Il faut stopper les frais liés à la chirurgie réparatrice des cancers du sein !

Publié le 18 Août 2015

Il faut stopper les frais liés à la chirurgie réparatrice des cancers du sein !

Dans ces dossiers, la solidarité nationale doit jouer à plein. Il n'est pas normal que les victimes des cancers du sein aient tant à payer pour se payer une chirurgie réparatrice. Le "reste à charge" doit être payé par la collectivité publique afin d'offrir un semblant de vie normal à ces victimes qui ont déjà trop payé de leur personne face à la maladie.

La double peine maladie-dépenses doit être abolie et l'ensemble des Français doivent être mis à contribution pour que ces femmes puissent se reconstruire et guérir, physiquement et psychologiquement.

Un article du journal 'Le Monde' daté du 24 Avril 2015

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Après une ablation du sein, des freins à la reconstruction mammaire
Dans une étude menée auprès de 1 000 femmes, la Ligue contre le cancer rapporte les peurs des patientes et les coûts très élevés
Ne me laissez pas avec la moitié d'un corps d'homme. " En août 2014, avant de subir une mastectomie pour soigner son cancer du sein, Juliette Valette, 38 ans, avait prévenu son chirurgien, à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) : une reconstruction mammaire devait suivre l'ablation. " Je ne pouvais pas m'imaginer sans sein. Je l'auraisvécu comme une perte de féminité. " Comme elle, après une ablation, 52 % des femmes se font reconstruire la poitrine. Mais 25 % choisissent de ne pas le faire, par refus d'une nouvelle intervention ou parce qu'elles ne jugent pas l'intervention vitale. Et 23 % sont dans un processus de réflexion.

C'est ce que montre la Ligue contre le cancer dans le rapport annuel de son Observatoire sociétal des cancers, publié jeudi 23 avril. A partir des réponses de 1 000 femmes ayant subi une mastectomie et d'entretiens individuels, l'association montre les freins psychologiques et financiers à la reconstruction mammaire. En France, 170 000 femmes souffrent d'un cancer du sein, et 20 000 mastectomies sont pratiquées chaque année.

Aude, une Nantaise de 49 ans qui souhaite rester anonyme, porte une prothèse externe. " Pour l'instant, la reconstruction, c'est plutôt non. Un sein en moins ne m'empêche pas de vivre ", dit-elle. Elle y réfléchit parfois cependant, mais est rebutée à l'idée d'une nouvelle opération qui l'éloignerait du travail.

Si le frein majeur est d'ordre psychologique (peur de l'intervention chirurgicale ou du résultat…),14 % des femmes qui ne souhaitent pas de reconstructionmettent en avant des raisons financières : l'Assurance-maladie prend en charge à 100 % les traitementspour les patients souffrant d'une affection de longue durée (ALD) comme le cancer. Mais, après la mastectomie, certaines dépensessont peu ou pas remboursées. Pour les femmes qui choisissent de ne pas faire reconstruire leur poitrine, le montant restant à charge s'élève à 256 euros par an. Les prothèses externes, par exemple, qui coûtent entre 70 et 220 euros et doivent être changées tous les ans, sont remboursées 70 euros.

" J'ai payé de ma personne "
Dans le cas d'une reconstruction, ce sont les dépassements d'honoraires qui pèsent le plus dans le budget, avec un reste à charge moyen de 1 391 euros. Une situation que connaît bien Delphine Camsat, 42 ans. En 2014, deux ans après sa mastectomie, elle s'oriente vers une technique peu connue – une sorte de ventouse qui décolle la peau pour créer une cavité et y injecter de la graisse, sans nouvelle cicatrice. Le procédé n'est pas pris en charge par la Sécu. " L'appareil coûte 1 500 euros et les dépassements d'honoraires pour l'intervention 2 300 euros, dit-elle, devis à l'appui. J'ai payé suffisamment de ma personne. J'ai des enfants en bas âge, un crédit pour la maison, je n'allais pas faire un crédit pour me faire reconstruire. "

Delphine Camsat se résigne alors à opter pour une technique moins chère et cherche un praticien sans dépassement d'honoraires. Même après l'intervention, les dépenses continuent : " Les frais de transport pour voir les spécialistes, les séances chez l'ostéopathe, les pommades pour les cicatrices. Tout ça mis bout à bout, ce n'est pas négligeable ! "

" Le retour à une vie normale passe aussi par le fait d'avoir des projets, mais certaines femmes doivent y renoncer à cause de ces frais ", note Emmanuel Jammes, délégué à la mission société et politique de santé de la Ligue. L'étude montre par conséquent que les femmes actives, bénéficiant de hauts revenus et bien remboursées par leur mutuelle, ont davantage recours à la reconstruction.

L'association propose plusieurs pistes pour en finir avec ces freins : fixer un prix limite de vente pour les prothèses externes, recenser les praticiens sans dépassement d'honoraires et informer sur la possibilité de négocier ce dépassement. L'enquête montre également que neuf femmes sur dix ayant subi une reconstruction jugent celui-ci " inacceptable ".

Maurane Speroni

Rédigé par Philippe NOVIANT

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