Quand les Français ne savent pas ce que sont les énergies renouvelables
Publié le 11 Avril 2013
Il est vraiment intéressant cet article car il est très instrutif. Instructif sur le fait que les Français ne savent ni ne connaissent les définitions et les enjeux relatifs aux énergies renouvelables.
Un article du journal 'Le Monde' daté du 17 Janvier 2013
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Les énergies renouvelables, populaires mais méconnues
Une enquête Ipsos révèle que les Français croient à l'essor des ressources durables
Les Français sont favorables aux énergies renouvelables... mais ils ignorent largement de quoi il s'agit. Tel est le constat paradoxal d'une enquête réalisée par Ipsos pour le Syndicat des énergies renouvelables, dont Le Monde publie les résultats en exclusivité à l'occasion de la parution, jeudi 17 janvier, de son hors-série annuel, Le Bilan du monde, qui fait une large place à cet enjeu de la transition énergétique.
Au moment où le gouvernement amorce la relance des filières solaire et éolienne, largement en panne, cette enquête souligne que neuf Français sur dix ont une bonne image des énergies renouvelables et sont favorables à leur déploiement. Pour 63 % d'entre eux, on utilisera même davantage les sources renouvelables que les énergies traditionnelles dans cinquante ans. Une prédiction à rebours des scénarios de l'Agence internationale de l'énergie, selon laquelle les énergies fossiles domineront encore longtemps la carte mondiale.
L'obstacle du coût
C'est l'image " propre " et " non polluante " des énergies renouvelables qui justifie le pronostic des Français, bien plus qu'une analyse économique : la moitié seulement des sondés considèrent que ces sources renouvelables produisent de l'énergie bon marché, et 46 % estiment qu'elles sont compétitives. Leur coût est d'ailleurs perçu, pour 68 % des Français, comme le principal obstacle à leur développement, bien avant les nuisances esthétiques (26 %) ou environnementales (19 %).
Les réserves liées à ces nuisances n'ont pas disparu pour autant. 68 % des sondés accepteraient l'installation d'éoliennes dans leur commune, mais 45 % d'entre eux seulement seraient prêts à ce que ces mâts soient implantés dans leur champ de vision. Le rejet est moins fort pour les panneaux solaires, acceptés devant chez eux par 82 % des Français.
Iront-ils jusqu'à en installer eux-mêmes ? Plus d'un tiers des Français envisage de s'équiper d'une source d'énergie renouvelable d'ici à cinq ans - en priorité des panneaux solaires. Projet fragile : un tiers des sondés a déjà envisagé de franchir le pas avant d'y renoncer, essentiellement en raison du coût de l'opération.
Plus surprenant, l'enquête révèle une profonde méconnaissance des énergies renouvelables chez les personnes interrogées. L'éolien et le solaire sont cités spontanément par respectivement 78 % et 76 % des sondés, mais seulement un quart des Français connaît la différence entre le solaire photovoltaïque (qui produit de l'électricité) et le solaire thermique (qui produit de l'eau chaude).
L'énergie hydraulique et marine (49 %), la géothermie (22 %), la biomasse et les bioénergies (19 %) sont en revanche beaucoup moins présentes à l'esprit des Français, malgré l'importance historique des barrages dans le mix énergétique hexagonal. Pis, le bois de chauffage n'est identifié comme une source d'énergie renouvelable que par la moitié des sondés, alors que 81 % d'entre eux croient, à tort, que le compost en fait partie.
Enfin, 77 % de la population a compris que le nucléaire n'est pas une énergie renouvelable, tandis que, pour le gaz de schiste, problématique plus récente, la connaissance tombe à 69 %.
Le débat national sur la transition énergétique, lancé le 29 novembre 2012 par la ministre de l'écologie Delphine Batho, et censé aboutir à une loi de programmation énergétique à la fin de l'année, permettra peut-être de diffuser plus largement cette connaissance. A condition d'accentuer l'effort de pédagogie et de communication : au risque de chagriner la ministre, l'enquête révèle que 79 % des Français n'ont jamais entendu parler de ce grand débat sur l'énergie. Et sept Français sur dix jugent insuffisante la place de la question énergétique dans l'action gouvernementale.
Grégoire Allix
" Le Monde " publie l'édition 2013 du " Bilan du monde "
Alors que la croissance économique s'est étouffée en Europe sous le coup des mesures d'austérité, les stratégies alternatives restent dans les limbes. Du côté de la finance, les stigmates de la crise de 2009 ne sont pas totalement effacés, mais les grandes économies cherchent à durcir la régulation de leurs banques pour limiter les risques systémiques. Quant au défi énergétique, il est abordé en ordre dispersé, avec des options divergentes sur les gaz et pétrole de schiste. Tous les continents sont dans cette délicate phase de transition.
Pour comprendre ces changements et mesurer comment chaque pays aborde 2013, Le Monde publie le Bilan du monde, économie et environnement (220 pages, 9,95 €, en kiosque à partir du jeudi 17 janvier). Actualisé au 31 décembre 2012, ce bilan propose en particulier l'atlas de 180 pays, avec les analyses de nos correspondants sur leur situation économique, démographique et politique.
Ce document de référence réunit en outre les analyses sur les enjeux du moment, de la biodiversité aux matières premières, en passant par les entreprises.