Articles avec #informations tag
Publié le 24 Février 2017
Cet article donne l'impression de donner du baume au coeur aux Français en leur disant qu'ils sur-estiment leur difficulté. Las, il faut se méfier de cette conclusion !
Et il faut s'en méfier pour deux raisons majeures :
1. Si il y a des gens qui connaissent leurs difficultés, ce sont bien les ménages Français ! Ils savent ce qu'ils peuvent se payer et ce qu'ils ne peuvent se permettre ! Ainsi, dire et affirmer que les Français sont moins dans la difficulté qu'ils ne pensent est risible ! Qui sait mieux que quiconque ce qu'il y a réellement sur leur compte en banque et les efforts qu'ils doivent faire pour maitriser leur budget ? L'économiste a une vision erronée de l'économie des Français car il a tendance à évaluer des chiffres sans prendre en compte l'effort des Français aboutissant à ces chiffres ! Les chiffres ne disent pas tout et ne disent pas la précarité financière des ménages mettant de l'argent de côté pour faire face aux coups durs !
2. Quand bien même le Français serait un pessimiste sous-estimant ses difficultés, la prophétie auto-réalisatrice a le don d'être la règle ! Quand une personne déprime, sa dépression l'engage dans la précarité. Le pessimisme des Français ne doit donc pas être pris à la légère car il a tendance à révéler à l'instant t des difficultés bien réelles qui se révèleront à l'instant t+1.
Pour ces raisons, rien ne vaut l'écoute des Français et surtout de prendre en compte ce qu'ils déclarent comme difficultés !
Le piège serait de se voiler la face en se disant que le Français est un pessimiste par nature et que tout va bien pour lui : ne tombons pas dans ce piège pour les raisons invoquées ci-dessus car les conséquences seront forcément fâcheuses, même si elles ne le sont pas encore...
Un article du journal 'Le Monde' daté du 13 octobre 2016
******************
Déclassement : l'anxiété plus forte que la réalité
Peur de la pauvreté, inégalités… une étude de France Stratégie décrit des Français très pessimistes
Un vrai décalage. Le rapport que publie France Stratégie, mercredi 12 octobre, dresse le portrait d'un pays profondément pessimiste. Tiraillé aussi par des fractures – entre riches et pauvres, jeunes et vieux, habitants des métropoles et ceux des zones rurales, entre trajectoires sociales ascendantes et les autres – qui font que chacun se sent du côté des fragiles.
En croisant études statistiques, sondages sur la vision de l'avenir des Français et le regard d'une vingtaine de chercheurs, l'organisme de prospective auprès du premier ministre dresse le diagnostic d'un pays tenaillé par le sentiment d'une détérioration de son avenir individuel et collectif. Intitulé " Lignes de faille ", le rapport révèle un malaise social.
Un premier constat saute aux yeux : la France reste marquée par une division qui vient surclasser toutes les autres, celle qui sépare les riches et les pauvres. Cette coupure est très prégnante dans la perception qu'ont les Français de l'état actuel de leur société. Huit personnes sur dix estiment que les inégalités ont augmenté depuis cinq ans. Vision négative de la répartition des revenus, peur de la pauvreté, anxiété face aux fins de mois… l'avenir dessiné est très noir. Une personne sur trois se sent directement concernée par le risque de tomber dans la misère.
Nettement moins injuste
La réalité est pourtant nettement plus nuancée. La France est en effet un des pays les moins inégalitaires au regard de ses voisins européens ou des Etats-Unis. Contrairement à la représentation en forme de pyramide qu'en ont les Français (avec une large base de bas revenus), la -répartition des revenus ressemble à une toupie (la majorité a des revenus moyens). Nettement moins injuste. Les inégalités se sont certes de nouveau creusées depuis la crise économique de 2008, mais la captation des fruits de la croissance par les hauts revenus est moins nette que dans le reste des pays développés. Et la pauvreté y a nettement moins progressé.
Cette angoisse nourrit une identification de classe frappante : trois Français sur quatre disent appartenir aux classes moyennes inférieures et populaires, une perception en augmentation constante depuis 1999. Du coup, leur vision des antagonismes sociaux est particulièrement aiguë. 64 % estiment ainsi que la lutte de classes est une évidence dans la société française, un chiffre en progression de vingt points en cinquante ans ! Le niveau de vie des Français est pourtant nettement moins alarmant. Ils sont même un tiers à le sous-estimer.
C'est peu dire qu'avec une telle image de soi, la peur du déclassement est omniprésente. En 2015, 54 % considèrent que leur situation sociale est moins enviable que celle de leurs parents, contre 17 % en 2002. Les Français pensent aussi que leur pouvoir d'achat se dégrade depuis cinq ans, déclarant mettre moins d'argent de côté ou prendre des crédits pour boucler leur budget. Là encore, la réalité est moins sombre.
Des jeunes moins enviables
Si le niveau de vie des Français a cessé d'augmenter avec la crise, entre les générations des parents et celle des enfants, la progression est constante. Les trajectoires sociales s'améliorent pour 39 % des générations comprises entre 30 et 59 ans.
Le poids des classes populaires est également moindre que dans l'imaginaire : deux tiers des ménages appartiennent à la classe moyenne, catégorie dont le salaire est compris entre deux tiers et deux fois le revenu médian (1 772 euros net mensuels). L'ascenseur social est donc beaucoup moins en panne qu'on ne le déplore. Même si cette mobilité continue à varier d'un territoire à l'autre et est plus bloquée pour les moins diplômés.
La situation des jeunes adultes est en revanche moins enviable. Ils sont 72 % à déclarer avoir dû faire des compromis pour rentrer sur le marché du travail, notamment en acceptant un emploi sous-qualifié. L'âge moyen du premier emploi stable est passé de 20 ans en 1960 à 28 ans en 2015, constate le rapport. La France est cependant un des pays où le niveau d'éducation des jeunes générations a le plus progressé en trente ans, ajoute-t-il. Il n'empêche : à peine plus d'un jeune Français sur quatre juge son avenir prometteur. Le pessimisme passe d'une génération à l'autre.
Sylvia Zappi
Publié le 23 Février 2017
Les politiques nous font croire que les citoyens gagnent de l'argent année après année car l'impôt sur le revenu baisse...
Las, cette réalité est grandement masquée par le fait que les impôts locaux augmentent !
Ces impôts (taxe foncière, taxe d'habitation, etc.) surpassent très régulièrement l'impôt sur le revenu. Cela pose un grave problème car ces impôts ne sont pas liés aux revenus de la famille et sont donc profondément injustes.
Il est temps que instances locales comme nationales sortent de la logique des hausse d'impôts pour se financer et cherchent d'abord à réduire leur train de vie dispendieux. Il y a trop de personnel dont le travail est redondant dans le mille feuille administratif qu'est la France.
Il est temps de remettre un peu d'ordre financièrement afin que cesse le matraquage fiscal permanent de nos citoyens !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 12 octobre 2016
****************
Les collectivités locales vont (un peu) mieux
Selon la Cour des comptes, la baisse des dotations de l'Etat a été compensée par des recettes fiscales accrues
La baisse des dotations de l'Etat aux collectivités territoriales, amorcée à partir de 2014 à hauteur de 1,5 milliard d'euros et poursuivie en 2015 pour 3,47 milliards d'euros, pouvait laisser redouter une dégradation de leur situation financière. Les associations d'élus, fortement mobilisées, ont d'ailleurs entretenu, depuis plusieurs mois, un climat sciemment alarmiste. Avec un certain succès, puisque l'exécutif a été amené à atténuer la diminution de la dotation globale de fonctionnement (DGF) prévue en 2017 pour les communes, à créer un fonds spécial de soutien à l'investissement et, même, à annoncer le transfert à partir de 2018 d'une partie de la TVA aux régions.
Le rapport de la Cour des comptes sur les finances locales rendu public mardi 11 octobre tendrait cependant à relativiser la gravité de la situation. Sur l'année 2015, l'ensemble des transferts financiers de l'Etat n'a reculé, en réalité, que de 628 millions d'euros, du fait de la hausse de 2,91 milliards d'euros de la fiscalité transférée. Les produits des impôts locaux, pour leur part, ont enregistré une croissance de 5,9 milliards d'euros, la plus forte progression depuis la réforme de la fiscalité locale de 2011. En conséquence, malgré la baisse de la DGF, les collectivités territoriales ont continué à bénéficier d'un surcroît de recettes de fonctionnement qui ne s'est pas déprécié.
En outre, note la Cour des comptes, " les efforts de gestion des collectivités ont commencé à produire des résultats perceptibles ". Ainsi, la progression de leurs dépenses de fonctionnement s'est ralentie. Le rythme d'augmentation de leurs dépenses de personnel a été divisé par trois, hors impact des mesures nationales en matière de fonction publique. Leur épargne brute – le solde entre produits et charges de fonctionnement – a cessé de reculer.
Investissement réduit
Globalement, les dépenses des collectivités territoriales (qui s'élèvent à 226,9 milliards d'euros) ont diminué de 1,7 % en 2015 alors que leurs recettes (228,4 milliards d'euros) ont progressé de 0,9 %. Pour la première fois depuis douze ans, elles ont dégagé un solde positif de 1,5 milliard d'euros. En 2013, elles présentaient un bilan négatif de 8,5 milliards d'euros et, en 2014, de 4,5 milliards. Les administrations publiques locales ont ainsi contribué pour plus de la moitié à la réduction du déficit public national, qui est passé de 84,8 milliards d'euros en 2014 à 77,5 milliards en 2015.
Ce bilan global est cependant différencié selon les catégories de collectivités. La situation financière des communes, qui ont bénéficié du dynamisme de leurs impôts directs et indirects, s'est améliorée. Après deux années successives de diminution, leur épargne a recommencé à progresser. Toutefois, malgré l'augmentation de leur autofinancement, elles ont réduit leurs investissements pour la deuxième année d'affilée, soit une baisse de l'investissement de 25 % en deux ans.
Le paysage est plus contrasté pour les départements, dont les finances se détériorent depuis plusieurs années sous le poids des dépenses sociales. Cette dégradation s'est néanmoins ralentie en 2015 grâce au dynamisme accru de leurs produits fiscaux, notamment des droits de mutation à titre onéreux, qui a plus que compensé la baisse de la DGF. Malgré une augmentation continue des dépenses sociales, les efforts réalisés en matière de gestion courante ont permis de limiter la casse. Il reste que huit départements présentaient en 2015 une capacité d'autofinancement négative, contre cinq l'année précédente. Tandis que l'investissement connaissait un nouveau recul, pour la cinquième année d'affilée.
Les régions, elles, ont enregistré une nouvelle dégradation de leur situation financière sous l'effet de l'accélération des dépenses de fonctionnement due, en grande partie, aux transferts de compétences de l'Etat. En conséquence, l'épargne brute des régions continue de reculer sensiblement pour la cinquième année de suite (-15,76 % entre 2011 et 2015) et leur endettement s'est alourdi (+34 % en cinq ans).
Cette embellie, met en garde la Cour des comptes, risque toutefois d'être de courte durée. En 2016, la baisse des transferts financiers de l'Etat devrait être plus prononcée qu'en 2015 (2,16 milliards d'euros contre 628 millions) et la progression des produits de la fiscalité moins rapide. Les collectivités vont donc disposer de marges de manœuvre réduites pour faire face à l'évolution de leurs dépenses de fonctionnement.
Intensification des efforts
En outre, l'année 2016 est marquée par de profonds mouvements de réorganisation territoriale – passage de 22 à 13 régions métropolitaines, transferts de compétences des départements vers les régions et les métropoles, resserrement de la carte des intercommunalités – qui risquent de se traduire, dans un premier temps, par des coûts supplémentaires.
Pour la Cour, " le maintien de l'autofinancement des collectivités locales passe donc par l'intensification de leurs efforts de maîtrise des charges de fonctionnement, particulièrement de leur masse salariale ". Sur ce plan, les magistrats financiers estiment qu'il existe des marges de progression, à la fois dans la maîtrise des effectifs – qui se sont accrus de 27,5 %, soit 405 000 agents entre 2002 et 2013, dont 243 000 dans les communes et les EPCI – et dans la gestion du temps de travail.
Ainsi, sur un échantillon de 103 collectivités contrôlées par les chambres régionales, la durée moyenne théorique de travail était de 1 562 heures par an, pouvant aller jusqu'à 1 501 heures dans le département de l'Hérault ou la métropole de Lille. Seules 20 % d'entre elles étaient alignées sur la durée réglementaire de 1 607 heures par an. Quant au taux d'absentéisme, il peut varier de 7,3 % à Vannes (Morbihan) à 15,7 % à Dax (Landes). La Cour des comptes suggère d'appliquer des pénalités financières aux collectivités qui ne respectent pas la durée réglementaire annuelle. Une préconisation qui a peu de chances d'être suivie.
Patrick Roger
Publié le 22 Février 2017
Comme je le disais récemment, l'économiste est par essence et par définition un incompétent, ce, pour les raisons suivantes :
1. L'idéologie guide trop souvent ses recherches. Comme il n'a jamais travaillé en entreprise, il n'a pas les connaissances quant à son fonctionnement de base. Il parle donc, trop souvent, sans savoir, ce qui bride forcément ses propos en avantageant ses propres idées. Il va juste avoir tendance à privilégier les éléments qui vont servir ses opinions, en délaissant les autres.
2. La science économique n'est pas une Science en tant que telle. Car non seulement, elle est éminemment chaotique, mais réentrante (les recherches économiques peuvent influer sur des actions qui peuvent aller à l'encontre ou favoriser ces recherches). Si on prouve que x=3 et que des gens peuvent gagner de l'argent à essayer de démontrer que x=4, ils feront tout pour que x=4 et si x=4, x n'est plus égal à 3... L'économie permet ce genre de choses, on appelle cela de la spéculation. Et quand la spéculation se fait à très large niveau, elle dicte les lois. En mathématiques 1+1 fera toujours 2 même s'il y a de l'argent à gagner à ce que 1+1 fasse 3. On ne peut pas spéculer sur la nature, mais on peut spéculer sur l'économie, ce qui sort forcément la matière de son rang de Science.
3. Il y a eu beaucoup trop de crash économiques au XXe siècle pour que cette simili-science soit fiable. Les économistes ont toujours été très forts pour expliquer les causes après coup... En attendant, l'humain reste l'humain et peut-il être mis en équations ? Absolument pas car au moment où l'équation sera connue, il y aura toujours des petits malins pour modifier l'équation à leur profit. L'humain peut être mauvais et l'économie est un terrain de jeu idéal pour certains malins, raison pour laquelle la science économique ne sera jamais une Science... et tant mieux... Le tout est de le savoir.
La meilleure de ces preuves est que si l'économie était si puissante, les problèmes économiques de la Grèce, du Japon, de l'Espagne et de la France ne seraient pas si prégnants !
Les sciences économiques ne sont qu'une composante de l'étude de l'Humain au sens large du terme, Humain qui ne pourra jamais et ne sera jamais mis en équation car c'est lui qui les invente !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 11 octobre 2016
******************
Economistes au bord de la crise de nerfs
Particulièrement actif en France, le petit monde des économistes est perpétuellement déchiré entre son engagement politique et ses ambitions scientifiques. Portrait de groupe d'une profession en pleine mutation
Il n'est pas de bonne science sans -controverse. Mais l'économie est-elle une science ? Le livre de Pierre Cahuc et André Zylberberg (Le Négationnisme économique. Et comment s'en débarrasser, Flammarion, 240 pages, 18 euros) a relancé le débat en défendant l'idée d'une science " objective ", autour de résultats incontestables, parce que issue des méthodes expérimentales qui prévalent en médecine ou en biologie. Une charge contre ceux qui pensent le contraire et se qualifient eux-mêmes d'" hétérodoxes ", mais qui cache un autre clivage, moins scientifique celui-là, le politique. Depuis les débuts de la discipline, au tournant du XIXe siècle, l'économiste conseille les puissants. C'est pourquoi entre ceux qui prônent le tout-marché (à droite) et ceux qui rêvent du tout-Etat (à gauche), entre les théoriciens purs et les adeptes de la donnée brute, le paysage révèle une infinité d'approches qui illustre le foisonnement de l'économie française. A la veille de la campagne pour l'élection présidentielle, revue de détail de la galaxie française.
Celle-ci est d'abord le résultat d'un " big bang ", l'explosion du paradigme de " l'équilibre général ", la théorie économique de Léon Walras (1834-1910) qui posait les dogmes de " l'efficience des marchés ", où acheteurs et vendeurs aboutissent de façon rationnelle à un " prix d'équilibre " grâce à l'" information parfaite " dont ils disposent. Trop simple. Dans le sillage de John Maynard Keynes (1883-1946), nombre d'économistes ont mis en pièces ces principes pour mettre en évidence les phénomènes de rationalité limitée, d'information asymétrique, de marché incomplet… " Ce triomphe de l'incomplétude a provoqué la dispersion de la profession, permettant à chacun de partir dans une direction différente ", analyse Pierre Dockès, -professeur à Lyon-II, qui va publier Le Capitalisme et ses rythmes (Les Classiques Garnier), monumentale histoire de la pensée et des faits économiques.
Les uns tentent de retrouver les lois de l'équilibre général et de l'efficience des marchés en convoquant la théorie des jeux et la science des comportements ou en se reposant sur le traitement de millions de données permettant de repérer des enchaînements de causalité. Les autres tentent de modéliser les imperfections et les déséquilibres pour formuler de nouvelles théories de la dynamique de l'économie.
Tous cohabitent au sein d'établissements, comme l'Ecole d'économie de Paris, l'Ecole normale supérieure, Polytechnique, la Sorbonne ou l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Les sensibilités sont différentes, mais une chose les réunit : les mathématiques et le goût de la modélisation. Ils se retrouvent au sein de l'Association française de sciences économiques (AFSE), l'organisation " professionnelle " des enseignants du supérieur, ou dans des réseaux plus amicaux qu'académiques comme le Cercle des économistes. L'Ecole d'économie de Paris regroupe aujourd'hui entre 60 et 70 chercheurs. Après son emménagement dans des locaux actuellement en construction, en février 2017, elle devrait en regrouper 150. " Une plate-forme où convergeront toutes les approches, de la plus mathématique à la plus pluridisciplinaire, et toutes les méthodes, de la plus théorique à la plus empirique ", affirme Daniel Cohen, vice-président de l'Ecole (et membre du conseil de surveillance du Monde).
Parfois, l'unité est plus forte, comme à l'Ecole d'économie de Toulouse qui s'est construite sur un regroupement de disciples autour d'un maître, Jean-Jacques Laffont puis le Nobel Jean Tirole, et d'une thématique, la modélisation des comportements des agents sur les marchés. L'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), lui, créé en 1981 par Jean-Marcel Jeanneney pour éclairer le pouvoir socialiste néophyte, puis développé par Jean-Paul Fitoussi, est plutôt l'héritier d'une filiation théorique keynésienne.
tradition marxiste très présente
Le paysage inclut également depuis longtemps une école " critique " née dans les années 1970 autour de brillants mathématiciens sortis de Polytechnique, comme Robert Boyer et Michel Aglietta, passés par l'Ecole nationale de la statistique appliquée à l'économie (Ensae) et néanmoins décidés à emprunter aux autres sciences sociales pour enrichir la compréhension critique de l'économie. Une économie considérée comme la résultante d'institutions politiques et de structures sociales, selon la tradition marxiste très présente en France depuis l'après-guerre. C'est l'école dite " régulationniste ", dont l'héritier, créé en 1967, est le -Cepremap, dirigé aujourd'hui par Daniel Cohen et animé par Philippe Askenazy.
Une autre branche " critique " regroupe des économistes comme Jean-Pierre Dupuy, Olivier Favereau, André Orléan, Robert Salais, dans ce que l'on appelle l'économie des conventions, créée dans les années 1980 en partant de l'analyse de la coopération entre individus. André Orléan est le fondateur de l'Association française d'économie politique (AFEP), qui se réclame d'une approche " pluraliste " et pluridisciplinaire de l'économie par opposition à ce qu'il dénonce comme le prisme modélisateur et 100 % mathématiques des économistes traditionnels.
Professeur à l'Ecole -supérieure de commerce de Paris (ESCP), Jean-Marc Daniel, qui va publier Trois Controverses de la pensée économique - travail, dette, capital (Odile Jacob), propose une autre généalogie de la diversité des économistes français, qu'il scinde en trois parties. La première, spécificité française, est " l'économie au pouvoir ", celle des experts de la direction du Trésor, de la direction de la Prévision, de l'Insee et de la Banque de France.
Les économistes universitaires seraient quant à eux marqués par leur rattachement originel aux facultés de droit : " L'économie est restée pour beaucoup en France une composante de la réflexion générale sur la société. " C'est de cette tradition qu'est née, soutient Jean-Marc Daniel, la participation directe des économistes aux débats politiques à travers les nombreux think tanks qu'ils animent, d'Attac à Génération libre.
La troisième composante est celle des ingénieurs économistes, héritiers de Walras. Sous l'égide de Maurice Allais (1911-2010), -X-Mines et Prix Nobel d'économie en 1988, des générations d'économistes ont été formées dans les grandes écoles d'ingénieurs françaises grâce au triomphe des mathématiques sur les sciences sociales au sein de la science économique mondiale, américaine en particulier, au début du XXe siècle.
Car un autre élément structure ce paysage. Les pays qui ne sont pas dominants en matière de science économique, affirme Jean-Marc Daniel, survalorisent les approches " hétérodoxes " et " critiques " ; ce fut le cas de l'université française face à la domination anglaise et germanique à la fin du XIXe, et face à la domination américaine à partir de 1945. D'où l'apparition du courant post-marxiste et post-keynésien de la théorie de la régulation dans les années 1960-1970. " Leur force était d'être des mathématiciens, polytechniciens et normaliens ", ce qui leur permettait d'être écoutés par la communauté internationale dans leur volonté de dépasser le marxisme, mais aussi la pensée dominante anglo-saxonne. C'est sous l'aile protectrice d'économistes comme François Perroux, à l'université, ou Edmond Malinvaud, à l'Insee, que cette approche à la fois mathématique et critique a pu se développer, avec d'un côté, les héritiers des deux Nobel Maurice Allais et Gérard Debreu, comme Roger Guesnerie ou Jean Tirole, et de l'autre, les " régulationnistes " comme Robert Boyer et Michel Aglietta. Car Boyer, Guesnerie et -Tirole ont un point commun : ils sont ingénieurs des Ponts, l'école qui produisait alors les économistes les plus prometteurs.
Ces différents milieux vivent en parallèle durant les " trente glorieuses ". Mais l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir (1981-1995), puis son ralliement au " tournant de la rigueur ", voit les économistes " ingénieurs " s'approcher du champ de " l'économie au pouvoir " : Jacques Attali (X-Mines, ENA), Serge-Christophe Kolm (X-Ponts, Cepremap), Jean Peyrelevade (X) rallient la haute fonction publique à l'idée d'un choix cohérent : la relance sans l'Europe ou l'Europe avec la rigueur. Mitterrand tranchera… pour des raisons essentiellement politiques. A l'issue d'un dîner avec François Perroux et Edmond Malinvaud organisé par Jacques Attali, il aurait déclaré à ce dernier : " Il n'y a -décidément rien à tirer de ces gens-là. "
gestion des carrières
La victoire de la gauche en 1981 permet aux économistes de briser le monopole du savoir économique détenu par la haute fonction publique – dont ils bénéficient en puisant dans les statistiques de grande qualité cumulées par l'administration – pour produire de la contre-expertise et du débat public. Grâce à leur excellence mathématique, ils se font également une place sur la scène internationale en participant à des réseaux européens comme le Center for Economic Policy Research, créé en 1984, ou en séjournant dans les meilleurs départements d'économie des universités américaines : MIT, Harvard, Berkeley, Stanford, Chicago.
Un domaine échappe néanmoins à cette pluralité, celui de la gestion des carrières, concèdent Pierre Dockès et Daniel Cohen. D'où la querelle de clocher. Les deux institutions majeures sont, d'une part, le jury d'agrégation, d'autre part, la section 5 du Conseil national des universités, qui nomme les professeurs et les maîtres de conférences d'économie. Les membres de la section 5 sont élus par leurs pairs en deux collèges : un pour les professeurs, l'autre pour les maîtres de conférences. La liste qui remporte régulièrement les suffrages du premier collège est dominée, tout comme le jury d'agrégation, par les économistes traditionnels, dits " mainstream " (44 % aux dernières élections), contre la liste " critique " (26 %) et les listes syndicales classées à gauche (13 %). Les résultats s'inversent pour le second collège. L'AFEP avait demandé, en 2014, que soit créée une section " Economie et société " afin de rompre cette domination des économistes " mainstream " et d'assurer la promotion d'économistes " critiques " et ouverts aux sciences sociales. Le ministère, d'abord favorable, avait fait volte-face sous la pression du -courant dominant, en particulier du Nobel Jean Tirole au nom de l'unicité de la science.
Cet épisode douloureux, mais resté dans l'ombre des querelles institutionnelles, est peut-être l'étincelle qui a mis à nouveau le feu aux poudres jusqu'à déboucher sur le sous-titre vengeur du brûlot de Cahuc et Zylberberg pour évoquer les économistes " hétérodoxes " : " Comment s'en débarrasser ? "
Antoine Reverchon
Publié le 21 Février 2017
Quand un vice-président de l'Ecole d'économie reconnaît les limites de sa matière, ne reconnaît-il pas son incompétence ?
La vérité est claire : la Science économique en tant que Science n'existe pas car c'est une matière qui peut être modifiée par ses acteurs !
Non seulement, c'est une matière éminemment chaotique (le fameux effet papillon), mais, parce qu'elle est susceptible d'être modifiée par ses propres composantes humaines, rend fausse la moindre vérité ! En effet, à partir du moment où elle est révélée elle est erronée car on ne pourra jamais empêcher des gens d'utiliser leur connaissance pour aller à l'encontre des faits par volonté d'en tirer profit !
Le débat est alors purement idéologique et ne correspond à aucune réalité tangible tant les exceptions sont aussi nombreuses que les réalités...
Il n'y a donc pas de Science économique au sens de "connaissances du monde". La connaissance se borne à des faits qui ne sont pas reproductibles dans un autre contexte. Les crash économiques sont beaucoup trop nombreux pour qu'ils n'aient pas été anticipés si la Science économique existait réellement.
Quand on a autant d'exceptions que de faits, peut-on encore parler de Science ?
L'idéologie est reine en sciences économiques. Pour la Science, on repassera tant que certains utiliseront leur savoir à démonter cette Science ce, par profit pécunier ou de simili-gloire...
En plus, comment peut-on honnêtement parler de sciences économiques quand ces grands penseurs, ces grands professeurs n'ont jamais été inclus dans l'outil économique de base en n'ayant jamais été employés dans une entreprise ? C'est un non-sens absolu !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 11 octobre 2016
******************
Daniel Cohen : " Un nouveau Keynes ne serait pas de trop "
vice-président de l'Ecole d'économie de Paris et directeur du département d'économie de l'Ecole normale supérieure, Daniel Cohen (membre du conseil de surveillance du Monde) a formé une bonne partie de la nouvelle génération des économistes français. Il raconte la mutation du métier et en reconnaît ses limites. Entretien.
Le débat actuel qui agite la communauté des économistes témoigne du foisonnement particulier de cette discipline. En a-t-il toujours été ainsi ?
Une rupture s'est produite à la fin des années 1970, à peu près au moment où je suis entré dans ce métier… La discipline était alors fortement théorique. Les travaux de recherche dans un centre comme le Cepremap étaient à moitié post-marxistes et à moitié d'économie mathématique. Chacun bénéficiait d'une immense notoriété internationale pour les -concepts qu'il produisait. Mais le travail empirique, à ras du sol, se faisait dans les administrations, à l'Insee ou à la Direction de la prévision, qui avaient en réalité le dernier mot sur la réflexion économique. C'est tout au long des années 1980 que les économistes français se sont émancipés de la tutelle des administrations. Progressivement, ils ont enlevé à l'Etat le monopole du savoir légitime. Mais le grand choc est venu de la révolution numérique. Un chercheur comme Thomas Piketty peut télécharger sur une clé USB tous les relevés de l'administration fiscale et les étudier d'une manière que ladite administration n'avait jamais envisagée.
L'économie est-elle pour autant capable de dégager un savoir objectif ?
Les économistes peuvent trancher scientifiquement un certain nombre de questions, mais rétrospectivement. On peut réfuter telle ou telle interprétation de la crise de 1929. Mais lorsqu'il s'agit, ici et maintenant, de traiter une question complexe – faut-il, par exemple, sortir de l'euro comme hier de l'étalon or –, le recul manque. Les débats deviennent beaucoup plus spéculatifs et les controverses vives. Lorsqu'il s'agit d'interpréter le présent, et a fortiori quand il faut proposer des recommandations de politique économique, il faut fabriquer une vision cohérente du monde. Or, professionnellement, on demande aux universitaires d'être spécialisés sur des micro-sujets. Il faut donc qu'ils se fassent violence pour répondre à la demande sociale de créer un savoir global et cohérent. Et dans cet exercice, les économistes ne sont pas seuls en piste. Les administrations, les journalistes peuvent eux aussi produire une synthèse interprétative du monde.
N'est-ce pas ce que vous essayez de faire dans vos livres ?
Je le tente depuis que j'enseigne à des jeunes gens qui viennent de disciplines variées, comme les mathématiques ou la philosophie, et qu'il a fallu convaincre que l'économie était une discipline aussi noble que les autres.
Où chacun peut proposer sa théorie…
Prenez la polémique sur la loi travail. A l'Ecole d'économie de Paris, il y a eu autant d'économistes pour que contre. Tous avec des arguments valables. On tranchera cette controverse dans vingt ans. Mais en attendant, il faut faire un diagnostic. Personne ne peut prétendre détenir le savoir définitif. Cela ne veut pas dire qu'on peut dire n'importe quoi. Le créationnisme, pour prendre un exemple extrême, n'a pas sa place à l'université. Mais le débat n'est pas entre science et sorcellerie. Il consiste à gérer des informations disparates et à les mettre en cohérence.
Les économistes sont-ils condamnés à la modestie ?
Oui, les économistes doivent rester humbles, car ils savent la fragilité de leur savoir face à la complexité du monde. Ils ont gagné la bataille du pouvoir intellectuel face à celui de l'Etat. Mais ils ne peuvent, par exemple, se substituer au pouvoir politique. On trouve d'ailleurs peu d'économistes qui ont fait une carrière politique. La vie universitaire exige d'eux des connaissances beaucoup trop spécialisées pour cela.
Pourtant les penseurs du XIXe siècle proposaient de grandes synthèses…
En effet, ils ne faisaient même que ça. Adam Smith ou David Ricardo découvraient un monde totalement inédit et n'avaient aucune donnée pour guider leur pensée. On n'en est plus là. Mais l'idée qu'on aurait atteint l'âge d'un savoir a-théorique, entièrement empirique, est un doux rêve. La macroéconomie, qui est à certains égards la discipline reine, est en pleine crise conceptuelle. Un nouveau Keynes ne serait pas de trop.
propos recueillis par, philippe Escande
Publié le 20 Février 2017
Il est louable de s'occuper de la santé des salariés. Mais cela ne doit pas être fait en déployant une paperasserie immonde tout juste bonne à ce que les chefs d'entreprise soient noyés par des tâches allant à l'encontre de leur activité première !
Quand des chefs d'entreprise passent leur temps à remplir de la paperasse, ils passent moins de temps à diriger leurs affaires ce qui peut provoquer, in fine, une grave remise en question de leur activité !
Encore une fois, une mesure les oblige à des procédures administratives lourdes en violant le fameux principe du "mieux qui est l'ennemi du bien".
Je n'ai pas dans l'idée que nos PME sont un monde sans foi ni loi où tous les salariés en sortent complètement rincés et malades...
Ainsi, à quoi sert-il de déployer cette obligation pour savoir de combien le salarié se voit octroyer de temps à travailler moins pour partir en retraite plus tôt ?
Et encore une fois, la victime est le monde de ces petits patrons et de ces PME qui font tourner la France en n'oubliant pas de payer grassement ces politiques qui ne comprennent rien au monde de l'entreprise en dehors du fait que l'on peut continuer à la saigner à blanc puisqu'elle se tait...
A l'arrivée, un pays qui ne prend plus de goût au travail, prend beaucoup de goût aux 35h et aux subventions chômage grassement payés et un déficit qui s'envole...
A quand un grand coup de balai vis à vis de ces tocards qui nous dirigent en faisant des lois idéologiques inadaptées ?
Un article du journal 'Le Monde' daté du 11 octobre 2016
******************
Pénibilité : un casse-tête pour les petits patrons
Le gouvernement est confronté à un début de fronde des PME, qui dénoncent une " usine à gaz "
Dans son entreprise de construction, Gabrielle est toute l'administration à elle toute seule. Comptabilité, ressources humaines, mise aux normes, département juridique… Rien ne lui échappe. C'est comme ça depuis plusieurs années déjà, depuis que son mari est mort, lui laissant la gestion de la PME familiale à elle et à sa fille, qui espère-t-elle, reprendra la société quand il faudra.
" Quand on est une petite PME, avec une vingtaine de salariés, il faut être sur tous les fronts, souligne la quinquagénaire, qui préfère conserver l'anonymat. Nous n'avons pas le luxe d'avoir des personnes dédiées comme dans les grands groupes. " Alors quand elle a vu que les six nouveaux critères à examiner pour le compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P) étaient entrés en vigueur en juillet, elle s'y est d'abord attelée méthodiquement, avant de " se noyer littéralement dedans ".
" Les quatre premiers ne nous concernaient pas, mais les nouveaux si, raconte-t-elle. J'y ai passé des nuits, des week-ends, j'ai fait et refait des tableaux. C'est d'une complexité ahurissante. A se demander si la personne qui a conçu ça a déjà mis les pieds dans une entreprise. Le reste du temps, il fallait tout de même que je gère l'entreprise ! "
Le " C3P " est une mesure qui permet aux salariés ayant accompli des tâches pénibles pendant toute leur carrière de cumuler des points. Grâce auxquels ils pourront partir à la retraite de façon anticipée, travailler à temps partiel pour le même salaire, ou encore accéder à des formations afin de se reconvertir vers un métier moins pénible.
Si les quatre premiers critères de mesure de la pénibilité (dont le travail de nuit, par exemple) sont en vigueur depuis 2015, ce sont les six derniers (posture pénible, manutention de charges, agents chimiques…) qui posent problème à Gabrielle en particulier, et au patronat en général. Furieux, le Medef et la CGPME ont bruyamment exprimé leur désaccord à plusieurs reprises, dénonçant " une usine à gaz " et appelant même, pour le premier, à la désobéissance civile.
" Impossible de savoir "
Une position qui a provoqué l'ire des syndicats et a poussé Myriam El Khomri et Marisol Touraine, respectivement ministre de l'emploi et ministre des affaires sociales, à rappeler Pierre Gattaz, le président du Medef, à l'ordre. Le 4 octobre, lors d'une rencontre avec des journalistes, Mme El Khomri a de nouveau mis le sujet sur la table en accusant le Medef de " ralentir l'application du compte pénibilité ". Le problème, pour elle, est que les référentiels de branche (sortes de guides visant à faciliter le travail des employeurs) ne sont pas publiés à cause de la pression exercée par le patronat.
" J'aimerais bien le voir, le référentiel, peste Stéphanie Pauzat, patronne d'une petite entreprise de nettoyage en Normandie, ça me faciliterait la vie. " Comme Gabrielle, elle n'a qu'une peur : " Ne pas être dans les clous quand il faudra faire ma déclaration en janvier 2017. " Selon elle, l'affaire est tellement compliquée qu'il ne saurait d'ailleurs en être autrement.
La difficulté, explique-t-elle, tient au fait qu'il est " impossible de savoir exactement " dans quelle posture travaille un de ses employés ou quelle charge il porte. " Il y a des quotas d'heures par an pendant lesquels le salarié est soumis à tel ou tel critère. Or, dans l'industrie, ils ont des tâches répétitives, donc les employeurs savent. Mais pour nous, c'est bien plus dur. Nos salariés changent tous les jours d'affectation, de tâche. C'est impossible de savoir pendant combien de temps une personne a gardé le bras en l'air et s'il était bien à 45 degrés ", se lamente la responsable, qui songe à indiquer que tous ses salariés sont exposés au risque maximal afin de ne pas avoir de problèmes.
" Ce sont des critères ergonomiques, ce n'est donc jamais simple, concède Hervé Garnier, secrétaire national de la CFDT chargé de la pénibilité au travail. Un petit patron sans services RH peut trouver cela dur, mais tout a été fait pour les accompagner. Il faut que les choses se fassent, point barre. Ce sont les chambres patronales qui, en ne publiant pas les référentiels, mettent en difficulté les patrons de PME. "
Tous estiment qu'ils sont pénalisés par la taille de leur entreprise. " Dans les grandes boîtes structurées, ils ont beau râler, ils trouvent toujours les moyens de s'en sortir ", considère Benoît Willot, gérant d'une franchise Super U dans le nord de la France. Lui a surtout peur du risque contentieux. " C'est un sujet supplémentaire sur lequel on pourrait se faire attaquer par les salariés ", prévient-il.
Olivier Boudon, chef d'une petite PME spécialisée dans le chauffage et la plomberie dans l'Essonne, lui, n'en démord pas. La méthode est trop complexe : " Pour arriver à mettre en place le dispositif, il faudrait que je sois derrière chaque employé pendant toute une journée, plusieurs fois par an. C'est impossible. " Résultat, le patron a pris une décision radicale : référentiel ou pas, il n'appliquera tout simplement pas la réforme. " Je suis seul aux manettes, je n'ai tout simplement pas le temps ", déplore-t-il. Ses espoirs, il les place dans le fait que " l'administration ne pourra jamais contrôler tout le monde ". Et de conclure : " Ils n'auront pas le temps. Comme nous. "
Sarah Belouezzane
Publié le 17 Février 2017
Cet article met en exergue la médiocrité de nos politiques : gauche comme droite sont incapables de s'affranchir de leur intérêt personnel à être élus pour mener une action vis à vis de l'intérêt général... Tout le temps revient cette lancinante envie de jouer au "Père-Noël" pour servir ses intérêts propres : c'est indigne, nauséabond et révèle l'incompétence généralisée de nos élus !
Pour Christian Eckert, " les dépenses sont assumées " ! C'est facile d'assumer des dépenses avec le fric des autres ! En attendant ce Monsieur se voile la face en disant que tout va bien alors même que la croissance est au point mort depuis des années ! Mais c'est vrai que sa croissance, à lui, va très bien car il continue à être grassement payé à dire des inepties : merci pour lui !
Quand à M. Gilles Carrez, son parti ne vaut pas mieux : la crise de 2008 a doublé le déficit annuel dans le budget de l'état... Il a donc beau jeu de donner des leçons quand il est dans l'opposition, mais que ce parti était aux affaires, il a aussi utilisé son pouvoir de "Père-Noël" pour caresser la population dans le sens du poil, avec de l'argent qu'il n'avait pas... Les Français n'ont pas été dupes à ce moment là en ne reconduisant pas M. Sarkozy aux plus hautes fonctions...
Il est temps de penser à un véritable recours entre les systèmes LR et PS car ils sont aussi incompétents l'un que l'autre à diriger notre pays et celui-ci vaut mieux que ces bisbilles de Cour d'école pour servir le Citoyen...
Un article du journal 'Le Monde' daté du 8 octobre 2016
*******************
Budget et déficit : l'antagonisme droite-gauche
Gilles Carrez (LR) critique un budget 2017 " artificiel " mais pour Christian Eckert, " les dépenses sont assumées "
Le Monde a réuni le secrétaire d'Etat au budget, Christian Eckert, et le président (LR) de la commission des finances de l'Assemblée nationale, Gilles Carrez, pour confronter leurs points de vue sur le projet de loi de finances pour 2017, dont l'examen en commission commence le 12 octobre.
Ce projet de budget 2017 suscite de nombreux doutes, à commencer par ceux du Haut-Conseil des finances publiques. Suffit-il de se prévaloir des résultats passés pour justifier du sérieux du budget à venir ?
Christian Eckert : En tout cas c'est rassurant. J'observe qu'il y a peu d'inquiétudes sur l'atteinte d'un objectif de réduction du déficit à 3,3 % en 2016. Comme d'habitude, pour 2017, on nous dit que c'est incertain, qu'il y a des aléas négatifs… On verra ce que la Commission européenne dit de notre budget mais je n'ai pas d'inquiétudes particulières. Certains prédisent un déficit à 4 % ou plus. C'est totalement surréaliste, ça ne repose sur aucune analyse sérieuse.
Gilles Carrez : C'est typiquement un budget de fin de législature : il est artificiel. Le gouvernement renoue avec ses vieux démons. D'abord, les hypothèses macroéconomiques sont très optimistes. Il prévoit une augmentation de la consommation des ménages de 1,6 %, qui générerait une hausse des recettes de TVA de 4 milliards d'euros, c'est considérable. Enfin, en vrai budget d'année électorale, Bercy a mobilisé tous les artifices. La technique consiste à faire de la gonflette sur les recettes, à multiplier les recettes " one shot ", comme ils disent à Bercy. J'ai envie de dire : bravo l'artiste !
A l'examen de ce budget, on constate qu'il y a effectivement beaucoup d'astuces fiscales ou de recettes exceptionnelles. Il y a de quoi s'interroger…
C. E. : Au mois de juillet 2015, M. Carrez nous disait qu'il allait manquer 10 milliards d'euros de recettes ; on en a eu un de plus à la fin de l'année. Vous avez tous les ans le même discours. Il faut arrêter de se faire peur et de justifier les déficits que tous les candidats de la droite prévoient par une espèce d'héritage qui n'existe pas. Le débat public perd en crédibilité par la remise en cause systématique des prévisions, ce que s'emploie à faire l'opposition, parce qu'elle sait que son programme est irréalisable. En février-mars 2017, nous aurons les comptes de l'Etat en exécution pour 2016 : ce sera le juge de paix. Tout le reste n'est que rideau de fumée.
Vous chiffrez entre 10 et 15 milliards les dépenses supplémentaires non prises en compte. Comment arrivez-vous à ce chiffre ?
G. C. : D'une part, il y a une surestimation manifeste des recettes et, d'autre part, les dépenses de l'Etat progressent de 15 milliards d'euros par rapport à 2015. Certaines économies annoncées sont totalement virtuelles. De plus, le gouvernement renvoie sur 2018 pour environ 5 ou 6 milliards d'euros de dépenses fiscales supplémentaires : 3,3 milliards de CICE, entre 1 et 2 milliards sur le crédit d'impôt emploi à domicile, 400 millions de crédit d'impôt taxe sur les salaires pour l'économie sociale et solidaire et je ne parle pas de l'envolée probable du crédit d'impôt transition énergétique. Tout cela constitue un arsenal de bombes à retardement en crédits d'impôt. Je reconnais que le gouvernement a fait des efforts en 2015 et 2016 mais il se lâche en 2017.
C. E. : Les 5 milliards de dépenses fiscales de 2017 transférés en 2018, c'est ni plus ni moins ce qui est prévu comme baisse des prélèvements dans la loi de programmation des finances publiques et dans le programme de stabilité. Il n'y a pas de perturbation sur la trajectoire de 2018. Nous revendiquons 7 milliards d'augmentation des dépenses de l'Etat en 2017 : 3 milliards sur l'éducation, 2 milliards sur la sécurité, 2 milliards sur le plan emploi. Oui, c'est assumé. Et ces dépenses sont assurées par des financements, que vous pouvez contester, c'est votre droit, mais dont vous ne pouvez pas nier la réalité.
Le fait est, en revanche, que les 50 milliards d'euros d'économies annoncés au moment du pacte de responsabilité ne seront pas réalisés…
C. E. : Ce sera 46 milliards si on compte les économies sur la charge de la dette, dont on nous dit toujours que ce sont des économies de constatation. Lorsque nous avons lancé le plan de 50 milliards d'économies, si nous avions été certains d'en réaliser 46, j'aurais signé des deux mains. Parce que, les économies, tout le monde en parle, tout le monde dit que c'est nécessaire, mais quand il s'agit de les faire, c'est plus difficile. Cela a été un effort considérable pour les ministères, pour les collectivités territoriales et celles-ci ont compris qu'il fallait qu'elles baissent leurs dépenses de fonctionnement.
G. C. : Sur cette question de l'évaluation des économies, cela fait des années que je dis qu'il faut arrêter de raisonner en tendanciel. Cela revient à dire que, si je ne fais rien, je dépenserai 120 mais, comme je ne dépenserai que 110, je fais 10 d'économies. Ce qui fait que les 50 milliards du gouvernement sont très artificiels. Je porte la même critique sur les programmes de l'opposition. Ce qui me préoccupe dans ce budget 2017, c'est la reprise très forte de la progression de la masse salariale. Entre les mesures de point d'indice, les mesures catégorielles, la réforme des carrières et les effectifs supplémentaires, nous repartons sur une véritable dérive. Ce que je reproche au gouvernement dans ce budget 2017, c'est de recréer une dynamique sur l'ensemble des composantes de la dépense publique. Vous essayez depuis trois ans de diminuer la dépense à coups de rabot. A force de ne pas vouloir faire de réformes de structure sur les effectifs, sur les transferts sociaux, sur l'organisation du travail dans la fonction publique, nous nous trouvons dans une impasse.
Tous les candidats à la primaire de droite annoncent, peu ou prou, un redémarrage des déficits et, donc, de la dette. Est-ce que vous n'êtes pas en train, tout simplement, de préparer l'opinion au relâchement de la discipline budgétaire que vous exigiez à cor et à cri il n'y a pas si longtemps ?
G. C. : Pas tous les candidats de droite. Si je prends les programmes de François Fillon ou d'Alain Juppé, il y a du redéploiement fiscal. Il y a des baisses d'impôt, 50 milliards d'euros du côté Fillon, 28 milliards côté Juppé, mais il y a une augmentation de la TVA. Une augmentation de 2 points de TVA, c'est 16 ou 17 milliards d'euros.
C. E. : C'est-à-dire que vous remplacez des impôts directs par de la TVA qui est un impôt indirect.
G. C. : On ne peut plus continuer à financer la totalité de la protection sociale sur la masse salariale. C'est nocif pour l'emploi. Il faut transférer une partie du coût sur la TVA. Par ailleurs, ces baisses d'impôt sont gagées par des économies et il y aura la même séquence, le même échéancier dans la programmation des baisses d'impôt et des économies.
C. E. : L'aveu vient d'être fait. Gilles Carrez ne parle plus de baisse d'impôt, il parle de redéploiement et indique que le financement de la protection sociale devra se faire progressivement sur la TVA, qui est payée par l'ensemble des ménages de façon uniforme sur la consommation. Concernant la dépense, j'observe que, chaque fois que la droite a été au pouvoir, elle a augmenté la dépense publique.
Entre 2012 et 2017, sous notre majorité, elle aura baissé de 2 points. Moi, je ne sais pas comment 300 000 fonctionnaires peuvent être supprimés, ce que tous les candidats de droite promettent, quand ce n'est pas 500 000. Vous les prenez où ? Quelles conséquences sur l'activité ? Quelles conséquences sur les services publics ? Il faut arrêter de laisser croire à des engagements que l'on sait ne pas pouvoir tenir.
Je reviens à la question des déficits, que la droite assume de laisser se creuser, au moins temporairement, après 2017, en disant vouloir renégocier avec Bruxelles. Est-ce que la France n'a pas épuisé son capital de négociation avec ses partenaires européens, même si, ces deux dernières années, elle avait regagné en crédibilité ?
G. C. : Je ne suis pas d'accord avec l'analyse que vous faites de certains programmes. J'ai cité tout à l'heure les programmes d'Alain Juppé et de François Fillon, ils sont équilibrés.
L'un et l'autre prévoient un accroissement du déficit, jusqu'à 4,7 % pour Fillon, et admettent qu'il va falloir renégocier avec Bruxelles…
G. C. : Je ne suis pas sur ce chiffre. S'il y a alternance comme je le souhaite, la vérité des comptes telle qu'elle ressortira du nécessaire audit sera non pas à 2,7 % de déficit mais plutôt entre 3,5 et 4 %, de l'ordre d'un point de PIB.
C. E. : Faux ! Vous vous rendez compte ? ! Un point de PIB, c'est 20 milliards d'euros. Ce que vous dites n'a pas de sens.
G. C. : C'est cet héritage qui va peser et qu'il va falloir négocier à Bruxelles. Sans parler des dépenses qui vont peser sur 2018. On pourrait parler, par exemple, de l'effet en année pleine en 2018 des hausses du point d'indice, qui augmente au 1er mai 2017. Il en va de même de plusieurs mesures prévues en cours de 2017, dont le coût s'accroîtra en 2018. Dans le bilan et la négociation avec Bruxelles, il faudra prendre les deux exercices, 2017 et 2018.
propos recueillis par Patrick Roger
Les dates
12 octobre
Début de l'examen du projet de loi de finances (PLF) en commission des finances, à l'Assemblée nationale.
18 octobre
Discussion en séance de la première partie du PLF (recettes).
25 octobre
Vote de la première partie.
2 novembre
Discussion en séance de la seconde partie du PLF (dépenses et articles rattachés).
22 novembre
Vote sur l'ensemble du PLF à l'Assemblée
Publié le 16 Février 2017
Les affaires politiques sur fond de financement occulte ont gangréné notre pays dans les années 1980-90. Des lois sont passées, la justice a sanctionné.
Il est donc particulièrement rigolo qu'un parti prétendant être une alternative au système "UMPS" utilise aujourd'hui des méthodes que ses ainés ont étrennées il y a 30 ans !
Le FN alternative ? Que nenni ! En tout cas, pas pour promouvoir l'intérêt général !
Car même il y a 30 ans, on n'avait jamais été aussi loin, ce, de manière aussi systématique avec une fraude à ce point mise en place sur l'ensemble du territoire Français !
Le FN doit donc être considéré comme tel : le pire du pire démontrant que les extrêmes sont les plus néfastes quand il s'agit de servir le Citoyen !
Les Français n'ont pas besoin de ces pourris !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 8 octobre 2016
********************
Le FN doit rendre des comptes à la justice
Le parti d'extrême droite et deux de ses principaux dirigeants seront jugés pour escroquerie
La nouvelle fait tache à sept mois de l'élection présidentielle de 2017 : le Front national (FN) va devoir affronter l'épreuve d'un procès pour justifier de son financement. Telle est la décision prise par les juges d'instruction Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi, qui ont signé, mercredi 5 octobre, leur ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel.
Deux dirigeants du parti d'extrême droite – le trésorier Wallerand de Saint Just et le vice-président Jean-François Jalkh – sont renvoyés devant les juges, tout comme le FN en tant que personne morale, pour complicité d'escroquerie au préjudice de l'Etat lors des élections législatives de 2012 et recel d'abus de bien sociaux.
D'autres personnalités proches de la présidente du parti frontiste vont aussi être placées sous les feux des projecteurs de la justice. Frédéric Chatillon, dirigeant de la société Riwal, le principal prestataire du FN, et Axel Loustau, trésorier de Jeanne, le microparti de Marine Le Pen, sont également renvoyés en correctionnelle. Le premier cumule les charges : faux et usage de faux, escroqueries, abus de biens sociaux, etc. Au total, les juges ont décidé du renvoi de sept personnes physiques et de trois personnes morales. Une décision conforme en quasi-totalité aux réquisitions prises par le parquet de Paris, le 22 juillet.
" Dons déguisés "
Les magistrats reprochent aux différents acteurs du dossier d'avoir mis en place un système ayant permis au FN de bénéficier de remboursements indus par l'Etat pour la présidentielle et les législatives de 2012. Ce système, dont la société Riwal représentait la pierre angulaire, reposait sur différents leviers.
Tout d'abord, sur la fourniture de kits de campagne obligatoires pour les candidats aux législatives, qui auraient été surfacturés par Jeanne et financés par l'intermédiaire de prêts présumés fictifs avec intérêts consentis aux candidats. Une habileté comptable destinée, selon la justice, à tromper la commission des comptes de campagne et l'Etat pour être remboursé de sommes qui n'auraient pas réellement été dépensées. Facturés 16 650 euros l'unité, ces kits – pour l'essentiel des tracts, des affiches et un site Internet –, offraient à la fois une marge considérable à Riwal tout en restant dans le cadre du plafond de dépenses couvert par l'Etat.
Au cours de l'instruction, plusieurs candidats ont indiqué qu'ils ne correspondaient pas aux besoins liés à la taille de leur circonscription. Le préjudice pour les comptes publics, difficile à évaluer, a été estimé au cours de l'instruction à plusieurs millions d'euros. Outre ce volet, les magistrats reprochent aussi à la société Riwal d'avoir consenti au FN et à Jeanne des " dons déguisés " par le biais d'achats de matériels, de mise à disposition de locaux et de salariés ou d'emplois présumés fictifs.
La question qui se pose désormais est de savoir si une audience pourrait avoir lieu d'ici à la présidentielle. Le FN a d'ores et déjà annoncé son intention de faire appel de l'ordonnance des magistrats instructeurs en raison de son " caractère complexe ", explique l'avocat du parti, David Dassa-Le Deist.
Déboires judiciaires
La chambre de l'instruction doit donc examiner cet appel avant que le tribunal de grande instance de Paris ne fixe une date pour le procès. " Il n'y a aucune démonstration de la complicité d'escroquerie. Nous sommes sur des affirmations, sur des postures, sur des déformations de la jurisprudence, assure Me Dassa-Le Deist. Il n'y a aucune tromperie, aucune manœuvre, aucune complicité d'escroquerie. " Depuis le début de cette affaire, le parti d'extrême droite ne dévie pas de sa ligne de défense, qui consiste à dénoncer une " persécution judiciaire " et une " instrumentalisation politique " de la justice. " On s'étonnera simplement du calendrier. En France, on juge les affaires de 2012 quelques mois avant l'élection présidentielle de 2017 ", a réagi le vice-président du FN, Florian Philippot. Un trouble apparent qu'il ne se prive pourtant pas de ranger au placard à l'heure de critiquer Nicolas Sarkozy pour son implication dans l'affaire Bygmalion.
Quoi qu'il en soit, c'est bien le bilan de Marine Le Pen à la tête du FN depuis 2011 qui va être scruté par le tribunal. Celui d'une présidence durant laquelle la députée européenne a confié à ses amis – Frédéric Chatillon en tête – les clés de la logistique de sa formation. Des amis qu'elle soutient contre vents et marées, malgré les déboires judiciaires – M. Chatillon est aussi impliqué dans le dossier des " Panama papers ". Interrogé par Le Monde pour savoir s'il comptait faire appel, comme le FN, de son renvoi, l'intéressé a répondu : " Je n'ai pas vraiment suivi l'information. Je suis dans un restaurant en terrasse à Rome. "
Olivier Faye, et Simon Piel
Publié le 15 Février 2017
C'est un acte courageux qui mérite d'être applaudi des deux mains ! Enfin une région qui a le courage de demander à d'autres de faire le travail de la SNCF !
La SNCF étant, de loin, la boite la plus incompétente de France, il est plus que normal que l'intérêt général ait commandé à ce que l'on change de fournisseur !
La seule question en suspend est : "Pourquoi ne l'a-t-on pas fait plus tôt ?"
Un article du journal 'Le Monde' daté du 07 octobre 2016
********************
TRANSPORT
La région PACA veut ouvrir ses trains régionaux à la concurrence
La région Provence-Alpes- Côte-d'Azur a annoncé, mercredi 5 octobre, la rupture de ses négociations avec la SNCF pour la reconduction de la convention régissant le réseau des transports express régionaux de ce territoire. Son président, Christian Estrosi, souhaite bénéficier de l'ouverture à la concurrence de ce marché dès 2019, comme la directive européenne le prévoit. Agacée par les annulations de trains répétées et le coût des services de la SNCF, la région souhaite traiter avec d'autres sociétés comme Thello, filiale de Trenitalia, ou travailler pour certaines lignes en régie. – (AFP.)
Publié le 14 Février 2017
J'ai visité pas mal de fois les tribunaux dans ma vie. Entre les Cours administratives, pénales, civiles et prudhommales, sans oublier la Cour de cassation, j'en ai fait beaucoup et la conclusion s'impose d'elle-même : notre justice n'est pas du tout au niveau que l'on attend d'elle !
Entre un procureur qui m'avoue ne pas avoir lu mon dossier avant d'entrer en audience, entre un dossier prudhommal bourré d'erreurs factuelles, un avocat qui me dit que le principal souci des juges en chambre sociale est d'être muté près de chez eux, on comprend vite que le garde des Sceaux idéal est celui qui a déjà fréquenté les tribunaux !
Le manque de moyens pourrit l'ensemble de l'institution, c'est évident... Ce manque de moyens pourrit le temps accordé à chaque affaire et influe forcément sur la qualité des débats. A l'arrivée, des juges frappés de tocardise aigüe car incapables de fournir un travail efficace à leurs tâches !
Le manque de moyens est le facteur numéro 1 qui engendre le fait que les juges ne lisent les dossiers qu'en travers ! Dans une chambre sociale de Cour d'appel, il y a 3 juges : mon avocat, Maître Pierre Janot à Grenoble - 6 Boulevard Agutte Sembat, 38000 Grenoble - (LE champion régional du nombre de dossiers, une véritable usine d'abattage où on paie une blinde le fait d'être traité comme un numéro), m'a dit qu'il n'y en avait qu'un sur 3 qui prenait la peine de lire les dossiers... A l'arrivée, des erreurs factuelles grosses comme le bras ! Inutile de saisir la Cour de cassation sur ce fait : si le juge décide que les faits se sont déroulés de telle manière, ils se sont déroulés comme cela même si toutes les parties affirment le contraire ! Et quand un juge exige 20mn à décrire une affaire complexe qui en mériterait 2h, inutile de préciser que la justice se fourvoie...
La justice est malade de ses manques de moyens et cela est un danger démocratique car quand n'accorde que peu de temps à un dossier complexe, l'erreur est inévitable...
Le manque de moyens incite à recruter moins, à payer moins, in fine, à recruter moins bien... Quand un type a fait des études et qu'il est brillant, quel est l'intérêt pour lui d'être moins bien payé dans le public ? A l'arrivée, le citoyen se trouve à être jugé par des tocards (généralisés depuis la première instance jusqu'à la Cour de cassation), qui ne lisent pas les dossiers par manque de temps, dont 1 sur 3 est impliqué, là aussi par manque de temps, et qui inventent des faits pour coller à des démonstrations simplistes, toujours par manque de temps...
Il est temps de redonner des moyens à la justice car une justice qui en manque induit une justice injuste...
Un article du journal 'Le Monde' daté du 7 octobre 2016
****************
Les carences structurelles de la justice française
Selon une étude européenne, le budget de la justice s'élevait, en 2014, à seulement 64,10 euros par habitant
Depuis toujours, le budget de la justice augmente, tous les gardes des sceaux ont eu à s'en féliciter, c'est l'un des paradoxes de ce ministère. " En présentant jeudi 29 septembre le projet de budget 2017 de son ministère, Jean-Jacques Urvoas n'était pas en reste pour démontrer, chiffres à l'appui, la hausse record qu'il avait obtenue, de 9 % à 6,89 milliards d'euros… ou de 5 % selon le mode de calcul.
S'ils vont permettre d'éteindre quelques incendies et redonner un peu d'air à des juridictions asphyxiées, ces réels efforts financiers ne suffiront pas à changer la face de cette bien pauvre justice française. La comparaison de l'efficacité et de la qualité des systèmes judiciaires dans 46 Etats du Conseil de l'Europe souligne de façon criante les carences structurelles de la France.
Selon l'étude 2016 de la Commission européenne pour l'efficacité de la justice (Cepej), publiée jeudi 6 octobre, la France consacrait à la justice 64,10 euros par habitant en 2014. Certes, c'est une hausse par rapport aux 61,20 euros de 2012 (l'étude de la Cepej est réalisée tous les deux ans), mais cela reste très éloigné de la pratique de nos voisins, comme l'Allemagne (108,90 euros) ou l'Espagne (88 euros). Alors que la plupart des pays d'Europe occidentale ont infligé à la suite de la crise financière de 2008 des cures d'austérité budgétaire à leur système judiciaire, Paris a cultivé le " paradoxe " et augmenté son effort. Mais le système tricolore reste parmi les plus mal dotés des 28 pays de l'Union européenne, laissant derrière lui des pays comme le Portugal (52 euros), l'Irlande (48 euros) ou la Grèce (44 euros).
" L'Europe finance cette très lourde étude car elle considère qu'une justice qui fonctionne bien est un facteur de croissance économique ", justifie Jean-Paul Jean, président du groupe des experts de la Cepej et président de chambre à la Cour de cassation. La situation française ne se caractérise pas seulement par ses palais de justice délabrés et ses manques de personnel. Les difficultés d'accès à la justice pour les citoyens et en particulier pour les plus démunis d'entre eux y sont plus grandes qu'ailleurs. Le budget de l'aide judiciaire, qui permet d'indemniser les avocats chargés de conseiller ou défendre les personnes sans revenus ou à faibles revenus, représente 5,49 euros par habitant, quand les Pays-Bas ou la Suède sont au-delà de 26 euros par habitant.
" Voie de clochardisation "
De plus, la France a fait le choix d'ouvrir tous les contentieux, pénal ou civil, à l'aide judiciaire avec un plafond de ressources pourtant modeste pour le bénéficiaire (1 180 euros par mois pour un foyer avec une personne à charge). Le résultat est un saupoudrage sur un plus grand nombre d'affaires éligibles (1 352 affaires pour 100 000 habitants) avec une faible rémunération unitaire (342 euros par dossier en moyenne). Le budget allemand subventionne ainsi moins de procédures (832 pour 100 000 habitants) mais mieux (456 euros en moyenne par affaire). Dans les pays de tradition juridique de common law comme le Royaume-Uni, les proportions sont tout autres puisque Londres finance chaque dossier éligible à l'aide judiciaire à hauteur de 1 479 euros.
Il n'est guère étonnant dans ces conditions de constater que la France compte moins d'avocats que ses voisins. Certes, elle compte plus de notaires, dont certaines tâches relèvent ailleurs de la compétence des avocats, mais les écarts sont impressionnants. On dénombre 94 avocats pour 100 000 habitants, bien moins qu'en Belgique (162), en Allemagne (202), en Espagne (291) ou au Royaume-Uni (315). La faiblesse relative de cette profession n'est pas qu'une question catégorielle. " La qualité de la justice passe notamment par l'existence au profit du justiciable d'une défense assurée par un professionnel formé, compétent, disponible, offrant des garanties déontologiques et travaillant pour un coût raisonnable ", rappelle la Cepej.
Des négociations sont en cours entre la chancellerie et le Conseil national des barreaux au sujet de l'aide judiciaire. Elles portent sur une petite revalorisation de l'indemnisation des avocats, après un premier geste fin 2015 qui avait mis fin à un mouvement de protestation d'ampleur. Mais aucune remise à plat de ce dispositif à bout de souffle n'est à l'ordre du jour. Devant l'ampleur du handicap à combler pour sortir la justice française de " la voie de clochardisation ", pour reprendre les termes de M. Urvoas, c'est bel et bien un effort pluriannuel qui s'impose. L'idée du garde des sceaux, appuyée par Dominique Raimbourg et Philippe Bas, les présidents des commissions des lois de l'Assemblée nationale et du Sénat, de préparer une loi de programmation pour la justice apparaît comme un minimum indispensable. Mais les moyens de la justice n'ont jamais été un argument de campagne présidentielle.
Jean-Baptiste Jacquin
Publié le 13 Février 2017
Encore un article qui montre et démontre l'incompétence de nos politiques. A force de mettre leurs préoccupations électoralistes avant toute considération vis à vis de l'intérêt général, ils ne savent plus où ils vont et pondent des mesures inefficaces car largement non réfléchies...
Trop d'aides, dispensées vis à vis du mauvais public, effets d'aubaine à foison, sont les reproches les plus récurrents...
Mais est-ce si étonnant que nos jeunes peinent à trouver un emploi quand le seul "80% d'une classe d'âge au bac" est mis en avant ?
Entre une éducation promouvant l'inégalité et un objectif bac gravé dans le marbre induisant que l'on baisse le niveau pour l'atteindre, nos jeunes ne peuvent que se retrouver dans les difficultés...
Pour que nos jeunes puissent s'insérer dans le monde du travail, c'est le travail éducatif sur lequel il faut reporter l'effort ! Au stade de la recherche d'emploi, il est trop tard !
On continue donc à dépenser de l'argent en pure perte, argent dont on aurait cruellement besoin pour mettre en place une éducation de qualité apte à former correctement nos chères petites têtes blondes (façon de parler ;) ).
Un article du journal 'Le Monde' daté du 6 octobre 2016
***************
Les aides à l'emploi pour les moins de 25 ans jugées inefficaces
La Cour des comptes dénonce l'empilement des dispositifs et des acteurs
Ce sont les grandes victimes de la crise. En Grèce, en Espagne et jusqu'en France, les jeunes ont du mal à trouver un logement, à commencer une vie en dehors du foyer familial et à envisager sereinement l'avenir. En cause, un accès à l'emploi de plus en plus compliqué. Le sujet est suffisamment grave pour que la Cour des comptes s'en soit saisie dans un rapport rendu public mercredi 5 octobre. L'institution de la rue Cambon est revenue sur les mesures mises en place depuis plusieurs années pour faciliter l'accès à l'emploi des jeunes en France, et en a évalué les effets. Ses conclusions sont sans appel : a trop vouloir en faire, on ne fait pas bien. Ou du moins pas comme il faut.
" En réponse à l'enjeu politique que constitue l'accès des jeunes à l'emploi, de très nombreuses aides, mises en œuvre par des opérateurs multiples, ont été déployées, mais sans toujours obtenir les effets escomptés ", écrivent les magistrats qui commencent par dresser un état des lieux de la situation.
Trop d'aides illisibles
Selon eux, il y a urgence : certes la précarité et les difficultés d'accès à un contrat stable ne sont pas un phénomène nouveau, mais ils se sont accentués avec la crise de 2008. L'écrasante majorité des embauches concernant cette population se fait aujourd'hui en CDD, " dont deux tiers ont une durée inférieure à un mois ", selon la Cour des comptes. Surtout, les jeunes ne sont pas à l'abri de retourner au chômage après en être sortis même pendant quelques années.
Résultat, soulignent les magistrats, ils sont parfois obligés d'accepter des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés. Et les problèmes ne s'arrêtent pas là : une fois employés, les moins de 25 ans ne le sont pas forcément sous les formes classiques. Ils sont ainsi les premiers à expérimenter les nouvelles formes de travail (loin du salariat classique) introduites par l'arrivée de géants comme Uber et sont surreprésentés parmi les populations rémunérées au salaire minimum. A ces difficultés structurelles, s'ajoutent celles rencontrées par les jeunes déscolarisés assez tôt et habitant dans des quartiers sensibles. Pour eux, expliquent les magistrats, les obstacles sont deux fois plus importants. En tout, ils sont 750 000 à être en dehors du système, sans emploi, sans études ou formation.
Pour pallier le problème, la Cour le reconnaît, de nombreux dispositifs existent. Près d'une vingtaine pour un coût global de 10,5 milliards d'euros dénombrent même les magistrats. Or, c'est justement là que le bât blesse, trop d'aides sont devenues, relèvent-ils, illisibles. Difficiles à mettre en œuvre correctement. Les résultats sont donc loin d'être à la hauteur des moyens mis en œuvre.
Ainsi, " ce sont quatre jeunes sur cinq dont les salaires bénéficient d'une aide publique tous les mois ". Parmi ces aides, des dispositifs d'accompagnement (garantie jeune, accueil décrocheurs…), d'apprentissage et de formations ainsi que des contrats aidés comme les contrats uniques d'insertion ou encore les contrats d'avenirs si chers à M. Hollande.
Les magistrats ont observé les taux de retour à l'emploi de chacun d'entre eux et les résultats sont édifiants. A titre d'exemple seuls 9, 6 % des jeunes ayant bénéficié d'un accompagnement de Pôle emploi ont trouvé un travail à l'issue de leur prise en charge. Et ce chiffre cache des disparités : les plus diplômés, qui ont donc bénéficié d'un accompagnement moins intensif, ont été 12,4 % à se placer correctement sur le marché de l'emploi. Les moins qualifiés, éligibles à un suivi renforcé, n'ont, quant à eux, été que 7,7 %.
Les résultats sont un peu meilleurs pour ce qui est des missions locales, mais reflètent la même dichotomie entre jeunes qualifiés et moins qualifiés, qui plus est issus de quartiers sensibles. 47,3 % des personnes suivies trouvent un emploi. Un taux qui retombe à 35,9 % pour ceux qui ont décroché des études et à 33,5 % pour ceux issus des " quartiers de la politique de la ville ".
" Lourdeurs administratives "
Pour ce qui est des contrats aidés, les magistrats pointent un effet d'aubaine. Pour eux, beaucoup d'embauches auraient de toute façon été faites. Selon la Cour, 47 % des nouveaux contrats signés dans le cadre d'un emploi d'avenir dans le secteur marchand l'auraient été de toute façon. Prévus d'abord pour les publics les moins qualifiés, ces contrats peuvent aussi être utilisés par les employeurs pour embaucher un jeune ayant fait jusqu'à trois ans d'étude en zone rurale ou sensible. Mais, d'après les magistrats, les dérogations se multiplient. Un tiers seulement des emplois en question serait occupé par une personne issue d'un quartier sensible. " La sélectivité des dispositifs est insuffisante ", en conclut la Cour.
Autre problème : la multiplication des acteurs supposés mettre en place les dispositifs. Gouvernement, régions, Pôle emploi, missions locales… Nombreux sont ceux qui doivent " prescrire " une formation ou un contrat aidé à un jeune. De quoi en perdre son latin. En Normandie, la Cour des comptes a ainsi dénombré vingt-six instances compétentes en lien avec les jeunes demandeurs d'emploi ou les entreprises. Certains dispositifs (accompagnement, formation, mise en emploi et insertion) sont, par exemple, redondants et se retrouvent à l'identique à différents niveaux. " Les financements s'enchevêtrent et leur mise en œuvre engendre des lourdeurs administratives considérables ", écrit la Cour des comptes qui n'a pas manqué, comme à son habitude, de conclure son rapport par des préconisations.
Parmi celles-ci : une simplification administrative grâce à la mise en place d'une instance unique chargée du suivi de tous les dispositifs. Ainsi ceux qui en ont le plus besoin auront les formations les plus adéquates.
Sarah Belouezzane
Les chiffres
2,02 milliards
C'est la somme totale, en euros, allouée par l'Etat aux contrats aidés. En 2014, 160 000 jeunes en bénéficiaient. 80 % d'entre eux dans les administrations et les collectivités territoriales, 20 % dans le secteur marchand.
1,45 milliard
Ce sont en tout, selon la Cour des comptes, les dépenses publiques (en euros) au titre du suivi et de l'accompagnement des jeunes, comme le suivi délégué par Pôle emploi ou encore l'accompagnement intensif jeunes.
5,95 milliards
C'est la somme, en euros, consacrée à l'apprentissage. 400 000 apprentis et 165 000 jeunes en contrat de professionnalisation sont concernés.
Publié le 10 Février 2017
Pour sauver 800 emplois, on dépense 700 millions d'euros d'argent public ! Vous avez calculé de vous-même : ça fait 875 000 euros l'emploi, soit 580 smics, soit 48 ans de financement par chômeur... Autrement dit, on paie carrément l'équivalent du salaire touché pendant toute la carrière du chômeur !
Ce pour gagner quoi ? 2 ans de tranquillité !
En fait, on assiste dans cet épisode dans un abus de bien social manifeste consistant à acheter la paix sociale pour que le gros Hollande se fasse réélire l'année prochaine ! C'est ça la vérité !
C'est honteux ! On ne peut pas dépenser autant d'argent public pour sauver 800 emplois que pour 2 ans !
N'avait-on pas la possibilité de dépenser une partie seulement de ce fric à financer des formations complètes pour que ces personnes puissent garder leur dignité à être embauchées pour un travail viable ?
Car personne n'est dupe ! Et surtout pas ces 800 personnes qui ont bien compris qu'on dépensait un fric fou pour une viabilité de leur job qu'à très court terme !
Décidément, l'incompétence de nos politiques n'a pas de limites !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 5 octobre 2016
*************
Un sauvetage baroque et coûteux
Le plan concocté avec Bercy joue sur plusieurs leviers. Les seules commandes de TGV coûteront plus de 700 millions d'euros d'argent public
En cette période préélectorale, François Hollande veut-il démontrer que le volontarisme politique peut avoir du bon ? En tout cas, l'usine Alstom de Belfort devrait poursuivre son activité au-delà de 2018, date initiale à laquelle la direction du constructeur ferroviaire souhaitait transférer la partie fabrication et bureaux d'études vers l'usine alsacienne de Reichshoffen.
Chez Alstom, après le choc de l'annonce début septembre, la solution présentée mardi 4 octobre est inespérée. Alors qu'Henri Poupart Lafarge, le PDG de la société, souhaitait lancer une première restructuration industrielle, le gouvernement lui a montré une autre voie. Personne ne peut reprocher cette fois-ci à l'Etat d'avoir lâché son constructeur national. Le plan alternatif concocté avec Bercy est large et massif. Les salariés du groupe, et notamment les 480 de Belfort, ne pourront pas dire que le gouvernement est indifférent à son sort.
Le sauvetage du site par le biais de deux commandes d'une vingtaine de rames de TGV est une bénédiction pour les salariés. La première vient de la SNCF pour six rames devant circuler entre la France et l'Italie, tandis que la seconde provient de l'Etat en tant qu'autorité organisatrice des transports des trains Intercités. En jouant cette carte, l'Etat a dans le même temps obtenu une certaine sécurisation du site de La Rochelle, qui assemble les voitures de TGV, Belfort se limitant à fabriquer les motrices avant et arrière de chaque rame.
Pour l'usine belfortaine, ces commandes se traduisent par de la charge supplémentaire pour les ateliers, mais aussi par un surplus de travail pour les bureaux d'études attenants, qui rassemblent plus de 150 personnes sur le site. Surtout, alors que la production française de locomotives de fret devrait s'éteindre d'ici 2018 malgré quelques commandes complémentaires de la part de SNCF Réseau, l'Etat et Alstom ont trouvé des moyens d'assurer une nouvelle orientation au site.
Quel coût pour les régions ?
Le site de maintenance ferroviaire est renforcé et devient un centre d'excellence au niveau européen, avec des investissements substantiels en parallèle : à la clé, 150 personnes, deux fois plus qu'aujourd'hui. Dans le même temps, Alstom va se lancer sur le très prometteur et très concurrentiel marché des bus électriques.
Cette débauche d'annonces, cependant, pose des questions. Tout d'abord, à quel prix sauve-t-on ce site de 480 salariés ? Les seules commandes de TGV vont coûter plus de 700 millions d'euros d'argent public, sans compter les commandes complémentaires. Sauver un seul site, fût-il historique et symbolique, risque d'alourdir le budget de l'Etat. Du moins si la puissance publique va au bout de ses commandes.
Les négociations s'ouvrent à peine et il faudra voir ce qu'il advient après l'élection présidentielle du printemps 2017. De même, l'Etat pourrait se défausser sur les régions desservies par ces nouveaux trains pour régler la facture.
Ces nouveaux TGV devraient desservir la transversale Sud, entre Bordeaux et Nice, par Toulouse, Montpellier et Marseille, comme l'indiquent Le Figaro et la lettre professionnelle Mobilettre. A l'horizon 2021, certaines portions de cette voie seront des lignes à grande vitesse (LGV), notamment la LGV Montpellier-Marseille et le contournement Nîmes-Montpellier qui ouvrira en 2017. Enfin, il faudra encore attendre pour voir une éventuelle LGV entre Bordeaux et Toulouse.
Faire rouler à 200 km/h du matériel capable de rouler à 320 km/h n'est pas très optimal et rationnel pour un opérateur. Une rame TGV coûte deux fois plus qu'un matériel classique. Les négociations entre l'Etat et Alstom seront donc rudes sur le coût des machines. De même, il faudra amortir ce matériel, ce qui pourrait se traduire in fine dans le prix des billets…
Cette commande directe pose également une question juridique. L'Europe ne risque-t-elle pas de s'agacer de voir un Etat venir en aide à son constructeur national en lui passant un contrat de commande de gré à gré ? L'Etat et Alstom disposent cependant d'une arme, les contrats-cadres existants d'achat de TGV. Pour ces derniers, l'Etat active simplement une option d'achat prévue.
Enfin, si Belfort et La Rochelle sont sortis de l'ornière, quid des usines d'assemblage de Valenciennes (RER, métro) et Reichshoffen (Intercités) ? Il faudra qu'Alstom remporte cette fois des appels d'offres, sans le soutien inconditionnel de l'Etat.
Ph. J.
Publié le 9 Février 2017
Quand l'idéologie gerbeuse et nauséabonde sert à certains élus à limiter le niveau de vie des plus nécessiteux, on tombe dans l'abject, dans la honte dans la trahison de l'intérêt des citoyens.
Le rôle du politique est aussi d'aider les plus nécessiteux et cela ne peut aller jusqu'à fermer des bâtiments publics pour servir son idéologie.
Le fait que des responsables locaux du Secours populaire utilisent l'image de l'association pour faire de la politique ne peut pas être une excuse pour expulser cette association des locaux qu'elle occupe.
"Faire de la politique", c'est s'occuper de l'intérêt général ! Peut-on reprocher à une association de s'occuper de l'intérêt général ? Si, par contre, faire de la politique, c'est se servir avant de servir ses concitoyens, force est de constater que le Maire, car faisant de la politique, se met dans le même panier et avoue, par ce fait, s'occuper plus de sa petite personne que de l'intérêt général !
En tout état de cause, un Maire ne peut utiliser un bâtiment public pour servir son idéologie et pour servir ses intérêts ! Le Maire a la charge de gérer un bien public, pas de décider arbitrairement qui doit en disposer !
M. Fabien Engelmann dépasse largement ses prérogatives et cela est intolérable !
Honteux et nauséabond !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 1er octobre 2016
*****************
L'HISTOIRE DU JOUR
Le maire FN d'Hayange expulse le Secours populaire
Un maire dispose-t-il d'un droit de regard sur les activités des associations installées dans sa ville ? Pour le frontiste Fabien Engelmann, maire d'Hayange (Moselle), la réponse est oui. Vendredi matin 30 septembre, un huissier, flanqué de la police municipale de la cité minière et de la directrice générale des services, devait se présenter au local du Secours populaire pour demander à l'association d'évacuer les lieux.
Selon le maire Front national, les responsables locaux du Secours populaire " utilisent l'image " de l'association " pour faire de la politique ". Fabien Engelmann met en cause certaines déclarations à la presse d'Anne Duflot-Allievi, présidente locale de l'organisation caritative, assimilées à de la " propagande promigrants ".
Cette dernière avait aidé le collectif anti-FN Hayange en résistance à organiser un repas pour des réfugiés. " Ce sont des gens qui ont une idéologie communiste. Qu'ils soient adhérents ou pas au Parti communiste, je m'en fous ", lâche l'élu, qui réclame donc leur départ.
Depuis une dizaine d'années, les locaux sont gracieusement mis à disposition de l'association par la municipalité. L'accord, entériné lors d'un conseil municipal, n'est pas encadré par un bail. Un point sur lequel Fabien Engelmann entend s'appuyer pour justifier l'expulsion.
Dans cette ville durement frappée par le chômage, le Secours populaire distribue de la nourriture, des vêtements, et aide des familles dans le besoin. " Nous ne sommes pas engagés politiquement, on ne comprend pas qu'un élu veuille chasser une association qui vient en aide à 800 personnes sur sa ville, se désole la responsable départementale, Marie-Françoise Thull. Il aurait envie que les associations fassent à sa mesure. Il n'a pas compris l'indépendance à respecter. "
L'élu frontiste envisage d'octroyer les locaux à d'autres associations caritatives. Il explique avoir sondé des bénévoles de Fraternité française, un organisme dirigé par la députée -européenne FN Mireille d'Ornano, dont la présidente d'honneur n'est autre que Jany Le Pen, femme de Jean-Marie Le Pen. Contactée, Mme d'Ornano oppose une fin de non-recevoir à Fabien Engelmann. " Je ne veux pas, je ne suis pas en compétition avec le Secours populaire, assure-t-elle. Ils ont de gros moyens. Plus que moi. "
Olivier Faye
Publié le 8 Février 2017
Nos politiques sont d'une nullité affligeante. L'état de la France est là pour le démontrer largement quand, depuis 30 ans, ils n'ont été capables que de dépenser l'argent qu'ils n'avaient pas pour essayer de jouer au Père Noël vis à vis de Français sceptiques sur leur action...
Au bout de 30 ans, la situation est désormais claire : nos politiques sont archi-nuls car leur formation Science-Po - ENA n'est pas celle qu'ils devraient avoir pour diriger un pays...
Ils ont de très grosses lacunes en économie et ces lacunes ne sont pas rattrapées par leur expérience en entreprise car ils n'ont jamais foutu les pieds dans une boite (et qu'on ne me parle pas de Macron avec la banque Rothschild, s'il vous plaît !).
Et quand on leur parle de pistes pour rattraper la compétitivité de la France, ils éludent le problème en disant que ça serait catastrophique pour leur élection ! Mais il faut savoir ! Pour quoi roulent ces tocards ? Pour leur élection ou pour l'intérêt général de la France ?
Qui crée les emplois si ce ne sont pas les petits patrons ? Le Pape ?
Donc, le moindre de professionnalisme que l'on peut exiger de ces types que l'on dit brillant (mais horriblement mal formés) est qu'ils écoutent un minimum ce que les patrons ont à leur dire, car eux savent de quoi ils parlent !
Donc, on les écoute quand ils disent qu'il faut aussi lâcher la bride sur les charges des hauts salaires, ce, d'autant plus, que la concurrence internationale joue sur les cadres, bien plus que sur l'emploi non-qualifié sur lequel le Français ne peut se battre contre le Chinois !
On ne donne pas son avis quand on est incompétent sur un sujet ! Au contraire, on prend son petit carnet et on prend des notes !
Mais même si ça nos hauts dirigeants ne savent pas faire, je ne peux rien faire pour eux !
Je rappellerai juste le principe de Peter dont une définition globales est disponible sur Wikipedia. Je reprends la définition de base :
=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=
Principe de Peter
Le principe de Peter (appelé parfois « syndrome de la promotion Focus »), est une loi empirique relative aux organisations hiérarchiques proposée par Laurence J. Peter et Raymond Hull dans l'ouvrage Le Principe de Peter (1970).
Selon ce principe, « dans une hiérarchie, tout employé a tendance à s'élever à son niveau d'incompétence », avec pour corollaire que « avec le temps, tout poste sera occupé par un employé incapable d'en assumer la responsabilité. »
=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=
Vous voyez un rapport avec nos dirigeants ? Moi oui et je sais d'où ça peut venir : du fait que l'on a toujours dit à des types bien-nés qu'ils étaient plus intelligents que tout le monde... Résultat : une inaptitude complète à l'écoute et à s'améliorer dans ses manques... Comme en matière économique nos dirigeants ont de gros manques (quand on voit le plan de formation Science-Po - ENA, c'est guère étonnant), s'ils n'écoutent que leur petite personne, on va dans le mur...
On connaît maintenant la cause de nos maux...
Alors, on continue à voter encore et toujours pour les mêmes tocards ?
Un article du journal 'Le Monde' daté du 30 septembre 2016
******************
TENDANCE FRANCE|CHRONIQUE
Patrons cherchent candidat, désespérément
Ils sont le tissu économique français, les moteurs de la croissance, les employeurs d'aujourd'hui. Ils sont surtout les électeurs de demain. Six des sept candidats à la primaire de la droite et du centre avaient -répondu présent, mardi 27 septembre, à l'invitation de plusieurs associations de patrons de PME et d'ETI (entreprises de taille intermédiaire). Objectif : défendre leur programme économique, répondre aux interrogations et écouter les propositions de ces Petit Poucet de l'industrie, des services ou des nouvelles technologies. Loin des projecteurs braqués à longueur d'année sur les poids lourds du CAC 40. " C'est important, ça permet de “sentir” vraiment les candidats ", apprécie l'un des patrons ayant fait le déplacement.
L'exercice n'était pas sans risque : ni meeting survolté ni débat compassé, il s'apparentait plutôt à un grand oral pour les candidats à l'Elysée, tenus de " pitcher " (synthétiser) leur projet à la mode start-up, debout et sans pupitre. Le tout en douze minutes chrono, avant de se soumettre trois quarts d'heure durant au feu roulant des questions des entrepreneurs.
Au terme de cette journée marathon, un constat s'impose : difficile de désigner un vainqueur. Alain Juppé, jugé " solide mais terne " ? Ou l'animal politique Nicolas Sarkozy, qu'on adore -détester mais dont on applaudit l'ironie mordante ? Les plus jeunes et les patrons de la nouvelle économie louent la proximité culturelle de Nathalie Kosciusko-Morizet, seule à être restée debout tout le débat, comme un clin d'œil aux conférences TEDx, ces formats brefs et pédagogiques en vogue aux Etats-Unis. Jean-François Copé, avec son langage martial et ses références à la nécessité du " commandement ", a plutôt désarçonné son auditoire. Bruno Le Maire, en bon élève, s'est montré précis et impliquant, soucieux de voir s'ouvrir " l'ère des entrepreneurs ". Quant à François Fillon, il a été applaudi d'entrée de jeu, lorsqu'il a affirmé avoir compris la préoccupation des chefs d'entreprise : " Que l'Etat arrête de nous emmerder ! "
Mais au-delà des performances scéniques, les patrons restent indécis. Il y a ceux qui hésitent entre deux can-didats de droite. Et les dirigeants qui se disent " de gauche ", mais iront voter à la primaire, afin de pouvoir " choisir leur opposition ". Jamais l'éventail de possibilités n'a semblé aussi ouvert. Pour les optimistes, la présidentielle de 2017 est l'occasion ou jamais de remettre l'entreprise au cœur des débats. " Le seul fait que tous les candidats soient venus montre que le sujet est désormais important ", s'enthousiasme un dirigeant de TPE présent au grand oral de mardi.
baisses de charges
Pour d'autres, le train est déjà passé. De fait, derrière la quasi-unanimité des candidats à propos de la suppression de l'impôt sur la fortune (ISF) ou de la réduction des dépenses publiques, thèmes doux aux oreilles des -patrons, d'autres sujets sont encore loin de faire consensus. Celui de la compétitivité, par exemple. Dans un pays où le chômage de masse est devenu la seule boussole d'un électorat souvent désabusé, rares sont les candidats qui acceptent de s'engager sur un point jugé indispensable par les dirigeants de l'industrie : des baisses de charges ciblant les salaires les plus élevés, au-delà de 2,5 smic, contrairement au crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE). Trop coûteux, écarte Bruno Lemaire. Indécent, assure -Nicolas Sarkozy, évoquant la " bombe atomique sociale " du chômage.
En face, les patrons accusent le coup. " Paradoxalement, la droite connaît souvent mal l'entreprise et n'a pas de réelle sensibilité à l'industrie. Tous les candidats reprennent à leur compte la pensée économique dominante, qui veut que seuls les bas salaires doivent voir leurs charges réduites. Ils ne comprennent pas que ce dont nous avons besoin pour être compétitifs, c'est de baisser les charges sur l'ensemble des salaires, ceux des ouvriers qualifiés, cadres et ingénieurs du secteur industriel, soumis à la concurrence internationale ", déplore Bruno Grandjean, patron d'une société de machines-outils, Redex, et président de la Fédération des industries mécaniques.
Pour les industriels, réduire le coût du travail serait au contraire le moyen de rattraper une partie du retard de la France à l'export, principal frein à la croissance. La part des exportations tricolores de biens et services est tombée de 17 % des exportations de la zone euro en 2000 à 13,4 % en 2015, rappelle Cœ-Rexecode, un institut de conjoncture proche du patronat.
Au-delà de ces sujets structurels, les capitaines d'industrie et les start-uppers de 2016 ont un autre regret : le manque de stature internationale des politiques. " Franchement, aujourd'hui, à droite, qui puis-je emmener au CES de Las Vegas - grand-messe annuelle du monde de l'électronique - sans avoir honte ? ", tacle un patron. Le seul qui ait fait régulièrement le déplacement, ces dernières années, ne participe pas à la primaire de la droite. Il s'agit d'un certain -Emmanuel Macron.
par Audrey Tonnelier
Publié le 7 Février 2017
Le gouvernement se rend-il compte de l'erreur qu'il est en train de faire en la matière ? Quand on veut réformer, il faut le faire en début de mandat, histoire de se faire oublier 5 ans plus tard !
En rabotant les allocations logement un an avant les élections, on s'éloigne forcément de son électorat...
Bref, autant d'un point de vue comptable, je comprends l'intérêt de la mesure, autant d'un point de vue stratégie, je ne comprends pas...
Sauf si le but est de vouloir perdre les élections en se tirant une balle dans le pied : dans ce cas, c'est bien joué !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 13 Août 2016
*************
Sévère coup de rabot sur les allocations-logement
La réforme adoptée dans la loi de finances pour 2016 entraîne une baisse pour 60 600 familles et une suppression pour 17 000 autres locataires
La réforme des allocations logement commence à faire sentir ses effets de façon bien concrète. Fin juillet, 60 600 familles ont découvert que leur aide au logement baissait. Le coup de rabot est sévère. Il s'élève à environ 70 euros par mois, sur un montant moyen qui tournait autour de 235 euros mensuels. Pire, pour 17 000 autres locataires, cette aide est carrément supprimée. Les bénéficiaires avaient été prévenus par la Caisse des allocations familiales (CAF), mais celle-ci ne précisait pas l'ampleur de la réduction.
La réforme, votée dans le cadre de la loi de finances pour 2016, introduit un nouveau paramètre dans le mode de calcul déjà compliqué des allocations logement : les familles qui paient un loyer élevé, au-delà d'un certain seuil, se voient appliquer un cœfficient dégressif au montant de leur aide ; celle-ci peut être réduite à zéro au-delà d'un second seuil.
Ainsi, à Paris et dans les départements limitrophes (zone 1), un loyer de plus de 1 000 euros entraîne la diminution de l'aide perçue par un célibataire, et s'il dépasse 1 171 euros, la supprime. Pour un couple, ces seuils passent à, respectivement, 1 200 et 1 413 euros.
" Un coup dur "
" Pour nous, c'est une mesure brutale qui va toucher des locataires des grandes villes et d'Ile-de-France où les loyers sont chers, regrette -Patrick Chrétien, président de la Fédération des familles de France. Elle impacte des ménages qui sont peut-être un peu grandement logés, comme c'est typiquement le cas de seniors attachés à leur quartier et qui ont conservé leur appartement après le départ de leurs enfants. On peut comprendre les objectifs du gouvernement, mais c'est un coup dur pour ces familles qui n'ont pas de solution pour se reloger. "
La loi a toutefois prévu que les personnes handicapées seront exemptées de toute réduction d'allocation, tout comme les résidents de structures collectives, les foyers de jeunes travailleurs et les maisons de retraite, où les redevances sont élevées.
Le gouvernement cherche d'abord à alléger la charge qui pèse sur le budget de l'Etat. Le rabotage permettra d'économiser rapidement 92,5 millions d'euros, ce qui reste une goutte d'eau dans l'océan de 17,5 milliards d'euros de ces allocations versées à 6,5 millions de foyers – soit plus que le revenu de solidarité active (RSA) ou que les allocations familiales.
Coût grandissant du logement
Ce poste progresse, en outre, à toute allure, de plus de 400 millions d'euros par an, doublement gonflé par la part croissante de la population qui a besoin d'aide, et par le coût grandissant du -logement.
L'autre motivation de l'Etat est de freiner l'inflation des loyers, qu'encouragent aussi les allocations logement. Dans une étude publiée en juin 2015, trois économistes, Antoine Bozio, Gabrielle Fack et Julien Grenet, rappellent que 80 % des prestations distribuées sont capturées par les bailleurs : autrement dit, un euro d'aide versée se traduit par une hausse de loyer de 78 centimes.
Plutôt que de stimuler la production d'une offre nouvelle, ce soutien financier fait monter les prix. " Cela est sans doute vrai, mais la marche arrière n'a rien de mécanique, les loyers ne vont pas baisser, en tout cas pas à court terme ", estime pour sa part M. Chrétien.
Michel Fréchet, président de la Confédération générale du logement, se montre plus critique : " Pour les familles, c'est la double peine. Non seulement elles acquittent un loyer élevé, mais elles se voient privées d'une fraction de l'aide. Il y a sans doute d'autres leviers à utiliser que de taxer les bénéficiaires des prestations logement, qui sont dans les 30 % des ménages les plus modestes. "
D'autres coupes sont prévues. Au 1er octobre devrait entrer en vigueur le deuxième volet de la réforme. Il prévoit de prendre en compte, dans les ressources des locataires servant au calcul de l'aide accordée, les revenus dégagés par leur patrimoine s'il est de plus de 30 000 euros.
Lorsque l'allocataire détient un bien immobilier, il sera tenu compte d'un revenu équivalent à 3 % de sa valeur vénale, même si le propriétaire n'en tire aucun profit. Sont visés là les détenteurs d'une résidence secondaire.
Cela fait bien longtemps que le coût et l'efficacité des aides au logement sont sur la sellette. Le 9 mai 2015, Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics, s'appuyant sur le rapport d'un groupe de parlementaires piloté par le député François Pupponi (Parti socialiste, Val-d'Oise), par ailleurs maire de Sarcelles – il préconisait des économies de 300 à 400 millions d'euros –, avait annoncé vouloir réaliser cet objectif.
Isabelle Rey-Lefebvre
Publié le 6 Février 2017
Que c'est pratique d'avoir un journal à soi, rien qu'à soi ! Ca permet de ne pas parler de sujets qui fâchent et ça permet de faire de la restriction d'informations ;)
Rappelons-nous que ce n'est pas la presse qui est garante des libertés démocratiques, mais bel et bien sa pluralité qui l'est !
Quand un pouvoir est dilué, il est en effet plus efficace vis à vis de l'intérêt général...
En attendant, on me dit que c'est un pur oubli : ouf ! Je croyais que M. Vincent Bolloré ne servait que ses intérêts propres ! ;)
Un article de http://www.arretsurimages.net/ daté du 29 septembre 2016
****************
PAS DE BYGMALION DANS LA GRILLE TV DU JOURNAL DE BOLLORÉ
Par Manuel Vicuña le 29/09/2016 - 19h57 - grrr !
Un simple oubli ? Alors que France 2 diffuse ce soir le reportage ô combien explosif d’Envoyé spécial sur l’affaire Bygmalion, pas une seule ligne sur ce sujet dans Direct Matin, le journal de Vincent Bolloré. C’est peu dire pourtant que la diffusion de cette enquête sur le financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 est attendue de pied ferme, l’émission ayant mis le feu aux poudres dans les étages de France Télévisions avant de déclencher "la" polémique de la rentrée médiatique.
Mardi encore, c'est Télérama qui consacrait une critique à cette enquête "implacable" et "très attendue" que le magazine avait pu visionner en avant-première. Ce jeudi, c’est Le Monde qui, à quelques heures de la diffusion, revenait amplement sur le bras de fer entre le patron de l’info de France Télé, Michel Field et Elise Lucet. En cause, comme @si l'a révélé : une tractation entre Field … et l'entourage de Sarkozy pour éviter une diffusion de l'enquête au cours des primaires de la droite. En vain, puisque Lucet et l'équipe d'Envoyé spécial ont finalement obtenu que le reportage soit diffusé, comme prévu initialement, ce 29 septembre.
Pourtant, malgré les soubresauts médiatiques et l'attente suscitée par la polémique et par la diffusion d'un extrait de 5 minutes dans le JT du 8 septembre de France 2, l’enquête sur Bygmalion est purement et simplement absente de la grille télé de Direct Matin. Si le quotidien de Bolloré annonce bien, dans son édition d'aujourd'hui, les deux autres sujets de l’émission d’Envoyé spécial, à savoir "SNCF : quand la sécurité déraille" et "Zidane, l’intouchable", elle ne mentionne pas le sujet sur Bygmalion, pourtant le plus attendu.
Faut-il y voir la une simple omission? Peut-être. Rappelons simplement que le réalisateur de l’enquête sur Bygmalion, Tristan Waleckx, a à son actif une enquête sans concession réalisée pour Complément d’enquête sur les activités de l’industriel breton. Une enquête que n’a visiblement pas digéré Bolloré qui, fin juillet, a décidé de traîner France 2 devant la justice pour la diffusion de ce sujet. Dernier élément de contexte ? L’actuel rédacteur en chef d’Envoyé Spécial, Jean-Pierre Canet, n’est autre que l’ancien rédacteur en chef de KM productions, la société qui a produit le documentaire sur le Crédit Mutuel censuré par... Bolloré. Simples coïncidences, certainement.
Publié le 3 Février 2017
Cet article redécouvre que la politique éducative française est source d'injustice. Qu'on soit précis : on ne parle pas du fait que l'école ne réduit pas les inégalités, on contraire, qu'elle les aggrave !
Par exemple, la politique des ZEP a échoué et augmente les inégalités : les avantages ne sont pas suffisamment nombreux par rapport aux inconvénients. De quelques élèves supprimés par classe, on en vient à une désertion des élèves favorisés par des gens qui ne veulent pas du tampon ZEP sur leur CV scolaire... De plus, on y envoie pas les professeurs les plus expérimentés et aguerris : plutôt que d'y envoyer les meilleurs profs, on préfère garder ce personnel à donner cours à des élèves favorisés car les meilleurs profs ne veulent pas enseigner en ZEP.
Une part de la responsabilité des professeurs est donc clairement avérée d'autant plus quand on prend en compte le temps d'enseignement utile : si on envoie un prof expérimenté ce temps augmente forcément !
Pour la mixité sociale la règle est la même : si de bons profs sont envoyés en ZEP, la mixité augmentera de facto !
Il ne reste plus à nos hommes politiques qu'à taper sur la table et à montrer qui commande dans l'éducation : un bon prof doit travailler plus que les autres, pas moins... Ainsi, un prof agrégé doit travailler plus d'heures que les autres et doit aller en Zep car il est payé en conséquence ! N'oublions pas que tout travail mérite salaire, mais que tout salaire mérite aussi travail ! Et s'il n'est pas d'accord, on a le droit de lui montrer le chemin de la porte...
Il faut que nos hommes politiques oublient le poids électoral des profs pour favoriser l'intérêt général et l'intérêt général ce n'est pas l'intérêt des meilleurs profs à être payé plus pour glander plus !
Il faudra être courageux pour mener cette réforme alors qui pour la mener ? Tant que l'on n'aura pas trouvé la réponse à cette question, la France sera toujours plus inégalitaire en matière d'éducation...
C'est une question de volonté mais nos hommes politiques ont-ils la volonté de gommer les avantages de certains pour favoriser l'intérêt général ?
Un article du journal 'Le Monde' daté du 28 septembre 2016
*******************
Comment l'école aggrave les inégalités sociales
Pour le Conseil national d'évaluation du système scolaire, la politique éducative française fabrique de l'injustice
Des inégalités sociales à l'école, produites par l'école elle-même… C'est la démonstration que fait le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco), en rendant publiques, mardi 27 septembre, les conclusions d'une vingtaine de rapports. Tout un spectre de la recherche – des sociologues aux économistes, des didacticiens aux psychologues, français et étrangers – a été mobilisé deux années durant, pour interroger ce mythe de l'égalité des chances dans notre système éducatif. Et rendre plus transparente la fabrique de l'injustice scolaire.
Ce n'est pas la faute de l'enseignement privé, dont la responsabilité a encore été pointée du doigt, récemment, dans nos colonnes, par l'économiste Thomas Piketty, en tout cas concernant Paris. Pas non plus celle des stratégies familiales ou de la crise économique. Ce vaste travail met en cause trente ans de politiques éducatives qui, au lieu de résorber les inégalités de naissance, n'ont fait que les exacerber.
On le sait maintenant depuis plusieurs années : d'élève moyen dans les années 2000, l'école française est devenue la plus inégalitaire de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L'enquête internationale PISA, dont on attend la prochaine mouture en décembre, vient le rappeler tous les trois ans. Baisse des résultats des élèves défavorisés, amélioration du niveau des élites : le fossé se creuse.
La politique des ZEP en cause
Et c'est là une singularité française : la plupart des pays, à commencer par l'Allemagne, la Suisse ou les Etats-Unis, un temps considérés, eux aussi, comme très inégalitaires, ont su mener, ces quinze dernières années, des politiques volontaristes. Encaisser le " choc PISA " et en tirer des conséquences. Pas la France.
La synthèse du Cnesco détaille une " longue chaîne de processus inégalitaires " qui se cumulent et se renforcent à chaque étape de la scolarité : inégalités de traitement, inégalités de résultats, inégalités d'orientation, inégalités d'accès au diplôme et même inégalités d'insertion professionnelle. Limités à l'école primaire, les clivages explosent à partir du collège. C'est, par exemple, à ce niveau-là de la scolarité que les élèves des établissements les plus défavorisés, en fin de 3e, ne maîtrisent que 35 % des compétences attendues en français contre 80 % pour les élèves scolarisés dans un contexte privilégié. A même niveau scolaire, les premiers ont deux fois moins de chances d'intégrer le lycée général.
Voilà pour le diagnostic. Mais le Cnesco va au-delà en interrogeant les responsabilités. En premier lieu, la politique des ZEP en prend un coup. Fondée en 1981 sur le principe de la discrimination positive – " donner plus à ceux qui ont moins " –, l'éducation prioritaire aboutit, aujourd'hui, à produire de la discrimination négative : on donne moins à ceux qui ont moins. " Au départ pensé comme temporaire, le dispositif s'est étendu, les moyens se sont dilués, avec des effets de stigmatisation assez forts : dès lors qu'un établissement passe en éducation prioritaire, il y a une désertion des familles pour scolariser leur enfant dans un autre collège ", résume Georges Felouzis, sociologue à l'université de Genève.
Réquisitoire sévère
En éducation prioritaire, la taille des classes n'est pas suffisamment réduite pour avoir un impact : seulement 1,4 élève en moins au primaire ; 2,5 élèves de moins au collège. Les enseignants y sont moins expérimentés : 17 % ont moins de 30 ans dans le secondaire, contre 9 % hors éducation prioritaire. Et beaucoup ne font qu'y passer.
Mais là où un tabou tombe, c'est sur la qualité et le temps d'enseignement dispensés. Ainsi, au collège, les enseignants de ZEP estiment consacrer 21 % du temps de classe à " l'instauration et au maintien d'un climat favorable ", contre 16 % hors de l'éducation prioritaire et 12 % dans le privé. C'est autant de temps en moins consacré à l'enseignement. Les 4 heures de français par semaine programmées en 3e deviendraient 2 h 30 en ZEP, 2 h 45 hors ZEP et 3 heures dans le privé. Problèmes de discipline mais aussi exclusions, absences d'élèves et d'enseignants pèsent sur les emplois du temps. Qualitativement aussi, le réquisitoire est sévère. " Les élèves de milieux défavorisés n'ont pas accès aux mêmes méthodes pédagogiques que ceux de milieux favorisés,souligne la sociologue Nathalie Mons, présidente du Cnesco. En mathématiques, par exemple, les tâches sont moins ambitieuses, les attentes plus basses, l'environnement pédagogique moins porteur. " Et cette différence de traitement est plus importante en France qu'ailleurs.
Pour réduire son noyau dur d'échec scolaire, la France a, au fil du temps, toujours avancé les mêmes recettes par-delà les alternances politiques : plans de relance de l'éducation prioritaire, dispositifs dits de " compensation ", ou encore formes diverses d'aide individualisée. Peu efficaces, ces aides ont été malgré tout reconduites dans le temps, faute d'évaluation, explique Nathalie Mons.
Pas de mixité sociale
L'organisme qu'elle préside en a dressé une frise chronologique impressionnante : depuis le " soutien aux élèves " de 6e et 5e institué en 1977, jusqu'à " l'aide personnalisée " instaurée par la réforme du collège de 2016, en passant par " l'aide individualisée " dans les années 1990-2000, l'aide au travail personnel, etc. Leur limite est qu'elles " travaillent à la marge de l'école et des heures de cours, soutient le Cnesco, sans changer le quotidien des élèves ni insuffler une véritable pédagogie différenciée au sein de la classe ". Que penser de ce qui se joue depuis le début du quinquennat, alors que la lutte contre les inégalités a été inscrite au cœur de la loi de refondation de l'école en 2013 ? Si le Conseil reconnaît des orientations " encourageantes " (scolarisation des enfants de moins de 3 ans, nouveaux programmes, heures consacrées au travail en petits groupes dans le " nouveau collège "), il regrette " un défaut de mise en œuvre ".
Surtout, toute politique restera peu efficace si " les écoles et les collèges les plus ségrégués ne font pas l'objet d'une politique volontariste de mixité sociale ", estime le Cnesco. Or, la lutte en faveur de la mixité reste le grand absent des politiques scolaires depuis trente ans. Et ce ne sont pas les expérimentations à petite échelle engagées en fin de quinquennat, dans une vingtaine de territoires volontaires, qui sont de nature à amorcer un virage.
Mattea Battaglia, et Aurélie Collas
Publié le 2 Février 2017
Qui peut se permettre en ce bas monde d'aller construire dans un Etat voisin ? Personne !... Sauf Israël...
Quelle honte pour un pays dont le peuple à tant souffert que de montrer une nature humaine aussi basse et mauvaise ! Quand on se permet de voler des terres à ses voisins en opposant ses lois, peut-on demander le respect ?
Le respect est une notion qui ne peut s'appréhender que si elle est assortie de la notion de mutualité !
Demander le respect alors que l'on ne respecte rien est une hérésie !
Cette situation ne grandit personne : ni Israël qui ne respecte pas ses voisins, ni les Américains qui ferment les yeux pour faire les yeux doux à la population de confession juive de leur territoire, ni la communauté internationale qui laisse faire en bafouant les droits élémentaires des Arabes de la région considérés comme des sous-hommes...
Les Colons doivent donc partir et le droit international doit être soutenu par tous ! C'est le prix de la paix et le prix de la prospérité de la région !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 27 septembre 2016
****************
Les colons, la bombe à retardement d'Israël
Le documentaire en deux parties (" La Prophétie " et " La Rédemption ") de Shimon Dotan retrace l'épisode qui a vu, de 1967 à aujourd'hui, s'installer 400 000 Israéliens au milieu de 2,7 millions de Palestiniens de Cisjordanie
C'est une bombe à retardement plantée au cœur du Proche-Orient. Les colonies – ou implantations, ici le vocabulaire n'est pas qu'une question de style – israéliennes dans les territoires palestiniens occupés sont aujourd'hui le principal obstacle à un accord de paix au Proche-Orient et à la naissance d'un Etat palestinien viable à côté d'Israël. Ce problème, devenu inextricable, est le fruit du travail patient et opiniâtre d'une minorité active, les tenants d'un Grand Israël dont les frontières seraient définies par la Bible et non par le droit international, depuis bientôt un demi-siècle.
Les Colons, l'exceptionnel documentaire en deux parties de Shimon Dotan, retrace l'épisode qui a vu, de 1967 à aujourd'hui, s'installer 400 000 Israéliens au milieu de 2,7 millions de Palestiniens de Cisjordanie – la Judée-Samarie, comme la surnomment les colons –, effaçant la Ligne verte et toute idée de séparation territoriale. A l'origine de ce bouleversement géostratégique, le courant religieux sioniste du rabbin Zvi Yehouda Kook, fils du premier grand rabbin d'Israël, Abraham Isaac Kook. Moshe Levinger, membre fondateur du Goush Emounim (Bloc de la foi), est le représentant le plus actif et le plus emblématique de ce courant, qui a réussi la fusion explosive entre le nationalisme territorial et le messianisme juif.
Mort en 2015, le rabbin Levinger est à l'origine de la colonisation d'Hébron, l'un des trois lieux les plus révérés du judaïsme avec le mont du Temple à Jérusalem et la tombe de Joseph à Naplouse. C'est lui qui, à la tête d'un petit groupe d'activistes se faisant passer pour des touristes, a occupé le Park Hotel à l'occasion de la Pâque juive en 1968. Le film raconte en détail les étapes de l'installation des colons dans la ville palestinienne qui abrite les tombes d'Adam, Abraham, Isaac et Jacob, notamment la façon dont une mère de famille a transformé l'inhumation de son nourrisson dans la vieille ville en fait accompli. Hébron, encore, où vivait Baruch Goldstein, le colon ayant assassiné une trentaine de musulmans en prière au Caveau des Patriarches en plein ramadan 1994 pour faire capoter les accords de paix d'Oslo.
Etouffer la Cisjordanie
Entre le gouvernement et le Goush Emounim, les relations n'ont jamais été claires. Tantôt connivent, comme à l'époque où Ariel Sharon et Menahem Begin ont été au pouvoir, tantôt hostile, comme au temps où Yitzhak Rabin a été premier ministre, l'Etat d'Israël n'a jamais désavoué ses " enfants terribles ". Au contraire, il dépense sans compter pour assurer leur sécurité, leur bien-être et leur transport. Il faut entendre Rabin tonner, de sa voix d'outre-tombe, contre le Goush Emounim, " un cancer qui ronge la démocratie israélienne ", dès 1975. Deux décennies plus tard, il était assassiné par un extrémiste juif, Ygal Amir.
A bien des égards, la stratégie des colons et celle de l'Etat d'Israël se rejoignent : couper les communications entre les villages palestiniens, encercler les villes, voire s'installer en leur cœur pour y assurer une présence militaire. Le réseau de routes, de ponts et de tunnels – sans compter les murs – tracés pour protéger les colons de tout contact avec la population palestinienne est un carcan destiné à étouffer la Cisjordanie et à la découper en autant de petites enclaves. Le film de Shimon Dotan montre également le massacre du paysage engendré par la colonisation. Les oliviers sont arrachés, les collines arasées pour laisser place à des " gated communities " (quartiers enclos) à l'américaine, avec toits en tuiles orange et shopping malls.
Ce " développement séparé " et une mise en œuvre arbitraire du droit ont engendré un apartheid, que déplore même une femme colon, au grand dam de ses convives, qui lui intiment l'ordre de se taire. Ironie de la situation : ces quartiers qui leur sont interdits sont construits par des ouvriers palestiniens ; et ce sont des Palestiniens qui travaillent dans les usines installées en territoires occupés ou qui cultivent les champs des colons.
Aux colonies, déjà illégales au regard des conventions de Genève mais considérées comme pérennes, s'ajoutent les avant-postes, souvent tenus par " les jeunes des collines ", dont le porte-parole tient un discours ouvertement raciste et hégémonique, revendiquant un Grand Israël qui irait du Nil à l'Euphrate. Encouragée, voire rejointe, par des fidèles des Eglises évangéliques américaines, cette frange extrémiste des colons dispose désormais de soutiens au sommet du pouvoir, à l'instar de Naftali Bennett, ministre et chef du Foyer juif, un parti d'extrême droite, venu fêter ouvertement l'anniversaire d'un avant-poste.
Aujourd'hui, les colonies ne sont pas seulement une menace pour la paix mais aussi pour Israël lui-même. Le refus d'Israël de tracer ses frontières le conduit à garder sous domination une population palestinienne qui, immanquablement, dépassera les juifs en nombre : maintenir des droits égaux reviendra à renoncer au caractère juif d'Israël, garder les Palestiniens sous occupation entraînera la fin de la démocratie…
Christophe Ayad
Publié le 1 Février 2017
Après l'affaire de la Commission européenne condamnée pour ne pas avoir voulu donner des documents concernant les pesticides, l'affaire Neelie Kroes qui utilise ses fonctions de commissaire européenne dans un but personnel en oubliant de déclarer ses attributions dans le privé.
Ces situations sont graves, très graves.
Dans le contexte général de défiance de la population envers ses instances représentatives, ces exemples agissent comme la démonstration que l'Europe agit contre le peuple.
Dès lors, comment faire en sorte que les habitants d'Europe deviennent Européens ?
La réponse est claire : il n'y a plus aucune chance que ça le soit tant l'Europe politique est devenue une farce montrant et démontrant qu'elle ne sert à servir que ses élites.
Même si la démocratie n'est pas parfaite en France, au moins, le citoyen a une chance de se faire écouter par ses élites qui sont beaucoup plus proches de lui que les élites Européennes.
A quand une remise à plat générale Européenne mettant véritablement l'intérêt général au coeur de ses prérogatives ?
Un article du journal 'Le Monde' daté du 29 septembre 2016
******************
Neelie Krœs, rattrapée par sa société offshore
L'ex-commissaire européenne n'avait pas déclaré à Bruxelles ses fonctions de directrice d'une entreprise installée aux Bahamas
L'ancienne commissaire européenne à la concurrence, Neelie Krœs, a été administratrice d'une société offshore aux Bahamas jusqu'en 2009, alors qu'elle était en poste à la Commission européenne (2004-2014). Son nom apparaît dans des documents confidentiels auxquels ont eu accès Le Monde et les médias partenaires du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), dans le cadre de l'enquête " BahamasLeaks ".
Selon nos investigations, l'ex-commissaire néerlandaise de la Commission Barroso a été directrice, entre 2000 et 2009, soit pour une part pendant son mandat à Bruxelles, de Mint Holdings Limited. L'existence de cette société offshore n'a jamais été révélée aux autorités bruxelloises, comme elle aurait pourtant dû l'être dans les déclarations d'intérêt remplies par Mme Krœs.
Neelie Krœs a été associée, au sein de Mint Holdings, à Amin Badr-El-Din, également directeur de cette société. Cet homme d'affaires jordanien, avec qui Mme Krœs fut en contact aux Pays-Bas, est président d'une société d'investissement. Mais surtout -proche conseiller du prince héritier des Emirats arabes unis, cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nayane.
En pleine " affaire Barroso " – l'ex-président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, est critiqué pour avoir rejoint, en juillet, la banque d'affaires américaine Goldman Sachs – de telles révélations soulèvent des questions d'ordre éthique et, au-delà, -celles d'éventuels conflits d'intérêts avec les responsabilités publiques de Mme Krœs.
un Long passage dans le privé
D'abord ministre des transports au début des années 1980 aux Pays-Bas, Neelie Krœs a effectué un long passage dans le privé avant d'assumer les fonctions de commissaire européenne à la concurrence (2004-2009), l'un des postes les plus en vue de l'exécutif européen, puis de commissaire à la société numérique (2009-2014). Elle fut alors classée à cinq reprises parmi les femmes les plus puissantes du monde par le magazine Forbes.
Or, selon le registre des directeurs de Mint Holdings issu des " BahamasLeaks ", Mme Krœs a assumé la codirection de cette société offshore du 4 juillet 2000 au 1er octobre 2009, date à laquelle elle en a démissionné. Moins de deux mois, donc, avant son changement de portefeuille et sa nomination comme vice-présidente de la Commission européenne.
Contactée par Le Monde et les médias partenaires de l'ICIJ, Neelie Krœs a d'abord démenti l'information, avant de confirmer l'existence de Mint Holdings, par l'entremise de ses avocats. Mme Krœs affirme avoir été nommée, en 2000, " directrice non exécutive " de la société, qui " n'a jamais été opérationnelle ". Elle assure n'en avoir reçu aucun avantage financier et ajoute qu'une " erreur administrative a été commise " : sa présence en tant que directrice sur le registre de la société aurait dû être supprimée en 2002.
Mme Krœs, précisent ses conseils, n'aurait pas eu connaissance de cette erreur avant notre enquête. " Nous le découvrons grâce à l'enquête - " BahamasLeaks " - , c'est une simple omission ", affirment-ils.
En tout état de cause, les déclarations d'intérêt que Mme Krœs a dû rédiger en 2004, en 2010 puis en 2014, conformément à la -réglementation européenne, ne portent nulle mention de Mint Holdings au titre de ses activités présentes ou passées. Elle y cer-tifie même avoir abandonné tous ses mandats avant son entrée à la Commission, dès l'année 2004.
Or, le code de conduite des commissaires leur interdit " d'exercer toute autre activité professionnelle, rémunérée ou non " et les oblige à déclarer toutes fonctions exercées au " cours des dix dernières années " dans des " sociétés ou d'autres entités exerçant des activités commerciales ou économiques ". Aucune sanction n'est prévue en cas de manquement et Mme Krœs perçoit toujours sa retraite de commissaire européenne.
L'ex-commissaire, qui reconnaît sa faute, déclare en avoir informé la semaine dernière l'actuel président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et se dit " prête à en assumer l'entière responsabilité ". " M. Juncker vient d'en être informé par e-mail ", a indiqué au Monde, mercredi 21 septembre, le chef des porte-parole de la Commission, Marga-ritis Schinas.
Des questions émergent aussi sur la raison d'être de Mint Holdings. Selon les avocats de Neelie Krœs, elle a été créée afin " d'étudier la possibilité de lever des fonds pour l'achat, entre autres, de certains actifs de l'entreprise Enron " – l'ex-géant américain de l'énergie (gaz, électricité…), dont la faillite, en 2001, a secoué la sphère économique. Mint Holdings projetait de faire une énorme opération, en rachetant jusqu'à 6 milliards de dollars (5,3 milliards d'euros) d'actifs dans l'énergie, dans le cadre du plan " Project Summer ", financé principalement par des investisseurs émiratis et saoudiens. " Si la négociation avait abouti (…), Mint -Holdings serait devenue le gestionnaire effectif de ces actifs " et " la vision stratégique de Mme Krœs aurait pleinement bénéficié - à la société - ", confirme l'ex-associé de Mme Krœs, M. Badr-El-Din, qui dirigeait le consortium d'acquéreurs.
Les liens entre M. Badr-El-Din et Mme Krœs remontent à 1994, lorsqu'ils se sont retrouvés face à face dans une affaire de vente de corvettes des Pays-Bas aux Emirats arabes unis. M. Badr-El-Din était d'un côté de la négociation ; Mme Krœs, présidente d'un consortium d'armateurs, de l'autre, dans la délégation néerlandaise. Le contrat (900 millions d'euros) a échoué, mais ils sont restés " amis ".
Doutes sur sa neutralité
Si l'ex-commissaire assure n'avoir joué aucun rôle dans la négociation sur Enron, sa trajectoire professionnelle interroge. Ses fonctions de commissaire à la concurrence l'ont conduite à œuvrer en faveur de la libéralisation du marché de l'énergie, notamment du gaz – justement le marché d'Enron, sur lequel les Emirats occupent une place prépondérante, avec des réserves de gaz naturel parmi les plus importantes du monde. Aurait-elle pu assumer ce portefeuille si son implication dans le rachat avorté des actifs d'Enron avait été connue de Bruxelles ?
Ces révélations sont d'autant plus problématiques que, d'après M. Badr-El-Din, Mint Holdings a ensuite été réactivé pour mener des opérations bien réelles à partir de 2005 – Mme Krœs en était alors, au moins sur le papier, toujours administratrice. M. Badr-El-Din ne précise pas la nature de ces activités, ni celle des flux financiers qui ont circulé sur les comptes de la société offshore.
Figure politique des Pays-Bas, Neelie Krœs a laissé à Bruxelles des souvenirs contrastés. Sa carrière reste émaillée de doutes sur sa neutralité. Les députés européens lui ont reproché sa connivence avec les milieux d'affaires, en raison de ses jetons de présence collectionnés aux conseils d'administration de grandes entreprises européennes (Thales, Volvo…). Mme Krœs avait résisté… tout en réorganisant ses activités et confiant ses avoirs boursiers (évalués alors à 1,6 million d'euros) à des administrateurs indépendants. Elle en était sortie affaiblie.
Parmi les engagements pris alors par Mme Krœs, l'un au moins n'aura pas été respecté : celui de n'accepter aucune responsabilité dans une entreprise, après son expérience bruxelloise… Car la Néerlandaise exerce depuis son retour à la vie civile des fonctions de conseil auprès de Bank of America Merrill Lynch, de Salesforce (entreprise américaine de stockage de données) et d'Uber, dont elle a rejoint le conseil d'administration. Elle explique, par ses avocats, que cette promesse concernait son premier mandat et qu'" ayant fini un second mandat, elle ne se sentait plus liée à - cet - engagement ".
Jérémie Baruch, Anne Michel, et Maxime Vaudano
Publié le 31 Janvier 2017
On parle de "principe de précaution" dans cet article mais quelle est sa définition exacte ?
Le site www.toupie.org en donne une définition particulièrement étayée :
=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=
Principe de précaution
Définition du principe de précaution
Le principe de précaution est un principe philosophique qui a pour but de mettre en place des mesures pour prévenir des risques, lorsque la science et les connaissances techniques ne sont pas à même de fournir des certitudes, principalement dans le domaine de l'environnement et de la santé.
Contrairement à la prévention qui s'intéresse aux risques avérés, la précaution, forme de prudence dans l'action, s'intéresse aux risques potentiels. Elle recouvre les dispositions mises en oeuvre de manière préventive afin d'éviter un mal ou d'en réduire les effets, avant qu'il ne soit trop tard.
Le principe de précaution existait à différents niveaux dans des chartes et conventions internationales ou dans des lois nationales. Mais c'est en 1992, lors de la Déclaration de Rio (principe n°15), qu'il a été entériné, à l'issue de la deuxième Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement.
En France, la loi n° 95-101 du 2 février 1995 (dite loi Barnier) relative au renforcement de la protection de l'environnement énonce ainsi le principe de précaution :
"l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économiquement acceptable".
Compte tenu du champ très large de ce principe et de l'absence de définition précise, sa mise en œuvre est sujette à des interprétations contradictoires.
Exemples de risques potentiels :
- Le réchauffement climatique,
- La culture des OGM,
- Les ondes radio des téléphones portables et des antennes de téléphonie mobile,
- La maladie de la vache folle…
=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=
On parle de "mettre en place des mesures" lorsque la science (notons le "LA" devant "science") et "les connaissances techniques" ne peuvent fournir de certitudes...
"La science" : autrement dit, on parle de science fondamentale. De science qui ne peut évoluer... En mathématiques, 1 + 1 fait toujours 2... En biologie, on sait comment un arbre se nourrit, en physique, on sait ce qu'il faut faire pour faire flotter un objet sur l'eau avec la force d'Archimède. On aurait beau dire à chacune de deux pommes de ne pas faire deux quand on les met ensemble, on aura beau proposer de la nourriture à tout va à un arbre contre le fait de changer son mode de nourriture, on aura beau expliquer à un bateau qu'il ne faut pas qu'il flotte, ça ne changera rien : la nature a mis au point des lois éternelles et nul ne peut les modifier...
Il n'en va pas de même en psychologie, économie ou sociologie, sciences humaines ou le mot "humaines" modifie le mot de sciences en le dénaturant totalement de la notion de "connaissances". Les sciences humaines évoluent sans cesse car elles s'occupent de cerner la nature humaine, nature qui peut se modifier elle-même avec ces connaissances, pour démontrer la véracité des propos émis ou au contraire démontrer de bonne foi, ou non, que les éléments avancés ne sont pas vrais...
La science humaine n'est pas une science car elle se nourrit d'elle même et peut modifier ses comportements en acquérant des connaissances de cette simili-science !
Si, lors d'études en psychologie, économie ou sociologie, le sujet d'étude est au courant de la finalité de ces études, il peut changer son comportement ! Si on veut démontrer que l'homme n'est pas honnête dans un contexte et que le sujet est au courant de l'expérience, libre à lui de modifier son comportement dans le sens où il veut qu'aille les conclusions de l'étude !
Par contre, les lois physiques ne peuvent s'influencer : un nuage ne s'abstiendra jamais de pleuvoir à un endroit par plaisir vu qu'il n'a pas la faculté de penser...
Dès lors, vouloir adapter le principe de précaution aux actions humaines est une hérésie car on est clairement hors définition !
Le principe de précaution adapté aux risques qu'un individu commette un crime ou délit est d'une idiotie sans nom car elle applique des notions scientifiques à la pensée humaine alors que ces notions ne pourront jamais être appréhendées dans leur ensemble...
Enfermer un individu sous principe qu'il pourrait être dangereux est une restriction manifeste des droits de l'individu sous tendue par une notion raciste et xénophobe allant à l'encontre de toutes les valeurs Républicaines.
Le risque zéro n'existe pas et n'existera jamais...
Aux hommes politiques de réduire ce risque en faisant leur métier de respecter les valeurs de la République, car, en déniant ces valeurs le risque sera énorme qu'à vouloir réduire ce risque on ne l'augmente en démontrant que nos valeurs Républicaines valent autant que de vivre sous un régime autoritaire non démocratique...
Le simple fait que l'on confonde à ce point sciences et sciences humaines montre et démontre que bon nombre de nos politiques sont des tocards finis à qui il manque des bases de connaissance élémentaires ! A force de former nos homme politiques qu'en Droit, ils en oublient de réfléchir et démontrent leur plus parfaite incompétence à leur poste !
A méditer !
Un article du journal 'Le Monde' daté du 24 septembre 2016
**************
Le droit en balance
Justice
Peut-on appliquer le " principe de précaution " à la lutte contre le terrorisme, comme l'appelle de ses vœux Nicolas Sarkozy ? Pour les juristes, ce régime d'exception permanent remettrait en cause les principes fondamentaux de l'Etat de droit
A première vue, l'idée pouvait sembler de bon sens. " Il y a, dans la Constitution, un principe de précaution, a expliqué Nicolas Sarkozy le 11 septembre au Journal du -dimanche. Pourquoi la lutte contre le terrorisme, donc la sécurité des Français, -serait le seul sujet sur lequel on ne l'appliquerait pas ? " Au nom de ce raisonnement, l'ancien chef de l'Etat suggère que " tout Français suspecté d'être lié au terrorisme - fasse - l'objet d'un placement préventif dans un centre de rétention fermé ". C'est, au fond, et pour la première fois, le principe même de l'Etat de droit qui est remis en cause : suppression de la présomption d'innocence, du droit à un procès équitable, et de la règle d'or qui veut que l'on ne puisse être condamné que pour un crime ou un délit explicitement prévu par la loi.
Une justice de précaution, comme il existe pour l'environnement un principe de précaution, est-elle envisageable ? Le procureur de Paris – qui est aussi le chef du parquet antiterroriste – assure qu'il n'est pas question d'enfermer les personnes fichées " S " (pour " sûreté de l'Etat ") dans des camps. " Il ne peut y avoir de -détention préventive en dehors d'une procédure pénale, a rappelé François Molins dans Le Monde. C'est le socle de l'Etat de droit. On ne peut pas détenir quelqu'un avant qu'il ait commis une infraction. " -Nicolas Sarkozy, nullement convaincu, est revenu à la charge le 15 septembre sur France 2. " A quoi sert-il de faire des -fichiers “S” si ces fichiers “S” qui portent -atteinte à la sûreté de l'Etat on n'en fait rien, on ne les examine pas, on ne les met pas en rétention ? "
Intellectuellement, l'idée de ces centres de détention pose évidemment problème. " Appliquer le principe de précaution à la justice, c'est une déshumanisation, souligne la professeure de droit -Mireille -Delmas-Marty. Cela consiste à transposer le principe appliqué aux produits dangereux aux personnes, et donc à traiter les -individus comme des produits. Le principe de précaution permet de retirer des produits du marché, faut-il retirer des individus de l'humanité ? " Techniquement, ces camps seraient sans doute -impossibles à gérer. Vingt mille personnes, des Français pour l'essentiel, font l'objet d'une fiche " S ", a indiqué Manuel Valls, dont 10 500 pour leurs liens avec la mouvance islamique. " Certaines peuvent être créées sur la base d'un simple renseignement non -recoupé, d'une première suspicion, a expliqué le premier ministre. C'est un élément, un outil de travail. " Ces camps seraient en outre difficilement maîtrisables – et permettraient à de jeunes radicalisés, qui ne se connaissent que par Internet, de se rencontrer, de se former et de s'entraîner en créant une hiérarchie interne qui serait -décidée, non à Paris, mais en Syrie.
" Ce serait une manière de créer des -brigades de Daech, considère Antoine -Garapon, le secrétaire général de l'Institut des hautes études sur la justice (IHEJ). Quand on parle de guerre, il faut trouver ce que le théoricien militaire Carl von -Clausewitz appelait au début du XIXe siècle le centre de gravité, ce qui fait la force de -l'ennemi. Ce qui fait la force des djihadistes, c'est qu'ils ont plus envie de se battre que nous, et que protéger leur vie n'est pas un élément régulateur, alors qu'il l'est dans un combat traditionnel où chacun cherche à -limiter ses pertes. "
On risquerait, dans ces camps, de créer de solides commandos, qui n'auraient rien à perdre et auraient eu le temps de nourrir une véritable haine de la France. " Plus on les gardera longtemps, plus ils seront organisés et moins on pourra les relâcher, résume Antoine Garapon. Aucun homme politique ne prendra ce risque. "
La perspective d'une " justice de précaution " constitue ainsi un nouveau glissement,et sans doute le plus -inquiétant, hors du droit commun. -Depuis 1986, la lutte antiterroriste s'est construite en France sur un régime d'exception : les faits sont désormais jugés par une cour d'assises sans jurés et instruits par des magistrats spécialisés, appuyés par un parquet à compétence nationale et par des policiers qui sont à la fois spécialistes du renseignement et officiers de police judiciaire. Les procédures sont tout aussi spécifiques : la garde à vue commune, qui est de vingt-quatre heures renouvelables une fois, peut atteindre six jours en matière terroriste. Et, durant ces trente années – seize lois antiterroristes ont été adoptées entre 1986 et 2015 –, les mesures limitant les libertés publiques n'ont cessé de se durcir. En passant peu à peu d'une logique de répression à une logique de prévention.
La stratégie de la rupture
Une étape décisive est franchie en 1996 avec la création de l'" association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ". La participation " à un groupement formé ou à une entente établie en vue de la préparation " d'un acte de terrorisme -devient en soi un acte de terrorisme, puni de dix ans de prison – et ce avant même que des actes aient été commis. C'est la doctrine de la " neutralisation judiciaire préventive ", selon le mot de Pierre de Bousquet de Florian, à l'époque patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST).
L'année 2008 est un tournant, avec l'adoption de la loi sur la rétention de sûreté – directement inspirée d'une loi nazie de 1933. Elle permet de garder enfermés des condamnés considérés comme dangereux, même après l'exécution de leur peine, et pour une -période indéfiniment renouvelable. Alors que l'association de malfaiteurs définie en 1996 devait être caractérisée par " des éléments matériels " et connaître un " commencement d'exécution " (parfois mince), la notion de dangerosité instaurée par la loi de 2008 va plus loin. " Au nom de la prévention, la réforme marque une rupture avec la vision légaliste et humaniste du droit pénal, au profit d'une conception qui légitime une extension de la surveillance à vocation illimitée dans le temps ", indique Mireille -Delmas-Marty, auteure d'Aux quatre vents du monde (Seuil, 150 p., 17 €).
Avec cette loi, la justice de précaution pointe déjà son nez, qui veut maintenant interner les personnes seulement susceptibles, un jour, de passer à l'acte. Si la rétention de sûreté garde un mince lien avec le droit pénal – l'existence antérieure d'un crime –, ce ne serait même plus le cas avec la création de centres de rétention des -fichés " S ", qui serait une manière de contourner l'Etat de droit. Or, ce dernier reste ce qui définit les démocraties, c'est-à-dire un attachement aux libertés fondamentales gravées dans le marbre de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH), et partagées avec les quelque 800 millions de personnes de la zone de compétence du Conseil de l'Europe.
Pourtant, pour Nicolas Sarkozy, l'Etat de droit est lui-même devenu un -concept élastique. " Il n'a rien à voir avec les Tables de la Loi de Moïse ", a -déclaré l'ancien chef de l'Etat, qui ne cache pas qu'il entend " demander la réécriture " de certains articles de la CEDH. Guillaume -Larrivé, député Les Républicains de l'Yonne et membre du -Conseil d'Etat, assure lui aussi que l'Etat de droit " n'est pas une norme absolue et transcendante, détachée de l'Histoire. C'est une -notion relative et -vivante, qui peut être adaptée aux nécessités de l'époque, telles qu'elles sont comprises par le peuple -souverain. Autrement dit, c'est à nous, Français de 2016, de dire quelles sont les normes de l'Etat de droit adaptées au temps -présent ".
Ces discours font frémir nombre de juristes. " Le vrai débat, qui est proprement stupéfiant et qui était encore -inimaginable il y a quelques mois, c'est que, derrière ce principe de précaution, certains remettent en cause l'existence même de l'Etat de droit, s'alarme l'avocat Patrick Baudouin, président d'honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme. Le simple fait qu'on puisse penser qu'il faut s'en affranchir pour lutter contre le terrorisme prouve que le ver est dans le fruit. Et ce discours, au nom de la peur du terrorisme ou de la compassion avec les victimes, passe très bien dans l'opinion publique. On glisse peu à peu vers le règne de l'arbitraire. C'est -effrayant. "
Pour Antoine Garapon, le but désormais assigné à la justice n'est plus de condamner des coupables, mais d'écarter les suspects avant même qu'ils passent à l'acte. " Dans cette étrange guerre sans combattants, le pouvoir a bien conscience que si un attentat se produit, il aura déjà perdu la bataille, estime le magistrat. Le procès qui -interviendra quelques mois, voire quelques -années plus tard, n'y changera rien. " La justice doit donc intégrer une dimension plus incertaine, celle de la " préemption " : la prévention entendait agir sur les causes, la préemption, véritable utopie -moderne, vise, par une -interprétation du comportement, à supprimer l'événement. Faire des campagnes -contre l'alcool au volant, c'est de la prévention ; interdire automatiquement à une voiture de démarrer quand le -conducteur a une haleine chargée, c'est de la préemption.
Dans cette conception, la figure de l'islamiste radicalisé, pour Antoine Garapon, se distingue de celle du suspect. " On est suspecté d'un fait qui a été commis, alors que le radicalisé est suspecté, non pas d'avoir accompli un acte terroriste, mais de pouvoir le -commettre. On ne s'appuie plus sur le passé récent, on veut prévoir le futur proche. " Et l'on substitue à la notion d'activité celle de comportement : être terroriste, c'est désormais être un criminel en puissance. Finalement, le radicalisé " réactive et laïcise une théorie de la prédestination, amputée de la grâce qui sauve ".
Il s'agit ainsi pour l'Etat de mettre en place " une boucle automatique de -rétroaction ", à laquelle nous habitue le monde numérique, indique le magistrat, et ce sans passer par la justice – d'où l'idée de créer des camps pour les fichés " S ". " Cela veut dire qu'on va condamner des gens, parfois à des peines lourdes, sans trop savoir ce qu'ils ont fait, en Syrie ou ailleurs, poursuit -Antoine Garapon. La garantie élémentaire de notre droit, c'est pourtant que le comportement répréhensible soit caractérisé par une loi préalable et qu'il y ait un fait délictuel. Or nous avons aujourd'hui des qualifications très floues qui n'exigent même plus qu'il y ait un fait. " Etre allé en Syrie ou avoir voulu y aller suffit. " Il y a une confusion entre la matérialité du fait et l'immatérialité du virtuel – il n'a rien fait, mais il aurait pu. " Même chose pour l'apologie du terrorisme. " On poursuit quelqu'un parce qu'il a regardé des vidéos de Daech. On confond le faire et le voir. Parce qu'il a vu, il a fait. La peur d'un fait et la réalité de ce fait se confondent. "
" Où va-t-on s'arrêter ? "
Y a-t-il encore besoin de magistrats dans ce type de riposte ? " Nous sommes dans un temps nouveau qui -consiste à conjurer ce qui pourrait se passer, mais qui ne s'est pas encore passé. Il n'y a plus de place pour la -justice dans ce temps ", estime Antoine -Garapon, qui publie, le 5 octobre, -Démocraties sous stress (avec Michel Rosenfeld, PUF, 217 p., 17 €). Il s'agit -désormais de prévenir les risques et de montrer qu'on a tout fait, y compris ce qui n'est pas légal, pour empêcher les attentats. " Cette lutte exclut le contrôle de la justice, car il est impossible de -condamner les gens avant qu'ils aient agi, conclut le secrétaire général de l'IHEJ. Son rapport au temps, sa distance, son souci de procédure sont autant de facteurs d'inefficacité qui sont qualifiés d'“arguties juridiques”. "
Les lois sur le renseignement du 24 juin 2015, qui ont légalisé les pratiques clandestines des services, puis celle du 3 juin 2016, qui a écarté le juge judiciaire de nombre de procédures -antiterroristes, sont cohérentes avec cette évolution : elles marginalisent le tribunal et concentrent davantage de pouvoirs dans les mains des procureurs. Et de leurs nouveaux rivaux, les préfets, par essence aux ordres du gouvernement." S'il y a d'autres attentats, où va-t-on s'arrêter ? s'inquiète l'avocat -Patrick Baudouin. On voit bien que l'accumulation des mesures répressives n'empêche pas le terrorisme, dont l'objectif reste la destruction de nos -valeurs. Et on tombe à pieds joints dans le piège qui nous est tendu. " C'est aussi l'analyse d'Antoine Garapon : " L'Etat s'empoisonne lui-même par une réaction -désordonnée et exagérée de ses -défenses. "
Franck Johannès, Franck Johannès
Publié le 30 Janvier 2017
Cette situation jette la honte sur nos instances Européennes : la Commission européenne se fait condamner pour défaut de transparence, in fine, pour trouble causé au Citoyen qu'elle est censée défendre !
Rappelons que l'Europe se doit de défendre la démocratie et que celle-ci se définit par l'exercice du pouvoir par et pour le peuple !
Où est le peuple quand on lui dénie le droit de s'informer ?
Mais la condamnation de la Commission par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) ne règle rien ! Elle n'est que condamnation de façade tant elle n'oblige en rien la Commission de livrer tous ses documents !
Comment peut-on avoir confiance à l'Europe tant elle est pourrie et gangrénée par des lobbys allant à l'encontre de l'intérêt général ?
Le rêve Européen en prend un grand coup ! S'en relèvera-t-il ?
Un article du journal 'Le Monde' daté du 23 septembre 2016
****************
Polluants : Bruxelles condamné pour défaut de transparence
Une ONG enquête sur les critères de régulation des perturbateurs endocriniens
La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) vient d'ajouter une nouvelle pièce au dossier industriel et sanitaire majeur de la régulation des substances toxiques sur le Vieux Continent. Dans un arrêt rendu mardi 20 septembre, la haute juridiction condamne la Commission européenne dans une affaire l'opposant à la branche européenne de l'organisation non gouvernementale Pesticide Action Network (PAN), ajoutant un revers supplémentaire à la liste des déconvenues de Bruxelles sur le sujet.
L'ONG attaquait le refus de la Commission de lui communiquer – conformément à la loi européenne sur la transparence – une série de documents internes sur le processus de réglementation mené par l'exécutif européen pour élaborer des critères définissant les perturbateurs endocriniens. Soutenue par la Suède, qui s'est associée à son action, l'ONG a obtenu gain de cause.
Présents dans certains plastiques, solvants ou pesticides, les perturbateurs endocriniens agissent à faibles doses sur le système hormonal et sont soupçonnés de contribuer à de nombreux troubles en augmentation – infertilité, diabète et obésité, troubles neuro-comportementaux, cancers… Des travaux de journalistes et d'ONG ont documenté l'influence des lobbys industriels dans le retard de la Commission à publier les critères permettant de réglementer ces substances nocives.
" Affirmations imprécises "
Bruxelles ne les a finalement proposés que le 15 juin 2016, après plus de deux années de retard. Jugés trop laxistes par les ONG, ils ont aussi été vivement critiqués par la communauté scientifique. Ces critères réglementaires étaient discutés par les Vingt-Huit, mercredi 21 septembre, en réunion du comité permanent sur les pesticides.
" Au total, la Commission nous a refusé tout ou partie de 36 documents qui peuvent être des courriels internes entre les services de la Commission, des procès-verbaux de réunion, des lettres adressées par des lobbyistes, explique-t-on au bureau européen de PAN. Nous ne savons cependant pas précisément quels types de documents nous ont été refusés : la Commission est tenue de nous donner le nombre de pièces dont l'accès est refusé, rien de plus. " L'exécutif européen fondait son refus sur l'un des articles de la loi européenne sur la transparence, disposant que l'accès à ses documents peut être refusé s'il est susceptible de perturber un processus de décision en cours.
Depuis 2013, Le Monde a également déposé une quarantaine de demandes d'accès aux documents sur le même dossier. A plusieurs reprises, la Commission a refusé de livrer des dizaines d'entre eux en prétextant la même exception prévue par la loi. Dans son arrêt du 20 septembre, la CJUE juge que les arguments de Bruxelles ne reposent que sur des " affirmations générales, vagues et imprécises " qui ne peuvent justifier un refus.
Pour autant, la CJUE ne contraint pas formellement la Commission à fournir les pièces demandées. Mais, si son refus persiste, il devra être fondé sur des arguments mieux étayés. Persistera-t-elle ou rendra-t-elle ces documents publics ? Interrogée par Le Monde, la Commission n'était pas, le 21 septembre au soir, en mesure de répondre dans un sens ou l'autre. " L'arrêt de la Cour fait référence à des principes de droits généraux sur la transparence de la prise de décision, censés établir de la confiance dans l'action publique, note François Veillerette, le président de PAN Europe. Persister dans le refus de transmettre ces documents renforcerait au contraire la défiance et serait politiquement intenable. "
D'autant que la Commission est de plus en plus souvent mise en cause pour sa gestion des dossiers relatifs aux polluants. Poursuivie en carence par plusieurs Etats membres, elle avait déjà été -condamnée en décembre 2015 par la CJUE pour son retard à publier les critères sur les perturbateurs endocriniens. Moins de trois mois plus tard, le 18 février, elle avait été sèchement recadrée par la médiatrice européenne pour son laxisme en matière d'autorisation des pesticides. La médiatrice a fixé à la Commission un délai de deux ans pour rendre un rapport sur la mise en place de nouvelles pratiques.
Stéphane Foucart, et Stéphane Horel