuse qui leur servait de fourrage, en forme de long haricot et poussant dans les régions désertiques ou semi-désertiques d'Inde.
Le guar, qui n'était cultivé au départ que pour nourrir le bétail, puis a été utilisé dans l'industrie agroalimentaire comme agent émulsifiant, est devenu très recherché par les compagnies pétrolières pour exploiter leurs gisements grâce à la technique de la fracturation hydraulique.
La poudre ou la gomme tirée des graines de guar facilite en effet, en épaississant les fluides injectés dans la roche, l'extraction du gaz ou du pétrole, puis leur récupération. Alors que quelques grammes de guar suffisent pour fabriquer une crème glacée, il en faut en moyenne neuf tonnes pour un forage de pétrole ou de gaz de schiste.
En Inde, d'où proviennent 80 % de la récolte mondiale du guar, cette hausse brutale de la demande a entraîné une flambée des cours. " Entre 2010 et 2012, le prix de la tonne est passé de 1 500 à 20 000 dollars - de 1 200 à 16 000 euros - . Et nous avons encore aujourd'hui quatre ou cinq nouveaux clients américains par mois ", indique Shwet Kamal Sharma, le directeur de l'usine Lotus Gums & Chemicals située à Jodhpur.
L'entreprise devrait tripler son chiffre d'affaires cette année. Mais son patron reste prudent. Le marché à terme de la légumineuse a été suspendu en mars, après une multiplication par dix des cours en seulement un an. Et, avec une superficie cultivée qui devrait au moins doubler cette année en Inde, les cours ont déjà diminué de moitié depuis le deuxième trimestre.
" Avec la mauvaise mousson qui s'annonce, les agriculteurs se sont massivement tournés vers la culture du guar ", explique Purushottam Sharma, coauteur d'un article sur la légumineuse publié dans la Revue de recherche sur l'économie agricole. Mais il ajoute : " La production de guar est très volatile d'une année sur l'autre, car elle est souvent cultivée dans des zones non irriguées et sans engrais. La récolte dépend des conditions climatiques. " C'est seulement en octobre et en novembre, après la saison de la mousson, que les agriculteurs sauront si la production était bonne.
Grâce à la demande des compagnies pétrolières texanes, le guar est devenu, dans les régions désertiques d'Inde, une mine d'or. Des paysans, comme les producteurs de coton au Pendjab, se sont convertis à cette culture, alors que le guar était jusque-là réputé comme étant la plante des pauvres, poussant sur des petits lopins de terre aride.
Rien qu'au Rajasthan, qui fournit la moitié de la production indienne de guar, les surfaces cultivées ont augmenté d'un tiers, passant de 3 millions d'hectares en 2011 à 4 millions d'hectares cette année.
Résultat, les semences sont devenues rares. La coopérative publique du Rajasthan a décidé de n'en autoriser la vente qu'aux agriculteurs les plus fragiles, appartenant à la caste des intouchables ou à des tribus répertoriées. Les cultivateurs qui les reçoivent s'engagent à vendre leurs récoltes aux fabricants de gomme de guar. L'un de ces producteurs, Vikas WSP, qui devrait voir son chiffre d'affaires passer de 180 millions d'euros cette année à 900 millions d'euros en 2013, a ainsi distribué près de 3 000 tonnes de semences à environ 200 000 paysans.
Des équipes d'agronomes ont été constituées pour les aider à maximiser leurs rendements. Les fabricants de gomme ont aussi sécurisé leurs approvisionnements de semences en nouant des partenariats avec des universités du pays.
D'autres Etats indiens que le Rajasthan ou l'Haryana, second producteur du pays, expérimentent eux aussi cette culture. Même si les promesses de réussite sont loin d'être certaines. Car la plante doit être cultivée dans une zone tropicale ou semi-tropicale, et sur une terre aride.
Les cultivateurs de guar ne sont peut-être pas devenus aussi riches que des émirs du Qatar, mais la légumineuse a au moins changé leur vie. Au Rajasthan, les concessionnaires de tracteurs ont vu leurs ventes exploser. Les prix des terres dans les régions arides ont rapidement augmenté. Et les mariages, dont la saison débute cet automne, s'annoncent somptueux.
Le miracle du guar pourrait toutefois être de courte durée, au risque de mettre en difficulté toute la filière industrielle. Deux brevets sur des produits synthétiques de substitution ont été déposés en juin aux Etats-Unis, où l'industrie pétrolière préfère dépendre d'un brevet plutôt que des aléas de la mousson. L'entreprise parapétrolifère américaine Baker Hugues, qui a mis au point l'Aquaperm, a déclaré avoir remplacé 5 % de sa consommation de guar par ce produit synthétique. Sa concurrente Halliburton a commencé à utiliser un autre substitut, le Permstim, dans quelques forages pétroliers aux Etats-Unis.
" Les produits synthétiques sont encore loin d'avoir les mêmes propriétés que le guar ", assure toutefois Purushottam Sharma. Les vaches du Rajasthan vont devoir encore attendre pour brouter à nouveau leurs haricots préférés.
Julien Bouissou
En France, l'hydrocarbure non conventionnel en débat
Les huiles et gaz de schiste seront au coeur de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, n'excluent pas d'autoriser l'exploitation de ces hydrocarbures non conventionnels - présents dans le sud-est et l'Ile-de-France - si une technique moins polluante que la fracturation hydraulique était découverte. M. Ayrault a indiqué, le 22 août sur RMC et BFMTV, " que le débat n'était pas tranché ". Interrogée lors des Journées d'été d'Europe Ecologie-Les Verts, Delphine Batho, ministre de l'écologie, a répondu qu'elle se prononçait en fonction de ce qui existe : " Actuellement, la fracturation hydraulique est la seule solution technique qui existe et elle pose problème (...). Je pense que la transition énergétique, ce n'est pas d'aller vers de nouveaux hydrocarbures. "
En France, la fracturation hydraulique est interdite depuis la loi du 13 juillet 2011.
Publié le 29 Août 2012
...Et on continue avec cet épisode de la Métro ! Le moins que l'on puisse dire c'est que ça fait parler ! Je ne sais pas si vous avez vu, mais y'a un commentaire qui vaut franchement son pesant de cacahuètes !
C'est sur ce lien :
http://www.philippenoviant.com/article-quand-la-metro-de-grenoble-se-fout-de-la-gueule-de-ses-citoyens-109339175-comments.html#anchorComment
La partie la plus fun est celle-ci, c'est signé de Colette, et tenez-vous bien à votre siège, ça décoiffe :
"[...] et contrairement à ce que vous dites, les colloques ne sont pas organisés "à la base pour les citoyens", bien au contraire [...] "
Par là, cette gentille personne vient de montrer et de démontrer que j'ai entièrement raison de m'insurger ! On a donc la Metro, organisme public financé par l'argent du contribuable, qui organise des colloques, mais pas pour les citoyens ! Et elle ajoute : "bien au contraire" ! L'air de dire, que si y'avait moins de citoyens, on s'en porterait pas plus mal !
Bon, n'oubliez pas de payer car faut bien que nos élus s'amusent quand même !
Publié le 28 Août 2012
Quand la métro de Grenoble se fout de la gueule de ses citoyens ! Part 3
J'ai reçu un mail de la métro et ai répondu dans le texte...
PN : C'est moi.
AB : C'est la métro.
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PN :
Bonjour,
Mes réponses dans le texte.
AB@lametrodegrenoble.fr a écrit:
Bonjour,
En effet, je n'ai pas souhaité entrer dans une polémique qui ne me semblait pas utile cependant je n'ai pas forcément apprécié d'être fustigée nommément dans mon cadre professionel.
PN :
Vous n'avez pas été fustigée. A aucun moment. Par souci d'information, j'avais maintenu vos coordonnées pour montrer que rien n'était monté dans mon information.
Celui qui a été fustigée a été la Metro et personne d'autre.
AB@lametrodegrenoble.fr a écrit:
Nous sommes dans un pays démocratique vous avez le droit de vous exprimer néanmoins vous n'aviez pas à divulguer mes coordonnées mêmes professionnelles alors que je travaille pour une institution, celle que vous sembliez vouloir attaquer, soit une personne morale et non physique.
PN :
Vos coordonnées auraient du être publiques car l'invitation aurait du être publique. Le fait que vous vous insurgez est la meilleure des preuves que la métro n'agit pas de manière démocratique mais au profit de certains, j'y reviendrai.
AB@lametrodegrenoble.fr a écrit:
Quand à l'objet de votre grief, sachez qu'un colloque peut-être réservé à un public restreint, il ne s'agit pas d'un outil démocratique, il ne s'agit pas d'une démarche participative mais bien d'un évènement scientifique et rien de plus.
PN :
Non, non, non et non ! La métro agit grâce à l'argent public ! Vous êtes payée par l'argent public provenant des impôts des citoyens !
Vous ne produisez rien, vous ne vendez rien. Sans impôt et sans subvention, vous n'existeriez pas.
Je ne dis pas que vous ne servez à rien, ne déformez pas mes propos, mais comme vous agissez grâce aux impôts de vos concitoyens, vous avez des devoirs. Votre devoir est d'organiser des colloques dans un but démocratique quand vous utilisez l'argent de la collectivité. Car, jusqu'à preuve du contraire, l'argent que vous utilisez pour organiser ce colloque est l'argent de la collectivité car c'est un colloque gratuit... Ce n'est pas parce qu'il est gratuit qu'il n'a pas un coût. Celui-ci est payé par la collectivité. Ainsi, vous êtes dans l'OBLIGATION de maintenir un critère démocratique quand vous dépensez l'argent public. Suis-je clair ?
AB@lametrodegrenoble.fr a écrit:
Que vous le considériez utile ou non, cela ne change rien à son essence.
PN :
Je le considère inutile mais suis prêt à changer d'avis au vu du compte-rendu qui me sera fourni. Car j'ose espérer qu'il y aura un compte-rendu : ça serait la moindre des choses, vu que c'est quand même, je le rappelle, une partie de mon pognon qui finance cet évènement.
AB@lametrodegrenoble.fr a écrit:
Je ne prendrai pas plus de temps pour ces échanges de mails car j'ai du travail mais je vous remercie d'avoir effectué les modifications, j'aurais juste préféré qu'elles n'eussent pas été nécessaires..
PN :
Oui, vous avez du travail et ce sont une partie de mes impôts qui le paie. Il va sans dire que si vous aviez ajouté à la polémique d'un point de vue personnel, j'aurais laissé vos coordonnées afin que les manières du personnel de la métro soit apprécié comme il se doit.
Personnellement, je regrette d'avoir enlevé vos coordonnées car votre mode d'intervention n'est absolument pas critiquable et relève d'un professionnalisme certain.
Néanmoins, si vous me le permettez, vous êtes encore très loin de connaître les objectifs démocratiques de votre mission, tant vous oubliez qui finance vos actions et qui vous paie.
AB@lametrodegrenoble.fr a écrit:
Votre ami m'a confirmé sa volonté de demeurer inscrit à cet évènement et j'en suis ravie.
PN :
J'en suis ravi aussi. Personnellement, je ne participerai pas car je n'ai pas de temps à perdre dans ce genre d'évènement que je considère être une perte de temps et une gabegie. Comme dit précédemment, j'attends cependant le compte-rendu de cet évènement pour infirmer ou confirmer mes propos. Vous aurez de nouveau de mes nouvelles à ce moment là.
AB@lametrodegrenoble.fr a écrit:
Bien cordialement,
PN :
Très cordialement,
Philippe NOVIAN
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Mes commentaires :
1. "Celui qui a été fustigée a été la Metro et personne d'autre.". Corriger en "Celle qui a été fustigée".
2. Je ne vois pas le mal à divulguer des données professionnelles à partir du moment où l'institution, par son caractère public offre un service au citoyen. Ces données professionnelles ont un caractère public de facto car les personnes qui travaillent pour cet organisme sont au service du public, par définition...
3. "ce sont une partie de mes impôts qui le paie". Corriger en "C'est une partie".
4. "manières du personnel de la métro soit apprécié comme il se doit." Corriger en "soient appréciées".
5. "Philippe NOVIAN". Corriger en "Philippe NOVIANT".
Publié le 27 Août 2012
Comme vous vous en doutez sûrement, mon article a reçu une réponse. Elle vient de la métro, et, il faut bien le dire, la réponse reste particulièrement courtoise et polie au vu de mon article.
Suite à ce mail, très sage, j'ai décidé de masquer le nom de l'interlocuteur de la métro.
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Bonjour Friend,
Il semblerait que Monsieur Noviant n'ait pas eu la fin de nos échanges par mail hier. Je vous prierai de bien vouloir les lui transmettre afin que son article soit le plus complet possible.
De plus, je suis surprise de voir que mon adresse email est bien en évidence sur l'article quand la vôtre fait défaut.
Enfin je vous rapelle que l'entrée à cet évènement est sur inscription, considérant l'article de votre ami, dois-je vous désinscrire de cet évènement au profit de quelqu'un plus intéressé ?
Cordialement,
AB@lametrodegrenoble.fr
Apprentie Service Etude et Développement
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Direction de la Mobilité et des Transports
Le Forum - 3, rue Malakoff - 38031 Grenoble Cedex 01
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Effectivement, l'interlocuteur de la métro avait ajouté une partie sur le fait que seuls les élus et techniciens avaient été invités dans un premier temps :
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De: AB@lametrodegrenoble.fr
Objet: Re : Invitation Journée d'études du 28 septembre 2012
À: Friend
Date: Mercredi 22 août 2012, 17h07
Je me permets de vous éclairer sur le sens de notre démarche puisque vous n'avez pas toutes les données, cette journée était dans un premier temps réservée à un public restreint de techniciens, d'élus et d'étudiants en urbanisme afin de les sensibiliser à ce mode de déplacements qui fait déjà l'unanimité dans le milieu associatif. Il s'agit de voir ce qu'il se fait ailleurs dans ce domaine afin de dégager quelques actions à mettre en oeuvre sur notre territoire dans le prochain document de planification qui sera adopté par les élus et soumis à enquête publique. Il s'agit non pas de confisquer la démarche mais plutôt justement de rappeler à nos élus les réalités du terrain dont ils sont parfois éloignés. Cet évènement vient tout juste d'être ouvert au grand public puisque les moyens mis en oeuvre pour le réaliser sont devenus plus conséquents et nous sommes ravis de l'engouement qu'il suscite tant auprès des élus que des citoyens.
Très cordialement,
AB@lametrodegrenoble.fr
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Pour ma part, je ne change pas d'avis à ce sujet : dans une démocratie, la voix du citoyen est supérieure à la voix de l'élu. L'élu doit porter la voix du citoyen, non l'inverse.
C'est ce que je dis dans le mail que j'envoie à mon ami :
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Salut Friend,
Voici le mail que j'ai envoyé à Madame AB.
J'ai reçu son dernier message car elle a eu la gentillesse de me mettre en copie.
Sur le fond du problème, je maintiens mes positions quant au fait que les principes démocratiques sont quelque peu dévoyés par la métro. Le principe démocratique de base est d'organiser des colloques pour la population et les citoyens. Comme on ne peut pas organiser un évènement pour 400 000 personnes, la priorité doit être donnée aux représentants des associations de citoyens. Les élus et techniciens doivent passer après. Ce qui est choquant dans l'invitation, tant sur la forme que sur le fond, c'est qu'il y ait un nombre de places limitées et que la limitation ait déjà été atteinte quand les premiers représentants des associations sont contactés.
Si le colloque avait été bien organisé, on aurait récupéré les inscriptions et on aurait choisi les personnes les plus à même de défendre le sujet du colloque, c'est à dire élus et/ou représentants d'association les plus en rapport avec le sujet et le thème de l'évènement. Le principe du 'premier arrivé, premier servi' alors que les mails n'ont pas tous été envoyés au même moment est particulièrement choquant au regard de tes actions locales.
Quant au mail de Madame AB que tu as reçu, il te demande simplement si mon article remet en question ta participation. A priori non, et j'invite donc Madame AB à te laisser sur la liste des inscrits sauf avis contraire exprès de ta part.
Je profite de ce mail pour remercier Madame AB de ne pas avoir, vis à vis de ma personne en tout cas, mis de l'huile sur le feu concernant ma démarche. Elle n'est pas entrée dans la polémique et c'est tout à son honneur. Cependant, je persiste à penser que ce colloque a été mal organisé, en particulier concernant l'épisode de la balade matinale. Je persiste aussi à penser qu'il est complètement inutile et ridicule. Cependant, car seuls les cons ne changent pas d'avis, je serais ravi de recevoir le compte rendu de cet évènement afin que je puisse faire amende honorable, ou, au contraire, signifier l'inutilité de l'organisation d'un tel évènement.
Bien à toi.
Philippe NOVIANT
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Publié le 24 Août 2012
Par hasard, je suis retombé sur cet article de 2011. C'était l'année dernière et ça montre bien les façons de faire de l'UMP quand elle était au pouvoir.
Aujourd'hui elle donne de belles leçons, mais il faut savoir, de temps en temps, regarder le passé...
Un article du journal 'Le Monde' daté du 6 Juillet 2011
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M. Fillon préserve les ministres de la Cour des comptes
Les amendements les rendant justiciables en cas d'infraction financière ont été supprimés
Cette fois, le ministre de la justice, Michel Mercier, avait reçu des instructions claires. Les services du premier ministre étaient mobilisés pour s'assurer que ne se reproduirait pas en séance la bévue - du point de vue gouvernemental - advenue mercredi 29 juin, en commission. Le président (UMP) de la commission des lois, Jean-Luc Warsmann, avait habilement réussi à faire passer une vingtaine d'amendements additionnels au projet de loi sur la répartition du contentieux.
Parmi ces dispositions, une, notamment, rencontre l'inflexible opposition du chef du gouvernement, François Fillon, et de son directeur du cabinet, Jean-Paul Faugère : celle consistant à rendre les membres du gouvernement et les responsables d'exécutifs locaux justiciables devant la Cour des comptes en cas d'infraction financière (Le Monde du 1er juillet).
Mission accomplie
Aussi, lundi 4 juillet, à l'ouverture de la séance, les conseillers ministériels et ceux du groupe UMP avaient été dûment chapitrés afin de veiller au grain. M. Mercier a commencé par faire son mea culpa. " J'ai fait une faute, cela ne me gêne pas de le reconnaître. (...) C'est ma faute, c'est clair, je n'accuse personne d'autre. " On imagine sans peine comment il a dû être accueilli après les modifications acceptées en commission, auxquelles il ne s'était pas opposé.
Le gouvernement présentait donc en séance autant d'amendements de suppression que d'articles additionnels dont il souhaitait la disparition. M. Warsmann les a cependant défendus. Il a rappelé que le gouvernement lui-même, dans l'exposé des motifs du projet de loi portant réforme des juridictions financières déposé en... octobre 2009 et enterré depuis, plaidait, au nom de l'" efficacité " et de la " probité ", pour une réforme " urgente " de la responsabilité juridictionnelle des gestionnaires. " Nous ne pouvons pas dire à nos concitoyens qu'en cas de faute commise par un gestionnaire public il n'y a pas de sanction ", a-t-il conclu, appelant chacun à " voter en conscience ".
Lorsque viennent en discussion les amendements de suppression du gouvernement, l'effervescence au pied de l'Hémicycle monte d'un cran. Les retardataires, rappelés à l'ordre, regagnent les bancs de l'UMP. René Dosière (app. PS, Aisne) et Charles de Courson (Nouveau Centre, Marne) tentent de venir au secours des articles de la commission. M. Warsmann plaide une nouvelle fois - sans illusions - pour remédier à ce qu'il appelle " un manque dans le droit ". Mais les consignes sont appliquées par la majorité. Les amendements de suppression déposés par le gouvernement sont adoptés. Les conseillers, soulagés, avertissent Matignon que la mission a été accomplie.
En revanche, les amendements acceptés en commission prévoyant une diminution du nombre de chambres régionales des comptes (CRC) ont, eux, été confirmés. Au grand dam des magistrats des CRC, qui dénoncent " un coup sévère porté au contrôle des finances publiques locales ".
Patrick Roger
Publié le 23 Août 2012
La commmunauté d'agglomération de Grenoble (la métro) organise un super évènement, tenez vous bien à votre siège, intitulé :
La marche, c'est le pied, dont les renseignements se trouvent sur ce lien :
http://www.eco-quartiers.fr/#!/fr/focus/agenda/2012/09/la-marche-c-est-le-pied-journee-d-etude-du-pdu-de-grenoble-159/
Donc, va y avoir, ce jour là, de grands intervenants qui vont dire combien il est bénéfique de marcher... C'est vrai que les citoyens Grenoblois sont un peu débiles, et qu'il faut forcément qu'on organise un colloque pour leur rappeler qu'ils ont deux jambes et qu'ils peuvent s'en servir au lieu de prendre leur bagnole et de polluer leur belle ville. D'autant plus débiles aussi, que l'essence n'a jamais été aussi chère, et qu'ils n'auraient jamais eu l'idée de laisser leur bagnole au garage si un tel colloque n'avait pas été organisée par la gentille métro : et bien voyons...
Bref...
J'ai donc un ami qui a voulu s'inscrire à ce colloque pour signifier aux organisateurs qu'il serait peut être un peu temps d'arrêter de dépenser de l'argent dans des organisations qui ne servent à rien et que l'argent, ça ne se fout pas par les fenêtres.
Voici le mail original d'invitation que mon ami à reçu :
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De: AB@lametrodegrenoble.fr
Objet: Invitation Journée d'études du 28 septembre 2012
À:
Date: Lundi 20 août 2012, 14h27
Bonjour,
le Syndicat Mixte des Transports en Commun et l'Institut d'Urbanisme de Grenoble organisent le 28 septembre 2012 de 9h à 17h30 une journée d'études consacrée à la marche intitulée : la marche c'est le pied ! au CRDP de Grenoble.
Vous trouverez en pièce jointe le programme de cette journée ainsi que la liste des intervenants et le sujet de leurs travaux.
Entrée libre sur inscription à l'adresse suivante : AB@lametrodegrenoble.fr .
(Il n'y a d'ores et déjà plus de places pour la balade du matin),
Cordialement,
AB
Apprentie Service Etude et Développement
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Déjà, première surprise : plus de places pour la balade du matin ! Ah ben tiens ! On lance une invitation mais on indique d'ores et déjà que l'on ne peut s'inscrire ! Un peu cavalier la méthode !
Dorénavant, quand je vais inviter mes amis à bouffer à la maison, je vais envoyer un mail en leur disant :
"Salut, j'organise une soirée demain soir, mais y'a plus de place, allez, à plus !"
Mon ami s'étonne, à juste titre...
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-----Friend a écrit : -----
A : AB@lametrodegrenoble.fr
De : Friend
Date : 22/08/2012 16:29
Objet : Re : Invitation Journée d'études du 28 septembre 2012
Bonjour,
Je vous confirme mon inscription pour la journée d'études du 28 septembre 2012.
Je souhaiterais participer à la balade urbaine et au déjeuner.
Svp préciser conditions et lieu pour le déjeuner;
je vous manifeste ma surprise pour votre information:
(Il n'y a d'ores et déjà plus de places pour la balade du matin),
pourriez-vous m'expliquer cette situation dès le jour d'inscription ?
Je vous prie de recevoir mes plus cordiales salutations.
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La réponse vaut son pesant de cacahuètes :
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De: AB@lametrodegrenoble.fr
Objet: Re : Invitation Journée d'études du 28 septembre 2012
À: Friend
Date: Mercredi 22 août 2012, 16h35
Bonjour,
en effet il n'y avait qu'une trentaine de places disponibles pour cette balade dont l'invitation a été transmise en premier lieu aux techniciens et élus du domaine des transports. Je ne peux donc vous inscrire à la balade, je le regrette sincèrement.
Cependant je vous inscris aux conférences et au déjeuner qui se tiendra dans le Hall du CRDP et qui sera offert par le SMTC.
Cordialement,
AB@lametrodegrenoble.fr
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Un colloque doit être organisé pour les citoyens (principe démocratique de base), ou, à la limite pour les représentants d'associations citoyennes (représentant d'un groupe de citoyens).
Là, on l'a remarqué, une partie des activités du colloque est réservée aux techniciens et aux élus du domaine des transports !
Ce sont les techniciens et les élus qui doivent marcher le plus pour désenclaver Grenoble de la pollution et de la nuisance des automobiles ? Très sincèrement, je ne crois pas... Les élus étant à la tête de la métro, on organise donc un bon colloque où on va pouvoir blablater pendant des heures, en réservant certaines activités aux élus et techniciens, tout cela avec le fric du citoyen !
Merci la métro de prendre le citoyen pour un guignol et un porte-monnaie sur pattes en organisant un colloque dont l'utilité reste largement à être démontrée ! Un grand merci aussi aux élus et aux techniciens sus-cités !
Publié le 22 Août 2012
Ayant eu une discussion récente avec quelques citoyens Moirannais, j'ai écrit aujourd'hui à la DDASS de l'Isère pour obtenir des renseignements sur l'équipement collectif qu'est la piscine de Moirans.
J'attends donc les résultats idoines.
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Bonjour,
Je me permets de vous écrire pour attirer votre attention sur la piscine de Moirans située dans l'Isère (38430).
Je me suis entretenu avec certaines personnes qui travaillent quotidiennement avec cet équipement et elles m'ont fait part d'un certain nombre de problèmes :
- C'est un équipement qui dispose d'un dôme coulissant. Actuellement, seul une partie du dôme coulisse, l'autre partie du dôme est bloqué et nécessiterait la somme de 10 000Euros pour être remplacée. D'après mes interlocuteurs, le problème serait pire que simplement réparer ce dôme. En effet, l'immobilisation du dôme serait du au fait que les tuiles composant ce dôme sont remplies d'eau ce qui exercerait une charge telle que les pannes seraient régulières. De plus, il y aurait un risque que ces tuiles se détachent de leur structure et puissent tomber sur les usagers de la piscine. Dans ce cas, avec une masse unitaire de près de 70kg, l'issue pourrait être fatale.
- La concentration en chlore gazeux dépasserait très régulièrement les normes en vigueur, mettant en danger le personnel de cet équipement collectif.
- La vétusté générale de l'équipement engendrerait des problèmes d'hygiène et de sécurité sanitaire (pédiluves ne fonctionnant pas, etc.).
Pourriez-vous effectuer une inspection rapide de cet équipement et me tenir au courant des résultat de cette inspection ?
D'avance, je vous en remercie.
Très cordialement,
Philippe NOVIANT
Publié le 20 Août 2012
Sur BFMTV, l'interview de M. Hortefeux :
Brice Hortefeux : J'observe d'ailleurs, simultanément, c'est très curieux que personne ne le note qu'il n'y a pas eu, pendant, tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy, d'émeutes urbaines, pendant les cinq ans, nous avons vu...
Le journaliste : Nan, il n'y a pas eu d'émeutes, il y en a eu à la fin du dernier quinquennat de 2007...
Brice Hortefeux : Mais attendez, mais vous savez pourquoi ça c'est réglé ? Vous savez pourquoi, c'est aussi une différence... J'ai bien observé ce qui s'est passé à Amiens, pardon, avec l'oeil d'un ancien ministre de l'intérieur, mais j'ai été très surpris, il y a une centaine d'individus, ce qui est considérable, et le premier jour il n'y a aucune interpellation ?
Moi je vous le dis, j'ai été ministre de l'intérieur, j'ai donné des consignes très strictes, très précises, qui ont d'ailleurs toujours été respectées, il faut interpeler très vite !
Comme d'habitude, on ne peut que se réjouir que d'avoir vu partir de tels menteurs avec de telles méthodes de communication. On essaie de sortir un gros mensonge éhonté et quand on voit que le journaliste a des sources discordantes, on change son fusil d'épaule et on essaie de s'en tirer.
Honteux et nauséabond.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 18 Août 2012
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La mémoire sélective de Brice Hortefeux sur les émeutes urbaines
Le Monde.fr | 18.08.2012 à 08h35 • Mis à jour le 18.08.2012 à 10h36
"J'observe – et c'est curieux que personne ne le note – qu'il n'y a pas eu pendant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy d'émeutes urbaines." Invité sur BFM-TV, vendredi 17 août au matin, Brice Hortefeux, président de l'Association des amis de Nicolas Sarkozy, monte au créneau pour défendre la politique de l'ancien chef de l'Etat en matière de sécurité. "Quand j'étais ministre de l'intérieur, je donnais des consignes très strictes : il faut interpeller très vite", assène M. Hortefeux, en faisant référence aux événements d'Amiens.
Tout à sa démonstration, M. Hortefeux a sans doute parlé un peu vite. Il a oublié les émeutes urbaines de Villiers-le-Bel (Val-d'Oise) en novembre 2007, qui ont duré deux nuits pendant lesquelles des armes à feu ont été utilisées contre la police. Celles de Firminy (Loire), qui s'est enflammée pendant trois nuits en juillet 2009, après la mort d'un homme dans un commissariat de Chambon-Feugerolles.
Celles du quartier de la Villeneuve, à Grenoble, en juillet 2010, où, après plusieurs nuits d'affrontements avec la police, M. Sarkozy viendra en personne limoger le préfet et prononcer son désormais célèbre discours de Grenoble, qui marque un virage sécuritaire dans le quinquennat. Il semble oublier également les incidents de Woippy (Moselle) en novembre 2010 ou ceux de Grigny (Essonne) en 2011.
Un oubli d'autant plus étonnant que M. Hortefeux, ministre de l'intérieur de juin 2009 à février 2011, a eu à gérer plusieurs de ces incidents directement. Sa soudaine perte de mémoire n'a pas échappé aux internautes les plus taquins. Sur Twitter, le "hashtag" #toiaussifaistonhortefeux a vu se déchaîner des blogueurs de gauche et des militants socialistes, parodiant la formule de l'ancien ministre : "Sous Sarkozy, il n'y avait pas de SDF", "Sous Sarkozy, Liliane Bettencourt payait ses impôts" ou encore "Sous Sarkozy, Bachar Al-Assad était fréquentable."
Nabil Wakim
Publié le 17 Août 2012
Comme je le dis dans le titre de cet article, il n'est pas normal que les semenciers s'engraissent sur le dos des agriculteurs. Sous principe de frais de recherche et de brevets, les grands semenciers s'installent dans un état de rente qui est intolérable vis à vis de nos agriculteurs.
Car, non seulement, les nouvelles semences durent moins longtemps que les autres, mais elles engendrent des effets délétères sur la biodiversité des espèces agricoles.
Si, en plus, les industriels utilisent leur puissance financière pour engager des procès contre les agriculteurs, c'est la mort de l'agriculture basée sur une base familiale et sereine qui est en jeu. Voulons-nous une agriculture 100% industrielle dans le futur ? On sait ce que le libéral a apporté au monde par les banques : si nous laissons le libéral montrer ce qu'il sait faire dans le monde de l'agriculture, nous courrons à notre perte par une uniformisation néfaste de la production.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 3 Août 2012
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Les paysans, otages des semenciers industriels
Les géants du secteur veulent imposer aux agriculteurs français les variétés qu'ils commercialisent
En ces premiers jours d'août, les moissonneuses-batteuses commencent juste à grignoter les rangs des champs de blé de Christian Boisleux, à Wancourt, dans le Pas-de-Calais. La récolte s'annonce bonne. Et comme les prix du blé frôlent les sommets - même si lui les considère comme " normaux, si on les compare à la hausse du prix du pain depuis vingt ans " -, tous les voyants sont au vert. Il va moissonner cette année 70 hectares de blé. Mais il ne vendra pas tout. Il gardera une partie de la récolte pour ses semis de septembre.
L'exploitant pratique ce que l'on appelle la semence de ferme. " Je n'achète que l'équivalent de 5 à 6 hectares de semences de blé chaque année. Le reste, ce sont mes propres semences, explique-t-il. Cela me coûte moins cher et elles sont de meilleure qualité. "
Christian Boisleux n'est pas un cas isolé. Loin d'être le fait de quelques agriculteurs dissidents, la semence de ferme est une pratique très largement répandue en France. Mais son usage est aujourd'hui menacé par les appétits des semenciers industriels.
Selon les chiffres publiés en juin par le Syndicat des trieurs à façon (Staff), les semences de ferme représentent 42 % des semences agricoles plantées en France. Le blé tendre est l'espèce la plus représentée. Mais la démarche concerne bien d'autres variétés.
" Je pratique la semence de ferme pour le blé, mais aussi le colza ou les fèveroles ", témoigne Jean Tasiaux, chef de culture de la ferme de la Woestyne, propriété de la famille Bonduelle à Renescure, dans le Nord, qui s'étend sur 400 hectares dont 200 de blé. " Je ne suis pas satisfait des variétés vendues par les semenciers. Elles sont très peu stables, explique-t-il. Il y a une vingtaine d'années, une variété durait quatre, cinq, voire six ans. Aujourd'hui, après deux saisons, elle doit être remplacée. "
Le sujet est très sensible en France. Il touche au coeur de l'activité agricole. Preuve en a été donnée lorsque Bruno Le Maire, alors ministre de l'agriculture, a fait passer, le 28 novembre 2011, une loi qui prévoit d'instaurer une redevance sur les semences de ferme. Il s'agit de verser des royalties aux semenciers, qui disposent du droit de propriété intellectuelle sur les variétés par le biais de " certificats d'obtention végétale ".
Un tel mécanisme existe déjà pour le blé tendre : tout agriculteur qui livre sa récolte à un organisme collecteur doit verser une contribution de 5 centimes par quintal de blé livré. Mais le texte visait à étendre ce principe à 21 semences (avoine, orge, colza, pois...).
Le projet, très controversé, a été jugé par ses opposants comme une tentative de passage en force des semenciers avant les élections présidentielles. Deux syndicats d'agriculteurs, la Confédération paysanne et la Coordination rurale, en ont demandé l'abrogation.
A l'inverse de la FNSEA, dont le président, Xavier Beulin, est monté au créneau pour le défendre, estimant " normal que les agriculteurs partici pent au financement de la création variétale, puisqu'ils en bénéficient ". Devant la fronde, les décrets d'application n'ont pas été publiés, rendant pour l'instant le texte inopérant. Pour les prochains semis, les agriculteurs pourront continuer à utiliser leurs propres graines. Mais le dossier pourrait être rouvert en 2013.
Les opposants au texte, transposition d'un règlement européen, ne sont pas tous contre l'idée de payer une redevance. Ce qui les inquiète le plus, c'est de voir la liberté de semer se restreindre au profit des semenciers, au fur et à mesure de l'apparition de nouveaux textes réglementaires.
Car si la loi autorise la pratique des semences de ferme, moyennant le versement de royalties, pour les 21 espèces visées, il l'exclut de fait pour les autres espèces, dont le maïs, le soja, mais aussi toutes les semences hybrides. " L'étau se resserre d'année en année sur les semences de ferme ", estime Sylvain Ducroquet, président du Syndicat des trieurs de semences.
Certains agriculteurs se disent prêts à opter pour des semences industrielles si elles sont le gage de rendements améliorés. Or, pour accroître les rendements, les semenciers ont axé leurs recherches sur les variétés hybrides, dont les résultats baissent si les on les sème plusieurs années de suite. Ce qui oblige en réalité à en racheter tous les ans.
Sur des espèces comme le maïs, devenu en quelques années à 100 % hybride, les semences de ferme ont quasiment disparu. " C'est une course contre la montre, les hybrides se développent pour le colza et les travaux se multiplient sur les hybrides de blé ", dit M. Ducroquet.
L'étau pourrait encore se resserrer sur la liberté de semer les graines de son choix, à l'issue d'une partie de bras de fer qui se joue actuellement à Bruxelles. Son issue pourrait redessiner l'avenir des pratiques semencières en Europe. " Nous nous attendons, d'ici à la fin de l'année, à une proposition législative qui refondera l'ensemble complexe de la mise sur le marché des variétés et des semences pour les vingt prochaines années ", indique François Desprez, président de l'Union française des semenciers (UFS). " L'objectif est de renforcer les titres de propriété de l'industrie au détriment du droit des paysans ", dénonce le Réseau semences paysannes.
L'industrie semencière ne présente pourtant pas un front uni. Avec le développement des biotechnologies et des OGM, les géants mondiaux de la chimie - Monsanto, Syngenta ou DuPont, devenus leaders du marché de la semence - ont changé la donne. Dans les industries qu'ils représentent, le brevet est la règle. Et ils souhaitent l'étendre au monde végétal.
Les semenciers européens défendent, eux, le certificat d'obtention végétale. Plus souple que le brevet, il permet aux semenciers d'employer dans leur sélection une variété protégée pour en créer une nouvelle. L'UFS veut que ce droit s'applique aussi en Europe à la sélection de variétés incluant des inventions biotechnologiques brevetées.
" Le développement des OGM crée un basculement de la valeur de la semence, avec une valorisation très forte du trait OGM au détriment de la recherche variétale ", commente M. Desprez. Et de citer le cas de la semence de betterave, dont le prix a quasi doublé aux Etats-Unis avec l'arrivée des déclinaisons OGM, passant de 150 à 270 dollars (de 122 à 220 euros). Sur les 120 dollars de redevance liée à la technologie, plus de la moitié revient à Monsanto, qui détient le brevet sur le gène. Les semences deviennent alors un maillon d'une chaîne de production agricole industrielle. Ce qui explique l'importance des enjeux, et l'âpreté de la bataille des semences.
Laurence Girard
La justice européenne contre les semences " libres "
Les tenants du droit des paysans à multiplier et à échanger librement leurs semences ont été désavoués par une décision du 12 juillet de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Celle-ci a donné raison à l'industrie semencière dans un procès qui l'opposait à Kokopelli, une association distribuant des semences potagères anciennes ou rares pour faire vivre la biodiversité agricole. Kokopelli avait été attaquée par la société Graines Baumaux pour concurrence déloyale en 2005. Contre l'avis de l'avocate générale, la CJUE a considéré que l'Europe a raison d'imposer l'obligation de ne commercialiser que des semences de légumes recensées dans des catalogues officiels. La Cour estime que l'objectif premier des lois européennes en vigueur " consiste à améliorer la productivité des cultures de légumes ".